À la veille de Monaco/PSG, l'entraîneur parisien Mauricio Pochettino était en conférence de presse et il n'a pas beaucoup parlé du match. En revanche, il a encore beaucoup été question de l'échec en Champions League, avec Marquinhos défendu par son coach, de l'intégration très relative de Wijnaldum ou encore des sifflets qui ont touché récemment lui et son équipe.
Kylian Mbappé a été le seul joueur du PSG ovationné par le Parc des Princes face à Bordeaux (3-0) dimanche dernier. En avez-vous reparlé avec vous et vous a-t-il livré des indiscrétions sur son avenir ?
« J'ai parlé avec Kylian d’énormément de choses, mais pas des deux sujets dont vous m’avez parlé. »
L’on vient d’apprendre que Lionel Messi est grippé et qu’il ne devrait pas pouvoir jouer demain (Pochettino hoche la tête pour confirmer). Mais Neymar et le reste des joueurs, dont Messi, ont-ils digéré les sifflets appuyés du Parc à leur égard ?
« C’est clair qu’il y a eu de la tristesse à la suite de ce que nous avons vécu. C'est un sentiment qui habite les joueurs, mais tout le monde au club est affecté pour cette déception. Ils sont les premiers déçus, tout comme nos fans le sont également. Dans le football, vous ne pouvez pas vous arrêter. Nous devons continuer à être performants. Nous devons remplir nos objectifs, dont celui de gagner le dixième titre de l’histoire du club en championnat. C’est le principal et même notre unique objectif désormais. Nous ne pouvons pas oublier ce qu’il s’est passé, restons à fleur de peau. Cependant, il faut vivre avec cette douleur de l’élimination en Ligue des Champions, prendre nos responsabilités et mobiliser tout le monde pour aller de l'avant. »
Marquinhos a déçu au retour à Madrid, livrant une prestation assez terne. Quel regard portez-vous sur sa prestation ? De manière plus globale, comment jugez-vous son leadership, son capitanat au sein du groupe ?
« Je pense qu’il ne faut pas se concentrer sur un individu. La déception est collective. La responsabilité revient premièrement à l’entraîneur, et aux autres parties composant le club. Marquinhos est un très grand joueur, qui a une relation forte avec le club depuis plusieurs années. Il a gagné sa réputation grâce à ses performances. Il est un leader différent de ceux qui pouvaient l'être par le passé. Il l’est par l'exemple, grâce à son engagement quotidien, et ce, sans aucun doute. Si nous le jugeons uniquement sur ce qu'il s'est passé dans les dernières minutes, ce n’est selon moi pas la bonne chose à faire. »
Vous avez vous aussi été copieusement sifflé le week-end passé par les supporteurs parisiens. Vous sentez-vous toujours à la maison au Parc des Princes ou préférez-vous carrément évoluer à l’extérieur comme demain à Monaco pour vous éloigner de cette pression ?
« Je préfère toujours évoluer au Parc des Princes devant nos supporters. (Il commence en français avant de passer en anglais) Je crois que c’est toujours mieux, que l’on partage ou non leur manière de faire part de leur mécontentement, de jouer devant nos supporters dans une bonne ambiance au Parc pour développer notre jeu. »
Avez-vous pu un peu récupérer après les premiers jours très difficiles ayant suivi l’élimination ? Comment allez-vous, vous, l’entraîneur, premier fusible souvent activé par les clubs, notamment avec tous les bruits de couloir des derniers jours ?
« Vous parlez trop vite, c’est bien, mais je n’arrive pas à vous suivre. (Pochettino se fait traduire la question par Miguel D’Agostino) Je crois que c’est quelque chose qui va nécessiter du temps pour réussir à bien dormir à nouveau. Cela a été un coup vrai dur et inattendu. Jusqu’à la 55e ou la 60e minute, c’était impossible de savoir que nous allions terminer le match comme cela est arrivé. Après un coup dur comme celui-ci, c’est difficile de trouver la tranquillité nécessaire pour se reposer, dormir ou te sortir cela de la tête. Concernant mon avenir, je ne pense pas encore à la suite. Je pense uniquement à aujourd'hui. Premièrement parce que j’ai la responsabilité et que je veux que nous finissions la saison le mieux possible. Ensuite, nous verrons à la fin de la saison quelle sera la décision du club et ce qu’il souhaitera construire. »
Georginio Wijnaldum n’a pas joué à Madrid, et est depuis un peu plus utilisé. On n’a cependant jamais vraiment retrouvé le joueur qu’il était à Liverpool. Quel est votre regard sur ses performances au sein de l’équipe ?
« Parce que les circonstances ne sont pas les mêmes. Elles sont même bien différentes. Nous parlons d’une adaptation positionnelle. Tous les joueurs le vivent et doivent composer avec cela. Un joueur donné ne peut pas toujours produire exactement la même chose dans un environnement différent. C’est normal. Retrouver son meilleur niveau dépend de l’adaptation, il faut du temps et retrouver des timings donnés. Son implication et son engagement sont totaux. Nous pourrions discuter de ses performances, mais les comparaisons sont malvenues. Mettre en parallèle des situations incomparables est odieux. »
Faut-il que le PSG évolue sur certains points pour performer en Ligue des Champions ? Et si oui, quels seraient les changements nécessaires selon vous ?
« C’est clair que quand nous analysons les dernières années, nous pouvons constater que le club est arrivé pour la première fois en finale en pleine pandémie, lors du Final 8. L'année suivante, après notre arrivée, le club a atteint pour la première fois les demi-finales dans des conditions normales. Nous avons éliminé le FC Barcelone et le Bayern Munich avant de tomber lors des demies face à Manchester City. Dans les conditions habituelles de la Ligue des Champions, c’était une première pour le club. Cette année nous n'avons pas réussi. Il y a la déception car c'est l'objectif du club depuis des années. Nous voulons donner au club et aux fans le titre qu'ils cherchent, c’est un élément prioritaire.
Ces dix dernières années, cela a régulièrement été présenté comme l’unique priorité du club, mais il y a aussi le championnat français. Nous pouvons gagner dans l’intervalle ce qui serait le dixième titre de champion de France, c’est également très important. L’intention du club a toujours été et restera de créer l’équipe la plus compétitive possible afin de performer au maximum. L'analyse à faire arrivera uniquement à l'issue de la saison. Nous verrons quelles seront les décisions à prendre pour aller chercher ce titre. Il faudra recréer cette excitation et cette motivation nécessaires pour se battre et tenter de remporter les titres les plus importants du monde, soit la Ligue des Champions dans notre cas. »
Vous évoquiez la décision à venir du club au terme de la saison en cours. Mais vous, avez-vous envie de poursuivre l’aventure avec Paris ? Avez-vous la capacité pour encore faire évoluer, progresser ce groupe et atteindre les objectifs du club ?
« Nous sommes des compétiteurs par nature. Ce type de défi est quelque chose de passionnant, qui nous donne de l’énergie. La tristesse et la déception mises à part, permettre au PSG de se battre pour la Ligue des Champions est un beau défi. Nous nous sentons en capacité de continuer. Je crois que tous les staffs techniques et entraîneurs ont cette capacité. Nous sommes dans une situation où nous devons nous poser avec le club et trouver la meilleure manière d’aider le PSG. Cela implique de savoir quelle sera la vision à l'avenir, le projet pensé et la façon de l’appliquer. Plusieurs personnes sont impliquées dans un club comme le PSG, donc il faut trouver des idées et visions communes. Nous avons beaucoup de choses à nous dire avec le club. C'est vrai qu'après plus d'un an au club, nous avons une connaissance approfondie de la situation sur place. Nous sommes un staff technique meilleur que lorsque nous sommes arrivés. Nous sommes à la tête d’un projet d’une envergure inconnue pour nous, et cela nous a permis de mieux approcher notre gestion des choses, dans plusieurs domaines. Cette expérience va nous apporter énormément en tant que staff technique, où que nous soyons à l’avenir pour exercer notre travail. »
