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« L'animation que nous proposerons contre Madrid dépendra de la performance des artistes », l'entretien complet de Pochettino dans El Pais

Publié le lundi 14 février 2022 à 18:40 par Fouzia
Avant le très attendu PSG/Real Madrid, l'entraîneur parisien Mauricio Pochettino a accordé un long entretien à El Pais, évoquant forcément sur le match mais surtout sur le rôle d'entraîneur du club parisien en général. Il revient également sur son parcours et l'évolution du football, avec les difficultés que cela engendre au plus haut niveau.

Quel est votre objectif principal en tant qu’entraîneur ?

« Comme l’a dit l’un de mes assistants : "que la victoire ne soit pas vaine et que la défaite t’affecte". Parce que si une victoire ne te comble pas et qu'une défaite ne t’affecte pas suffisamment, c’est que quelque chose ne va pas. »

À Tottenham, vous avez transformé Dele Alli en star mondiale et maintenant, à 25 ans, c’est un footballeur qui est pratiquement retombé dans l'anonymat. Vous avez dit que vous vous efforciez chaque jour de faire en sorte que vos joueurs ressentent de l’amour pour le jeu. C'est facile à dire, mais comment convaincre une superstar de continuer à éprouver des sentiments aussi primaires, ou aussi enfantins ?

« Nous réfléchissons constamment à la manière de toucher une corde sensible. Nous n'y arrivons pas toujours parce que nous nous heurtons à la personnalité, au caractère des joueurs, ou à leur entourage, leur famille, leurs proches. C’est dur ! Il est parfois difficile pour le footballeur de comprendre que nous voulons seulement qu'il soit heureux, et qu'il développe au mieux le talent qui lui a été donné. C’est tout un processus. À Tottenham, nous étions très proches de la consécration. Nous avions trouvé une façon pour Dele de retrouver ce qu'il avait perdu en lui faisant sentir qu'il était aussi responsable de cette perte. Ce que vous ne pouvez pas faire avec les footballeurs, c'est de leur trouver des excuses. Vous devez leur dire la vérité pour qu'ils identifient le problème. Nous pouvons les aider à trouver des solutions uniquement s'ils se regardent dans un miroir et disent : "Oui, c'est vrai". »

Que vous inspire la légende de Trinche Carlovich, dont Maradona disait qu'il était meilleur footballeur que lui, mais dont on n'a jamais vu de vidéos ou de statistiques ? [Il a fait carrière dans plusieurs équipes argentines et était surtout connu pour son passage au Central Córdoba de Rosario. Il est mort en 2020, à l'âge de 74 ans, lors d'un vol de rue].

« Cette histoire de Trinche est incroyable ! C’est devenu un mythe planétaire et personne ne peut prouver qu’il l'a vu jouer. Tout le monde dit qu'il était le meilleur joueur du monde. Mais qui l'a vu ? Il n'y a aucune trace. »

Ne pensez-vous pas que même les grands footballeurs ont un Trinche en eux ? Ils ont tous envie de jouer avec leurs amis dès qu’ils le peuvent, pas par obligation mais parce qu’il s'agit c’est avant tout un jeu, avant d'être un travail. Votre mission ne consiste-t-elle pas à faire coïncider travail et plaisir ?

« C'est l'équilibre que nous recherchons. Nous oscillons entre les deux : le travail et le plaisir de jouer. C'est un exercice très difficile. Parce que le football s’est considérablement professionnalisé et que plus l’enjeu économique est élevé, plus le plaisir de jouer diminue. Aujourd'hui, on part du principe que si on investit cinq, le résultat doit correspondre à cinq. Si on investit 20, il doit correspondre à 20. Cette logique n’a rien à voir avec le football. Le jeu, c’est l'inspiration, c'est le talent, c'est un contexte d'émotions. Les émotions passent avant toute considération financière. Le footballeur ne joue pas pour l'argent. Il ne montre pas plus de talent ou plus d'engagement si on lui donne plus d'argent. La promesse d'une prime ne garantit pas qu'il arrêtera un penalty ou qu'il gagnera un match. Mais les enjeux économiques font partie du football et sont utilisés pour insulter, humilier, susciter des sentiments négatifs. Les choses sont déformées. L’autre jour, quelqu'un a dit : "Ils vivent de la confusion ; s’ils ne peuvent pas te convaincre, ils sèment la confusion". »

Quel est le plus grand problème du football ?

« Dans le football dans lequel j'ai grandi, les étapes qu'un footballeur suivait étaient beaucoup plus rapprochées les unes des autres : l'enfant passait du terrain vague au centre de formation, au club, à l'équipe nationale... Aujourd’hui, ils passent directement du terrain vague à une dimension économique qui dépasse leurs capacités sportives. Cela crée beaucoup de confusion. C'est pour ça que je respecte encore plus les footballeurs d'aujourd'hui, même si tout le monde pense qu'ils ont davantage de choses. Oui, ils possèdent plus de choses matérielles, mais c’est beaucoup plus difficile de gérer mentalement toutes ces réussites, qui ne passent pas par un processus de maturation qui peut les aider à comprendre ce qui se passe dans leur vie. »

Tous les directeurs sportifs d'Europe considèrent le projet du PSG comme un voyage dans l'inconnu, où l'entraîneur doit effectuer un numéro de jonglage insolite pour trouver un équilibre avec 11 joueurs dont Messi, Mbappé et Neymar. Aujourd'hui, le jugement de l'opinion publique française est quasi unanime : le jeu manque de ligne directrice. Qu'en pensez-vous ?

Nous avons une ligne directrice, nous avons un plan stratégique, nous avons une philosophie de jeu

« Nous avons une ligne directrice, nous avons un plan stratégique, nous avons une philosophie de jeu. Qu’il y ait une différence entre les attentes et la réalité, ça arrive. Mais les gens se trompent quand ils disent qu'il n'y a pas de plan de jeu. Bien sûr qu’il y en a un. Ensuite, c'est comme pour toute autre équipe, il faut le dérouler sur le terrain, et tout ça demande du temps et de l'adaptation. Nous avons réalisé quelques très bons matchs, mais malheureusement, la barre est tellement haute, presque impossible à atteindre, que tout ce qui n'atteint pas ce niveau n’est que déception et frustration. Nous comprenons cela parce que nous sommes au PSG, à la Tour Eiffel, à l'Arc de Triomphe, dans la Ville Lumière ; et nous l'acceptons comme normalité, sans céder toutefois à la folie. Nous évaluons la situation de façon réaliste. 

Avec notre staff technique, tout le service d'analyse du PSG et tous nos collaborateurs, nous faisons toujours notre autocritique et savons que nous devons aujourd’hui nous améliorer. Mais les circonstances auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement dans ce projet exigent plus que jamais du temps, et nous comprenons qu’en étant au PSG, personne ne vous en donne. Ça n’est pas possible. (Le temps) est très court et limité, et cela rend ce niveau encore plus difficile à atteindre. 

Nous vivons ces situations de manière naturelle et responsable, parce que nous sommes au centre de l’attention mondiale en raison des stars dont nous disposons. Ici, tout brille et scintille à merveille, et le défi consiste à faire en sorte que tout fonctionne au mieux. Nous verrons bien. Le moment décisif de la saison arrive, nous avons de grands talents, de grands joueurs qui s'épanouissent dans ce genre de défis. Ça les surmotive. Avec tout ce talent, il est évident que nous serons capables de faire de grandes choses. »

Jamais trois joueurs du calibre de Messi, Neymar et Mbappé n'ont évolué dans la même équipe avec l'obsession commune de gagner la Ligue des Champions. Comment cela peut-il se refléter sur le niveau de compétitivité de l'équipe ?

Mbappé, Neymar et Messi sont les trois plus grands joueurs du monde

« Mbappé a gagné la Coupe du monde, Neymar a remporté une Ligue des Champions avec le Barça, et Messi quatre. Ils savent comment gagner. Ce sont les trois plus grands joueurs du monde et il est normal qu'ils ressentent cette motivation. C'est un plus qui va élever le niveau de compétitivité. Il n'y a pas de meilleur moment que maintenant pour tout donner. »

Mais pour diverses raisons, et notamment la longue absence de Neymar, il n’y a eu aucune constance au PSG à un certain niveau - malgré des mois d'entraînement et de compétition. N'est-il pas difficile de faire ce saut au plus haut niveau d’exigence ? Est-il possible de réveiller un footballeur comme s'il avait un interrupteur, s’il n'en a pas l’habitude ?

« C’est facile de dire que les joueurs manquent parfois de la préparation nécessaire pour jouer la compétition que tout le monde rêve de gagner. Mais la réalité est que nous sommes dans une période où toutes les grandes équipes souffrent. Le football a changé. A cause du Covid et à cause des calendriers chargés. Ça devient inhumain, les médecins le disent. 

Tout d'abord, parce que les artistes aiment se produire dans des théâtres pleins ; et que nous avons de nombreux artistes du football qui veulent être admirés par des milliers de personnes dans leur stade. Il faut en tenir compte : nous sortons de presque deux ans sans cette source d’inspiration nécessaire à tout grand génie. 

Ensuite, les conditions de compétition, en raison des suspensions, du calendrier des sélections et des voyages, ont épuisé les équipes qui ont le plus d'internationaux. Arriver en Europe le lendemain d'un match en Afrique ou en Amérique du Sud, et devoir rejouer deux jours plus tard, et faire ça tous les mois, ça exige de grands efforts. On a tendance à sous-estimer les efforts des joueurs de football parce qu’on pense qu'ils ont la vie facile. Ces joueurs ont beaucoup donné et les exigences physiques et mentales auxquelles ils sont soumis sont très fortes. Il est très difficile pour eux d'offrir le niveau que nous attendons tous d’eux à chaque match. »

Liverpool, le Bayern et Chelsea, les trois derniers vainqueurs de la Ligue des Champions, sont connus pour répartir équitablement l'espace entre leurs joueurs et maintenir un fort pressing pendant la majeure partie du match. Comment faire avec votre équipe pour atteindre ce niveau de pressing, alors que tant de vos joueurs ne sont pas à l'aise pour défendre ?

« Je ne suis pas tout à fait d'accord. Avec Tottenham, nous avons joué la finale (de Ligue des Champions en 2019) contre Liverpool et l'équipe qui a le plus pressé, c'est-à-dire la nôtre, n'a pas gagné. Tottenham avait eu davantage la possession de balle, et c’était Liverpool qui attendait et jouait en contre-attaque. C'est arrivé aussi avec Chelsea-City : l'équipe qui a joué en contre-attaque a gagné. Nous stigmatisons certaines choses qui sont ensuite gravées et présentées comme de grandes vérités alors qu'elles ne le sont pas. Lorsque vous construisez une équipe, vous devez analyser les qualités qui la caractérisent. Lorsque les caractéristiques ne sont pas prévalentes dans une facette du jeu que nous voulons améliorer, nous devons trouver cet équilibre. 

Nous sommes une équipe qui, quand elle décide de presser, peut bien le faire

Nous sommes une équipe qui, quand elle décide de presser, peut bien le faire. Nous pouvons prendre des risques. Nous l'avons fait. Nous l'avons fait contre Lille, qui est en huitième de finale de la Ligue des Champions. Mais c’est sûr que nous ne serons pas en mesure de presser pendant 90 minutes en raison des caractéristiques des joueurs et aussi de leurs goûts footballistiques. »

Comment définiriez-vous ces goûts ?

« Nous avons des joueurs qui aiment avoir la possession du ballon, jouer court, combiner de différentes façons. Pour leur permettre cela, nous avons besoin de temps pour trouver un équilibre qui assure que le ballon ressorte toujours proprement, depuis l’arrière, avec toujours le même objectif : casser des lignes, contrecarrer le pressing, jouer dans le camp adverse avec une bonne possession pour pouvoir imposer le rythme de l’équipe et la mettre au services de nos talents. 

Mbappé est techniquement incroyable, il peut combiner et avoir un jeu de position, mais il aime aussi courir et prendre l’espace en profondeur parce qu'il en a les capacités. Il y a une complémentarité entre ses caractéristiques et celles de Leo et Neymar, qui combinent plus, et évoluent à un rythme plus lent pour arriver dans le camp adverse et surtout, pour finir (les actions). 

Dans cette quête (de l’équilibre), nous nous efforçons d'apprendre à nous connaître sur le terrain avec l’expérience, à évoluer ensemble en compétition, et à partager des moments en dehors parce que c’est une étape importante de la construction. C'est (notre) tactique. »

Sans esprit d'équipe, aucune tactique n'est possible ?

« La tactique ne se reflète que lorsqu'on observe l'animation de jeu d'une équipe. Mais la tactique dépend de la manière dont (les joueurs) vivent en dehors du terrain, de la manière dont ils échangent entre eux et créent ces liens qui leur permettront plus tard d'avoir cette sensation, ce feeling, sur le terrain. 

C'est la vérité absolue : chaque équipe se construit d’abord en dehors, puis sur le terrain.

C'est la vérité absolue : chaque équipe se construit d’abord en dehors, puis sur le terrain. Si je ne t’aime pas et que je dois te donner la balle, et que tu dois me la redonner, et que tu me la donnes à un mètre, c’est toi qui vas courir. Si tu me la donnes à un mètre et que je t’aime bien, je vais donner ma vie pour la récupérer et pour que tu ne sois pas exposé à ton erreur. 

C'est fondamental et beaucoup oublient que non seulement le travail de terrain prend du temps, mais que la vie en commun, la dynamique de groupe, nécessitent du temps pour apprendre à se connaître. Seul le temps te permet de voir comment tes coéquipiers et tes entraîneurs se comportent, et seule cette expérience te donne la sécurité et l’assurance nécessaires pour faire confiance à l'autre. 

La question est la suivante : le PSG peut-il donner ce genre de temps à un entraîneur pour construire une équipe, ou devons-nous arriver et gagner 5-0 parce que nous avons recruté de grands joueurs ? »

L'idée subliminale projetée sur le public par l’association Messi-Mbappé-Neymar est que le PSG passera 100 % des matchs à attaquer. Mais il y a toujours des pertes de balle, même Maradona perdait la balle. Que se passe-t-il quand ils ne l'ont pas ?

« Tout dépend de l'endroit où tu dois récupérer la balle. Si tu attaques et que tu la perds, est-ce que tu as l'énergie suffisante ? L'organisation ne suffit pas, l'attitude non plus. Pour récupérer le ballon, il faut aussi avoir de l'énergie. Plus nous récupérons le ballon bas, moins nous avons de temps à consacrer à l’attaque. »

Pour éviter que Mbappé, Neymar et Messi n'aient à dépenser cette énergie, vous avez essayé de construire un bloc de sept hommes qui, une fois que l'adversaire casse la première ligne, se déplace dans le bloc central pour mieux réduire les espaces en défense. Mais là, on se heurte à un autre paradoxe : plus ces sept hommes, avec Verratti à leur tête, sont en retard, plus ils sont fatigués de courir après le ballon ; ce qui les conduit à prendre encore plus de retard et à se désengager de l'attaque...

« On en revient toujours à la même chose. C'est l'équilibre que nous devons trouver. Aucune équipe n'a la capacité de jouer 90 minutes dans le camp adverse. La dernière fois que j'ai vu une chose pareille, c'était avec le Manchester United de Ferguson. Ils devaient gagner un match de Premier League par je ne sais quelle différence de buts - et l'adversaire n'a pas passé la ligne médiane à Old Trafford. J'étais un joueur de l'Espanyol et ça m'a marqué. Mais cela dépend aussi du niveau de l'adversaire. Je ne vois pas d'équipes qui ont 80 % de la possession dans les championnats européens maintenant, et encore moins dans la moitié de terrain adverse. »

Il est compréhensible que Messi, Neymar et Mbappé n'aiment pas défendre. Peut-être que ce que vous pouvez faire de mieux, c'est de les inciter à se déplacer avec le ballon, pour courir dans les espaces ou faire des appels en soutien ?

L'animation que nous proposerons contre Madrid dépendra de la performance des artistes.

« L'animation que nous proposerons contre Madrid dépendra de la performance des artistes. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'ils le feront. On l'a vu contre Lille. Ils aiment bouger. Ce n'est pas une question de vouloir ou de ne pas vouloir. C'est une question de caractéristiques de nos joueurs, qui aiment être décisifs à chaque action. Je ne sais pas si ce phénomène s'est déjà produit dans un autre équipe au monde, mais c'est une belle chose. Il faudrait qu'il suscite un autre type de lecture, d'émotion, de vision. Le PSG a pu le faire et pas seulement parce qu'il a l'argent, mais parce que les joueurs voulaient venir. Il y a des clubs avec une puissance financière qui n'intéressent pas les joueurs. Ici, tout est réuni. On a créé quelque chose de mystique. »

Le Mbappé vertical de Monaco, a commencé à renoncer à beaucoup de courses en profondeur au PSG pour descendre et demander le ballon entre les lignes, participer à la construction du jeu, plus ou moins comme Neymar. Et soudain, depuis que vous avez commencé à l'entraîner en 2021, on l'a vu marquer plus de buts. Cela a commencé au Camp Nou. L'avez-vous convaincu de chercher davantage l’espace ?

« Les grands joueurs peuvent occuper n'importe quel poste sur le terrain et y réussir sans problème. Et en cela, Kylian est un phénomène. Mais ses caractéristiques sont différentes de celles de Neymar. Sa principale qualité est sa verticalité. Dans l'espace, il est inarrêtable et, en même temps, il possède une excellente technique, que ce soit à gauche ou à droite, non seulement pour dribbler, mais également pour contrôler et frapper. Je ne pense pas que sa plus grande force soit de descendre bas pour assurer la transition. Il peut le faire, mais dans une équipe avec autant de talent, dont la construction dans le bloc central fait que nous avons des joueurs pour lui apporter le ballon, afin qu'il puisse être décisif dans le dernier tiers, ces mouvements qui l'éloignent du but ne seraient pas bénéfiques pour son jeu. »

Comment trouvez-vous Messi ?

« Cela ne fait aucun doute : Leo est le meilleur joueur du monde et il va apporter beaucoup de joie au PSG et aux supporters. Il fera ce qu'il sait faire, comme il l'a toujours fait. Mais entre le football, les blessures occasionnelles et l'équipe nationale qui fait appel à lui tous les mois, son temps d'adaptation a été limité. Il ne se cherchera jamais d'excuses et nous non plus. Mais il n'avait jamais joué dans un autre club que le FC Barcelone et, lorsque vous arrivez dans un nouveau club, vous devez passer par un processus naturel pour vous habituer à l'endroit. Une blessure, les voyages, le fait de ne pas être en contact permanent avec ses coéquipiers, cela signifie qu’il faut plus de temps pour que l'équipe s'adapte ou pour qu'il retrouve son meilleur niveau. »

Vous avez entraîné Tottenham contre Madrid en Ligue des Champions en 2017, avec un match nul 1-1 au Bernabeu et une victoire 3-1 à Wembley. C'était l'équipe de Madrid qui avait remporté trois Ligues des Champions d'affilée, avec Cristiano et une équipe au sommet de sa forme. Voyez-vous le Madrid actuel comme une version vieillissante de cette équipe ?

« Il faut respecter le Real Madrid parce que c’est un club qui a remporté 13 coupes d'Europe et cela ne se réalise pas seulement avec des joueurs. Ça se gagne avec une force institutionnelle qui s'est construite au fil des années. La puissance des clubs historiques oblige leurs joueurs à toujours donner le meilleur d'eux-mêmes. L'histoire passe avant tout et cela aide à la performance. Nous avons tous besoin de cette pression. Nous devons sentir qu'il y a un grand poids, une énergie qui vous entoure, une discipline présente dans l'air, une obligation qui va au-delà d'un match de football. C'est ce que dégage une institution comme Madrid, que l'on joue pour elle ou contre elle. En tant qu'adversaire, vous devez respecter cela. 

Ce genre de matchs dépend avant tout de notre capacité d'abstraction et de notre aptitude à être à notre meilleur niveau. J'ai confiance en mon équipe, en mes joueurs et en mon club et je crois qu'en étant au maximum à tous les niveaux, nous pourrons battre Madrid. Mais avec respect. Parce qu'au-delà de l'analyse des performances, le Real comme le PSG, compte tenu des joueurs qu'ils possèdent, sont toujours capables d'élever leur niveau dans ce type de match. »

Il y a des entraîneurs qui ont construit une grande partie de leur succès sur l'affection qu'ils suscitent chez leurs joueurs. Ancelotti ou Del Bosque ont ce style paternel et obtiennent des performances superlatives basées sur l'empathie. Vous identifiez-vous à eux ?

Le chemin que nous choisissons est le plus difficile parce que c'est celui de l'implication émotionnelle

« Avec mon staff technique, nous sommes des fous furieux de discussion. Nous philosophons trop. Et nous disons que le chemin que nous choisissons est le plus difficile, parce que c'est celui de l'implication émotionnelle. Cela cause souvent beaucoup de douleur et tout le monde ne le comprend pas. La simplicité du choix de la peur et de l'imposition, sans implication émotionnelle du joueur, est souvent plus saine. Mais elle a aussi tendance à être plus éphémère, moins durable, et vous ne tirez pas le meilleur de chacun d’eux. 

Il existe une part de joueurs qui réagissent calmement à l'agressivité et donnent le meilleur d'eux-mêmes. Ils ne représentent pas la majorité. La majorité a besoin d'une autre forme de gestion. Comment le joueur peut-il savoir que l'entraîneur qui lui dit un mot gentil n'est pas en train de le berner ? Nous sommes de cette trempe-là. Il ne s'agit pas d'être ami avec les joueurs pour qu'ils jouent bien. Et c'est la chose la plus difficile à faire parce que tu dois rester très cohérent. Tu ne peux pas lui crier dessus un jour et lui dire que tu l'aimes le lendemain. Tu dois être cohérent dans tes actes, dans tes interventions, dans la façon dont tu communiques avec tout le monde. Je ne peux pas être gentil avec un footballeur et despote avec un membre de mon staff. Les joueurs peuvent le ressentir. Ça ne peut pas être un exercice forcé : ton mode de gestion doit correspondre à ta manière d'être. »


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