En difficulté pour transformer ses occasions en buts sur les tout premiers matches de la saison, le PSG retrouve enfin de la confiance et du réalisme devant le but. Décryptage des chiffres et du terrain.
Efficacité et Expected Goals
Il n’aura échappé à personne que le PSG a souffert de difficultés devant le but en ce début de saison un peu particulier. Entre des compositions remaniées, une conviction offensive parfois alternative ou encore le manque de réussite, le PSG ne parvenait pas à suffisamment faire trembler les filets adverses. Lors des trois premiers matches, les Parisiens ont marqué un seul petit but, pratiquement par miracle contre Metz alors que le total d’expected goals créé était de 6,36. C’est à dire que le PSG aurait « dû » marquer six buts ou plus lors de ces trois rencontres.
Rappel : les Expected Goals sont un modèle statistique qui permet d’évaluer la dangerosité des situations de tirs créées par une équipe, en leur attribuant un chiffre qui devrait donner le nombre de buts marqués lorsqu'on en fait la somme.
Symbole de cette récente disette, les deux stars de l’attaque, Neymar et Kylian Mbappé, restés muets devant la cage une dizaine de matches durant, jusqu’à Nice/PSG pour le premier et PSG/Angers pour le second.
Mais depuis le match à Nice, le PSG a remis la machine en route et s’est mis à mieux convertir ses occasions, ce qui permet évidemment de maîtriser les scénarios de match et de prendre des points au classement. Les chiffres sont d’ailleurs sans appel puisque, sur les trois derniers matches, le PSG a marqué 11 buts pour un joli total de 10,18 xG créés. Tout n’est pas cependant parfaitement régulier d’un match à l’autre, car l’équipe a fait exploser les statistiques face à Angers, ce qui vient compenser le manque de réussite vu à Reims lors du match précédent malgré la victoire.
Les 5 premiers matches de la saison :
Face aux Angevins, le PSG a marqué six buts pour 1.91 xG selon le modèle de betweentheposts et 2.91xG selon understats qui est un modèle statistique plus généreux. La deuxième mi-temps notamment fut assez folle en termes de conversion avec quatre buts inscrits pour six tirs cadrés. Ce regain de forme notable n’est pas pas seulement dû au niveau d’inspiration des uns et des autres, il a aussi une explication tactique avec un certain type de situations créées plus intéressantes que d’autres.
Des centres en retrait pour battre les blocs bas
Face à Angers, le PSG a profité plusieurs fois d’un même type d'action pour marquer : le centre en retrait. Comme souvent pour Paris en Ligue 1, lorsque l’adversaire s’organise dans un bloc très bas pour couper la profondeur et l’espace entre les lignes, il est bien plus difficile d’attaquer. En revanche, l’espace existe toujours sur un terrain de foot. Et si l’adversaire recule énormément, plusieurs autres risques apparaissent. Tout d’abord, subir le contre-pressing adverse. En effet, une récupération trop basse du ballon permet à l’adversaire d’être en bonne posture pour presser à la perte, comme cela s’est produit sur le but de Florenzi.
Ensuite, l’adversaire peut s’exposer à des frappes de loin, pour le coup peu efficaces au niveau statistique et pas du goût de beaucoup de joueurs parisiens même si Gueye va marquer de la sorte face au SCO. Ou bien encore ce qui nous intéresse ici, des ballons en retrait.
Ces centres en retrait - et le plus souvent à ras de terre - permettent de prendre la défense à contrepied, forcent les milieux adverses à défendre avec le corps orienté vers leur cage (s’ils ne sont pas carrément mis hors de position d’intervenir), et les receveurs peuvent ainsi se retrouver libres dans des positions très intéressantes.
Sur le premier but de Neymar, Florenzi est très haut et exploite bien l’intervalle entre le piston et le stoppeur qui est très difficile à défendre. Une fois servi, il fait reculer toute la défense qui doit suivre la position du ballon, et peut servir Icardi au premier poteau ou Neymar en retrait.
Sur le second but, Mbappé sert Neymar en retrait dans la golden zone, l’espace situé entre les six mètres et le point de pénalty face à la cage, là où le plus grand nombre d’occasions sont converties en buts. Malgré le nombre de joueurs angevins dans la surface, le PSG a localement créé un 3 contre 3 face au but.
Même principe sur le 4-1 avec Bakker qui prend la défense à revers en centrant pour Draxler qui marque avec un tir légèrement dévié. L’égalité numérique locale est la chose la plus importante, le nombre de joueurs parisiens pour le nombre de joueurs angevins dans la surface ou le dernier tiers n’entre pas forcément en compte sur ce type d’action.
Ce mécanisme s’est traduit par les buts aux 36e, 47e, 57e et 84e minutes de jeu où, à chaque fois, les Angevins se recroquevillaient sur leur surface en donnant des opportunités d’appels sur les ailes sans que les Parisiens ne soient hors-jeu.
Ces situations de centre en retrait sont très efficaces au niveau statistique et les joueurs ayant une finition d’un certain niveau s’y régalent puisqu’ils se retrouvent en position de fusiller le gardien. Le Manchester City de Guardiola a par exemple systématisé cette séquence de jeu lors de longues périodes où l’équipe devait se défaire de bloc bas en 5-4-1 très coriaces ne laissant que très peu d’espace pour la création.
Une part de réussite qui compte quand même
Bien sûr la réussite et le talent ne sont pas à exclure, comme les dribbles de Mbappé, le centre contré de Florenzi sur le doublé de Neymar, ou bien le tir contré de Draxler qui fait écho au tir dévié de Gueye en seconde mi-temps également. C’est aussi cette réussite qui a permis au PSG d’assurer sa goleada de vendredi dernier au Parc.
C’est le genre de situation où l’efficacité statistique va dans le sens de l’intuition puisque l’on sent le but arriver clairement. À cet égard, beaucoup n’oublieront pas le raté de Mbappé qu’ils voyaient déjà au fond des filets en finale de Ligue des champions contre le Bayern Munich sur un service en retrait d’Herrera.
