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[Bonus Rouge & Bleu] D’un bar parisien à toutes les libraires de France, la genèse d’un livre

Publié le dimanche 6 décembre 2020 à 21:15 par Damien Dole et Philippe Goguet
Le 2 décembre 2020 est sorti « Rouge et Bleu : 50 ans d’histoire du PSG racontés par ses supporters », co-écrit par le journaliste de Libération Damien Dole et le fondateur de CulturePSG Philippe Goguet. En parallèle de la publication du livre, nous vous proposons des bonus écrits dans l'esprit de l'ouvrage. Le sixième raconte la manière dont s’est construit le livre, de l’hiver 2018 à l’automne 2020.

C’est au fond du Château d'eau, un bar de la rue du Faubourg-Saint-Denis, dans le Xe arrondissement de Paris, qu’a commencé l’aventure de Rouge et Bleu. Le 16 mars 2018, on s’était retrouvé à Châtelet puis avait décollé plus au nord, où la bière est moins chère. Cela fait deux mois que Benoît Bontout, l’éditeur chez Marabout de Paris dans les veines [premier livre de Damien Dole-Chabourine, ndlr], a parlé de cette « histoire du Paris Saint-Germain par le prisme des supporters » à écrire pour les 50 ans du club. On devait aussi se retrouver pour un article dans Libération, sur les sites spécialisés de sport - seul le livre et les souvenirs ont été sur la table ce soir-là. Avant même la fin de la soirée, l’affaire était entendue : on écrirait ensemble ce livre au nom pour l’instant inconnu. 

Le tweet d'annonce de la sortie du livre, le 21 octobre dernier :

Publier un ouvrage sur l’histoire de son club, c’est l’occasion d’une vie de supporter, quelque chose qui ne peut se refuser. A partir du moment où l’idée fut posée, l’accepter semblait être la seule possibilité pour tous les deux. Et un livre de cette envergure ne peut s’écrire seul. Pour les contacts, les approches du ballon, des tribunes, de l’écriture également. Mais pour construire à plusieurs un récit complexe et complet, il faut malgré tout des dénominateurs communs. Ils sont l’amour des tribunes et la considération de la place du supporterisme dans la vie et l’histoire d’un club. La littérature du XIXe siècle et la Porsche de Sylvain Armand aussi. Le poids des images également.

Vous pouvez avoir les meilleures intentions du monde, les sources les plus crédibles ou la volonté la plus farouche, réussir un livre illustré ne peut se faire sans un graphiste de qualité, ou plutôt un chef d’orchestre qui va s’approprier la matière et transformer en couleurs et en forme ce qui a été écrit. Nous ne connaissions pas Alexandre Bégard avant ce projet : nous avons appris à savourer son travail et ses propositions ; nous avons été subjugués par le résultat - tous les premiers retours sont unanimes « le livre est magnifique », et c’est à Alexandre que nous le devons.

La philosophie de départ était de faire un pas de côté par rapport à l’histoire officielle. Cette dernière a déjà été écrite, et très bien. Nous voulions faire intervenir des supporters et devions ainsi assumer notre part de subjectivité. Alors le découpage devait trancher avec un récit uniquement linéaire et chronologique. Une première réunion entre les quatre supporters du PSG que nous étions, et les thématiques - joueurs, matchs, rivalités, comment supporter son équipe au jour le jour, lieux et supporters - s’installèrent pour ne plus bouger. Avec l’envie d’interroger plusieurs centaines de supporters : vingt minutes par aficionado, c’est jouable sur deux ans après tout ? Premier entretien, une heure, le deuxième 1h30, et 60 discussions « seulement » pour une centaine d’heures et deux carnets de notes complets plus tard, la matière fut telle qu’on aurait pu écrire deux livres avec - les bonus publiés sur le site en sont une matérialisation. 

Connaissances, cooptations, réseaux sociaux, forum de CulturePSG… Il fallait multiplier les canaux pour ne pas avoir un seul point de vue. Et les rencontres furent à tous les coups enrichissantes, car les profils variés : anciens actifs de Boulogne et d’Auteuil, ultras d’aujourd’hui, avec notamment une interview passionnante de trois membres des Parias qui nous ont fait l’honneur de nous donner leur première interview ; supporters plus traditionnels qui étaient là au début des années 1970 ou ont découvert le Parc dans les années 2010 ; Franciliens et fans expatriés à San Francisco ou en Polynésie française… S’il est impossible de dresser le portrait-robot d’un supporter parisien, à tout le moins ils sont présents dans leur diversité. La rencontre avec la maman de Momo, célèbre membre des Supras Auteuil et photographe passionné, décédé en 2016, fut un moment sensible, où nous avons pleuré un homme qui a vécu pour le Paris-SG.

De discussions mensuelles et hebdomadaires sur l’ouvrage, on est passé d’appels et messages quasi quotidiens à partir de l’automne 2019. Pour raconter les entretiens, les reportages ou se relire mutuellement, et trouver un consensus de l’écrit. La crise sanitaire fut en revanche un élément clé de la création de Rouge et Bleu, au-delà de l’impossibilité de pouvoir organiser une rencontre pour fêter la sortie du livre. Des papiers ont dû être ajournés, comme ce reportage un jour de match prévu en avril, des rencontres plus difficilement organisables avec les fans et le téléphone systématisé, avec ce que cela comporte comme brèche dans la relation entre intervieweur et interviewés. Mais le plus grand problème fut la date de rendu. De fin mai 2020, on est passé à juillet puis août - le Final 8 et la finale de Ligue des champions comme dernier texte, il y a pire comme point final. Cela s’est ressenti sur la parution et ce qui devait sortir début novembre fut prévu le 9 décembre, avec un coup de théâtre et une bataille de Benoît pour le publier finalement une semaine plus tôt. 

Cette dernière ligne droite fut intense, comme à chaque bouclage de livre illustré. Des changements de noms de supporters souhaitant être anonymisés, des ajouts de citations de dernière minute, des négociations sur le choix des photos - 300 dans le livre, à choisir parmi plusieurs milliers dans les photos des agences, de membres de groupes de supporters ou celles de François Denat, de CulturePSG. Des ajustements, aussi, quand on est saisi par les collections invraisemblables de tickets de matchs, carte d’abonnés ou programmes de rencontres par des passionnés. Comme l’impression de voir un musée du Paris-SG disséminé chez des dizaines de fans. Et seule la patience d’Amélie Gattepaille et Emmanuelle Dalgarno, de chez Marabout, ont permis de mener à bien cette ultime étape.

Alors surgit le jour de la sortie de Rouge et Bleu, ce mercredi 2 décembre 2020. Un moment particulier pour nous deux, car il est l’instant d’une vie, une responsabilité vis-à-vis des supporters et une humilité, car nous avons conscience que nous ne pouvons nous substituer aux acteurs des tribunes qui voudraient raconter leur histoire dans le détail - raconter l’une des deux, c’est un ouvrage en soi. Et les premiers retours sont alors comme des substances qui feraient baisser une tension qui augmente à mesure que la crainte de décevoir monte. Il reste désormais à lire les critiques, à en discuter avec qui le souhaite, à débattre des sujets que la subjectivité assumée du livre sera obligée de nourrir. Un plaisir dévoré, comme l’aboutissement d’une vie à penser et vivre en rouge et bleu.

Damien Dole et Philippe Goguet

Tous nos articles à propos de « Rouge et Bleu »  (aux éditions Marabout) sont listés ci-dessous :

Pour rappel, ce livre de 256 pages illustré par plus de 300 photos et 60 témoignages sortira le 2 décembre prochain mais il est déjà disponible en précommande sur les liens suivants :

 


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.

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