Neymar, une blessure... et un imbroglio

C’est désormais un fait acquis que chaque nouveau sujet impliquant Neymar Junior se transforme en imbroglio aux allures inextricables. Alors quand la tête de gondole médiatique voit ses chances de terminer la saison sous les couleurs parisiennes pratiquement réduites à néant dès février, le chaos s’installe, et la presse sportive française s'en fait l’écho. Car on peut dès lors voir s’installer une confusion aux proportions internationales, impliquant la famille, comme toujours lorsqu’il s’agit de Neymar, mais affichant également aux yeux du monde des désordres évidents au sein même de l’organigramme parisien. De quoi faire trembler le sol médiatique, de Paris à Rio.

La faille médiatique et managériale dans laquelle est tombé le club parisien vient d’un diagnostic médical évoluant sans cesse, en fonction des intervenants. D’une grosse entorse évaluée rapidement le staff et dévoilée par Emery au soir du Classique, à une « fracture d’un os important du milieu du pied » diagnostiquée par le médecin brésilien de la Seleçao Rodrigo Lasmar, en passant par la fameuse « fissure du cinquième métatarse » qu’avait officiellement annoncée le PSG dans un communiqué, les supporters parisiens, quelques années après la talalgie de Zlatan, ont encore enrichi leurs connaissances anatomiques. Au grand dam de la direction parisienne.

C’est là qu’entrent en jeu les éminences médicales et le jeu étrange auquel se livrent l'encadrement du PSG et l’entourage familial de Neymar. Quand Emery annonce espérer encore une participation de Neymar au match contre le Real, dans la soirée même il se voit contredit par le père de Neymar qui s’exprime à la télévision brésilienne et annonce un forfait de six à huit semaines, car une opération sera, selon lui, le moyen d’obtenir une guérison « meilleure, plus rapide ».

Premier couac de communication, on découvre que la relation entre le très influent et décisionnaire père de Neymar et le PSG n’est pas aussi idyllique que Nasser Al Khelaifi veut nous la présenter. Ce dernier remerciant même, le lendemain, le paternel de laisser Neymar rester avec l’effectif jusqu’à la rencontre contre Madrid. « Un gentleman », ira même jusqu’à dire le Qatari, sous les yeux éberlués des journalistes présents qui ne comprennent pas cette sortie présidentielle. Un président qui pousse même l’évocation de la communion entre toutes les parties jusqu’à l’accord unilatéral pour que Neymar se fasse opérer. « C’était la seule option », avance-t-il, maladroitement. Personne n’est cependant dupe, sur des volontés et une communication différentes entre le père de Neymar et la direction parisienne.

La question d’une mésentente entre éminences médicales se pose alors. Pourquoi des diagnostics si différents entre ceux du Docteur Rolland et celui de la Seleçao, Rodrigo Lasmar ? Le conflit d’intérêt apparaît comme évident : alors que le PSG voudrait revoir le joueur sur les terrains de L1, voire de Ligue des Champions avant la fin de saison, les instances médicales et la fédération brésiliennes privilégient, elles, la participation de la star nationale à la Coupe du Monde. Pourtant, le médecin parisien et celui de la Seleçao ont l’habitude de travailler ensemble, compte tenu du nombre important de Brésiliens au PSG. Donc comment aujourd’hui expliquer que le Docteur Rolland n’ait pas vu cette fameuse fracture d’un os « important » du pied et en soit resté à l’analyse d’une fissure ? S’agit-il seulement d’une volonté parisienne de ne pas communiquer là-dessus ?

Un médecin d’un club de Ligue 1, sollicité par Le Parisien dans son édition du jour, est interloqué par ce  raté de la médecine parisienne : selon lui, « on peut voir une fracture avec un œdème, ce qui aurait dû être le cas dès lundi soir ». Le Docteur Rolland est-il vraiment passé à côté d’un élément si important pour l’avenir de l’attaquant parisien sous les couleurs du PSG ? Le médecin brésilien, lui, ne se prive pas d’en rajouter une couche : « il est important de souligner que ce n’était pas simplement une fissure du petit doigt de pied comme indiqué. Le terme de fissure ne s’applique pas. » La question reste entière sur l’absence de communication du club parisien sur le sujet, qui aurait, semble-t-il, depuis le début de l’affaire, tenté de minimiser la blessure de Neymar.

Il n’en fallait pas plus également pour raviver davantage des tensions déjà existantes, entre le Docteur Rolland et l’encadrement technique du PSG, Unai Emery en tête. Comme le met en avant Le Parisien, c’était le cas de Thiago Motta et son ménisque droit qui l’a éloigné des terrains d'octobre à décembre, qui avait opposé vivement clan médical et staff technique, déjà sur une décision d’opérer l’Italien ou non. Celui-ci vivra finalement bien une arthroscopie, après beaucoup de temps perdu si la décision avait immédiatement été prise, ce que reproche Emery au Docteur Rolland.

Aujourd’hui Unai Emery, selon lui, ne fait que répéter en conférence de presse ce que le médecin du club lui donne comme informations sur l’état de Neymar et les analyses qui sont faites, se dédouanant concernant la possible participation au match contre le Real pour laquelle le médecin conservait de l’espoir (« 10% de chances pour qu’il soit apte »), qui paraît tellement déraisonné aujourd’hui quand on voit les constatations de fracture faites par le médecin brésilien.

Ce qui est certain, c’est que demain, dans une opération qui devrait durer au maximum une heure et demie, Neymar Junior se fera poser une vis ou une plaque à l’hôpital Mater Dei de Belo Horizonte. Sur cet os qui a tant fait parler, et mis à jour les brouilles au sein de la structure parisienne ainsi que des rapports toujours compliqués et intrigants avec l’entourage de la star brésilienne et les instances de son pays d’origine. L’avenir dira quand on reverra Neymar porter le n°10 du club de la capitale. Dans L'Equipe, un proche du joueur a en tout cas refusé de parler de fin de saison avec le PSG.