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Avant PSG/Dortmund, retour sur l'animation (et la transition) défensive du PSG à Dortmund

Publié le lundi 9 mars 2020 à 19:40 par Victor Lefaucheux
Au-delà de sa pauvreté avec ballon, l’autre aspect important dans l’échec du PSG à l’aller était sa transition défensive. Les Parisiens ont d’abord été pénalisés par leur énorme déchet. Après les ballons perdus, ils ont reculé. Le BVB a pu jouer vers l’avant dans un trop grand confort, et Haaland a puni le PSG par deux fois.

3-4-3 contre 3-4-3 : l’animation défensive du PSG

Avec ces deux systèmes similaires, l’enjeu pour Paris défensivement était le même que pour le BVB : contrôler la profondeur sans avoir une supériorité numérique derrière.

Les Parisiens appliquaient une pression « totale » sur la relance du BVB :

  • Les 3 attaquants sur 3 défenseurs
  • Verratti et Gueye en 1v1 face à Witsel et Can, avec une orientation particulièrement « homme » plutôt que « zone » qui a créé un certain appel d’air

En théorie, le coulissement de la défense devait créer une défense à 4 (les 4 restants, alors que Kurzawa était sorti sur Hakimi (ou Meunier sur Guerreiro)) face aux 3 attaquants du BVB. Et donc, une supériorité numérique (+1). En théorie seulement. Seuls les mouvements de la défense pouvaient garantir une supériorité numérique derrière. Supériorité qui est la condition pour avancer, car elle permet une couverture.

Sur les phases de pressing haut, Kimpembe et Marquinhos étaient particulièrement responsabilisés. Ils sortaient jusqu’au camp adverse pour cadrer Sancho/Hazard (puis Reyna) qui décrochaient dans les halfspaces. Là aussi, les 2 centraux restants se trouvaient en théorie à 2 contre 1 face à Haaland.

La défense à 5 du PSG, censée coulisser vers un 4+1 si le ballon va chez un latéral adverse, pour créer un 4v3 face aux 3 attaquants.

Si le BVB sécurisait sa possession plus haut, Paris basculait dans un 5-4-1 plus bas et plus compact, mais qui permettait aux hommes de Favre de faire durer leurs temps de jeu dans le camp adverse.

Vraiment obligés de reculer sur la transition défensive ?

Les ballons perdus au cœur du jeu : Paris en (relatif) contrôle grâce au recul-frein 

Sur les sorties de balle du PSG, Kimpembe était souvent couloir gauche (et non halfspace) au moment de la relance. En théorie, Verratti devenait donc central à la perte, du moins créait un 2v1 (avec Silva) face à Haaland. Kimpembe et Marquinhos restant en contrôle des ailiers.

Déjà, (et ça va être une constante dans les transitions du PSG) Silva ne profite pas de ce 2v1 pour monter cadrer Haaland, et l’empêcher d’avancer balle au pied au moment où Dortmund joue vers l’avant après la récupération. Le capitaine parisien préférant rester sur l’axe ballon-but en reculant, alors que Haaland conduit le ballon.

Illustration à la 35e minute : ballon perdu (grossièrement) par Verratti sur une passe donnée à Gueye plein axe. Au moment de la sortie de balle, Kimpembe occupait le couloir, comme un latéral, et reste en contrôle de Hazard au moment de la transition défensive, Marquinhos contrôlant lui Sancho.

Haaland est alors à 2v1 face à Silva et Verratti. Malgré ce (certes précaire) surnombre, Silva va choisir de reculer, en laissant le Norvégien être servi dans les pieds.

Servi dans le confort, Haaland va finir par une frappe puissante du gauche dans le petit filet, alors que Silva a taché de rester sur l’axe ballon-but. Le capitaine du PSG n’avait-il pas les moyens de l’empêcher de contrôler vers l’avant ?

Malheureusement, le plan de la réalisation TV est trop serré, et tout se passe hors-champ. Quand le plan large débute (sur le ralenti) Silva est déjà en train de reculer, et n’est plus en position d’intervenir. Toujours est-il que le Borussia conclut cette transition offensive par une frappe, et que le danger va crescendo depuis le début du match.

psg_tr_def_35e from Premiere Touche on Vimeo.

36e : autre perte de balle grossière du duo Verratti – Gueye : Après un contrôle totalement raté par le Sénégalais, Can porte le ballon sous la pression de Gueye. Derrière ; Kimpembe, Silva et Marquinhos n’ont d’autre choix que de courir vers leur but pour éteindre le feu.

Alors que Marquinhos tente tant bien que mal de fermer la passe vers Sancho, sans se faire éliminer, Kimpembe vient légitimement couvrir Silva face à Haaland. Problème : Hazard arrive, lancé au 2e poteau, et aurait sûrement marqué si Haaland lui avait laissé le ballon sur le centre de Sancho.

Globalement, sur les pertes de balles axiales, même si le Borussia conclut déjà ses contre-attaques par des frappes et des situations chaudes, le PSG limite la casse en reculant, et reste en vie.

Un problème qui pourrait ceci-dit être résolu par l’abandon du 3-4-3. Silva (central central, et donc équivalent du 6 qui décroche) étant remplacé numériquement par un milieu défensif – un peu plus haut – et donc plus proche du porteur sur ces éventuelles pertes de balles axiales.

Les ballons interceptés par les défenseurs : Silva coupable de trop couvrir ?

Sur les ballons perdus dans le camp adverse par les Parisiens, les récupérations allemandes donnaient lieu à de nouveaux temps de jeu placés, plutôt qu’à de véritables contre-attaques. Il était donc difficile de dissocier l’animation défensive de la transition défensive du PSG. A la perte, le PSG re-basculait instantanément dans son 3-4-3/5-4-1 de la phase défensive.

Exemple à la 48e : Zagadou intercepte un long ballon en profondeur de Neymar (en position de 8 gauche) pour Mbappé. Il sert Guerreiro. À ce moment, la ligne [Latéral – 8 – 8 – Latéral] du BVB est contrôlée par celle du PSG, même si chaque Parisien est à 3/4m de son adversaire direct.

Problème (et on ne s’en aperçoit que sur le plan large) : à aucun moment Thiago Silva et Marquinhos ne profitent de leur 2v1 face à Haaland pour essayer de le mettre hors-jeu, ou au moins de remonter pour fermer le bloc. Silva ne profite pas de la couverture de Marqui pour défendre plus haut, plus « large » (plus côté ballon) dans le halfspace gauche ; comme c’est logiquement le cas pour une défense à 5 qui coulisse.

En restant très axial, Silva n’est pas non-plus en mesure de couvrir Kurzawa (qui va s’aligner de façon approximative), et préfère rester collé à Haaland, alors que Hakimi est servi en profondeur par Emre Can. Hakimi arrive en premier sur ce ballon profond, et aurait pu servir Hazard, qui avait pris le meilleur en vitesse sur Meunier à l’opposée.

Hakimi trouvé en profondeur par Can, aurait pu servir Hazard au second.

Sur un ballon pourtant perdu assez haut, Paris est déjà (48e) déséquilibré en 4 passes par le BVB. (voir la video ci-dessous, qui comporte cette séquence, et la suivante). Le même schéma se reproduit à la 69e : après un long temps de jeu parisien, Dortmund intercepte dans l’axe dans son camp, et repasse à l’attaque placée – depuis son camp – alors que Paris est en contrôle de la profondeur dans l’axe (tout ça se passe hors-champ, malheureusement).

Lorsque Witsel sert Guerreiro dans les pieds, il est cadré par Meunier, et le reste de la ligne [latéral – 8 – 8 – latéral] du PSG va venir cadrer celle du BVB, alors que Guerreiro rejoue sur Witsel. Après un échange avec Zagadou, sous pression, Witsel se retrouve cadré par Gueye (du moins il coupe la passe vers la profondeur), selon le marquage quasi-individuel décrit dans le premier paragraphe.

Sur le plan large, on s’aperçoit que Guerreiro (ArG) et Reyna (AiG) (entré pour Hazard) ont permuté, et que Meunier et Marquinhos les ont suivis. En théorie, Meunier est devenu DCD et Marqui ArD. Paris a toujours le « +1 » derrière. Malgré cet avantage numérique, qui devrait leur permettre de se couvrir mutuellement, et donc de défendre plus haut. Silva et Kimpembe n’osent pas avancer, et mettre Haaland hors-jeu. Alors que Witsel est cadré par Gueye.

Gueye vient cadrer Witsel et coupe la passe vers l’axe. Pour autant ; Verratti, Kimpembe et Silva ne vont pas défendre en avançant, et c’est le Borussia qui trouve l’appui fatal entre les lignes distendues du PSG.

Quand Can est servi dans les pieds par Witsel, l’attitude de Silva est particulièrement précautionneuse. Il recule de 3 bons mètres, attirant Kimpembe dans sa zone.

Dans le même temps, Verratti ne vient pas cadrer Can, et revient sur ses pas, pour couper la passe vers Sancho.

C’est là que Paris perd le contrôle.

Alors que Can est servi dans les pieds par Witsel, Verratti revient sur ses pas et n’ose pas aller le cadrer.

Can se retrouve libre face au jeu, Silva recule de 3m, et Kimpembe est aspiré par sa zone (axe droit).

Alors que Can est servi dans les pieds par Witsel, Verratti se ravise de venir le cadrer et Silva recule de 3 mètres.

Servi dans les pieds, Haaland peut – sans pression – remettre sur Guerreiro, qui va trouver Sancho face au jeu, dans la zone délaissée (qu’il a été forcé à délaisser) par Kimpembe.

A l’initiative de Silva, les Parisiens ont raté l’occasion de « raccourcir le terrain » en mettant Haaland hors-jeu (ou au moins sous pression) ce qui aurait permis à Kimpembe de sortir (d’être prêt à sortir) sur Sancho.

Est-ce Verratti qui entraine Silva à reculer en reculant, ou l’inverse ? Ce qui est certain : Paris a trop reculé et n’a pas été capable de scléroser les contres – ou plutôt les re-passages à l’attaque placée – du BVB.

Et ce refrain sonne comme déjà entendu.

Trouvé libre face au jeu, Sancho peut facilement remettre sur Hakimi (voir ci-dessus), alors que les Parisiens courent vers leur but. À la réception du centre en retrait d’Hakimi, Guerreiro surgit dans l’axe, et (voir ci-dessus), Marqui et Silva couvrent Haaland, en jeu au moment de la frappe du Portugais. Le 2e ballon est pour Haaland qui fusille Navas de près.

À l’image de cette permutation Guerreiro – Reyna, comme de la position très ennuyeuse de Sancho, Paris a clairement été mis à mal par les mouvements et le positionnement des Borussens sur ces phases de transitions, et n’as pas été capable de maintenir un équilibre entre pression et contrôle. Avec beaucoup de décrochages et permutations, les hommes de Favre ont déséquilibré la défense à 5 du PSG.

Le 2e but raconte la même histoire, avec Silva et Meunier dans le rôle du duo qui recule. La (l’affreuse) réalisation nous prive d’analyser les mouvements à nouveau très intéressants du BVB, avec les 2 ailiers du même côté.

Quand la réalisation repasse au plan large sur le 2e but, on s’aperçoit que Silva couvre à nouveau très bas et ouvre l’espace entre les lignes aux Borussens.

Toujours est-il que quand Hummels rejoue vers l’avant (après qu’Hakimi ait reculé sous pression) Marquinhos reprend au petit trot sa place, et abandonne Reyna, tranquillement servi dans le halfspace droit.

Paris dos au mur

Le PSG a-t-il progressé dans sa maitrise de la défense à 5 depuis le match de Rennes en août ? Pas sûr. Quand on radiographie les buts encaissés, la gémellité avec la façon dont United a pu prendre appui entre les lignes – sur ses rares (mais concrétisés) temps de jeu l’an dernier au match retour – est saisissante. Là aussi, Silva passe une bonne partie de l’action hors du cadre de la réalisation TV, et United trouve des relais entre les lignes distendues du PSG.

Quand Rashford frappe, il n’est pas cadré. Et Lukaku est tout aussi couvert qu’Haaland.

Dos au mur, les Parisiens doivent maintenant compenser en ajustements ce qu’ils n’ont pas acquis en projet, à la condition de marquer.

Victor Lefaucheux / PremièreTouche.com


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