C'est un Christophe Galtier d'humeur bavarde qui est passé en conférence de presse après PSG/OM (1-0). Il a longuement été question du changement de système tactique des Parisiens, le 4-3-3 remplaçant le 3-4-3, mais aussi de tout ce que cela entraîne en matière de jeu. Il a aussi évoqué la suite dans ce système ou encore le rôle de Mbappé en attaque.
On vous imagine satisfait de ce succès face à Marseille (1-0). Vous avez changé de système pour la première fois depuis votre arrivée à Paris du fait des circonstances. Pouvez-vous réaliser un premier bilan de ce que le passage au 4-3-3 vous apporte ?
« Non, non ce n’était pas lié aux absences, mais bien une réelle volonté de faire autre chose. Les derniers matches ont été très poussifs. Autant nous avions bien démarré le championnat, autant les adversaires nous ont bien étudié depuis et les enchaînements de rencontres ont pesé. Nous commencions à ronronner et à nous créer beaucoup moins d’occasions. Par rapport à ce que nous avions vu et identifié, il nous semblait important de ramener du monde au coeur du jeu pour sortir de la pression marseillaise. C’est une équipe qui vient vous chercher haut et est quasiment dans de l’individuel. Il y avait également une volonté de mettre les trois offensifs dans des zones préférentielles.
« J’ai été satisfait de la capacité de mes joueurs d’assimiler très rapidement ce système »
Je suis satisfait des 25-30 premières minutes, durant lesquelles nous avons obtenu beaucoup de situations. Je note quand même que nous avons connu quelques difficultés sur notre bloc bas, avec une bonne utilisation de la largeur par Marseille. À chaque fois que nous avons été simples et avons fait peu de touches de balles, nous nous sommes créé des situations favorables, notamment en début de match. J’ai été satisfait de la capacité de mes joueurs d’assimiler très rapidement ce système. Il y eu un peu d’inquiétude, quand Dani (Danilo Pereira) est sorti, puisque Mukiele a rarement joué défenseur central dans une défense à quatre. Il y avait donc quelques réglages à faire, mais dans l’ensemble, je suis satisfait de la manière dont les joueurs se sont exprimé et ont attaqué malgré ce succès avec un seul but d’écart. »
Votre discours veut-il dire qu’il existe une volonté de continuer avec ce système ?
« Avec la suspension de Sergio (Ramos) et la blessure de Dani, nous commençons évidemment à être très affaiblis dans le secteur défensif. Il est fort probable que nous poursuivions avec ce système en le travaillant et l’améliorant à l’entraînement. Dans la semaine, nous avons eu deux séances pour travailler après Benfica (1-1, mardi soir). La première ne m’a pas donné satisfaction sur le plan du jeu, et celle d’hier (samedi) a en revanche été très satisfaisante. C’est pour ça aussi que nous avons démarré dans ce système. Il y a beaucoup d’échange et de partage avec mes joueurs. Ils doivent être convaincus que ça peut être intéressant pour l’équipe. J’ai rapidement eu un retour très positif hier après la séance. »
Vous aviez déjà remporté le match à Lyon avec un seul but d’écart (1-0) malgré de nombreuses occasions. Existe-t-il une frustration de ne pas réussir à tuer tout espoir adverse ?
« Il y a déjà la satisfaction de l’avoir emporté. Je ne vais pas vous dire ce que ce match représente pour les supporters, les joueurs et l’entraîneur. Vous le savez déjà très bien par vous-même. Il y a tout de même un peu de frustration, oui. Même en supériorité numérique, vous n’êtes pas à l’abri de prendre un but. Ça avait aussi été le cas à Lyon, où nous avions seulement marqué un but. Nous avons des temps très forts, avec une vraie capacité des joueurs à rester très présents à la perte et disponibles ensuite. Ce qui est très important pour un entraîneur, c’est de savoir que nous pouvons nous créer des situations et mettre le danger à tout moment. Ça a été le cas.
« Maintenant, nous avons quelques séances pour peaufiner et peut-être modifier les positions des uns et autres »
Le gardien marseillais a fait beaucoup d’arrêts et a été très sollicité, mais Gianluigi (Donnarumma) également. C’était un match très ouvert, rythmé et engagé de mon point de vue. Maintenant, nous avons quelques séances pour peaufiner et peut-être modifier les positions des uns et autres. Il faudra être performant dès vendredi, avec ce match de championnat très important à Ajaccio, puis une rencontre de Ligue des Champions chez nous mardi qui pourrait être décisive pour la qualification. »
La blessure de Danilo rappelle que chaque jour nous rapproche un peu plus de la Coupe du monde au Qatar. Vous avez beaucoup d’internationaux dans votre groupe. Sentez-vous dans les têtes une crainte grandissante de la blessure ?
« Avec peu de recul, je n’ai pas eu cette sensation de retenue de ma position. Mes joueurs voulaient gagner ce match-là et marquer des buts, comme toujours. Il y a d’ailleurs eu un blessé de chaque côté (Eric Bailly pour l'OM). C’est aussi dû à l’enchaînement des matches et à un calendrier très compact. Y a-t-il une réflexion particulière chez les joueurs ? C’est possible, mais je ne suis pas dans leur tête. En tout cas, aucune retenue n’est possible parce que nous visons des résultats très élevés en championnat et en Ligue des Champions. C’est pourquoi je dois installer de la fraicheur au coup d’envoi et gérer les temps de jeu des joueurs. Leo (Messi) est sorti pour ça. Il a été blessé au mollet et je veux qu’il puisse enchaîner avec nous, mais je sais aussi que la Coupe du monde est très importante pour lui. Comme pour les autres d’ailleurs. Nous avons une obligation de résultats. Donc, je ne calcule pas, même si certains joueurs vont peut-être choisir leurs matches à l’approche de la Coupe du monde. Je ne peux de toute façon pas y faire grand-chose. Le calendrier est comme ça. »
Quelles sont les consignes tactiques que vous avez données à Kylian Mbappé ce dimanche soir ? Quelle est votre définition du rôle de pivot pour un avant-centre ?
« (Rires) Kylian n’est pas un pivot. Vous avez pu le voir être dans l’axe quelques fois dans le match. C’était une volonté pour sortir du pressing marseillais. Marseille est très organisé, et nous le voyons depuis le début championnat, presse beaucoup. Nous devions, pour sortir du pressing des six Marseillais, créer un quatre contre quatre sur du jeu long. Dans ce sens-là, Kylian était pivot, enfin non, point de fixation, mais uniquement sur du jeu long. Ensuite, il a énormément été dans sa zone préférentielle et a fait de nombreux décalages. Kylian n’a pas joué comme un pivot ce soir, où alors je n’ai pas vu le match. Il y avait quelques situations spécifiques travaillées à l’avance, oui, mais c’est tout.
« J’ai eu la volonté d’étirer le bloc sur certaines phases avec du jeu plus direct »
Les adversaires nous ont beaucoup observé récemment, et ils ont vu que nous perdions des ballons sur du jeu court. J’ai eu la volonté d’étirer le bloc sur certaines phases avec du jeu plus direct. Je lui ai demandé d’être très vertical dès que nous sortions le ballon. Il en a beaucoup manqué lors des derniers matchs, mais il n’est pas le seul. C’était important qu’il puisse trouver soit Leo, soit Ney’ dans des zones très précises. Il y avait aussi la volonté de trouver (Achraf) Hakimi et Kylian dans la profondeur pour faire courir la défense adverse. »
Comment jugez-vous l’utilisation des côtés de votre équipe ? Ils semblent sous-exploités, notamment au vu des profils dont vous disposez.
« Je n’étais pas satisfait de ce que nous faisions avec nos pistons sur nos matchs précédents. C’est un poste très énergivore et qui est difficile à gérer avec l’enchaînement des matches. (Juan) Bernat a moins ce registre-là et est pus à l’aise dans une défense à quatre. J’ai trouvé que Hakimi a fait beaucoup de courses offensives, des décalages et a été percutant. Face à une équipe de Marseille très présente sur la largeur, nous avons souvent été contraints de disputer des un-contre-un. Il y a eu quelques fois des situations intéressantes, avec une recherche de la profondeur et une prise d’espaces. Ça a parfois mal fini, avec un ballon intercepté par l’adversaire. »
