Article 

Denoueix : « On a parfois l'impression que le but est de donner le ballon à Messi »

Publié le mercredi 15 avril 2015 à 8:57
L'ancien entraîneur Raynald Denoueix a confié au journal l'Équipe son analyse du Barça dans son édition du jour.

Le journal L'Équipe est allé interviewer Raynald Denoueix, ancien entraîneur du FC Nantes et de la Real Sociedad. Aujourd'hui retraité, il est un des observateurs les plus attentifs et pertinents concernant la Liga et dévoile les failles du Barça.

« On a parfois l’impression que le but du jeu, c’est de donner le ballon à Messi, qui va être au départ et à la fin. »

L'ancien entraîneur du FC Nantes décrypte notamment les changements après Guardiola, parti en 2012 en laissant le club catalan au sommet. Pour lui, il y a eu « une grosse évolution : ça se mélange moins, il y a beaucoup moins de préparation au milieu. » Il cite notamment le match contre Almeria mercredi dernier, gagné 4-0 après une première demi-heure d'une grande pauvreté : « Ils ont eu beaucoup de mal [...] il n’y a pratiquement pas eu d’occasions. Dans les vingt-cinq derniers mètres, il y avait peu de passes, de dribbles, peu de présence. » Et il explique les transformations catalanes en trois ans : « Un des principes du Barça, avant, c’était d’écarter avec les latéraux, les deux “extrêmes” (ailiers) rentraient, Messi, lui, décrochait. Ils prenaient la largeur et créaient du surnombre pour franchir la première ligne, voire la deuxième. Maintenant, ce sont Neymar et Messi qui restent très haut au départ des actions, écartés, et plus les latéraux. On a parfois l’impression que le but du jeu, c’est de donner le ballon à Messi, qui va être au départ et à la fin. C’est plus simpliste. »

Denoueix développe aussi sur la perte de qualité du pressing barcelonais en phase haute, notamment lié à la diminution du nombre de joueurs en phase offensive : « Le “presser à la perte” était la conséquence d’une super tenue du ballon, qui les amenait à le perdre pratiquement sur l’avant-dernière ou la dernière passe, à vingt, vingt-cinq mètres du but adverse. Aujourd’hui, ils amènent le ballon vers l’avant moins souvent, et ils amènent beaucoup moins de monde, donc ils ne peuvent pas presser aussi bien. Ils s’en remettent un peu aux trois de devant, qui sont exceptionnels. »

« Ce qui les gêne, c’est d’être dans leur moitié de terrain. »

Le tacticien breton donne également de bons indices sur les problèmes du Barça : « Ce qui les gêne, c’est d’être dans leur moitié de terrain. Cette équipe n’a jamais été à l’aise pour passer beaucoup de temps près de son but. Aujourd’hui, les Barcelonais se retrouvent plus dans le duel. Voire à centrer dans le paquet, ce qui est arrivé beaucoup avec Martino (2013-2014) : très souvent, il n’y avait plus du tout de jeu sur les côtés. Cette saison encore, on les a parfois vus impuissants. Ils ont beaucoup de mal à s’installer dans la moitié adverse. Globalement, c’est moins cohérent. Parfois, les trois attaquants ne reviennent pas, et quand trois attaquants restent à vingt-cinq mètres du but adverse et que le reste de l’équipe fait l’accordéon, c’est très mauvais. Là, par moments, le Barça s’étire comme pas possible, derrière, ils sont abandonnés. Le Barça est plus fragile, aussi, parce qu’il n’a plus Xavi, ou moins… Si tu as eu Zidane, si tu as eu Platini, et qu’ils baissent, le rendement de l’équipe baisse en conséquence. »

« Avoir de la présence dans l’axe. C’est indispensable. »

L'ancien entraîneur nantais donne aussi son plan pour contrer le Barça : « Ce qui reste toujours valable, dans les périodes où le Barça sera capable de jouer haut, c’est quand même d’avoir de la présence dans l’axe. C’est indispensable. Que les trois milieux reviennent à plat devant la défense, pour que tes centraux n’aient pas à aller chercher un joueur, qu’ils ne soient pas aspirés (vers l’avant). Si l’un des deux défenseurs centraux y va, Messi ou Neymar ou un des deux “intérieurs” (Rakitic ou Iniesta) va entrer et là... Si tu ouvres ton axe dans tes vingtcinq derniers mètres, tu es foutu. De la tête, le PSG a ce qu’il faut pour s’en sortir si le Barça balance des centres dans la surface. Avant tout, il faut de la présence dans l’axe et devant les centraux, pour gêner les une-deux, les redoublements, parce que, avec le Barça, ça finit souvent là. La stratégie ? Avec le ballon, sortir du pressing. Sans le ballon, il faut un écran devant ta défense axiale. Après, offensivement, comme le Barça est un peu plus dégarni au milieu, un élément comme Pastore, s’il se balade et vient de temps en temps faire le quatrième au milieu, devrait bien les embêter. »

Malgré ces éléments, il rappelle aussi que le Barça est un équipe capable d'élever fortement son niveau de jeu : « En Ligue des champions, le Barça a fait des matches où il était méconnaissable, mais dans le bon sens du terme. Contre City en huitièmes de finale retour (1-0), d’un seul coup, ils ont fait une première mi-temps exceptionnelle ! Messi était inarrêtable, ce jour-là. Ça signifie qu’avec de l’implication, ils peuvent élever très haut leur niveau, mais pas sur la même durée qu’avant. »

NB : Propos recueillis par l'Équipe.


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.
Match lié 

News 

Aujourd'hui

mercredi 27 mars

mardi 26 mars

lundi 25 mars

dimanche 24 mars

samedi 23 mars

vendredi 22 mars

jeudi 21 mars

mercredi 20 mars

mardi 19 mars

lundi 18 mars

 

Soutenez CulturePSG 
Soutenez CulturePSG sur Tipeee