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Où en est l'OM de Villas-Boas avant de défier le PSG ?

Publié le samedi 26 octobre 2019 à 20:44 par Victor Lefaucheux
Que ce soit avec ou sans ballon, l’entraîneur portugais André Villas-Boas a déjà bien implémenté ses principes – ambitieux et risqués – dans l’OM post-Garcia. Analyse de la (marge de) progression de son équipe, 4 mois après sa prise de fonction et à la veille du sommet.

L'animation offensive de l'OM : jeu en losange et 4e homme

Prompt à prendre le jeu à son compte, l’OM casse les codes traditionnels du jeu de position sous Villas Boas : Plutôt que d’occuper de façon cohérente la largeur, en attendant le bon moment pour changer de rythme - comme décrit ici par Thierry HenryAVB veut créer de la densité autour du ballon.

Sur les sorties de balle, il n’est pas rare de voir la sentinelle qu'est Strootman avancer légèrement, alors que le relayeur côté ballon décroche, sans que le latéral ne monte, créant ainsi une grosse densité de coéquipiers autour du porteur dans l’espoir d’en trouver un, capable de se libérer pour jouer vers l’avant.

Au-delà du traditionnel « 3e homme » (2 solutions en créent une 3e, dans les pieds) l’OM pratique ce qu’il convient d’appeler le « 4e », voire « le 5e homme » : le porteur ne possède pas 3, mais plutôt 4 ou 5 solutions : 3 ou 4 options courtes sur un petit périmètre, et une 4e, prête à attaquer la profondeur, en plus d’un joueur à l’opposée.

En contrepartie, les angles de passes sont plus serrés que dans un 4-3-3 plus traditionnel (mais plus lisible) - à l’image de ce que proposait Sylvinho à l’OL.

Si Strootman est au ballon, il n’est pas rare de voir un ailier et les 2 relayeurs lui proposer 3 solutions sur 5 mètres carré. En plus de Benedetto prêt à attaquer la profondeur. Il n’est pas rare non-plus de voir l’Argentin décrocher, alors qu’un Sanson ou un Germain (ailier) attaque la profondeur.

Ces courses « complémentaires », offre plusieurs possibilités – et forcément une intéressante - au porteur : que la défense soit entrain de reculer ou d’avancer, elle est forcément mise en difficulté si un Payet ou Benedetto parvient à se retourner sur un petit (si la défense avance) ou un grand (si elle recule) périmètre. 

Dans tous les cas, il faut être capable de jouer vers l’avant (Strootman) ou de réaliser un contrôle orienté court (Payet / Lopez / Benedetto), avec une certaine qualité technique, et un tempo, que les Olympiens n’ont pas encore trouvé. Rongier a d’ailleurs – par sa justesse – une grosse carte à jouer dans ce domaine. Hier, en conférence de presse, l'entraîneur marseillais a notamment évoqué le fait d'arriver d'«arriver en attaque après un appui », y faisant probablement allusion.

Dans le dernier tiers du terrain, la présence en nombre d’offensifs entre les lignes peut perturber les défenseurs adverses, c’était très clair face à l’AS Monaco, l'un des matches références de l'ère Villas-Boas d'un point de vue offensif. Et si les défenseurs suivent naïvement les courses des offensifs marseillais (qui sont multiples et complémentaires dans cette animation), alors des brèches sont ouvertes.

En jouant énormément sur l’orientation des défenseurs, les créatifs marseillais cherchent constamment à jouer dans leur « côté aveugle » pour trouver la profondeur. Si c’est un ailier ou un latéral qui est décalé, Benedetto et Sanson bougent bien dans la surface, et croisent les courses avec à-propos, comme on le voit sur le but du Xeineize face à Monaco.

La transition défensive : l’OM paye sa structure et la mobilité de Strootman

Chaque parti pris offensif possède ses contreparties : ce que l’OM gagne en imprévisibilité avec sa sortie de balle « mouvante », il le perd en sureté dans sa transition défensive.

Sur les sorties de balle, comme face à un bloc bas, Strootman déserte allègrement la pointe basse du milieu .Si le ballon est perdu, on peut vite se retrouver avec un adversaire, non-cadré – avançant vers le but sans couverture.

A ce moment, l’attitude des centraux n’est pas toujours irréprochable. Par définition, sur une contre-attaque, le porteur de balle adverse n’est pas cadré. Au moment où l’adversaire multiplie les appels pour lui offrir une solution, les centraux marseillais sont souvent perdus. Ils ne savent pas s'ils doivent contrôler la course de l'attaquant qui appelle la profondeur, ou s'aligner et tenter de faire face au porteur, même s'il y a de grandes chances que cela se fasse à contretemps.

Contre Monaco, Alvaro n’arrive pas à récupérer Golovin alors que Ben Yedder « coupe » sur un des nombreux contres monégasques et Marseille se fait punir en contre sur les 2 premiers buts monégasques. Censé être plus expérimenté, Alvaro est particulièrement à la faute dans cet aspect du jeu, comme sur le 2e but monégasque, ou l’appel de Gelson Martins – naïvement suivi – l’éloigne de l’axe.

Alors que la présence du même Alvaro est très incertaine, les Marseillais auront-ils un plan pour gérer Mbappe sur ces phases de transition défensives ? Il le vaudrait mieux pour eux, face à un PSG qui a récemment débloqué beaucoup de matchs (Madrid, Galatasaray, Bordeaux) sur des contre-attaques rapidement menées, même sans le génie français.

L'animation défensive : une défense haute, en apprentissage

Sur le plan défensif, AVB est un entraineur aux idées marquées. Il se distingue par une défense très haute et un piège du hors-jeu risqué, qui lui avaient d’ailleurs coûté deux fois son poste en Angleterre, à Chelsea puis Tottenham. Le changement était frappant lors de la présaison : le bloc se veut désormais compact, le but étant de s’échanger facilement les marquages et de fermer l’accès à la profondeur, par le piège du hors-jeu.

Problème : On retrouve souvent les défenseurs à courir vers leur but, ou à être pris à revers, sans l’orientation adéquate au contrôle de la profondeur. Quelque soit l’adversaire, l’OM ne réussit que rarement à créer l’amalgame [cadrage du porteur] + [ligne du hors-jeu qui monte] + [contrôle des appels en profondeur].

On l’a vu très clairement, dès la première journée face à la verticalité du Stade de Reims, et on a encore pu le constater encore lors des temps forts strasbourgeois le week-end dernier. Au milieu et devant, l’équipe est toujours pénalisée par ses limites athlétiques : Strootman, Lopez et Payet limitent la capacité de l’OM à échanger les marquages et garder le porteur sous pression.

L’espace (dans le halfspace) dans le dos du relayeur marseillais est souvent vacant, et si le latéral marseillais y suit l’ailier qui rentre à l'intérieur, alors le bloc perd sa structure. Car la défense n’emboite que trop rarement le pas en montant d’un cran. Au moins un attaquant est alors couvert, et l’adversaire peut trouver une solution en profondeur. Les Marseillais se retrouvent alors à courir vers leur but en catastrophe, produisant un couteux contre-effort. 

Dans la lecture des situations, les deux défenseurs centraux Kamara et Caleta-Car font souvent preuve d’un mauvais timing / d’une mauvaise lecture. Tantôt ils loupent les occasions de fermer le bloc par le hors-jeu, tantôt ils remontent trop, et se mettent en difficulté. Cela dit, le jeune Marseillais est capable de compenser ses erreurs de placement par sa vitesse et sa motricité. A voir comment Caleta Car – apparu affuté physiquement face à Strasbourg – peut s’en sortir au Parc.

Une séquence a été particulièrement parlante en 2e mi-temps face aux Alsaciens dimanche dernier et a déclenché la colère de Vilas contre ses défenseurs centraux, coupables d’avoir raté l’occasion de mettre le Strasbourgeois Thomasson hors-jeu alors que l'arrière gauche Lionel Carole ne pouvait pas jouer vers l’avant :

Pour cet OM en apprentissage, ce sommet arrive peut-être un peu tôt. Que ce soit techniquement dans la justesse et les choix en attaque, ou tactiquement, dans la lecture des situations en défense, la marche semble un peu haute. Cela dit, si les idées audacieuses de Villas Boas rencontrent des Olympiens lucides et justes techniquement, le match peut être équilibré, et donc très intéressant.

Victor Lefaucheux / PremièreTouche.com


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