Article 

Cabaye, une leçon pour tous

Publié le vendredi 10 juillet 2015 à 16:46 par Philippe Goguet
Après 18 mois à Paris, Yohan Cabaye a quitté le PSG pour Crystal Palace, bien loin de ses ambitions initiales. Pour autant, le PSG s'en sort convenablement, particulièrement d'un point de vue financier, et son cas est une excellente leçon pour le club, à bien des niveaux.

Il était arrivé à Paris pour apporter de la concurrence, sa capacité de tirer de loin et un style de jeu différent, plus direct. Dix-huit mois plus tard, Yohan Cabaye repart par la petite porte (mais contre un gros chèque) vers une Premier League qu'il n'aurait jamais dû quitter. Le joueur a sa part de responsabilité, le club aussi, même si la sortie convient finalement à tout le monde.

De la Premier League dans une équipe de Série A

A son arrivée, Yohan Cabaye a tout de la recrue idéale et correspond parfaitement aux manques de l'effectif du PSG : il est théoriquement capable de remplacer aussi bien Motta que Verratti, il a une belle frappe de loin alors que le PSG tente un peu trop de rentrer avec le ballon dans les buts et, même s'il arrive de Newcastle durant l'hiver, il a un statut de titulaire en équipe de France qui lui permet d'être réellement considéré au sein d'un effectif de stars. Le problème vient peut-être tout simplement de là, Cabaye a un profil différent, trop différent, et le style parisien reste avant tout latin, posé, basé sur la technique et les redoublements de passe plus que sur la vitesse et les transitions rapides. Tous les cadres du PSG viennent de Série A ou y sont longtemps passés, l'architecte du projet est un Brésilien plus milanais que paulista, l'entraîneur qui a façonné le premier vrai groupe de QSI est italien et Blanc revendique une influence catalane.

Cabaye, quant à lui, arrive de Newcastle où il joue pratiquement numéro 10, il est habitué aux espaces, à la projection rapide, au rythme fou et à l'intensité perpétuelle de la Premier League. Le joueur a beau être français, l'adaptation est probablement plus compliquée que pour un Verratti ou tout autre joueur bercé à ce football à mille lieux de celui dans lequel il s'est épanoui. La greffe ne prend pas et en rappelle une autre actuellement en cours de rejet du côté de Manchester United, celle de Di Maria.

Aujourd'hui, il faut bien l'avouer, le PSG s'était trompé dans le profil technique du joueur et il en a payé le prix, perdant quelques millions d'euros entre l'achat et la revente. L'idée semblait pourtant bonne sur le papier, elle ne le fut pas en réalité mais elle montre à quel point il est difficile de recruter de façon pertinente et efficace pour ce PSG. Le CV ou la nationalité ne suffisent plus pour s'imposer comme un cadre de l'équipe actuelle, le profil technique semble désormais être le critère principal et le passage de Cabaye le rappelle bel et bien. Son cas peut d'ailleurs être rapproché de ceux de Digne, Lavezzi ou Aurier voire de Cavani et Matuidi, ces joueurs qui deviennent intéressants ou indispensables uniquement lorsque leur niveau technique rejoint leur niveau physique. 

L'international qui ne bousculait pas la concurrence

Si les six premiers mois de Cabaye à Paris sont décevants, il reste de l'espoir à l'été 2014, Cabaye étant un bon joueur, homme de base des Bleus et doté de vraies qualités, qu'il n'arrive certes pas à mettre en valeur au PSG, un peu plus en équipe de France. Cette place en équipe de France lui offre un statut, celui d'international, confirmé qui plus est. A Paris, ce statut ne pèse pas grand chose et la seule évaluation qui compte est celle de ses performances sur le terrain. Capable de jouer aux postes de Motta et Verratti, il est loin des deux joueurs, dans tous les domaines. La concurrence n'existe pas, Cabaye n'a pas le niveau pour être mieux qu'un remplaçant, certes de luxe. Et quand on est titulaire chez les Bleus, il est rare de moins jouer en club qu'en sélection. Seul Varane est dans ce cas mais il a le temps qui joue en sa faveur et est un des rares qui jouent dans un club de très grand standing.

A Paris, le décalage est grand entre le statut supposé du Cabaye et sa place réelle dans la hiérarchie des milieux parisiens. Sans rythme, il n'a jamais su se mettre dans la peau d'un joker et est toujours apparu en décalage avec le reste des joueurs. Cette difficulté à se placer dans l'impitoyable concurrence d'un club de très haut niveau se manifestait notamment par une agressivité hors-normes qui lui a causé plus de soucis qu'elle ne lui a apporté. Suspensions régulières, blessures permanentes, sa volonté de prouver beaucoup en peu de temps s'est retournée contre lui pratiquement dès qu'il a mis un pied sur le terrain. Sa meilleure période, dans le courant de cet hiver, correspond d'ailleurs à une période où le joueur a pu jouer de façon plus régulière et s'appuyait sur son jeu avec le ballon plus que par ses fautes quand il tentait de le récupérer.

La fin de saison est particulièrement pénible pour le milieu de terrain et sa décision de quitter Paris est logique et inéluctable. Parti sans faire de vagues, Cabaye aura au moins montré un état d'esprit exemplaire durant sa période parisienne. Il s'est vu s'éloigner de l'équipe-type, a subi un nombre incroyable de blessures mais n'a pratiquement jamais eu un mot plus haut que l'autre, se tournant vers le travail plutôt que vers la presse pour exprimer son mal-être. Alors qu'il finit son passage à Paris avec un statut inférieur à celui d'un Rabiot parfaitement adapté à ce rôle de joker, la différence dans l'attitude entre les deux hommes est immense. L'un part avec des mercis, l'autre reste sous les insultes et la question du joueur qu'il faut désormais recruter se pose.

Outre le profil technique évoqué précédemment, le PSG va devoir trouver un joueur capable d'accepter la concurrence, de la bousculer et de remplacer aussi bien Motta que Verratti. Autant dire que la perle va être dure à trouver. Faut-il tenter le pari d'un jeune aux dents longues façon Rabiot, aller chercher un joueur en fin de carrière qui acceptera ce rôle ou tenter un nouveau pari à la Cabaye, les caractéristiques techniques en plus ? Chacun des profils a ses avantages et ses inconvénients mais, pour sûr, trouver un joueur avec la mentalité du partant ne sera pas chose aisée.

Une vente qui doit servir de modèle

Pour Paris, outre ses considérations techniques et mentales, il en ressort également une confirmation financière : ses joueurs valent cher. Malgré un an et demi sans convaincre, le joueur n'a pas perdu beaucoup de sa valeur marchande et repart en Angleterre pour une très belle somme. Le PSG rentre presque dans ses frais et c'est un petit miracle vu le chemin de croix vécu par l'ancien Lillois. La marche a été trop haute pour lui au PSG mais il reste une valeur sûre pour bon nombre de clubs puisqu'il a fait ses preuves ailleurs, et même en partie au PSG puisque tout n'a pas été à jeter. 

Pour le PSG, cette belle vente est avant tout un modèle : le club s'est trompé avec Cabaye mais il a su arrêter les frais pour rentrer dans les siens. Le club aurait pu s'acharner et conserver ce joueur à la mentalité exemplaire malgré ses envies de départ, à la manière de ce qu'il fait avec Rabiot. Au contraire, il n'y a pas eu d'acharnement, le mariage raté s'est fini par un divorce heureux à l'issue duquel tout le monde est content. Quelque part, ce cas rappelle trois autres bien gérés, ceux de Gameiro, Sakho et Erding, soit des joueurs trop justes pour le PSG mais que Paris a su vendre à temps afin de récupérer de l'argent à réinvestir ailleurs. Une logique bien loin des cas Ménez, Alex, Jallet, Sissoko, Bodmer voire Chantôme, des joueurs avec un minimum de valeur marchande et partis en fin de contrat ou pour une misère, quand ce n'est pas le PSG qui a payé pour leur départ. Une belle leçon alors que Digne est sous l'eau et que Van der Wiel et Lavezzi sont à un an de la fin de leur contrat.

Un exemple dans l'échec

En ce début juillet, le PSG a vendu un élément important de son banc de touche, c'est déjà une nouveauté. Il l'a bien vendu, ce n'est pas loin d'en être une seconde, et a réussi à s'en sortir avec les honneurs alors que tout allait de mal en pis pour le joueur, encore une nouveauté. Le cas de Cabaye est donc un exemple malgré son échec et, s'il n'a pas réussi sur le terrain, il faut désormais que cet épisode serve de modèle dans les coulisses du club, à tous les niveaux.


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.
Joueur(s) lié(s) 

News 

Aujourd'hui

mercredi 24 avril

mardi 23 avril

lundi 22 avril

dimanche 21 avril

samedi 20 avril

vendredi 19 avril

jeudi 18 avril

mercredi 17 avril

mardi 16 avril

 

Soutenez CulturePSG 
Soutenez CulturePSG sur Tipeee