Article 

Jesé, Krychowiak, Champions League, public, le passage complet d'Emery sur la Cadena SER

Publié le mardi 8 novembre 2016 à 19:20 par Matthieu Martinelli
Unai Emery était ce lundi soir l'invité de la radio espagnole Cadena SER et il s'est confié sur quelques thèmes du moment, notamment Jesé, Krychowiak, ses ambitions avec le PSG en Champions League, l'engouement pour le PSG. Voici le transcript complet de son passage.

La vie à Paris

«Comment tu t’en sors avec le français ? Tu le maîtrises déjà ?
Unai Emery : Le maîtriser, pas encore, mais j’arrive à communiquer et à me faire comprendre. Entre membres du staff, nous parlons en français, mais nous souhaitons que tout ce qui soit lié à la communication avec les joueurs, les membres français du staff et le club se fasse en français. A partir de là, on doit encore progresser pour améliorer la syntaxe, avoir plus de vocabulaire, et l’idée est que durant l’année on puisse maîtriser suffisamment la langue pour avoir une communication la plus fluide possible.

Plus ou moins comme Guardiola avec l’allemand.
J’avais déjà quelques bases de français, j’ai pris des cours avant d’arriver à Paris et il y a quelques points communs avec l’espagnol. A partir de là, bien qu’utilisant un français un peu hispanisé, les français me comprennent et dans l’autre sens, quand les français me parlent distinctement j’arrive à les comprendre.

Le langage du football est universel. Et la ville ? Mieux qu’à Séville ?
Chaque ville a son charme. Un ami avant de signer au PSG m’avait dit que Paris était la plus belle ville du monde. Mais bien connaître Paris est difficile, et à l’heure actuelle je connais encore peu la ville. Mais c’est vrai que Paris a une grande richesse culturelle, c’est l’une des villes les plus importantes au monde au niveau économique et cela se ressent.

Où vis-tu ? En centre-ville ? Plus en périphérie ? 
Ma volonté c’était de trouver un endroit qui soit proche du centre d’entraînement, pour que ce soit plus pratique pour moi, et dans les faits j’habite à 30 minutes en voiture du Camp des Loges

Nice, la L1 et Cavani

Vous ne perdez plus depuis septembre, mais le Nice de Balotelli ne se relâche pas. C’est un peu la surprise de cette saison de L1. Est-ce qu’ils doivent cette 1ère place à leur seul mérite ou s’explique-t-elle aussi par le fait que tu aies eu des difficultés au début à lancer la machine parisienne ?

«De notre côté on s’attendait à être 1er mais il s’agit d’un championnat compétitif et difficile, nous avons connu beaucoup de changements et je pense que nous sommes sur le bon chemin, celui qui nous permettra d’atteindre nos objectifs.»

C’est un championnat compétitif, comme le montre le rachat récent de l’OM avec la volonté de porter ce club à nouveau en haut du classement, et Nice comme Monaco sont deux clubs importants, en particulier Monaco qui a de grands joueurs et qui joue la Champions League. Et Nice est la révélation, ils ont très bien commencé le championnat. De notre côté on s’attendait à être 1er mais il s’agit d’un championnat compétitif et difficile, nous avons connu beaucoup de changements et je pense que nous sommes sur le bon chemin, celui qui nous permettra d’atteindre nos objectifs. Nous sommes à 3 points de Nice, à égalité avec Monaco, mais je pense que c’est bien pour l’intérêt du championnat qu’il soit disputé, contrairement à l’année précédente où le PSG avait creusé un écart très important et qu’il est difficile de reproduire chaque année.

Comment va Cavani ? Lors du dernier match il s’est blessé et a été remplacé par Jesé.
C’est une blessure musculaire et on espère que cela ne sera pas trop grave.

Vous avez battu Rennes 4-0 avec un doublé de Cavani. Sans Ibra il peut jouer de nouveau à son poste et on sent que c’est plus facile pour lui de marquer dans ces conditions. 
Son meilleur rendement, il l’a connu au Napoli, en jouant 9, ce qui lui a permis ensuite d’être transféré au PSG. Avec Ibra ils ont joué au début ensemble dans l’axe, mais cela ne se passait pas bien, ce qui a fait qu’il a été déplacé sur le côté pour pouvoir ensuite rentrer à l’intérieur. Mais il a toujours marqué des buts et connu un bon rendement. Avec le départ d’Ibrahimovic, le club a jugé qu’il était correct de donner cette opportunité à Cavani de prouver qu’il restait un très grand joueur dans cette position de numéro 9, à la hauteur du rendement qui est attendu et exigé au PSG.

Le cas Jesé

Et Jesé ? Il n’a joué que 108 minutes cette saison, tu ne lui as jamais promis une place de titulaire, ni à lui ni à personne d’ailleurs. Pourquoi a-t-il du mal à s’adapter au football français ? Et selon toi quels aspects lui posent le plus de problèmes pour s’adapter ?

«Jesé est dans une phase positive qui, en mettant de côté l’extra-sportif, va lui permettre d’aider l’équipe pour ensuite développer son potentiel»

La 1ère chose sur Jesé, c’est qu’on est habitué à entendre sur lui beaucoup de choses qui sortent du sportif, mais je parle beaucoup avec lui comme avec tous les joueurs. Il doit encore s’adapter au club, faire en sorte de gagner le respect de tous et d’être en symbiose avec tout le monde dans le vestiaire, de prendre conscience qu’il arrive dans un club très important avec de très bons joueurs qui ont beaucoup gagné. Il doit travailler pour démontrer qu’il est à la hauteur, pour aider l’équipe et ensuite ressortir du lot. Mais c’est un processus. Il est tranquille, il sait qu’il est en phase d’adaptation. Il n’aime pas toutes les informations qui sortent sur lui et qui dépassent le cadre du sportif, comme le fait qu’il soit énervé de sa situation à Paris. Mais ce dont il a besoin c’est de tranquillité, et c’est ce que je lui répète constamment. Rester tranquille, se focaliser sur son travail, améliorer son français pour qu’il me comprenne lorsque je fais mes causeries, connaître et apprendre à bien s’entendre avec ses coéquipiers. Et ensuite sur le terrain, bien travailler aux entraînements et petit à petit accumuler du temps de jeu en match, en faisant mieux à chaque fois. Il est dans cette phase-là, une phase positive qui, en mettant de côté l’extra-sportif, va lui permettre d’aider l’équipe pour ensuite développer son potentiel

Est-ce qu’il t’a déjà dit « Pfff Mister, je ne suis pas venu ici pour ça » parce que ce n’est pas facile, il y a Di Maria, Cavani, Lucas Moura, Verratti, beaucoup de très bons joueurs au milieu et en attaque. Peut-être qu’en quittant le Real il a pensé qu’il pouvait être titulaire dans n’importe quelle équipe au monde mais dans l’effectif du PSG, il y a de très bons joueurs devant. Est-ce qu’à un moment il t’a dit « Mister, je veux plus de temps de jeu », ou du moins est-ce qu’il te l’a fait comprendre indirectement ?
Je comprends que les attentes de Jesé puissent être élevées mais toute chose a son processus. Et il en est conscient parce que nous en parlons quotidiennement. Il sait que pour jouer et bien jouer, il doit d’abord bien travailler, c’est ce qu’il fait et il faut lui laisser ce temps. Jamais il n’a demandé à jouer davantage et jamais il n’a demandé à être titulaire. Il sait qu’il est dans une grande équipe et qu’il doit passer par ce processus d’intégration.

Tu penses qu’il finira par s’imposer ?
Il a toutes les qualités pour le faire. A partir de là, chaque joueur doit mettre ses qualités au service de l’équipe, et il est dans cet état d’esprit. Je suis très satisfait de lui parce qu’il est dans cette idée de travailler pour réussir à développer tout son potentiel.

Krychowiak et la gestion des egos

Je suis surpris aussi par le faible temps de jeu de Krychowiak. C’est un cas un peu similaire, vous avez déjà beaucoup de joueurs de qualité au milieu, mais tu l’as ramené de Séville, c’était un pilier de ton équipe alors qu’à Paris il a seulement joué 3 ou 4 matchs de L1.

«Krychowiak arrive comme un joueur en plus qui doit apporter ses qualités à l’équipe et s’adapter à son modèle de jeu.»

C’est la même idée que pour Jesé. Dans notre équipe nous avons de grands joueurs qui ont beaucoup gagné. Quand on parle du milieu de terrain du PSG, on parle de Thiago Motta, de Matuidi, de Verratti, de Rabiot, de Pastore. Krychowiak arrive comme un joueur en plus qui doit apporter ses qualités à l’équipe et s’adapter à son modèle de jeu. Là encore c’est un processus naturel. C’est le terrain, aux entraînements ou en match, qui va les aider à s’adapter à la manière de jouer et au niveau d’exigence de l’équipe.

L’effectif du PSG, que ce soit en termes de masse salariale comme de qualité individuelle, représente au saut qualitatif pour toi par rapport à Séville. Est-ce que cela nécessite d’être plus attentif à la gestion des égos ? Par exemple, l’autre jour Verratti s’était énervé quand il a été remplacé, ce qui est normal parce que chaque joueur veut jouer, même chose pour Jesé qui fait la tête quand il ne joue pas. Est-ce qu’il faut être plus attentif aux égos avec un effectif de ce niveau ?
La seule chose qui change, c’est la dimension des médias qui traitent le club. Parce qu’à Lorca, en Segunda B (3ème division), j’avais les mêmes problèmes, à la différence près que ce n’était pas repris dans les médias.

Mais les égos ne sont pas les mêmes ?
Si, ce sont les mêmes. Quand on remplace un joueur en 3ème division, il s’énerve de la même manière qu’un joueur de 1ère division. Ce que je cherche, c’est qu’il y ait toujours une relation de respect entre les joueurs et le staff technique. Mais sinon, au niveau sportif ou personnel, ce sont les mêmes problèmes. Ce qui marque la différence, c’est l’écart de dimension entre, en l’occurrence, le PSG et Lorca. Mais même quand je regarde des matchs d’Hondarribia (sa ville natale au pays basque) je vois des joueurs qui sont énervés lorsqu’ils sont remplacés. Mais il n’y a qu’une caméra, celle de la télévision locale et on n’y accorde pas d’importance parce qu’on sait que cela fait partie du jeu.

Le PSG et les ambitions du club en Champions League

Qu’attendent de toi les supporters du PSG et le club ? Est-ce qu’ils t’ont fait venir pour quelque chose en particulier ?
La 1ère conversation que j’ai eue avec le président allait dans le sens, ils souhaitaient me faire venir. Ils avaient fait une analyse des entraîneurs qu’ils souhaitaient, des entraîneurs avec un certain parcours qui correspondait au mien avec l’idée de grandir et progresser. C’est un club jeune, qui est entré dans une ère nouvelle avec l’arrivée des nouveaux propriétaires. Ils veulent faire grandir le club, par exemple ils ont récemment acheté des terrains pour construire un centre d’entraînement plus grand, et ils ont décidé de miser sur un entraîneur jeune qui avait obtenu certains succès et qui puisse grandir avec eux.  J’ai été très enthousiasmé par cette proposition. D’abord, pour maintenir la position dominante du club en France face à la rivalité de clubs comme l’OM, l’OL, Monaco ou cette année Nice. Et ensuite, pour la dimension internationale de ce projet qui passe par la Ligue des Champions. A chaque match de Ligue des Champions je vois l’enthousiasme dans les yeux des gens, cette envie qu’ils ont de voir le PSG s’imposer comme un club important en Europe.

Tu serais satisfait d’arriver en demi-finales de Ligue des Champions ?
On ne parle pas de demi-finales, finale ou victoire, mais de faire en sorte que la dimension du PSG au niveau européen et mondial soit la plus importante possible. 

Donc tu ne te contentes pas d’une demi-finale ?

«Le succès ne réside pas dans le résultat mais dans le chemin qui y mène. Si on parle d’arriver en demi-finale, finale ou de gagner un tournoi, il faut déjà vivre les moments qui t’y mènent, et je veux les vivre.»

Non, je raisonne différemment. Ce que je m’efforce de faire depuis mes débuts à Lorca, c’est de profiter de chaque semaine, de profiter de chaque match et de profiter de ce processus parce qu’au final, le succès ne réside pas dans le résultat mais dans le chemin qui y mène. Si on parle d’arriver en demi-finale, finale ou de gagner un tournoi, il faut déjà vivre les moments qui t’y mènent, et je veux les vivre. A l’heure actuelle, nous sommes 1ers ex-æquo avec Arsenal dans notre groupe en Ligue des Champions, avec un match très excitant qui nous attend à la fin du mois pour atteindre notre objectif qui est de finir en tête de notre poule, et en championnat nous sommes sur le bon chemin pour conserver notre titre. Quand tu parlais de Jesé ou de Krychowiak, il s’agit d’abord de vivre ces moments d’adaptation et de progression. Et je vis les miens : comment je m’adapte à l’équipe, comment l’équipe avance en intégrant ce que nous voulons…. A chaque fois que Jesé joue, j’ai cet enthousiasme quant au fait qu’il va s’améliorer et apporter toujours plus de choses à l’équipe. Hier (dimanche) il a joué une mi-temps, il a eu des occasions de but sans les convertir mais j’ai continué à l’encourager pour qu’il continue à s’en créer, et c’est ça le chemin. Il ne s’agit pas de parler déjà des demi-finales en occultant ce qu’il se passe avant.

Je disais cela parce que tu vis un peu la même situation que Pep au Bayern. Tu vas au Bayern et gagner la Bundesliga est donné pour acquis, si tu ne la gagnes pas on te crucifie. En France c’est un peu la même chose, tout le monde a la sensation à tort ou à raison que tu vas gagner le championnat parce que tu es l’entraîneur du PSG et que tu as en quelque sorte l’obligation morale de dire : « le championnat m’est acquis, l’objectif c’est de faire quelque chose en plus en Europe »

«Le fait de gagner le championnat et de faire un parcours important en Ligue des Champions passe par cette progression. C’est ce sur quoi je suis concentré : la progression de l’équipe, la progression des joueurs.»

L’exigence d’atteindre les objectifs fixés par le club ne me pose aucun problème. Mais ce qui est aussi important, c’est le développement d’une équipe, sa progression au niveau du jeu, la progression des joueurs individuellement. Et pour moi c’est le plus important, parce qu’au final le fait de gagner le championnat et de faire un parcours important en Ligue des Champions passe par cette progression. C’est ce sur quoi je suis concentré : la progression de l’équipe, la progression des joueurs. Et hier (dimanche) a été un jour important parce qu’aussi bien les joueurs que moi-même nous sommes sortis du match avec la satisfaction d’avoir bouclé une semaine très importante d’une manière brillante. On s’est qualifié pour les 1/8èmes de finale de la Ligue des Champions avec deux journées d’avance et nous avons fait un match plein en championnat, avec de l’intensité, en marquant 4 buts, en touchant les montants à 3 reprises et en affichant une supériorité dans le jeu qui va nous permettre ensuite d’aller plus loin.

Après quelques questions sur Séville, il est relancé sur les supporters :

Les supporters du PSG sont très bons, il n’y a qu’à voir l’accueil que tu as reçu le jour de présentation, mais ceux de Séville… Peu de publics te poussent autant.

«Je suis en train de découvrir que le PSG est un club passionnel.»

Chaque pays, chaque ville a sa culture, mais pour être honnête je suis assez surpris par le fait qu’à Paris aussi, les gens vivent, ressentent le football. Tu vas dans la rue, les gens te reconnaissent et te soutiennent. Hier au stade l’ambiance était bonne, à Bâle nous avions beaucoup de supporters présents. Et je suis en train de découvrir que le PSG – qui est bien sûr un club très important avec beaucoup de supporters – est un club passionnel, et que le sentiment envers l’équipe est très fort.»

NB : Transcript et traduction par Matthieu Martinelli.


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.
Joueur(s) lié(s) 

News 

Aujourd'hui

mercredi 24 avril

mardi 23 avril

lundi 22 avril

dimanche 21 avril

samedi 20 avril

vendredi 19 avril

jeudi 18 avril

mercredi 17 avril

 

Soutenez CulturePSG 
Soutenez CulturePSG sur Tipeee