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Comment joue le PSG de Blanc ? (Partie 1)

Publié le jeudi 21 avril 2016 à 20:51 par Rédaction
Il y a deux mois environ, l'analyste tactique Tom Payne publiait un portrait très complet sur le PSG de Laurent Blanc et sa façon de jouer. Voici la première partie de cette étude, traduite avec son autorisation, et particulièrement éclairante alors que le coach parisien est très critiqué en ce moment.

Au cours des trois dernières saisons, le PSG s’est imposé dans le championnat de France et a déjà quasiment assuré son quatrième titre consécutif en 2016 (NDLR : l'article date de la mi-février). Soutenu par le richissime Qatar qui a racheté le club en 2011, l’équipe parisienne a su recruter d’excellents joueurs. Cette équipe très technique a peu à peu adapté son modèle de jeu sur une forte possession de balle sous Laurent Blanc, le jeu sous Ancelotti étant plus orienté sur la contre-attaque.

Le 4-3-3 de Laurent Blanc, compact horizontalement

Succédant à Ancelotti, un entraîneur de renommée mondiale, Blanc a construit un système basé sur le coeur du jeu en 4-3-3. Il prend souvent la forme d’un 2-5-3 lorsque l’équipe attaque et une construction du jeu à travers une forte possession qui oblige la patience. Plus haut sur le terrain, l’équipe montre une bonne entente dans les combinaisons et un surnombre volontaire de joueurs dans l’axe, les ailes étant une alternative avec les arrières latéraux.

La défense du PSG possède peut-être le meilleur défenseur central du monde en la personne de Thiago Silva qui est habituellement associé à David Luiz ou Marquinhos. Ce trio est aussi une force pour l’équipe dans ce jeu basé sur la  possession grâce aux qualités de passe de ces joueurs.

Thiago Motta, milieu défensif très intelligent, permet la stabilité en 6 où il a l’habitude de venir se positionner entre les centraux et ainsi permettre l’équilibre et la sortie de balle. A sa droite, Marco Verratti est le titulaire habituel, un joueur crucial dans la construction du jeu avec une intelligence tactique élevée. Blaise Matuidi occupe l’autre côté, un joueur très actif sur l’aile gauche. Rabiot et Pastore permettent des rotations.

Le PSG possède également une flopée de bons joueurs devant, que ce soit sur les côtés ou dans l’axe. Zlatan Ibrahimovic occupe l’axe dans la majorité des matchs, il est accompagné la plupart du temps par Lucas Moura et Angel Di Maria (deux joueurs très intelligents), Edinson Cavani et Ezequiel Lavezzi ont également participé.

Dans cet article, je vais tenter d’analyser les aspects les plus importants et intéressants de leur système de jeu, qui leur permet aujourd’hui de dominer le championnat de Ligue 1 comme rarement.

Une structure orientée vers l'axe 

Alors que les deux « ailiers » rentrent à l’intérieur avec le milieu resserré, ce n’est pas difficile de voir un système clairement orienté sur une utilisation axiale du terrain. Les deux arrières latéraux évoluent assez haut sur le terrain alors que les deux ailiers, que ce soit Lucas, Di Maria, Lavezzi ou Cavani, cherchent à repiquer dans l’axe dans leur zone de jeu.

En procédant ainsi, le PSG adopte une forte occupation de l’axe du terrain qui est cruciale pour leurs combinaisons, un aspect sur lequel je reviendrai plus tard dans cet article. Avoir souvent 4 joueurs ou plus positionnés au sein des trois colonnes centrales du terrain leur permet d’avoir plusieurs possibilités de passes entre les lignes.

Le terrain est découpé en 5 parties : côté - halfspace - axe - halfspace - côté

De manière plus générale, l’occupation du terrain est souvent forte et particulièrement d’un halfspace à l’autre. Cela permet à l’équipe de créer beaucoup de connexions autour de la balle, permettant ainsi de meilleures possibilités de passe, une variabilité plus importante ainsi qu’une résistance au pressing collectif plus grande parmi d’autres bénéfices.

Les connexions créées par cette approche centrale du jeu donnent au PSG une stabilité dans sa possession. Non seulement cela leur permet de créer des options de passe, mais cette organisation facilite la transition défensive et un pressing immédiat à la perte de balle.

La concentration axiale du PSG mène à un haut niveau de connexions au milieu du terrain.

L’occupation du terrain est évolutive et flexible que ce soit au milieu ou en attaque. Les joueurs permutent souvent, notamment Motta et Verratti lors de la phase de construction. Contrairement à certaines équipes dont le positionnement collectif peut être bien plus rigide et figé, le PSG possède une certaine liberté pour son organisation.

L’observation des ailiers est un exemple précis de cette variabilité positionnelle. A l’exception de Cavani, ils jouent un rôle majeur dans le jeu de possession du PSG et leur faculté à occuper plusieurs postes leur permet de changer de position.

Les mouvements peuvent être divisés en deux groupes. Premièrement les ailiers peuvent se positionner plus haut à hauteur de la ligne défensive adverse dans l’un des half-spaces. Leurs mouvements deviennent une menace qui leur permet non seulement de faire reculer l’adversaire, d’offrir de l’espace au milieu, mais aussi d’être en mesure de recevoir des passes en profondeur comme montré dans l’exemple ci-dessous :

D’autre part, ils peuvent se rapprocher des milieux où ils offriront plus de connections et proposeront des options pour combiner. Le surnombre créé permet aussi à des joueurs de progresser librement avec la balle au-delà de la ligne médiane. Zlatan Ibrahimovic descend fréquemment, avec une réussite limitée, le Suédois ne disposant pas d’une intelligence tactique nécessaire pour aider par son positionnement et sa contribution à la circulation du ballon.

Cette flexibilité résulte des consignes de Blanc, l’entraîneur français ayant confiance en ses joueurs : il leur donne cette liberté de choisir leur positionnement. Ces consignes telles que l’orientation axiale et collective de leur jeu est la base de la construction pour les joueurs et c’est à partir de celle-ci qu’ils peuvent ajouter leur propre intelligence collective et tactique. En résulte un système équilibré, Blanc refuse d’imposer une organisation trop rigide, préférant autoriser son équipe à improviser.

Si l’on considère en particulier l’intelligence tactique collective de joueurs tels que Motta, Verratti et Di Maria, cela n’aurait pas été sensé de les rendre esclaves d’un système duquel ils ne puissent pas sortir et ainsi exprimer leur football.

Cette absence de position fixe leur permet d’être libre d’agir, le joueur occupant une position centrale ayant la liberté de bouger vers des zones inoccupées. Cela arrive régulièrement, permettant au PSG de trouver l’espace entre les lignes, prenant avantage de la ligne de milieux adverse avec une passe précise vers l’avant.

De par leur organisation assez libre, leur positionnement manque parfois de cohérence. Il est évident que cela a de gros avantages, cela réduit la prédictibilité de leur jeu et leur permet en même temps de s’adapter à des situations spécifiques exigées.

Le PSG montre la faiblesse de sa structure lors du match contre Lyon. Il n'y a qu'une possibilité de passe vers l'avant et elle a même un potentiel limité.

Cependant, dans certaines situations, cela peut avoir des conséquences négatives. Dans l’impossibilité d’avoir une parfaite synergie, l’équipe apparaît parfois déséquilibrée et ne sachant pas toujours comment utiliser sa possession. Dans ces situations, particulièrement en Ligue 1, l’intensité des mouvements n’est pas assez grande et le temps nécessaire afin de restructurer leur positionnement peut être assez long.

Cela arrive souvent lors de la récupération du ballon. Leur défense orientée vers l'homme conduit à une organisation mal adaptée pour la circulation du ballon à sa récupération. Leur jeu de transition a des faiblesses potentielles, même s’il n’a pas encore été réellement exploité.

Un jeu de possession orienté vers le collectif

Avec des joueurs tels que Angel Di Maria et Thiago Motta, ce n’est pas une surprise que le jeu du PSG soit considérablement orienté vers la possession. Avec la balle, pratiquement chaque aspect de leur jeu est pratiqué de manière à déstabiliser la défense adverse et créer des situations en utilisant un travail collectif exigeant.

Cela devient évident en observant le positionnement des Parisiens qui facilite des hauts niveaux de connexion permettant à l’équipe de structurer l’attaque de manière collective. Ce facteur a une grande influence sur leurs combinaisons, elles-mêmes résultant du jeu de possession. Les échanges rapides de passes courtes au sein d’un groupe de joueurs leur permet de bouger le ballon collectivement à travers la défense adverse.

Cette organisation est assez semblable à celle d’une équipe récemment analysée: le Borussia Dortmund. Basée autour du jeu de position, Dortmund utilise également des combinaisons pour casser les lignes et utilise un surnombre afin de créer des joueurs libres dans la défense adverse.

Le Borussia Dortmund a joué à un niveau exceptionnellement haut cette saison grâce aux concepts introduits par Thomas Tuchel. 

Quand on analyse le jeu de possession, il y a un manque évident d’essais individuels pour perforer la défense adverse. Les dribbles et duels en 1 contre 1sont peu utilisés par rapport aux surnombres et combinaisons mentionnés plus haut, le PSG utilisant les points forts de joueurs comme Verratti et Lucas.

Jouer de manière plus individuelle (comme Crystal Palace le fait dans son style de jeu iso-ball analysé mi-2015) ne conviendrait non seulement pas aux caractéristiques des joueurs parisiens mais possède également ses limites. Lorsqu’une équipe attaque à travers une individualité, son potentiel offensif (non seulement en terme de dangerosité mais également en terme de possibilités stratégiques) est immédiatement limité de manière considérable.

D’autre part, une attaque impliquant trois joueurs ou plus permettra à l’équipe de disposer de plus d’options stratégiques afin de déstabiliser la défense adverse. C’est en grande partie dû au fait qu’un plus grand nombre de joueurs peut collaborer et offrir différents styles de jeu et qualités. De plus, certaines actions comme les combinaisons nécessitent simplement plusieurs protagonistes.

Cela est pertinent également lorsque l’attaque se déroule sur la largeur; bien que le ballon se situe dans des aires de jeu où il y a moins de possibilités de passes car moins de joueurs. Le PSG cherche toujours (à moindre échelle et de manière moins complexe) des combinaisons rapides et des passes en profondeur afin de pénétrer la défense adverse. 

Combiner : un moyen de pénétrer la défense et résister au pressing

Les combinaisons effectuées par le PSG ne sont pas seulement un plaisir pour les yeux, elles sont utilisées comme un outil pour soutenir le jeu de possession sur plusieurs points. A l’aide de joueurs très talentueux et intelligents dans l’axe, ils sont capables de déplacer le ballon à travers les défenses adverses à grande vitesse avec une succession de passes rapides.

Les joueurs comme Marco Verratti et Angel Di Maria utilisent leur palette technique à la quasi perfection dans ces situations de jeu et permettent au PSG de progresser rapidement avec le ballon à l’aide de combinaisons de très haut niveau.

En effectuant de telles combinaisons, le PSG bénéficie principalement de deux aspects du jeu de possession.

Premièrement, ces combinaisons offrent un moyen à Verratti et sa bande de développer un jeu capable de résister fortement à la pression adverse. Grâce aux rapides déplacements du ballon entre les joueurs, le PSG peut aisément conserver le ballon dans des zones de fort pressing, ce qui augmente alors les chances de créer du jeu derrière.

Quand on observe cette équipe, il est courant de les voir faire circuler le ballon avec une apparente facilite au milieu, tandis que l’adversaire peine à se mettre en position et perturber le jeu. Le ballon est très difficile à suivre car il passe de joueur en joueur et sa position sans cesse modifiée rend très difficile l’exécution d’un pressing efficace.

Deuxièmement, le PSG utilise les combinaisons comme un outil destine à percer les lignes adverses et créer des situations dangereuses. A l’aide de projections vers l’avant et le soutien d’attaquants places plus haut, ils sont particulièrement efficaces dans la création de petites zones de surnombre au milieu permettant d’amener le ballon vers l’avant.

 

C'est dans ces zones de surnombre que Paris peut combiner avec le ballon et franchir les lignes de défense adverse. Ces combinaisons ont souvent lieu au milieu, ou les joueurs peuvent profiter d’un quadrillage moins strict le long de la ligne. Elles sont également une manière très efficace de préparer une passe plus pénétrante, le mouvement du ballon créant un moyen de déstabiliser la défense et ainsi ouvrir des angles de passe. 

Il est évident que les 2 ne sont pas opposes et qu’ils sont en réalité lies sur le terrain. C’est grâce à la capacité à empêcher l’adversaire d’exécuter un pressing efficace, que les opportunités de jouer des passes plus pénétrantes se créent, ce qui entraine des occasions de but.

Avec son jeu de combinaison de haut niveau, le PSG peut ajouter à ses capacités individuelles de résistance au pressing une forte capacité collective. Tandis que ces capacités individuelles sont amenées par les joueurs clefs, les combinaisons ainsi que l’occupation du terrain efficace les rendent aussi difficile à presser collectivement.

Les autres parties

Partie 2 :  L'apport des défenseurs centraux dans le jeu du PSG, la façon dont le PSG défend et les imperfections du système  

Partie 3 : Le rôlé-clé de Marco Verratti

NB : Nous ne proposons qu'une traduction de cet article de Tom Payne et initialement publié sur Spielverlagerung.com. Merci à lui de nous avoir autorisés. La traduction a été faite par Jérémy, Matthieu, Max & Olivier.


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.

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