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PSG/Saint-Etienne (1-0), l'analyse tactique

Publié le samedi 25 juillet 2020 à 19:23 par Simon Piotr
Malgré une ouverture rapide du score et la victoire finale, les difficultés dans le jeu et la blessure de Mbappé ont laissé beaucoup de doutes sur le niveau des Parisiens, notamment sur la capacité à jouer face à un pressing adverse.

Un pressing haut de Saint-Étienne qui gêne le PSG

« Tout est possible sur un match » avait déclaré Claude Puel avant la rencontre, force est de constater que le propos s’est retrouvé en pratique sur le terrain au vu du plan de jeu conquérant et agressif mis en place d’entrée de jeu. 

Aligné dans un 4-4-2 classique avec ses quatre attaquants, le PSG n’a pas fait dans l’originalité pour aborder ce match. Les Stéphanois eux, sont venus dans un 4-2-3-1 également très classique, mais qui s’est distingué par un positionnement agressif et un pressing continu sur la relance parisienne tant qu’ils évoluaient en égalité numérique.

Si le PSG a sans aucun doute préparé le match avec la volonté de tenir le ballon, il ne s’était sans doute pas préparé à devoir affronter un tel pressing en début de match, à en juger la relance complètement dysfonctionnelle des hommes de Tuchel. 

Pourtant, à n’en pas douter, le PSG a fait un travail d’analyse de l’opposition avant le match, et si Saint-Etienne pouvait défendre avec un bloc médian-haut régulièrement prompt au pressing, on ne pouvait pas forcément voir un pressing aussi total au visionnage des matchs amicaux face à Nice ou Anderlecht. L’approche des Stéphanois a en effet bloqué le jeu parisien jusqu’à l’expulsion de Loic Perrin malgré l’ouverture du score du Neymar à la 14ème minute et l’occasion de Di Maria à la 25ème. 

Les mécanismes collectifs des deux équipes

S'il a bien fonctionné, le pressing mis en place par Claude Puel n’avait rien d’extraordinaire en termes d’organisation. Pour autant, il comportait une part non négligeable de risques dans l’exécution étant donnée leur manque de compétition et le niveau individuel des talents parisiens pour sanctionner les espaces laissés libres.

L’ASSE a déformé son 4-2-3-1 initial en un 4-4-2 au moment de presser la sortie de balle. Ce système a fait effet miroir sur le 4-4-2 parisien et chaque joueur se retrouvait naturellement avec un vis à vis. Boudebouz se joignait à Hamouma pour presser la charnière centrale, tandis que le double pivot M’Vila-Camara sortait très haut sur leurs homologues Gueye-Paredes, pratiquement en marquage individuel. Quand aux milieux excentrés, leur positionnement était assez zonal pour garder l’équilibre de la ligne de quatre, et ils sortaient sur les latéraux plutôt sur les temps de passe.

Si le PSG avait défié ce pressing sur du jeu court, on retrouvait en théorie des un-contre- un à jouer pour les attaquants restés haut sur le terrain face aux défenseurs. Mais très vite intimidé, le PSG s’est mis à jouer long, pour ne pas dire « balancer », et aucun des attaquants n’a pu rivaliser au duel aérien avec les défenseurs. En effet, à part Icardi qui a quelques ressources dans le domaine, aucun des joueurs offensifs n’est en capacité de recevoir du jeu long, et ils partaient tous avec un désavantage athlétique assez clair dans les airs.

  • Moyenne de taille des attaquants du PSG: 1m78
  • Moyenne de taille des défenseurs de Saint-Étienne: 1m83

Ici on remarque deux problèmes : l’incapacité à réceptionner le moindre ballon aérien, avec Icardi complètement dominé par Fofana (le seul duel aérien gagné par l’Argentin est sur sa tête dans la surface sur un corner autour de la 25ème minute), et surtout un no man’s land entre le milieu et l’attaque, ce qui a rendu la tâche trop facile aux Stéphanois dans la zone des seconds ballons.

En effet, au moment de jouer long, Navas ne faisait pas remonter son bloc pour retrouver un peu de compacité et donc des situations plus favorables à la retombée. Ce genre « d’oubli » est souvent un symptôme d’une équipe assez mal préparée face à un pressing, exactement le genre de choses que l’on voyait lors du Barcelone-PSG de mars 2017 par exemple, avec des un-contre-un éparpillés sur le terrain qui forcent le jeu long du gardien.

On retrouve le pressing de l’ASSE sur le six mètres, Navas joue long avec le bloc bas, niveau de réussite nul.

Ces seconds ballons mal négociés associés au non-repli des attaquants (et aux difficultés techniques de certains comme Gueye) ont offert à Saint-Etienne beaucoup de continuité avec le ballon, le PSG a affiché un famélique 44,3% de possession dans la première demi-heure du match, pour 70% de passes réussies seulement, très loin des standards de l’équipe.

Deux matches récents avaient vu le PSG souffrir dans ce domaine mais les équipes étaient d'un tout autre calibre. Dortmund avait forcé le PSG à un tout petit 32% de possession de balle en seconde mi-temps au Parc des Princes le 11 mars dernier. En novembre, le 2-2 miraculeux à Madrid avait aussi montré un volume de possession faible. Et encore, les Madrilènes avaient laissé plus d’oxygène aux Parisiens, avec 87% de passes réussies sur la pelouse du Real.

L’ASSE passe d’ailleurs tout proche de l’ouverture du score avec Marquinhos qui se troue sur le poteau puis un autre tir cadré de Bouanga (5ème et 16ème minute).

Dans ces conditions, les premières incursions du PSG se sont résumées à quelques tentatives infructueuses de Neymar, qui aurait pu faire parler sa qualité de déséquilibre pour battre les marquages individuels adverses, mais son manque d’inspiration dans le dribble a été flagrant. Le Brésilien n'a réussi strictement aucun dribble dans les 40 mètres adverses à onze contre onze, et seul Mbappé va y parvenir, sur le but.

Une autre solution éphémère a été un décrochage de Gueye à la 23ème minute pour créer une supériorité numérique, initiative spontanée intéressante mais restée sans suite vu le peu d’intérêt de Tuchel pour ce type de relance sauf exception, lui qui est assez récalcitrant à dépeupler son milieu.

Une ouverture du score contre le cours du jeu 

Vu le rapport de force créé, le but sort au final pratiquement de nulle part, avec pour une fois Navas qui prend conscience qu’il faut faire remonter le bloc équipe avant de jouer long, le PSG peut enfin se bagarrer à la retombée et gratte une faute vers la ligne médiane. L’action suivante voit Mbappé bien combiner avec Di Maria pour créer l’occasion qui amène le but de Neymar à la quatorzième minute.

Le plan de l’ASSE a mis les Parisiens en difficulté, tant l’agressivité au sens propre et figuré à été difficile à contenir, mais son côté à double-tranchant a fini par se retourner contre eux. Les Stéphanois passaient souvent sur les côtés pour attaquer, avec beaucoup de vitesse et de projection et, sur un renversement de jeu raté à la 25ème minute, Mbappé s’est retrouvé à jouer un un-contre-un avec Perrin qui mènera à ce qui restera probablement comme l'action la plus notable de cette finale. 

On notera d'ailleurs sur cette action la seule spécificité notable du plan de jeu de Tuchel qui a inversé les positions habituelles de Icardi et Mbappé afin de mettre le Français dans la zone de Perrin. Le tacle a laissé le génie français au sol, et l’expérimenté capitaine stéphanois a reçu un carton rouge en guise de fin de carrière. C’est la fin du premier acte qui voit le PSG en tête, mais surtout déboussolé dans le jeu et avec la peur de voir Mbappé manquer la fin de saison. 

Le PSG retrouve du contrôle, mais sans aggraver le score

À onze contre dix, le PSG a pu faire redescendre un peu le rythme du match et dominer le ballon, avec 64% de possession jusqu’à la fin du match. Malgré ces conditions favorables, le secteur offensif a eu du mal à se montrer efficace. Là où Neymar a eu quelques éclairs de génie à la création, le manque de réussite devant le but de Di Maria et le déchet global de Sarabia n’ont pas permis au PSG de s’envoler au tableau d’affichage.

Toujours menés d’un seul petit but, les Verts ne se sont pas résignés et ont continué de montrer beaucoup d’énergie et d’allant une fois réorganisés en 4-4-1 avec Khazri rentré comme attaquant et Boudebouz replacé milieu droit. Leur courage et leur endurance sur le plan physique leur ont permis d’opposer une vraie résistance, avec huit tentatives en seconde période (contre neuf parisiennes), mais seulement une cadrée.

En effet, le PSG passait beaucoup de temps le pied sur le ballon mais, une fois perdu, le manque de repli des offensifs forçait le reste de l’équipe à défendre assez bas en restant très patient pour ne pas livrer l’axe du terrain notamment, ce dont Saint-Etienne a profité pour se mettre en position offensive. Sans réellement solliciter Navas pour autant, les défenseurs parisiens gagnant un peu plus de duels qu'en première période.

Tactiquement, le PSG, lui, est resté tout le match dans son 4-4-2, avec Di Maria qui glisse en position de deuxième attaquant pour suppléer Mbappé après la pause tandis que Sarabia joue comme milieu droit. Le coaching quant à lui a été limité avec Verratti qui remplace Paredes poste pour poste à l'entame du dernier quart d'heure, laissant les deux autres changements potentiels inutilisés. Des joueurs comme Choupo-Moting ou Herrera n’ont pas eu une seule minute de compétition à se mettre sous la dent, mais sans doute dans l’idée de donner du rythme aux titulaires des prochaines échéances.

Un petit PSG s'impose

A l'heure de conclure, le PSG s'en sort très bien avec une Coupe de plus au palmarès mais l'affrontement a été bien plus équilibré que prévu. Le pressing stéphanois a étouffé une équipe qui n'y était pas préparée mais peut toujours compter sur son talent individuel pour faire la différence. Le manque de jus et d'unité collective constaté aura été très préjudiciable face à une équipe qui est apparue comme bien plus prête, notamment physiquement.

Alors que Paris a gagné la première de ses trois batailles, celle qui était considéré comme la plus simple ne l'a finalement pas du tout été et est un sérieux avertissement pour les troupes de Thomas Tuchel. Après des matches amicaux très et même probablement trop faciles, la réalité de la compétition est soudainement apparue et le PSG a pu mesurer le très long chemin qui le sépare encore de son meilleur niveau.


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