Qui es-tu Roli Pereira de Sa ?

Un dérapage qui colle à la peau

L’histoire de Roli Pereira de Sa avec le monde du football professionnel commence un soir de décembre 2013. Alors qu’il n’est qu’un anonyme du centre de formation, ou presque, l’équipe première du PSG joue à Evian et Thiago Silva fait une boulette, finissant d’achever un PSG hors-sujet (0-2). Sur Twitter, le jeune pensionnaire du centre de formation, 16 ans à l’époque, se croit un peu trop avec ses potes et a des propos très déplacés pour le capitaine du PSG. A ce moment-là, des supporters qui le suivent lui rappellent de qui il parle et le débat s’envenime rapidement. La défense du jeune joueur n’est pas des plus adaptées et il n’est pas aidé par son meilleur pote du centre de formation qui vient se mêler à l'affaire. La toile s’enflamme (ou se déchaîne, c’est selon) pour ce jeune qui se permet de tels propos à propos de l’icône brésilienne et le mal est fait. Il est devenu LE jeune qui a insulté Thiago Silva.

Au club, l’incident est pris très au sérieux puisqu’il est immédiatement sorti de l’équipe de CFA et privé de match pendant près de deux mois. Le week-end suivant l’incident, la réserve joue face à Mantes, son ancien club, et Roli est en tribunes, regardant ses potes de loin, quand une vieille connaissance du club adverse le croise et lui demande pourquoi il n’est pas sur le terrain. Le jeune parisien, penaud, murmure du bout des lèvres « J’ai fait une bêtise, je n’ai pas très envie d’en parler. »

Une bêtise qui marque un arrêt :

Cette bêtise, il va la payer pendant un long moment puisqu’il lui faudra attendre pendant de longs mois pour récupérer un poste et surtout un vrai rôle dans cette équipe de CFA évoluant à un niveau qui correspond plus au sien que le championnat U19 de sa classe d'âge. En fin de saison, alors que le PSG joue le match retour à Mantes, il est censé être l’attaquant de soutien derrière Ongenda. Dans un match de piètre niveau, Hervin s’ennuie en pointe et décide de jouer n°10. Le pauvre Roli se retrouve alors avant-centre, est perdu sur le terrain mais il se tait et subit en silence, comme si la hiérarchie s’imposait désormais comme une évidence.

Entre ces deux épisodes de CFA, il est repassé en U19 et son coach, Laurent Bonadéi, profite bien évidemment de cette aubaine. De numéro 10 voire second attaquant en U14 ou U15, il avait déjà reculé d’un cran en jouant parfois ailier en U17 puis devient un relayeur perforateur très performant en U19. L’équipe U19 s’appuie largement sur lui, s’offre une belle remontée mais rate finalement d’un souffle les play-offs, devancée par Lille. Pour Roli, tout n’est pas perdu, le joueur a mûri et est désormais plus complet, capable de jouer à tous les postes axiaux du milieu.

La reconquête

Cette année, il ne jouera plus avec les U19 que pour les grandes occasions, les chocs de Youth League ou les matches au sommet du championnat. On le retrouve par exemple lors du match au sommet contre Lille où il apparaît très au-dessus du lot au milieu d'un parterre de jeunes internationaux U18 et U19. Le reste du temps, il joue avec la réserve et brille, souvent, comme le montre sa présence très régulière dans nos équipes-type du week-end.

Bien que bien brinquebalé à trois postes (milieu offensif, milieu relayeur ou milieu défensif), le gaucher casse toujours autant les lignes balle au pied mais il est aussi devenu un leader et une référence pour ses jeunes partenaires. En U19, c’est le brassard et le poids du jeu qui l’attendent quand il redescend. En CFA, il est le joueur qu’on cherche quand on ne sait plus trop quoi faire.

Près d’un an après l’affaire, sa progression a repris et ses convocations régulières en équipe de France U19 au milieu de jeunes qui ont souvent déjà joué en pros prouvent sa valeur. Le joueur a su se remettre au travail et, s’il est aujourd’hui sur le banc de touche des pros, c’est sportivement qu’il a acquis sa place, le contexte lui étant plus que défavorable un an plus tôt.

Un avenir à écrire

Son cas rappelle celui de Youssouf Sabaly, aujourd'hui professionnel et prêté à Evian (L1), celui d'un joueur qui ne fait pas de bruit mais est une valeur sûre des jeunes du PSG. Et comme Youssouf en son temps, deux questions sonnent comme une évidence : pourquoi ne le voit-on pas plus avec les pros et quel est son meilleur poste ?

Cet hiver, quand on a vu le généreux mais limité Thomas Martin aller en stage à Marrakech avec les pros plutôt que l’étincelant Roli Pereira de sa, on a bien cru que le joueur était définitivement blacklisté du PSG et qu’il allait devoir se trouver un avenir ailleurs, nous rappelant le cas Sabaly/Ikoko quand le second semblait passer devant le premier dans la hiérarchie alors que les performances sur le terrain indiquaient une toute autre réalité. Mais l’intérieur du club a aussi ses raisons que nous ignorons et les éducateurs restent les mieux placés pour évaluer le mérite respectif de chaque joueur.

Et comme Sabaly, dont personne ne sait avec certitude s’il est meilleur à gauche ou droite, Roli doit encore se trouver son poste. Aujourd’hui, s’il entre sur le terrain contre Toulouse, ce sera probablement comme milieu relayeur, sa position avec la réserve, ou ailier gauche en fin de match pour bloquer le couloir. Son abattage, son jeu vers l’avant et sa technique lui ouvrent un bel avenir comme relayeur mais nous le préférons plutôt un cran plus bas, juste devant la défense, où son agressivité naturelle lui offre une belle domination dans les duels et où sa relance s’exprime le mieux. Bien évidemment, ses percées sont plus adaptées à un rôle de relayeur et c’est aussi là les limites du moment pour ce talent de 18 ans à peine : il va devoir se trouver un poste dans un univers où l’exigence est démultipliée par rapport à tout ce qu’il a connu jusqu’à maintenant.

Mais, aujourd’hui, il est surtout temps pour lui de montrer balle au pied ce qu’il vaut, avec l’homme qu’il a insulté pour capitaine.