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L'animation défensive du Real Madrid décryptée

Publié le jeudi 8 février 2018 à 19:56 par Victor Lefaucheux
Opposé à un Real en plein doute, le PSG fait peur en Espagne. Alors que la BBC est de retour, Isco et le 4-4-2 semblent mis de côté par un Zinedine Zidane qui devrait privilégier le 4-1-4-1. Analyse de l’animation défensive du Real – souvent sur un fil dans ce système.

Double Champion d’Europe, le Real a parfois frôlé le précipice sur la route qui l’a mené à ce back-2-back historique. A Naples – quand Mertens touche le poteau à 2-3 sur l’ensemble de 2 matches. A Munich, quand Arturo Vidal envoie dans les étoiles un penalty qui aurait conclu le premier quart du match sur un score de 2 à 0. Même lors de la finale victorieuse de 2016, le Real avait cédé face au jeu de position de l’Atlético, concédant par Pepe le penalty raté de Griezmann, avant de craquer sur attaque placée.

C’est dans l’ADN du Real : avec autant de talents sur la pelouse, l’équilibre est souvent précaire, et les centraux toujours sur un fil. Samedi, contre Levante (2-2), le Real a craqué sur la fin, renforçant l’inquiétude de la presse et de l’opinion. 

Des centraux responsabilisés, l’alignement en question

Lorsque Madrid joue en 4-1-4-1 avec la BBC, il est rare de voir le Real être très agressif sur la relance de l’adversaire. Que ce soit à Naples ou à Munich l’an dernier – ou plus récemment à Valence – les Madrilènes ont laissé leurs adversaires créer les conditions de la supériorité numérique pour sortir le ballon, et chercher la profondeur ou le contact entre les lignes dans le camp adverse.

Contre Valence, on a vu Kroos un cran plus haut pour épauler Benzema face aux décrochages de Parejo. C’était également le cas face au 4-3-3 napolitain l’an dernier, avec Modric plus attentif à Hamsik, et prompt à l’empêcher d’être trouvé face au jeu. Il ne serait pas étonnant de voir l’Allemand très attentif à Verratti dans le même registre.

Face au Bayern – plus complet offensivement que Naples – le bloc était plus bas, relativement passif, avec un Benzema esseulé face à Xabi Alonso et aux 2 centraux.

Le 4-1-4-1 du Real face à Valence, au Bayern et à Naples :

La particularité de l’animation défensive du Real réside dans le comportement des centraux et de Casemiro.

Dans la plupart des équipes évoluant avec un back-four (donc à quatre éléments), les défenseurs sont le dernier maillon de la chaîne. Ils restent groupés et sont sensés être protégés par un bloc qui cherche constamment à cadrer le porteur, en gardant un maximum de joueurs derrière le ballon, quitte à se replier.

Dans ce Real-là, il n’est pas rare de voir Ramos ou Varane sortir sur un adversaire placé entre les lignes. Comme dans une défense à 5, à la différence qu’une couverture mutuelle existe beaucoup plus naturellement dans ce type de système.

Ramos suit Muller dans son décrochage, ce qui perturbe l’alignement du Real, alors que Javi Martinez peut jouer vers l’avant. Sur l’aile, Robben est en 1 contre 1 avec Marcelo, qui joue le hors-jeu sur un fil.

Parejo est trouvé libre face au jeu sur la sortie de balle. Rodrigo décroche, Varane sort pour le cadrer, ce qui perturbe l’alignement. Derrière, Nacho et Carvajal doivent contrôler la profondeur sans supériorité numérique.

Avec sa largeur, sa qualité de relance, sa mobilité, et sa vitesse, Paris peut-il profiter des largesses du Real en terme d’alignement défensif ?

Quand Varane ou Ramos montent d’un cran, l’alignement en prend forcément un coup. La compacité des « latéraux-libéros » Marcelo et Carvajal (Nacho à l’aller au Bernabeu) devient un enjeu primordial pour le Real. Avec la sortie des DC sur les joueurs dans les intervalles, c’est à eux de contrôler la profondeur en resserrant dans l’axe (voir Carvajal contre Valence plus haut).

Zidane, à la mi-temps de la finale de Milan : « Pepe ou Sergio, vous sortez sur Griezmann entre les lignes. Marcelo et Carvajal, vous serrez dans l’axe » (extrait du documentaire « In the heart of La Undecima », Real Madrid TV).

Cette volonté d’être compact latéralement était très claire lors du retour à Naples. C’est d’ailleurs sur une erreur de placement de Carvajal – attiré au large par Ghoulam – que les Partenopei ouvrent le score sur attaque placée par Mertens.

Carvajal – attiré au large par Ghoulam – abandonne Insigne, qui peut se retourner et se mettre face au jeu, alors que Casemiro est en retard.

En théorie, Casemiro est tout de même sensé être « le libéro » du milieu de terrain, et assurer une couverture. L’attitrer loin de ses bases (sur les 6 mètres ?) sera un enjeu primordial pour Paris pour créer le décalage dans le camp adverse.

Casemiro coupe une passe qui aurait provoqué une situation d’égalité numérique avec l’attaque de Levante

Repli et bloc bas : la résine Casemiro

Une fois que l’adversaire a sécurisé sa possession dans le camp madrilène, le Real bascule dans une sorte de défense à 5. Tous les « trous » créés par le jeu de position et la largeur de l’adversaire sont colmatés par Casemiro.

Zidane, à la mi-temps de la finale de Milan contre l’Atléti : « Quand nous n’avons pas le ballon, on doit défendre à 5 ».

Souvent dans le half-space côté ballon, le Brésilien n’hésite pas à se transformer en défenseur central pour épauler Varane et Ramos si l’adversaire s’apprête à centrer, ou à chercher la profondeur dans l’axe.

La faiblesse du second rideau, souvent composé de Bale – Modric – Kroos – Ronaldo (de façon intermittente), permet aux adversaires de travailler le Real sur la largeur avec une certaine sécurité.

Avec la propension des centraux – notamment Ramos – à sortir de l’alignement, des brèches sont souvent ouvertes si Casemiro n’est pas là pour couvrir. Après un renversement par exemple. Trouvé dans le half-space droit par Allan, Mertens aurait pu faire passer le Napoli devant, mais trouve le poteau. Face au Bayern, Müller est également trouvé dans cette position à 1-0 par Lahm dans les mêmes conditions.

L’alignement est également un problème lors des phases de repli

Face à Paris, une autre question se posera pour le Real sur ces phases de repli : qui pour cadrer Neymar, « à la mène » une fois le jeu posé dans le camp adverse ? Probablement Modric. Si le centre vers Cavani/Mbappe part, il peut faire du dégât.

La polémique liée au premier but Parisien inscrit face à Lille par Berchiche mettant en lumière la capacité des attaquants parisiens à jouer vicieusement du hors-jeu passif. Ce circuit est systématique et ce n’est pas pour rien que le Brésilien est meilleur passeur de Ligue 1.

Là aussi, avec un simple renversement de jeu, le PSG pourrait faire sortir Ramos de l’alignement, dans une zone où Mbappe et Cavani se tiennent prêt à faire du dégât dans la profondeur, pressés qu’ils seront d’allumer Navas en croisant. Mbappe raffole de l’appel « à la Callejon » et ne se fera pas prier pour finir dans cette position s’il est trouvé en jeu par Neymar ou Verratti.

Scénario improbable mais pas totalement à exclure : Zidane pourrait solutionner ce problème en alignant une (vraie, pour le coup) défense à 5 : Avec un trio Nacho – Varane – Ramos dans l’axe ; Casemiro pourrait défendre plus haut, et être celui qui cadre Neymar sur le repli. Les centraux pourraient sortir sur le porteur avec une meilleure couverture mutuelle. Un schéma qui offrirait aussi des possibilités de pressing haut et « total » au Real.

Madrid dos au mur

Les enjeux d’une animation défensive efficace sont toujours les mêmes : cadrer le porteur, limiter l’influence des joueurs les plus créatifs et contrôler la profondeur.

Avec ses problèmes d’alignement, et le manque de volume des ses joueurs offensifs, le Real a souvent du mal à y parvenir. La multiplicité des relanceurs – comme des schémas de relance et de construction – ainsi que le tranchant des appels de Mbappe et Cavani, mettent la Maison Blanche face à un grand défi défensif.

Avec 2 équipes dénuées de certitudes sans le ballon, le match se jouera certainement également dans les têtes, et l’équipe la plus capable de poser son jeu arrachera surement la mise. D’où l’intérêt capital de la première mi-temps de l’aller pour prendre le contrôle de la partie…

Victor Lefaucheux / PremiereTouche.com 


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