Les drôles de stats de Colin Dagba [MAJ]

Colin Dagba se souviendra certainement longtemps de ce 5 décembre 2020. Et pour de bonnes raisons. Il a en effet inscrit à la Mosson son premier but en Ligue 1, et même son tout premier en professionnel avec le PSG. Mais cette soirée aurait pu faire date pour de toutes autres raisons, bien plus mauvaises. En effet, jusqu’à ce but de la 33^ème minute, le jeune (22 ans) latéral parisien avait tout raté ou presque.

Au moment d’inscrire son but, il avait notamment perdu 10 des 24 ballons qu’il avait joués jusque-là. Un affreux ratio de 42 % de ballons égarés à faire pâlir les plus « têtes en l’air » de ses partenaires (Neymar tourne cette saison à 29 % par exemple).

23 passes sur 33 vers l’arrière

Remplacé à la 64^ème, Dagba a terminé la rencontre avec 14 pertes de balle sur les 44 jouées. Il a donc rendu à l’adversaire près d’un tiers des ballons qu’il a touchés. Dans cette jeune (22.4 ans de moyenne d’âge) et inédite défense à 5, il n’était pourtant pas le moins inexpérimenté, du haut de ses 38 matches de Ligue 1 (contre 13 à Bakker et 2 à Pembélé). Il a néanmoins enchainé les maladresses techniques tout au long de cette première mi-temps : amortis poitrines ratés, passes à l’adversaire, contrôles approximatifs…

Au-delà de ses ballons perdus, tous ses indicateurs statistiques témoignent d’un match difficile : seulement 67 % de passes réussies (contre 92 % en carrière), très peu de gestes défensifs réussis (un tacle et une interception), un duel gagné sur trois, un carton jaune. Le pire c’est que ses loupés techniques ont complètement annihilé le peu de confiance qu’il devait avoir puisqu’il a pris le moins d’initiatives possibles : 23 de ses 33 passes (dont 3 touches) ont été effectuées vers l’arrière, ses prises de balle sont systématiquement ou presque orientées vers l’arrière et il n’a tenté qu’un seul dribble (raté).

Une data traduit bien ce manque d’allant : les mètres gagnés. Que ce soit par la passe (36 mètres), ou balle au pied (72m), il n’a que très peu fait progresser le jeu parisien.

Très inquiétant aussi, les 36 mètres qu’il a gagnés par la passe sont à rapporter aux 344 mètres parcourus par ses passes. Cela signifie qu’il n’a fait progresser le ballon que dans 10 % des cas.

Et pourtant, il a eu cette belle inspiration passée la demi-heure de jeu : en voyant Di Maria déborder côté gauche, il a le bon réflexe de passer devant Ristic et le geste juste pour tromper Omlin. Espérons que ce but lui fasse du bien et qu’il retrouve un peu de confiance.

Pas le seul à être décisif et dans le dur

Ce paradoxe d’un joueur décisif malgré une soirée plus que moyenne dans le jeu ne concerne d’ailleurs pas que Colin Dagba. Les deux autres buteurs du soir ont connu pas mal de difficultés dans le jeu. Kean n’a par exemple touché que 29 ballons et en a perdu 11. Il n’a réussi que 71 % de ses passes et n’a gagné que 3 duels sur 9, mais il a surtout marqué un nouveau but (son 7^ème avec le PSG) et les esprits grâce à sa superbe frappe de la 77^ème.

Mbappé, entré en jeu à la 78^ème, a quant à lui à peu près tout raté (0 duel gagné sur les 3 disputés, 5 ballons perdus sur les 12 joués) mais il était présent pour mettre au fond des filets l’offrande de Kurzawa (91^ème). Deux des trois passeurs décisifs du match côté parisien ont également connu une soirée par ailleurs compliquée : auteur de 3 fautes, Kurzawa a frôlé l’expulsion et a souvent été mis en difficulté en défense, et Di Maria a perdu 31 % des ballons qu’il a touchés (21 sur 68).

Que faut-il en déduire ? Assez simplement, qu’il ne faut pas se contenter de comptabiliser les buts et les passes décisives pour analyser la performance d’un joueur, mais que, jusqu’à preuve du contraire, ce sont bien les buts inscrits qui font gagner les matches et les titres…