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NFT et monnaies virtuelles, quels enjeux pour le PSG ?

Publié le dimanche 25 septembre 2022 à 13:48 par Mathias Luis
Ces dernières semaines et ces derniers mois, le PSG a commencé à se positionner dans différents domaines digitaux. Au-delà de la diffusion OTT de contenu digital auquel le public est déjà habitué, notamment depuis l’apparition de Prime Video Ligue 1, il faut désormais faire et construire autour des NFT ou des cryptomonnaies dont les enjeux financiers futurs sont colossaux et pourraient bouleverser la manière de consommer et de vivre le sport. Brian O’Hagan, growth manager de Sorare, un jeu basé sur la technologie NFT, nous aide à décrypter les enjeux de ces outils sur le futur du football et du PSG.

Un intérêt grandissant, de l'intérêt d'être un pionnier

Mettre un pied dans le monde de la blockchain, des NFT et des cryptomonnaies, c’est mettre un pied dans le futur pour mieux en cerner les enjeux. Le PSG semble bien l’avoir compris en étant toujours parmi les premiers clubs à lier son image à des entreprises liées à ces outils, au point d’être placé parmi les clubs pionniers en la matière. En se positionnant avant même que ces technologies ne soient comprises par la majorité des consommateurs, le PSG s’assure d’être l’un des leaders mondiaux du domaine dans le monde sportif. De plus, pour pérenniser le PSG à long terme, développer son image dans le monde digital est primordial. Pas encore dans les habitudes de consommation, ces outils sont un moyen pour le club de s’inscrire dans le monde digital, d’autant plus que l’intérêt qu’ils suscitent ne fait que croître. 

Un NFT permet d'associer un actif non fongible (une image, une vidéo, une musique, une œuvre d'art) à un jeton numérique. Détenir ce jeton, c'est être propriétaire de cet actif dont l'authenticité est garantie par la blockchain

Pour les très novices en la matière, Brian O’Hagan, growth manager de Sorare, jeu basé sur des cartes de football NFT, donne une définition et une idée d’à quoi peuvent servir cet outil au monde du sport : « L'appellation NFT est un acronyme de l'anglais "non-fungible Token", soit en français un "jeton non fongible". Un NFT permet d'associer un actif non fongible (une image, une vidéo, une musique, une œuvre d'art) à un jeton numérique. Détenir ce jeton, c'est être propriétaire de cet actif dont l'authenticité est garantie par la blockchain. Par comparaison, tout le monde peut acheter une impression de la Joconde, mais le propriétaire reste le Louvre. Dans une économie dématérialisée, les NFT permettent ainsi de posséder un objet numérique. »

Et ces derniers mois, l’intérêt que suscitent les NFT a connu une très nette croissance. En effet, selon un rapport Meltwater qui analyse les tendances des conversations Twitter, les fans de sport apprécient l’utilisation de plus en plus fréquente des cryptomonnaies et des NFT dans le domaine. Présentes depuis plus longtemps dans l’écosystème sportif, les cryptomonnaies sont davantage mentionnées que les NFT. Par exemple, le « PSG Fan Token » existe depuis janvier 2020, tandis que le premier partenariat NFT du club date d’avril 2021 seulement. Ainsi, même si les mentions des NFT accusent du retard, les mentions concernant ces jetons non tangibles, qui sont des biens virtuels non-indexés sur la valeur d’une cryptomonnaie sur la blockchain, ont connu une hausse de 151% de leurs mentions entre le premier semestre 2021 et le second. 

Ce boost de l’intérêt des consommateurs vis-à-vis des NFT par les fans de sports est sans aucun doute lié à l’offre qui se fait de plus en plus grande dans le domaine. Au-delà du football, l’autre sport promoteur de l’outil est la Formule 1. Dans la compétition reine du sport automobile, pas moins de huit des dix écuries sont sponsorisées par des entreprises dites « crypto », c’est-à-dire qui proposent des services liés soit à la cryptomonnaie, soit aux NFT, soit les deux. Chaque pic d’interaction concernant le sujet est de fait corrélé à une annonce d’un partenariat officiel entre une entité sportive et une entreprise crypto. Par exemple, les conversations Twitter sur les NFT, qui ont augmenté de 306,5% au second semestre 2021, ont atteint un pic lors de l’annonce du partenariat pour la course sprint de la Formule 1 et le site Crypto.com.

Vers une expérience globale

De la même manière, lorsque Lionel Messi a signé au PSG en août 2021 et que le bruit a filtré qu’une partie de sa prime à la signature avait été versée en « PSG Fan Token », les mentions ont de nouveau explosé, et le cours de la cryptomonnaie du PSG avec. Lancé en janvier 2020 par l’intermédiaire du site partenaire Socios.com, le token $PSG, baptisé « PSG Fan Token », permet, d’après la communication du club et de l'entreprise, de « participer aux votes organisés par le club, d’accéder à des expériences VIP, de gagner des produits dérivés et bien plus encore. » Par l’intermédiaire de la plateforme Socios, ce token peut s’acheter, se vendre, s’échanger sur le marché mondial. 

D’après Brian O’Hagan, si les acteurs du monde du sport commencent à s’immiscer dans ces technologiques, c’est dans le but d’offrir une expérience plus totale au consommateur : « Dans notre cas, nous avons pris le meilleur des nouvelles technologies (NFT et blockchain), pour créer un jeu simple et accessible. Pour nous, la technologie n’est pas une fin en soi, mais le moyen d’offrir une nouvelle expérience. Je pense que c’est cela qui intéresse les acteurs du monde du sport. »

Le token PSG est le mieux valorisé à ce jour

Aujourd’hui, un « PSG Fan Token » vaut environ 8,65€ et est la cryptomonnaie dont le cours est le plus haut. Difficile de dire que ces tokens destinés aux supporters aient une quelconque valeur d’usage, puisqu’ils ne servent la majorité du temps qu’à prendre des décisions très relatives, comme la musique d’entrée jouée à l’entraînement par exemple. Une fois cela dit, la cryptomonnaie du PSG est l'une des plus prisées des marchés, même si l'élimination prématurée en Ligue des Champions l'an passé avait logiquement dévalué le token PSG. La prolongation de Mbappé l'avait en revanche fait rebondir et cela reste donc une entrée d’argent différente et prisée par le club.

Ce token $PSG a été lancé par l’intermédiaire du sponsor Socios.com, qui propose des actifs virtuels pour les plus grands clubs de sport au monde (PSG, Atlético, Barça, Milan, ...). Ce site internet dispose en fait de sa propre cryptomonnaie « Chiliz », une monnaie virtuelle, au même titre que les plus connues comme le Bitcoin ou l’Ethereum. En achetant des Chiliz sur la plateforme Socios, qui est la monnaie virtuelle dédiée au site, le consommateur peut acheter des tokens fans. 

Une source de revenu différente 

En étant pionnier du projet de Socios puisque le token a été l’un des premiers lancés par la plateforme, le PSG a profité de l’expansion du procédé puisque la valeur d’un Chiliz est passée 0,01€ en janvier 2020, lors du lancement du $PSG, à environ 0,27€ à ce jour. Le Chiliz pèse plus de 1,6 milliards d’euros à ce jour. Cela permet donc au PSG de diversifier ses revenus puisque le partenariat avec Socios est estimé à 2,5 millions d’euros par saison, et à cette somme s’ajoute l’argent issu de la vente des tokens. 

Dans ce domaine, le PSG semble chercher à se diversifier, notamment avec le partenariat avec le site Crypto.com. Ce partenariat d’envergure, qui rapporte environ 10 millions d’euros par saison au PSG, est la preuve d’une volonté du club de se porter pionnier dans ce domaine, et également le gage d’un certain succès avec les partenaires « crypto ». Chose remarquable pour un partenariat si important, Crypto.com verserait une partie non-négligeable du montant annuel de sponsoring en cryptomonnaie, un nouvel exemple qui démontre que le PSG croit dans les technologies numériques pour lesquelles il se porte pionnier. 

Derrière l’émergence de ces nombreux partenariats « crypto », l'idée du PSG est de faire émerger une communauté autour de ces biens et actifs, comme l’explique le growth manager de Sorare : « Le PSG a toujours eu la volonté de se diversifier et d’innover en adoptant les nouveaux usages rapidement. Le Web 3 [le web exploitant les blockchains, ndlr] intéresse de plus en plus les leaders culturels et de marque car c’est un outil formidable lorsqu’il s’agit de développer et de faire vivre sa communauté. Je ne suis donc pas surpris que le PSG souhaite se positionner sur ces nouvelles technologies. »

Mais des problèmes éthiques 

Grâce à cela, le PSG diversifie ses revenus mais de plus, le club se positionne en avant-gardiste numérique. Par exemple, crypto.com, plateforme leader mondiale de l’échange de cryptomonnaies, est partenaire depuis le début de la saison 2021/2022, qui coïncide avec l’arrivée de Lionel Messi. Quand le partenariat entre le PSG et Crypto.com a été officialisé, les activités du site n’étaient encore pas disponibles en France, signe de la force de frappe du PSG à l’international, renforcée par l’arrivée du septuple Ballon d'or. Ce sponsor permet d’échanger directement le token $PSG, mais aussi d’acheter des NFT, chose que le club veut proposer de plus en plus fréquemment dans le futur. 

Cadre légal flou, risques spéculatifs, le monde du sport réitéra-t-il ses mauvaises habitudes face aux consommateurs ?

Les opportunités du secteur passeront donc inévitablement par le PSG, mais avec cela, vient également les risques, la faute à un marché spéculatif, et un cadre légal encore flou : « Comme toute innovation technologique, l’essor des NFT pose de nombreuses questions aussi bien technologiques, sociologiques, philosophiques que juridiques. Nous contribuons aux réflexions sur ces différents sujets. Notre objectif est avant tout de rendre ces technologies complexes accessibles de manière simple, et toujours leur donner une valeur d’usage forte. »

Par exemple, comme mentionné précédemment, le « PSG Fan Token » a connu une énorme hausse de son cours suite à l’arrivée de Lionel Messi, avant de voir sa valeur chuter très rapidement. Le risque spéculatif entoure largement cet outil : « Il est vrai que les NFT connaissent un très grand engouement mais nous croyons en son potentiel révolutionnaire. Il ne faut pas oublier que les NFT ne sont pas une fin en soi mais un outil. Les NFT vont réinventer certaines industries et changer la manière dont on possède des biens digitaux. Nous pensons que les projets qui depassent la valeur de collection pour ajouter une valeur d’usage seront ceux qui auront le plus de succès à long terme. »

Des outils d'aujourd'hui, certains pour demain ?

Un bon exemple de ce à quoi peuvent servir les NFT est le jeu Sorare. Plus que des simples cartes Panini, les cartes de Sorare sont achetées par une cryptomonnaie moyennant une somme assez conséquente pour les meilleures cartes. Le hic est là : ces monnaies virtuelles sont de nature très volatiles. De plus, l’entièreté du jeu est basé sur des performances sportives, de nature incertaines. À cela, Brian O’Hagan répond : « Sorare est lié à l’émergence des NFT. Construire nos cartes sur cette technologie naissante est une décision que nous avons prise afin que notre communauté puisse bénéficier de ces super-pouvoirs dans le cadre de notre jeu. » Par ailleurs, le growth manager du site explique : « Nos joueurs n’ont absolument pas besoin de posséder des cryptomonnaies pour pouvoir jouer et collecter des cartes. Notre infrastructure de paiement est basée sur la technologie Web3 mais nous n’avons pas vu une croissance d’intérêt à Sorare lié aux crypto-monnaies. Plus de 80% de nos utilisateurs ne possèdent pas de crypto-monnaies avant de jouer à Sorare. »

Mais ces « super-pouvoirs » ont un prix, un coût écologique également, et, pour l’heure, tous n’ont pas d’utilité mais servent parfois l'unique but spéculatif et de collection. D'aucuns pensent qu'il est possible de dépasser cela et proposer une réelle plus-value avec ces outils. Pour l'heure, une bonne partie des NFT mis en avant et proposés sur le marché sont très exclusifs, s'arrachent à plusieurs dizaines de milliers d'euros et, surtout, n'ont pas grand intérêt une fois acqus même si cela est amené à changer dans le futur à moyen terme. Le PSG a annoncé il y a quelques mois une nouvelle collaboration avec l'artiste taïwanais Jay Chou, dont l'usage par son acquéreur devrait se résumer à l'exhiber dans une vitrine virtuelle, ou, au mieux, sur sa photo de profil Twitter. 

Il conviendra à chacun de se faire son avis, mais, comme dans le cas de Sorare, il semblerait que l’utilisation des NFT n’ait à ce jour de limite que l’imagination malgré l'utilisage restreint dont on peut en faire aujourd'hui. De plus, l’utilisation de cet outil ne se résumerait pas à un simple but spéculatif, même si les enjeux autour des cryptomonnaies et des NFT posent des questions au-delà de ce cadre, jusque dans l’aspect sociologique. Reste que le risque lié à ces outils ne doit pas être minimisé, et l’on peut se poser de la question de ce qui sera mis en place par les acteurs du monde du sport, dont le PSG, qui est pionnier en la matière, pour en avertir sa communauté.


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