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Makonda : « A un moment donné, mon mental n’était plus au rendez-vous »

Publié le dimanche 7 juin 2015 à 11:58 par Amezienne Rehaz
Après une première partie basée sur ses neuf ans au PSG, voici la deuxième partie de l'interview que Tripy Makonda nous a accordé. Il évoque sa galère Brest, son départ au Portugal ou encore l'arrivée du Qatar au PSG.

Joueur du PSG de 2002 à 2011 où il a été formé, Tripy Makonda est ensuite parti à Brest au moment où le Qatar est arrivé à Paris. Après un passage douloureux en Bretagne où il est tout de même resté de juillet 2011 à janvier 2015, Tripy a rejoint le Portugal l'Academica Coimbra au Portugal en janvier dernier mais s'est rapidement blessé. Il nous a accordé une très longue interview pour retracer tout son parcours. Après la première partie hier sur la partie de sa carrière liée au PSG, voici la seconde sur la suite de son parcours où il raconte ses difficultés :

Tu avais quelles ambitions en signant à Brest ?

« Je voulais jouer le maximum de matches. J’étais au PSG et les Qataris sont arrivés. Kombouaré ne me faisait plus trop confiance. Je me suis dit qu’il était temps de prendre mon envol.

Tu n’avais pas sous-estimé Brest, toi qui arrivais du PSG ?

Tu as raison. Je n’ai pas relâché mes efforts mais voilà, je débarquais d’un gros club et tu te dis c’est juste Brest quoi, pas un club de fou, ils viennent juste de monter. Au final la réalité te rattrape, le football te rattrape. Dans le foot, il y a des facteurs que tu ne maitrises pas. T’as un projet de carrière dans ta tête et quand tu vois que ça ne fonctionne pas, t’es déçu. Dans ma tête j’ai commencé à cogiter, je me suis demandé si j’étais devenu nul. C’est très compliqué.

Il n’y avait pas un décalage par rapport à tes attentes et aux attentes des supporteurs de Brest ?

Oui, clairement. Moi je voulais jouer et apprendre. Au final, ça ne se passe pas comme prévu, il y a des évènements que tu ne souhaites pas et qui arrivent. L’entente avec les supporteurs n’était pas au beau fixe du coup, parce que eux ils attendaient à un joueur directement prêt et je l’ai pas été. Je ne le regrette pas, aujourd’hui j’arrive encore à me regarder devant la glace. Ca s’est passé, et la vraie question c’est de savoir si la L1 n’était pas trop haute pour moi ?

Quand Brest descend en L2, tu le voyais comme un échec ou comme une façon de relancer ta carrière ?

Je l’ai vu comme un échec parce qu’à ce moment là, on avait quand même un groupe costaud pour la L1. Mon objectif c’était de remonter rapidement. Mais il y a un décalage entre jouer le maintien en L1 qui est épuisant mentalement, physiquement et jouer la montée en L2. Quand j’étais à Paris, on jouait que pour gagner, que pour être premier. Quand je suis arrivé à Brest, je n’étais pas à habitué à jouer le maintien. Et paradoxalement, j’ai retrouvé en L2 cette volonté de jouer pour tout gagner, comme à Paris, avec le bon stress et le dépassement de soi. A ce moment là je voulais tout donner pour Brest.

Tu penses quand même avoir progressé à Brest ?

Oui, en arrivant là bas, je découvrais réellement la L1. J’étais limite novice à ce niveau, parce que je jouais quasiment que la Ligue Europa avec le PSG. A la fin de ma première saison, à Brest, je ne jouais quasiment plus. J’ai découvert la cave à ce moment là (rires). J’ai découvert  le côté sombre du football. Mes coéquipiers étaient là pour me remonter le moral, mais ma conscience et moi on a connu un réel trou noir. Pendant six mois, j’ai disparu du groupe. A ce moment là, j’ai envie de tout plaquer parce que tu penses toujours que c’est la faute des autres. Mais au final, ce n’est pas la réalité. La vraie question c’est qu’est ce que tu fais toi pour être un meilleur être humain et un meilleur footballeur ? Je me suis remis en question, j’ai commencé à travailler notamment défensivement, parce que j’étais un latéral très offensif. J’ai commencé à bosser techniquement et j’ai repris confiance en moi. Mais la première année était vraiment dure. La deuxième année, la préparation se passe bien, je joue milieu gauche sur les deux derniers matches amicaux. Je pensais donc que j’allais retrouver mon poste d’origine en L1.  Mais ça ne s’est pas passé comme prévu. J’avais l’impression que ça tournait dans le mauvais sens.

Du coup cet hiver, tu signes à Coimbra au Portugal. Comme s’est passé le transfert ? Ca parait étonnant comme choix de carrière ?

Arrivé à ma dernière année à Brest, rien n’évoluait. A partir de là, comme c’était ma dernière année, tu te dis pourquoi ne pas partir ? Le championnat portugais, même s’il n’est pas médiatisé en France est mondialement reconnu. Tu vois certains partir là bas et signer dans un grand club dans la foulée. En termes de football, j’avais retrouvé confiance en moi, j’avais retrouvé le goût du football au cours de ma deuxième année, même si je jouais peu. En L2, le coach recrute un latéral gauche, j’ai moins joué mais j’étais toujours dans la même dynamique. J’avais retrouvé confiance en moi. Je n’avais peur de rien, je voulais seulement jouer au ballon. Après ma troisième année [à Brest], le coach m’avait remis milieu de terrain. L’offre est arrivée et j’ai donné comme seule condition de jouer au milieu là bas, parce que je prenais plus aucun plaisir à jouer latéral et je me sentais inutile dans les matches.

J’ai parlé avec l’entraineur de Coimbra avant de signer là bas qui me voulait réellement. La transaction s’est faite. Mais arrivé là bas, j’avais une blessure aux ischios qui s’est réveillé. Je n’ai pas joué les deux premiers matches, donc je peux te dire que ça a parlé là-bas (rires). Le coach s’est fait virer à ce moment-là et son successeur parlait français. Avant ma blessure, j’évoluais au milieu de terrain.

Est-ce que la légende du français qui bosse deux fois plus dans un club étranger est vraie ?

Franchement, ouais. Quand je suis arrivé ici, j’étais même cuit à l’échauffement. Mon corps devait apprendre cette chose là. J’ai le goût de l’effort et ça fait du bien de bosser deux fois plus.

Tu t’es gravement blessé au genou en mars, peux-tu nous dire comment tu vas suite à ta blessure ?

Ma rééducation se passe très bien. Je me suis fait les ligaments antérieurs du genou gauche avec une déchirure du ménisque. Le chirurgien a renforcé mon ligament. Je me suis fait opérer le 4 avril et l’évolution de ma blessure se passe très bien. J’effectue ma rééducation au Portugal et sur Paris à partir du 15 juin.

C’est la première grosse blessure dans ta carrière ?

Oui, c’est la première opération que je subis sportivement. Forcément, comme c’est la première fois, tu ne sais pas comment tu vas revenir. Le facteur qui fait que je suis confiant pour l’avenir, c’est que le chirurgien a dit que mon cartilage était intact. Si dieu le veut, si l’évolution de ma blessure se passe bien, mon genou sera tout neuf.

Et quand ça arrive, tu parviens à relativiser ?

Bien sûr. Tu te dis qu’il y a plus grave dans la vie. Et puis finalement, cela reste que du football. Je vais essayer de revenir plus fort. Le fait que le chirurgien m’a dit que mon cartilage était intact me donne plus de force et de courage.

Au niveau sélection, tu as évolué en espoirs, tu as connu un Euro U19, il t’a manqué quoi pour évoluer chez les A ?

Surtout le mental. A un moment donné, mon mental n’était plus au rendez-vous. Je voulais aller à Brest pour aller plus haut ensuite. Ca ne s’est pas passé comme prévu et c’est dur sur le plan mental. Après ce n’est pas un regret de ne pas évoluer en équipe de France A.

Et l’Equipe du Congo, cela te parle ?

La sélection congolaise me parle depuis que je suis au PSG. Ils étaient venus me voir au Camp des Loges. Mais je voulais d’abord m’imposer dans mon club, être titulaire avant d’aspirer à la sélection. Aujourd’hui je suis dans le même état d’esprit. A partir du moment où tu joues, tu mérites. Moi c’est ma conception du football. Je ne voulais pas aller en sélection seulement parce que sur mon CV il y avait marqué « PSG ». Je n’aspire pas à ça. Je préfère me donner sur le terrain et mériter une sélection. Mon objectif c’est d’être récompensé de mes efforts. Aujourd’hui mon choix de sélection est arrêté.

Le PSG de cette année fait-il un beau champion ?

Il y a eu un début de saison compliqué, avec tous les absents. Mais le début de saison n’est jamais une finalité. Au final ils sont champions et c’est tout ce qui nous intéresse. Après pour les puristes tactiques, comme moi, on peut rediscuter. Mais la finalité c’est que tu sois champion. Cette équipe est faite pour gagner, ils ont énormément de qualité.

Tu penses qu’il y a de la place pour la nouvelle génération comme Rabiot ou Ongenda par exemple ?

Bien sur qu’il peut y avoir de la place. Mais il leur faut une adaptation. Même s’ils pensent être au niveau, il y a la réalité du terrain. L’entrainement c’est très bien, mais ce n’est pas la réalité du terrain. Faut être patients et « manger » ce que le coach te donne.

T’as vécu les premiers pas du Qatar au PSG. T’as senti que le club allait entrer dans une nouvelle dimension ?

On était au stage au Portugal et d’un coup, on nous parle de réunion. On se demande ce qu’il se passe et là, on nous dit « Leonardo va arriver ». On était un peu surpris. Moi dans ma tête j’étais un peu décidé. Peut-être que j’aurais aimé tenter ma chance dans ce PSG-là, pour voir mon réel niveau de footballeur. L’exigence augmente, tu te donnes à fond et si tu as des qualités elles surgissent à un moment ou à un autre.

J’ai eu une discussion avec Leonardo qui me dit « Franchement, on vient d’arriver, on ne connait personne, je te laisse décider : si tu veux partir, tu pars, si tu veux rester, tu restes ». En gros, j’avais mon destin entre les mains. Moi j’étais décidé. Kombouaré restait, dans tout les cas, je n’allais pas avoir du temps de jeu. Je ne demandais pas à être titulaire, je voulais un minimum de temps de jeu. A un moment donné, je voulais gratter un peu, ce qui est normal.

Tu as quand même vécu la fête du titre et le dernier match de Beckham en mai 2013, puisque t’évoluais à Brest ce jour là…

Je ne suis pas de nature à être rancunier. Quand je suis arrivé au Parc, j’étais super content pour eux. Après c’était un match spécial. J’étais au Parc, il y avait des gens de ma famille, des amis. Mais j’étais vraiment heureux.

Tripy, on te sent posé, serein, on peut te souhaiter quoi pour la fin de ta carrière ?

Peut-être évoluer dans un foot à 5 (five) si la fédération parvient à réglementer la chose. Après, je souhaiterais vraiment être formateur. Etre dans la formation, formé des joueurs, ce serait pas mal par rapport à mon vécu de professionnel, montrer aux jeunes qu’il y a beaucoup de choses à apprendre, beaucoup de choses à connaitre. C’est peut-être ça qui manque aujourd’hui, dans une formation actuelle. Il faut les formater à tous les niveaux : communication, physique, tactique, technique. Je pense que ça m’irait vraiment bien ! »

Un immense merci à Tripy Makonda pour sa disponibilité et sa gentillesse. Et bon rétablissement Tripy.


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