L'entraîneur du Paris Saint-Germain Olivier Echouafni s'est présenté face à la presse, à deux jours de la rencontre opposant Reims au PSG pour la 20e journée de D1 Arkéma. Le coach des féminines a notamment évoqué la rencontre face à Reims mais aussi la fin de saison avec la rencontre face à Lyon en fin de mois de mai. Il a aussi été question de l'organisation du club, des joueuses en fin de contrat, des évolutions de la D1 Arkéma et du cas d'une joueuse écartée de l'équipe de France féminine. Transcript complet.
Le sprint final commence, comment aborder ce match contre Reims alors qu'il y a le gros choc contre l'OL qui approche de plus en plus ?
« On sait qu'on est dans la dernière ligne droite, et ce match va servir un peu de préparation quelque part. Déjà au niveau du rythme, de reprendre de la compétition. On a enchaîné trois matches en une semaine il y a quinze jours, on vient d'avoir quinze jours sans compétition, cela nous a permis d'avoir un peu de fraîcheur, c'est bien. Mais ce match de Reims, on l'aborde avec autant de détermination que le match de Lyon qu'on aura à jouer la semaine prochaine de toute façon. On veut rester devant, on veut garder notre point d'avance et pour pouvoir se déplacer après avec cet avantage. »
Le plus délicat n'est-il pas de vouloir se préserver avant le gros match contre Lyon ?
« Non, il ne faut surtout pas l'aborder de cette manière-là, c'est la pire des choses. Il faut l'aborder avec la volonté de vouloir mettre des choses en place et de préparer ce match de Lyon. Il ne faut pas être en-dedans, ne pas être à 50 % mais à 100 %. Si on commence à vouloir se préserver, c'est là où l'on va avoir des pépins physiques, prendre des cartons bêtement, non, non. Il faut rester dans son cadre, peu importe l'équipe qui se présente en face de nous, que ce soit Reims, Lyon ou Dijon qu'on rencontre pour nos trois derniers matches. L'objectif pour nous est d'atteindre et d'aller chercher ce titre, et qui pourra je l'espère pouvoir récompenser notre saison. »
Avec 15 jours de repos, l'équipe est-elle au complet, hormis Luana ?
« L'objectif aussi était aussi d'avoir la possibilité de faire le point à ce niveau-là. Demain, on aura le retour de Kadidiatou Diani dans le groupe. Pour Marie Katoto, c'est encore un petit peu juste. »
Le retour d'une Diani, un facteur offensif qui a manqué :
« Oui, elle nous a manqué, après, il y a des joueuses qui ont fait vraiment de bonnes prestations aussi, qui sont pour certaines un peu plus jeunes notamment. Mais on est très contents de retrouver Kadi, et si on peut arriver à lui donner un peu de temps de jeu demain, ce serait un très bon point en vue de la préparation de la semaine. »
Un match aller gagné contre Reims, on suppose obtenir une rencontre similaire :
« Similaire, oui, si on arrive à faire les bons choix, si on arrive à utiliser des espaces que Reims a tendance à laisser. Cette équipe de Reims est difficile à jouer, elle reste sur 5 matches sans défaites, et un gros résultat à Montpellier. Cela va très vite devant, il faudra être très très vigilants. Avec la petite Herrera, Gomes, Bussy. Ces trois joueuses ont de belles qualités de vitesse et de percussion. A nous d'être vigilants, de construire notre jeu et de le mettre en place. Notamment en utilisant l'interligne et en jouant bien sur les côtés. Ce qui avait fait notre force au match aller. »
Reims, équipe jeune en construction, son point de vue sur cette équipe :
« Elles sont bien installées, elles ont eu un début de saison difficile mais là, elles sont beaucoup plus régulières, à la fois dans le jeu et aussi dans les résultats. Elles apprennent vite et rapidement. C'est un groupe qui avance bien, elles sont sixièmes, devant certaines grosses équipes. Mais bon, nous, on se doit d'être focalisés sur nous. On sait qu'il y a de la qualité en face. On doit être très concentrés et bien préparés en vue de ce qui nous attend derrière. »
Ces derniers temps, on a beaucoup entendu parler de ton équipe, notamment de tes joueuses qui arrivent en fin de contrat. Y a-t'il une crainte que la situation de ces joueuses ne viennent les parasiter et impactent leurs performances ?
(Très ferme) « Pas du tout. Pas du tout, parce que je pense que cela fait partie de toute façon de notre métier. Mais je pense que tout le monde est focalisé sur ce dernier objectif à aller chercher. Malheureusement, cette année, on n'en a eu que deux à jouer. On aurait bien voulu jouer une Coupe de France. Et du coup, on est focalisés là-dessus, et je pense qu'en aucun cas cela ne doit parasiter quoi ou qui que ce soit. Je pense que la joueuse qui à un moment donné n'est pas concentrée sur notre objectif, je ferais en sorte de la mettre de côté parce qu'on se doit, nous, à travers la saison qu'on est en train de réaliser, d'être focalisés sur cette fin de saison. »
Peut-on avoir un point sur ces joueuses qui sont en fin de contrat, y a t-il des négociations ?
« Il y a des éléments que pour l'instant on ne peut dévoiler. Il y a de la négociation c'est certain. Quand on arrive en fin de saison, vous le savez, et qu'on fait cette saison, automatiquement, il y a de la concurrence, de la demande, c'est tout à fait logique. Mais bon, j'espère que le club va prendre conscience aussi de la qualité de ce groupe et de ces joueuses et pouvoir les garder.»
N'est-ce pas regrettable qu'un club comme le PSG, qui joue les premiers rôles dans toutes les compétitions, ne boucle pas plus vite ces dossiers sur des joueuses capitales ?
« C'est une organisation, une façon de voir les choses. Les négociations, elles sont peut être entamées depuis de très longues semaines, mais pour l'instant, elles n'aboutissent pas pour certaines raisons. Après, il faut s'adapter. C'est ainsi. »
Est-ce juste un défaut d'organisation ou un manque de financement pour pouvoir boucler les dossiers ?
« Écoutez, je pense que l'on ne va pas en faire un sujet, là, maintenant. Parce que ce n'est pas vraiment la priorité de notre fin de saison. Je pense qu'on ne doit être vraiment concentrés que sur le terrain. Après, les problématiques qu'il peut y avoir en dehors, pour l'instant, moi, je ne m'en occupe pas forcément, je veux que mes joueuses soient concentrées et qu'il n'y ait pas de parasites. A moi de tout faire pour que ces parasites soient mis de côté et qu'elles soient totalement concentrées sur cette fin de saison. Ce qu'il se passera après, on aura tout le temps d'en discuter. »
Lyon et le PSG jouent en même temps, un membre du staff sera-t'il dédié à connaître le score de l'OL ?
« Non, surtout pas. Aucun intérêt ! Parce qu'il ne faut pas se préoccuper des autres, que de nous. Après, souvent, quand on commence à se préoccuper des autres, on ne fait pas ce qu'il faut sur le terrain. On aura leur résultat à la fin du match, c'est tout. Cela ne va rien changer à la donne de toute façon. »
Des fuites au sein de la FFF parlent d'une possible D1 à 10 clubs, puis à 14 clubs, quel est votre avis ?
« Moi, depuis le départ, je suis favorable à une D1 à 14 équipes, comme au rugby, une espèce de top 14, cela pourrait bien refléter le niveau de cette D1. 10, c'est beaucoup trop juste et cela pénalise beaucoup de clubs malgré tout. Je pense que le bon équilibre serait 14, ce serait bien. (Avec une phase de play-off comme au rugby ?) Non, que sur le nombre d'équipes. Après, il faut être vigilants, il faut voir ce que va donner aussi la nouvelle réforme de la Ligue des Champions féminine, cela va aussi ajouter des matches. Les équipes nationales prennent aussi beaucoup de place dans le calendrier et du coup, ça fait beaucoup de compétitions, de déplacements. Il faudra forcément revoir des choses en terme de calendrier. Chez les garçons, il y a aussi ce genre de problématiques, ils s'adaptent en jouant tous les trois jours. Cela veut dire aussi qu'il faudra peut être des effectifs plus conséquents, et de qualité aussi pour jouer sur tous les tableaux. Et on n'a pas compté la Coupe de France et le Trophée des Championnes. »
Par rapport à votre expérience de sélectionneur, en comparant le retour de Benzema en équipe de France, croyez-vous à un retour possible de la position de Corinne Diacre sur certaines joueuses, notamment Hamraoui ?
« Je pense que le plus bel exemple est celui de Didier Deschamps et Karim Benzema, comme vous l'avez cité. Tout est possible. Après, la sélectionneuse fait des choix, elle les assume. Des fois, vous n'avez pas tous les éléments, tous les paramètres. Il y a le côté individuel mais aussi le côté collectif, puis aussi les périodes de compétitions, être capable aussi de gérer aussi des personnes, des égos, ce n'est pas facile. Donc il n'y a pas que les qualités intrinsèques de la joueuse mais tout ce qui va avec. Pour Hamraoui, c'est son choix, il faut le respecter. Kheira, je l'ai eue en équipe de France, je ne la connaissais pas beaucoup, j'ai appris à la connaître, ça s'est bien passé. Du moment où je l'ai eue à aujourd'hui, je trouve qu'elle a bien progressé. Je suis content de la voir à ce niveau-là, qu'elle ait pu remporter la Liga et la Coupe d'Europe. »
On parlait d'Hamraoui au PSG l'an dernier, une info ? une intox ?
« On en a parlé oui. Mais bon, on avait aussi beaucoup d'éléments de qualité à ce poste là, donc c'était un peu difficile de prendre des joueuses et après, il faut gérer les temps de jeu mais aussi les déceptions. Le choix a été de partir avec les joueuses qu'on avait déjà et ce n'était pas le poste où on avait le plus de besoins. »
Après la désillusion de la Ligue des Champions, combien de jours a-t'il fallu pour que votre groupe de joueuses puisse évacuer cette déception ?
« Elles l'ont évacué quatre jours après, en le montrant contre le PFC. Face à une équipe qui voulait nous battre, mes joueuses ont finalement montré une très belle réaction. Pour nous, en tous cas, de ce que je ressens tous les jours à l'entraînement, elles ont plutôt bien évacué tout ça et elles sont passées à autre chose. Et pour ce qui nous attend dans les prochaines semaines, c'est une bonne chose. »
