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29 avril 2006, le récit d'une folle journée

Publié le samedi 21 mai 2016 à 16:02 par Bruno Hermant
Il y a 10 ans, l'OM et le PSG s'affrontaient déjà en finale de la Coupe de France. Retour sur la folle journée du 29 avril 2006, racontée par un membre des Supras Auteuil.

Alors que cela faisait déjà plusieurs jours que la tension montait, le jour J est enfin arrivé, le 29 avril 2006, samedi soir, soir de finale de Coupe de France, contre l'OM. Finale qu'on pensait impossible, au vu des rivalités et des risques de violences autour du stade, mais aussi en raison de la magie des tirages au sort. On se souvient encore d'un PSG - OM "tiré" par Gilardi dans un Téléfoot qui avait fait polémique quelques années avant.

L'installation du tifo et les tentatives de contacts

Arrivé très tôt au stade, avec mes compères de tribune et une bonne centaine de Parisiens, tous groupes et tribunes confondues, afin d'installer un magnifique tifo dont la banderole texte est en pleine page de l'édition papier du Parisien. Le slogan "On la veut" est complété par une Coupe de France qui serait montée sur un filet tendu en tribune et des feuilles bleues et rouges sur toute la tribune. 

Nous ne sommes pas encore tous présents quand un car de supporters marseillais venus installer également leur tribune passe devant l'entrée de la tribune Sud reservée aux Parisiens. Quelques membres des Lutèce Falco se rueront sur le car, mais il ne daignera pas ouvrir ses portes... La tension est déjà bien palpable entre les deux camps et cette première escarmouche le confirme. S'en suit une longue, très longue attente devant les grilles du Stade de France. La maréchaussée fera patienter de longues minutes le contingent parisien qui ne souhaite qu'une chose, entrer et mettre en place le tifo, alors que les marseillais sont déjà à l'ouvrage déjà dans le stade.

Ce n'est que vers 10h que les Parisiens entreront et le manège des petites mains se met en place. Il faudra presque cinq heures pour tout installer, alors qu'en face, on devine déjà le voile installé à l'étage intermédiaire et qui avait déjà servi de tifo lors d'un OM - PSG, voile qui avait d'ailleurs failli terminer sur la pelouse. En bas, on aperçoit les MTP et leur tifo Rouge/Vert/Jaune, tout en rapport avec l'OM bien entendu. De notre côté, quelques tentatives pour s'introduire dans le camp d'en face sont bien vite stoppées par le gros cordon de CRS.

La journée se passe, le stress montera bien vite pour ma part. On apprend par téléphone quelques accrochages entre Parisiens et Marseillais devant le virage Nord (celui occupé par les Marseillais), et on entend surtout arriver un gros paquet de supporters Parisiens en cortège sous le pont du RER B, tous partis du local des Supras Auteuil basé quelques rues plus loin. 

Une pression qui monte peu à peu

Les grilles s'ouvrent en cette fin d'après-midi, le virage parisien commence à se remplir, plutôt rapidement. Arrivent alors les premiers chants anti-marseillais, ainsi que des chants pro-PSG moins bien repris dans cet avant-match, mais cela change à l'arrivée des joueurs sur la pelouse pour l'échauffement. Posté sur un des tambours de notre partie de virage, au troisième anneau, je tente de lancer quelques "PARIS" plutôt bien repris. Mais le stress monte encore et encore, même s'il est encore supportable jusqu'à la présentation des joueurs aux autorités. La Marseillaise est parfaitement chantée par le virage Parisien, tandis qu'elle n'est pas sifflée du côté marseillais. 

Mais lors du match, la pression devient dure, très dure à supporter. La peur de l'échec. Alors que les précédentes finales n'avaient pas eu cet effet sur moi, j'ai très peur de perdre ce match-la. Même quand Kalou envoie sa reprise à 200 à l'heure sous la barre de Barthez et que je termine quatre rangs plus bas en hurlant ma joie au bout de cinq minutes de jeu... Au quart d'heure, quand Pagis se fait découper par Mendy, je crois vraiment au pénalty sifflé contre nous, mais l'arbitre ferme les yeux et me fait descendre dans les émotions. Juste avant la pause, je prend peur comme un gosse sur une grosse action de l'OM . 

La mi-temps n'arrange rien, il y a toujours plus de pression malgré un virage Parisien qui domine les débats en tribune, et une équipe du PSG qui est très bien dans le match et tient la baraque. Quelques minutes après la reprise, je ne vois même pas le but de Dhorasso, seulement Barthez aller ramasser le ballon dans le filet et les Parisiens en train de soulever Dhorasso le long de la ligne de touche. Ce type que j'ai insulté quasi toute la saison parce que c'était un jean-foutre nous donne un avantage certain. Mais le stress, au lieu de descendre, est encore pire pour moi. Une équipe qui mène 2-0 contre son ennemi en finale de Coupe n'a plus le droit de perdre. Si c'est le cas, on va en manger pendant 10 ans et, vu notre défense, il suffit d'un but pour qu'on explose...

Une fin de match insoutenable

Le PSG enchaine les occasions de 3-0, on retient notre souffle sur la volée de Kalou qui fracasse la barre, ou ce très beau coup franc de Rothen qui finit sur la base du poteau. Celui-là, j'étais déjà en train de le fêter, je le voyais au fond, et Barthez était cloué au sol, il n'avait pas bougé. Ce troisième but ne viendra jamais, au contraire, et ils reviennent même au score avec Maoulida et ses bandelettes. A partir de ce moment-là, j'emmerde tout le secteur de la tribune ou je suis. Désolé les gars, il faut vraiment qu'on en finisse alors qu'il reste au moins 20 minutes, facile. "Combien de temps il reste ? QUOI TOUT CA ? PUTAIN..." Cette phrase, j'ai dû la sortir au moins 30 fois... On m'a même sorti un "putain ta gueule merde, tu vas nous porter la poisse", mérité avec le recul. 

A ce moment-là, faire une grecque dos au terrain présente un énorme avantage, celui de pouvoir regarder l'horloge du Stade de France située en haut du virage qui donne le temps restant. Il devient difficile de chanter tant le stress ronge tout le monde. En toute fin de match, Lamouchi me fait couler mentalement mais sa frappe n'était pas cadrée. Une dernière alerte sur un ballon bien capté par Létizi puis vient enfin la délivrance, le coup de sifflet final, un énorme soulagement et une joie intense d'avoir battu ces fumiers pour soulever la 6ème et sûrement la plus belle de nos Coupes de France. 

Délicieuse célébration

Les longues minutes, celles-ci tellement agréables, à fêter notre victoire, à insulter les marseillais qui se sont éparpillés en 5 minutes top chrono, à applaudir les joueurs devant la tribune, avant que Pedro Miguel ne brandisse la Coupe dans une clameur immense provenant de notre tribune. Le "We Are The Champions" qui s'en est suivi est toujours mémorable, un homme qui gueule avec quasi plus de voix, dans les aigus, c'est vraiment ridicule mais tellement bon.

Le tour d'honneur des joueurs, je n'en ai plus trop de souvenirs, je me souviens de Rothen avec un t-shirt "ICI C'EST PARIS" et de Pancrate avec la Coupe le long de la grille... Après avoir ramassé le matériel, un gros cortège s'est formé direction la Mairie de Paris, un énorme bordel dans la station RER de Chatelet et un énorme "NOUS SOMMES LES PARISIENS" qui restera gravé dans ma mémoire, avant le Parvis de l'Hôte de Ville, où les joueurs sortiront avec la Coupe et Rothen un fumi à la main. La grosse soirée s'est achevée vers 3h du matin en rentrant dans ma banlieue ouest. Pas vraiment pu trouver le sommeil de suite, tant la joie et l'excitation était forte. Mais le sentiment d'avoir niqué les Marseillais, le fait d'avoir gagné le match qu'il ne fallait surtout pas perdre et dont on parlerait encore pendant des années me rendaient satisfait. Aujourd'hui encore, merci Paris.


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