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Le bilan tactique de mi-saison : le PSG en 4-3-3 (1e partie)

Publié le jeudi 2 janvier 2020 à 20:34 par Samuel Gaïté
La première saison de Thomas Tuchel au PSG avait été marquée par plusieurs expérimentations tactiques puisque, ayant pour idée première de faire jouer ses 4 fantastiques ensemble, il avait d'abord opté pour un 4-2-3-1 qui n'a pas convaincu avant trouver son équilibre en 4-4-2 à partir du match contre Liverpool avant que les blessures ne compliquent le tout. Pour sa deuxième année au PSG et avec entre les mains un effectif renforcé quantitativement, Tuchel a tout d'abord décidé de donner de la continuité au 4-3-3 et d'en faire son système préférentiel. Retour sur cette période dans cette première partie de notre bilan tactique de mi-saison.

Après avoir testé le 4-3-3 en matches amicaux puis pendant les deux premiers matches officiels de la saison avec un milieu Herrera-Marquinhos-Verratti, Thomas Tuchel a ensuite testé le 3-1-4-2 face à Rennes (1-2) puis le 4-4-2/4-2-3-1 durant les quatre matchs suivants, ceux avant le match au Parc contre le Real Madrid (3-0). Ce match abouti avec la première du milieu Gueye/Marquinhos/Verratti a lancé une longue phase où l'équipe s'est stabilisée dans un 4-3-3, bien aidée par les blessures dans le secteur offensif qui ont repoussé les questions de management. 

Le détail du système et ses avantages

Offensivement et lorsque elle est installée dans le camp adverse, l'équipe s'est vite structurée dans un 2-3-5 qui peut légèrement varier selon les séquences. L'idée et les espaces à occuper sont clairs : les 2 défenseurs centraux et les 3 du milieu sont chargés de faire circuler et progresser le ballon, les latéraux placés haut sur la largeur, les deux ailiers entre les lignes dans les halfs spaces (ou demi-espaces) et un n°9 qui reste fixe entre les défenseurs centraux adverses. D'où le schéma suivant : 

Cette structure, terme cher au coach parisien, offre une bonne occupation de tous les espaces et permet à l'équipe d'être à la fois bien structurée offensivement pour faire circuler le ballon efficacement et générer des supériorités dans des zones clés du terrain, mais également d'avoir presque toujours cinq joueurs derrière le ballon afin de couvrir les espaces clés à la perte et ainsi pouvoir presser efficacement quand le ballon est perdu par les joueurs offensifs.

Thomas Tuchel a régulièrement vanté en conférence de presse les avantages de ce système, mettant notamment en avant son milieu à trois qu'il considère comme « un bon mix ». En effet, en plus d'offrir à l'équipe cet équilibre structurel en phase offensive, ce 4-3-3 permet à l'équipe de presser haut efficacement et de bien défendre proche de la surface. 

Durant les phases de pressing haut, le PSG de Tuchel ne cherche pas à orienter l'adversaire dans une zone spécifique comme peut le faire Manchester City mais adopte une approche de pressing plus individualisé. Dans cette optique, le milieu à trois permet aux deux relayeurs Gueye et Verratti de sortir haut sur les milieux adverses tandis que les latéraux peuvent suivre les ailiers/milieux excentrés adverses. Sentinelle, Marquinhos peut offrir une couverture aux centraux qui sont souvent orientés vers les attaquants adverses et ont tendance à sortir de leur zone. 

Lorsque l'équipe doit défendre bas, le milieu à 3 permet de couvrir les zones centrales efficacement et la présence de Marquinhos en n°6 lui offre la possibilité de rejoindre la ligne défensive si besoin pour défendre la surface comme ça a pu être le cas face à des équipes qui centrent beaucoup. C'est ce qu'expliquait notamment l'Allemand après Nice/PSG (1-4) : « Quand Marquinhos joue en 6, on peut faire ça de façon fluide avec lui : il redescend entre les deux défenseurs centraux quand on n'a pas le ballon et reste devant eux quand on l'a. »

Un 4-3-3 qui a amené une bonne série de résultats

A partir du match contre le Real Madrid (3-0) qui a marqué la véritable mise en place de ce 4-3-3, le PSG a enchainé une bonne série : 8 victoires en 9 matchs, seule la défaite contre Reims avec une équipe très remaniée venant couper la dynamique. Cette période a été principalement marquée par la solidité défensive de l'équipe dans ce 4-3-3, avec la fameuse stat des matches à 0 tir cadré concédé quand Gueye jouait, le Sénégalais représentant alors bien la performance défensive en cours.

L'équipe a été performante pour aller presser haut l'adversaire face à des adversaires en difficulté pour ressortir en jouant court depuis l'arrière. Lorsque les adversaires avaient recours à un jeu plus direct (Galatasaray ou Bordeaux par séquences), la charnière Thiago Silva/Kimpembe a été dominante dans ce domaine, bien aidée par Marquinhos en 6 pour réceptionner les longs ballons et être présent sur les seconds ballons. Contre Galatasaray, on comptait par exemple 19 duels remportés par Kimpembe sur 27 joués et 8 duels aériens remportés sur 8 joués par Marquinhos.

Bien que lançant la série, le match face au Real est un peu à part avec une approche moins agressive. Il n'y a pas de pressing haut mais un repli en bloc médian dans un 4-5-1 avec surtout un travail de cadrage et de gestion de la largeur grâce aux replis de Sarabia et Di Maria pour aider les latéraux face au jeu extérieur du Real.

L'équipe a également su subir lors de temps faibles (Galatasaray, Bruges aller) en défendant bien en bloc avec des ailiers pas avares d'efforts dans le repli défensif plus la présence du milieu à trois pour couvrir les zones centrales et Marquinhos en 6 pour venir aider à défendre dans la surface. Sur la série de neufs matchs entre le match aller contre le Real et la défaite (1-2) à Dijon le 1er novembre, le PSG a en moyenne concédé 0,57 xG par match et seulement 3 buts encaissés, soit un excellent bilan défensif.

Paris a déjà des difficultés pour se créer des occasions de façon récurrente mais perd le ballon en majorité haut sur le terrain. Pour autant, sur les matches face à Bordeaux (1-0) et Lyon (1-0), l'approche conservatrice des adversaires a permis au PSG de s'installer facilement dans le camp adverse et de réaliser un contrepressing efficace et bien incarné par les performances de Gueye et Marquinhos dans ce domaine.

Contre Angers le retour de Neymar dans son rôle d'ailier gauche intérieur conjugué à la présence de Verratti en relayeur gauche a permis de voir quelques bonnes séquences offensives face à un adversaire replié en bloc médian/bas. Exemple ci-dessous avec le 2-3-5 parisien et la présence de Neymar dans le half space crée un avantage positionnel face au 4-5-1 angevin et permet à Verratti de trouver Bernat lancé dans le dos de la défense :

Face à un adversaire mieux organisé dans son pressing comme l'était Galatasaray qui avait calqué son pressing sur le 4-3-3 parisien, l'équipe a également bien su s'adapter en jouant plus direct et en exploitant le 3 contre 3 qui s'était créé derrière avec des défenseurs peu habiles pour gérer la profondeur et les 1 contre 1.

Des limites qui génèrent une série de mauvais matches

Après ces neuf matches plutôt réussis et coupé par la trêve internationale d'octobre, le PSG est entré dans une phase plus difficile avec la défaite à Dijon (1-2) et des prestations peu abouties face à des adversaires qui ont bien su bloquer le jeu offensif du PSG et ont apporté une complexité différente. Les difficultés du PSG en première mi-temps face à Lille et Nantes ont d'ailleurs poussé Tuchel a changé de système à la mi-temps. Le PSG a éprouvé des difficultés pendant plusieurs matchs pour faire progresser le ballon dans le dernier tiers du terrain et trouver ses attaquants dans des positions avantageuses.

Globalement, les adversaires ont compris comment neutraliser le jeu du PSG (Nantes, Bruges, Lille) avec des systèmes un peu différents mais une approche relativement similaire : tout d'abord un cadrage efficace du 2+3/3+2 parisien avec 2 attaquants adverses pour gérer Marquinhos et les 2 défenseurs centraux plus des milieux qui sortent sur les relayeurs parisiens et des ailiers/pistons pour bloquer la progression sur les côtés).

Du côté de l'attaque, les adversaires arrivaient à empêcher Neymar et Di Maria d'avoir de l'espace entre les lignes pour avancer balle au pied grâce à une défense à 5 ou des latéraux adverses qui sortaient sur eux. Ces joueurs défensifs étaient également aidés par le repli des milieux afin de réduire les espaces d'expression des deux attaquants parisiens.

Voici deux exemples ci-dessous avec Bruges et Lille. Du côté de Bruges, on est en 4-4-1-1 avec des orientations individuelles (ailiers sur latéraux parisiens, milieux centraux de Bruges qui sortent sur relayeurs parisiens, 3ème milieu sur Marquinhos et latéraux prêts à sortir sur Mbappé/Di Maria) :

Du côté de Lille, on est dans un 5-3-2 classique avec les pistons sur les latéraux parisiens, 2 attaquants pour gérer les 2 défenseurs centraux plus Marquinhos, les relayeurs lillois qui sortent cadrer les relayeurs parisiens et les centraux excentrés de la défense à 3 lilloise prêts à sortir sur Neymar/Di Maria dans les demi-espaces.

La question de la surdépendance à Neymar pour faire des différences entre les lignes et le manque de jeu associatif entre les attaquants et les milieux avec un 9 qui participe peu au jeu peut se poser. Ce problème a été en partie résolu sur quelques matchs, comme en milieu de 1ère mi-temps face à Bruges avec un recentrage de Di Maria pour pouvoir se proposer dans le dos des deux milieux de Bruges et offrir ainsi un relais proche à Mbappé. 

Mais ces matchs ont avant tout montré les limites des milieux parisiens dans la construction du jeu face à des adversaires bien organisés qui laissent moins de temps et d'espace aux milieux parisiens pour faire progresser le jeu et se connecter avec les attaquants. Sans Verratti face à Lille et Nantes, Draxler n'a pas su donner de la verticalité et de la vitesse au jeu et failli à plusieurs reprises pour bien interpréter les situations. Marquinhos manque aussi de mobilité et de qualité pour se proposer dans des espaces réduits afin de toucher les attaquants. Par conséquent l'équipe a eu pendant plusieurs matchs du mal à avoir de la continuité dans le jeu et enchainer les séquences dans le camp adverse. Selon Whoscored, 14 des 31 pertes de balles parisiennes contre Lille ont été réalisées dans leur propre camp, dont 5 pertes de balles de Draxler. 

Un autre problème observé face à Bruges et par séquences contre Angers est la tendance de l'équipe à perdre en compacité lorsque le pressing haut n'est pas effectif. Bruges a bien su relancer court depuis son gardien et casser le pressing haut, de même qu'Angers par séquence avec du jeu direct et quelques erreurs individuelles de Kimpembe et Herrera.

En témoigne le PPDA (passes allowed per défensive action) qui est un outil permettant de quantifier l'efficacité d'un pressing. Il était de 12,14 lors de ces matches contre 8 en moyenne pour le PSG. Face à ce scénario, l'équipe a été forcée de défendre bas et n'a pas su maintenir un bloc compact. Par exemple, certains joueurs sortaient parfois pour lancer un pressing sans que tout le bloc ne soit remonté. L'exception dans cette mauvaise série est le match contre Marseille avec un scénario semblable à celui face au Real à l'aller et deux adversaires avec le même plan de jeu. 

Un 4-3-3 en grande souffrance à Madrid

La 1ère mi-temps du match retour contre le Real est un peu différente et a montré d'autres limites, notamment grâce à une configuration de match que l'on voit très rarement dans les matchs du PSG du fait de sa domination en Ligue 1. Tuchel a adopté une approche similaire au match aller mais face à un Real qui a entre-temps bien progressé. Le PSG s'est replié dans un 4-5-1 en bloc médian avec Mbappé et Di Maria en pied naturel, probablement dans l'idée d'exploiter les espaces en transition dans le dos des latéraux du Real.

Mais le PSG, en plus d'être en difficulté défensivement face au jeu offensif fluide et dynamique du Real Madrid, a été incapable de bien exploiter les espaces en transition excepté sur deux ou trois séquences en début de match. Le PSG est très peu habitué à jouer ce type de match de transition et n'a donc logiquement pas su répondre : les milieux n'ont pas été capables de se sortir de la contre-pression exercée par le Real et les trois attaquants ont manqué de connexion entre eux sur les quelques opportunités qu'ils ont eues. 

Après la rencontre, Thomas Tuchel ne va pourtant pas condamner le 4-3-3 mais bien le 4-2-3-1 avec lequel le PSG avait joué, sans plus de succès, la seconde période. C'est pourtant peu après que le 4-3-3 sera mis au placard au profit du 4-4-2...


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