Dans une enquête sur le centre de formation du PSG, l'entraîneur de la réserve François Rodrigues a témoigné du changement d'attitude du PSG vis à vis de ses jeunes pousses. Les générations 1995 et 1996 personnifiées par Rabiot et Coman sont directement à la base de ce changement.
L'équipe de France A accueille actuellement quatre joueurs du PSG (Matuidi, Kurzawa, Areola et Kimpembe) mais c'est plus globalement le centre de formation du PSG qui est de plus en plus représenté chez les Bleus. Entre les A et les Espoirs, ce sont cinq joueurs des générations 1995 et 1996 qui sont à Clairefontaine actuellement avec Coman, Kimpembe (A), Rabiot, Dembele et Maignan (Espoirs), en plus d'Alphonse Areola, leur aîné de deux ans. Le journal L'Equipe a enquêté sur ces deux générations en particulier, les premières à fournir autant d'internationaux à la France, et deux entraîneurs du centre de formation du PSG ont témoigné pour expliquer cette réussite mais aussi ce que ces joueurs ont fait changer au PSG.
Parti à Nice l'an passé mais principal formateur de ces deux générations avec les U17 et les U19, Laurent Bonadéi explique que retrouver ces joueurs-là à ce niveau n'est finalement pas étonnant : «C’est toujours très facile de le dire après, mais les retrouver là, ce n’est pas une surprise pour moi. Ce sont des garçons qui ont connu une évolution différente, mais quand je rentre du Qatar (Al-Kass Cup de 2012) cette année-là, je sais que j’ai avec moi, avec Coman et Dembélé, deux des cinq joueurs les plus talentueux nés en 1996 et que les autres sont de très, très bons joueurs. »
Ce tournoi gagné en 2012 à Doha face à la Juventus (0-0, 6-5 aux tirs aux buts) sera paradoxalement le point d'orgue de cette équipe en or : Rabiot passe chez les pros directement après avoir tapé dans l'oeil d'Ancelotti, Moussa Dembele part à Fulham en fin de saison tandis que Coman finira à la Juve deux ans plus tard. Mike Maignan partira quant à lui lancer sa carrière à l'été 2015 du côté du LOSC, lassé d'être le 3e choix du PSG. Quant à Kimpembe, il est alors en retrait et ne s'imposera que plus tard, par la grâce d'un changement de poste bienvenue et d'une maturité plus tardive.
Bonadéi : «On est passé d’un club qui voulait former des joueurs de L 1 à un club qui voulait des futurs vainqueurs de la C1.»
Paris n'a que peu récolté les fruits de son travail avec ses jeunes et Bonadéi en convient : «C’est forcément un bilan qui interroge. J’ai vécu cette période, l’arrivée des Qatariens : on est passé d’un club qui voulait former des joueurs de L 1 à un club qui voulait des futurs vainqueurs de la C 1. J’avais annoncé à l’époque que si le club voulait se donner le temps, je pensais que dans les dix ans le PSG pouvait gagner la C 1 avec un noyau fort de joueurs formés au club.» Selon lui, les deux projets n'ont pas su se trouver alors qu'une cohérence entre les deux existait pourtant : «Il y a eu, à ce moment-là, une forme d’impatience. Mais je me dis aussi que ce projet était cohérent par rapport aux objectifs. Et aujourd’hui, par exemple, Presnel serait-il à ce niveau sans les Marquinhos et Thiago Silva ?»
C'est finalement François Rodrigues, actuel entraîneur de la réserve qui a encadré les générations 1997 et 1998 depuis son arrivée à Paris, qui dresse la conclusion de ces générations 1995 et 1996, celles-ci ayant changé en profondeur le visage de la formation parisienne : «Il y a forcément une forme de frustration à ne pas les voir ici. Mais cela fait partie des aléas du foot. Aujourd'hui, les dirigeants du club font tout pour garder nos talents. Il n'y a qu'à voir ce qui a été fait depuis plusieurs mois avec Georgen, Edouard, Callegari et les autres.» Et à défaut de briller à Paris, ceux partis auront donc au moins permis de faire de la place à leurs successeurs.
NB : Propos recueillis par Hugo Delom pour L'Equipe.
