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Les revenus 2014/2015 du PSG passés au crible

Publié le jeudi 21 janvier 2016 à 19:29 par Philippe Goguet
Le cabinet Deloitte a publié son étude annuelle sur les revenus des clubs de football, plaçant le PSG en 4ème position à l'échelle mondiale. Retour sur cette étude et analyse.

Comme tous les ans, le cabinet Deloitte a publié son étude sur les revenus des clubs européens et le PSG se place à une belle 4ème place avec 480,8M€ de revenus sur la saison 2014/2015, soit 9,5M€ de plus que la saison précédente. Cette légère augmentation permet au PSG de gratter une place au classement (5ème l'an dernier) puisqu'il a doublé un Bayern qui a de son côté vu ses revenus décroître légèrement (de 487,5M€ à 474M€). 

Les revenus commerciaux au top en 2014/2015

Les revenus parisiens sur la saison écoulée ont globalement peu changé avec des revenus commerciaux qui constituent de très loin la grosse part des revenus globaux du club :

  • 297M€ de revenus commerciaux (soit 62%)
  • 105,8M€ de droits TV / « broadcasting » (soit 22%)
  • 78M€ de recettes de « jour de match » / « Matchday » qui regroupe la billetterie et les loges (soit 16%)

Comme l'an passé, le PSG est le club de football n°1 dans le monde en terme de revenus commerciaux puisque même le surpuissant Manchester United n'arrive pas à égaler cette somme malgré d'excellents contrats de sponsoring (263,9M€). Comme le précise Deloitte, le PSG est aussi le seul club dont cet apport représente plus de 60% des revenus. C'est notamment dû à l'arrivée de nouveaux partenaires (Deloitte cite American Express mais on peut aussi ajouter Aspetar) et au renouvellement des gros contrats de sponsoring avec Nike et Emirates.

Malgré cet excellent chiffre sur les revenus commercieux, ceux-ci ont pourtant baissé par rapport à l'année précédente puisqu'ils sont passés de 327,7M€ à 297M€. L'impact du fair-play financier se fait notamment sentir au niveau du contrat avec QTA, celui-ci étant largement réévalué par les normes de l'UEFA. Sachant que les revenus totaux du club ont augmenté, cela signifie également que la part des commerciaux ont baissé, ramenant ainsi le PSG dans des proportions plus proches de celles de ses collègues européens. De 69% l'an passé, ils ne représentent plus que 62%, soit à peine plus que le Bayern et ses 58,5% (278M€ sur 474M€ au total).

Une petite augmentation par rapport à l'an passé mais un rééquilibrage 

Comme constaté précédemment, les revenus totaux ont malgré tout augmenté car les recettes de jour de match et de diffusion télévisuelle ont quant à elle largement progressé :

  • Recettes « matchday » : de 63,1M€ à 78M€ soit 13,9M€ en plus (+22%)
  • Recettes issues des droits TV : de 83,4M€ à 105,8M€ soit 22,4M€ (+27%)

Pour les recettes dites « matchday », ce sont les travaux faits au Parc des Princes qui commencent à payer, ainsi que l'augmentation du tarif des abonnements et des places dans une moindre mesure. Deloitte évoque également le fait qu'il y ait eu deux matches de plus à domicile par rapport à la saison dernière, ce qui a un impact direct. Concernant les droits TV, ils grimpent de près de 22,4M€ sans réelle justification vu que les contrats de diffusion sont pratiquement les mêmes pour les deux dernières saisons. L'amende de 20M€ de l'UEFA concernant le fair-play a possiblement été supprimée de leur décompte cette année.

Plus intéressant, c'est surtout la part dans le poids total de ces deux types de ressources qui est changée : les revenus de jour de match passent ainsi de 13 à 16% du total tandis que les droits TV représentent désormais 22% contre 18% il y a un an à peine. Paris dépend donc moins de ses contrats de publicité avec le Qatar, donc du bon vouloir de son actionnaire.

Un avenir pas si rose ?

Malgré ces chiffres très positifs pour le PSG, il faut néanmoins rester mesuré concernant le futur du club, et ce pour plusieurs raisons. La première vient de la répartition des revenus. Comme expliqué, le PSG tire près de 60% de ses revenus de ses contrats commerciaux. Or, si le PSG multiplie les petits partenariats, il reste très dépendant des gros contrats et le renouvellement avec Emirates ou Nike a été effectué il y a peu de temps, pour des montants très inférieurs à ce que touchent les autres gros clubs européens (Adidas paye jusqu'à 94M€/an pour MU quand Nike en paye 20 pour le PSG). Paris doit donc s'appuyer sur ses nombreux partenaires qataris (QTA, QNB, Ooredoo, Aspetar, etc) pour compenser ce déficit. Le PSG reste donc très dépendant de l'investissement qatari à l'heure actuelle.

Autre souci, les droits TV du club sont pratiquement figés jusqu'en 2020 puisque les droits TV de la L1 ont été attribués l'an passé, pour un montant à peine supérieur au contrat actuel. Sachant que les coupes nationales ne rapportent pas grand chose, tout repose sur la Ligue des Champions. Le nouveau contrat n'a pas bouleversé les montants mais le PSG profite du fait que les clubs français sont mauvais. Ainsi, comme la Juventus en Italie l'an passé, le club pourrait bien toucher pratiquement l'intégralité des droits TV alloués à la France. Sur la saison écoulée, les Turinois ont ainsi touché près de 100M€, soit près du double du PSG qui avait largement dû partager ses gains avec l'AS Monaco, le club monégasque étant allé aussi loin que lui dans la compétition.

Si gagner le pactole par la Ligue des Champions serait un sacré coup de boost, cela restera malgré tout un événement exceptionnel et Paris n'a aucun intérêt à évoluer dans un championnat à deux vitesses pour une raison simple : les droits TV. En effet, si les nationaux sont déjà fixés pour la période 2016/2020, ceux vendus à l'étranger peuvent encore augmenter pour peu qu'une réelle concurrence apparaisse dans un futur plus ou moins proche. Pour le moment, les droits TV nationaux ne rapportent que trop peu au PSG par rapport à ses collègues européens. Dans le top 20 de cette année, pas moins de 13 clubs touchent plus que le PSG dans ce domaine et les nouveaux contrats en Angleterre et en Espagne vont encore creuser cet écart.

Si les recettes commerciales et celles issues des droits TV ne laissant finalement que peu d'espoirs d'un développement important à l'avenir, c'est du côté des recettes « matchday » que se situe le plus gros levier du PSG. La rénovation du Parc des Princes va dans ce sens et les recettes à l'étranger (jusqu'à 130M€ pour le Real Madrid) montrent que Paris a encore de quoi progresser dans ce domaine. Pour autant, le PSG sera aussi limité par la taille de son stade et l'attractivité de la L1. Les matches de prestige sont rares en France et seuls les rencontres de Ligue des Champions permettent d'espérer des recettes de billetterie importantes.

Pour toutes ces raisons, la place du PSG dans le classement est amenée à redescendre prochainement tandis que les clubs anglais, boostés par leur incroyable merchandising et leurs droits TV hors-normes, devraient notamment remonter très haut. Et si le Real et le Barça ont négocié des droits TV qui vont leur permettre de lutter à l'avenir, le PSG est en revanche légèrement coincé avec ses ressources actuelles. Dans son cas, le modèle à suivre désormais semble être celui du Bayern ou de la Juventus, ces clubs qui s'adaptent et luttent malgré des droits TV bien moindres que ceux de leurs voisins anglais ou espagnols.

NB : chiffres issus de l'étude de Deloitte disponible ici


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.

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