C'est un Christophe Galtier forcément content de la victoire de son équipe qui s'est présenté en conférence de presse après Ajaccio/PSG (0-1). Le coach parisien n'a pas tout aimé dans la partie, forcément, mais il a apprécié une bonne partie et notamment la connexion entre ses deux attaquants Messi et Mbappé. Il a aussi parlé des bons matches de Fabian Ruiz et Hakimi, associés côté droit, et donc du système en 4-4-2 losange qui leur offre cette possibilité.
La victoire du PSG à Ajaccio (3-0) est logique au vu du déroulé du match. Êtes-vous pleinement satisfait du résultat et de la manière ?
« La victoire est toujours importante. Elle arrive cinq jours derrière le Classique de notre championnat (contre l’OM, 1-0), et précède un grand match de Ligue des Champions, dans trois jours. Ce sont souvent des matchs annoncés piégeux. Ajaccio nous a bien mis sous pression lors des 25-30 premières minutes, avec du jeu direct dans le dos de nos latéraux et une présence au deuxième ballon. Nous avons su défendre intelligemment, sans concéder de situations.
À partir du moment où cette pression est retombée et que nous avons pu remettre le pied sur le ballon, nous avons retrouvé de la maîtrise technique et nous nous sommes procuré de belles occasions. À l’image du premier but, avec une récupération très haute qui est suivie d’un enchaînement parfait de Kylian. Il y a deux autres belles situations, notamment avec (Achraf) Hakimi qui donne un beau ballon à Kylian (Mbappé). Malheureusement, le ballon saute au moment de la frappe. Sur une autre, le hors-jeu ne se joue pas à grand-chose. Mes joueurs ont été sérieux et appliqués techniquement. Il y avait une grosse maîtrise technique au milieu.
En deuxième période, le rythme était beaucoup moins intense. Nous avons eu des temps forts sur lesquels nous n’avons pas marqué. Ajaccio a pu conserver espoir à cause de ça, avec un seul but de retard, c’est normal. Après, est arrivé ce magnifique but (le 2-0), avec un enchainement de Leo (Messi) après un échange avec Kylian dans de petits espaces et sur un terrain difficile. Le troisième but vient récompenser une partie sérieuse de mes joueurs. Encore une connexion entre Leo et Kylian, et même si la pelouse se dérobe sous ses pieds, il a été très instinctif et efficace sur sa frappe. Ce score m’a permis d’alléger les temps de jeu de certains joueurs. Nous allons devoir faire un match complet contre le Maccabi Haïfa mardi soir. »
Difficile de jouer contre un Lionel Messi à son meilleur niveau dans le camp adverse.
« Évidemment, les gens viennent au stade pour voir Leo, l’équipe du PSG, Kylian. Ce soir Ney’ (Neymar) était absent, mais pour lui aussi. Je le dis souvent, mais il est l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du football. Il aime jouer pour les autres, a une relation avec le ballon hors pair et est très altruiste. Ce soir, il a été à la fois très généreux dans ses passes, notamment dans la profondeur, et magnifique sur le deuxième but. Je dis toujours aux gens de venir au stade quand des joueurs comme lui sont sur le terrain, parce que, quand ils ne seront plus là, tout le monde regrettera. »
Match particulier pour vous. Qu’est-ce que ça fait d’affronter son fils ?
« Particulier en effet. Je sais qu’il a dit que je lui ai posé des problèmes avec notre changement d’animation, ce qui lui a causé beaucoup de travail pour analyser ce que nous avions mis en place contre Marseille (1-0, dimanche). Pour un papa, c’est très agréable. J’ai trois garçons qui j’aime à la folie. Ce soir, j’en avais un à mes côtés et deux autres devant leur écran. C’est un moment un peu à part, oui, mais il fallait vite faire abstraction. Je suis content pour lui, qu’il grandisse et évolue toujours avec ses idées et sa manière de voir le football. »
Le doublé de Mbappé et le but de Messi, à chaque fois sur une passe de l’autre, prouvent qu’ils se sont beaucoup cherchés et que le duo qu’ils formaient ce soir était très complémentaire.
« Oui, mais pour qu’ils puissent être très proches des uns et des autres, c’est aussi dû au travail des trois milieux de terrain, qui récupèrent beaucoup de ballons et les sortent proprement. Il y a une vraie relation technique entre les uns et les autres. Sur le premier but, il y a une récupération très haute. Les autres buts mettent en évidence ces relations techniques. Nos latéraux, et notamment Hakimi, ont beaucoup travaillé et participé sur le plan offensif.
Ça permet -dans cette organisation et sur ce match-, d’avoir à la fois Kylian dans sa zone préférentielle et Leo beaucoup plus haut sur le terrain. Ça les rend très dangereux tous les deux. Ils sont durs à tenir, la moindre faute peut donner un coup-franc ou un penalty. Le fait que mes trois milieux aient beaucoup travaillé, joué plus haut et gagné beaucoup plus de ballons après les 20-25 premières minutes, fait que nos deux attaquants ont pu être très hauts sur le terrain. Je me répète, mais ça les rapproche du but, une zone dans laquelle ils ont un niveau de classe mondiale. »
Vous parlez de la maîtrise technique de votre milieu. Fabian Ruiz prend de plus en plus de place et d’aisance dans le jeu. Quel regard portez-vous sur lui, qu’apporte-t-il ?
« Je ne suis pas surpris. Nous le connaissons depuis des saisons. Je me souviens l’avoir vu avec Luis Campos lors d’un PSG-Naples (une double confrontation en phase de groupes de Ligue des Champions en octobre et novembre 2018). Il m’avait tapé dans l’oeil. Il est arrivé à court sur un plan athlétique. Il a vécu une préparation tronquée. Il attendait son transfert, donc il lui a fallu du temps pour être à nouveau bien physiquement. Il a une très bonne maitrise technique et une excellente lecture du jeu. Il travaille pr ses coéquipiers, mais quand il a le ballon, il a la passe juste. Sur les matchs qu’il vient de faire, il me semble qu’il a le bon tempo sur la gestion des temps forts et des temps faibles. »
On a vu un très bon Achraf Hakimi ce vendredi soir. Il semble confirmer son aisance dans un système à 4 défenseurs, alors qu’il est plutôt réputé à l’aise lorsqu’il évolue en tant que piston.
« Non. Je l’ai vu très bon la saison dernière dans un système à quatre. C’est simplement que, pour le libérer sur le plan offensif et le trouver lancé dans le dos de la défense, il faut tout organiser dans le coeur du jeu. Il a été très bon et aurait pu être passeur décisif. Malheureusement, il a manque de réussite et le terrain a pu nous jouer des tours. »
Que pensez-vous de cette équipe d’Ajaccio ? A-t-elle selon vous les moyens de se maintenir en Ligue 1 ?
« Je pense qu’elle a les moyens. Je les avais vu très intéressants face à Marseille (victoire 2-1), bons face à Rennes également (défaite 2-1 fin août). Sur un dernier match moyen face à Troyes (1-1), ils ont tout de même réussi à revenir au score. Cette équipe a la capacité de mettre la pression sur des défenses adverses. Il leur manque peut-être un peu de réussite, ou d’audace. Enfin, le geste juste à l’approche des 20 derniers mètres. À force de travail, ce collectif peut croire au maintien, ce qui serait d’ailleurs une grande performance pour l’ACA. »
Dans le prolongement de ce que vous venez de dire sur Ruiz, sa montée en puissance vous pousse-t-elle à conserver le système actuel et vous conforte-t-elle dans ce récent changement ?
« L'avantage des victoires obtenues contre Marseille et Ajaccio ce soir est d’avoir des réflexions supplémentaires, d’autres possibilités. Nous avons beaucoup d’absents sur le plan défensif actuellement, mais un milieu de terrain de qualité. Que ce soit au coup d’envoi, en cours de match, avec la rentrée du petit Warren (Zaïre-Emery). C’est aussi dans cette optique que j’ai pu changer d’organisation afin d’avoir plus de pression et de maîtrise technique dans le coeur du jeu. Ça profite aussi aux attaquants qui se retrouvent plus vite en zone dangereuse. Allons-nous continuer dans ce sens ? C’est possible. »
