Sergio Ramos s’est longuement exprimé -en espagnol- en conférence de presse ce mardi soir, à la veille du déplacement à Turin en conclusion de la phase de groupes de Ligue des Champions. Le défenseur central espagnol a confié se sentir très bien à Paris et croire en un retour en sélection pour le Mondial qatari, tressé des louanges à Lionel Messi et Marquinhos, ou encore livré son avis pointu sur la Juventus Turin et l’évolution de la Ligue des Champions.
Nous sommes à trois semaines de la Coupe du monde. Ça fait un an et demi que vous n’êtes plus sélectionné avec l’Espagne. Quel pourcentage de chance vous donnez-vous d’être au Qatar et que ce que ça représenterait pour vous ?
« Je rappelle que nous avons un match très important de Ligue des Champions demain. Concernant la sélection, je crois que tout le monde sait ce que représente pour moi le fait de défendre les couleurs de mon pays. Après avoir vécu une année difficile à cause des blessures, je me sens à nouveau très bien, je joue avec mon équipe et je suis disponible. Ce n’est pas une décision qui dépend de moi. Je conserve l’espoir de faire mon retour avec la Roja et le Mondial fait partie de mes rêves. Il faut espérer, continuer à jouer et atteindre mon meilleur niveau afin de tenter de convaincre le sélectionneur (sourire). Ça ne dépend pas de moi, je le répète, mais j’espère avoir l’opportunité de pouvoir jouer ce Mondial. »
On vous a longtemps connu adversaires, Lionel Messi avec le FC Barcelone et vous avec le Real Madrid. Vous jouez ensemble depuis un an et demi désormais. Quel type d’homme avez-vous découvert et quelle relation vous lie désormais ?
« Je crois que c’est quelque chose qui attire la curiosité de beaucoup de personnes, mais au final, nous sommes des joueurs qui partagent le même objectif. Nous voulons gagner avec le PSG, lui permettre de progresser et l’aider au maximum de nos capacités, notamment par le biais de notre expérience. Ma relation avec Leo est magnifique et ça se voit en dehors du terrain. Pour gagner, il faut former un bon groupe, qu’il y ait du respect entre tous les joueurs et un bon état d’esprit au quotidien. Pour gagner de grandes choses, il faut que la paix règne (sourire), parce que vos ennemis sont à l’extérieur du groupe et non en son sein. Il y a une bonne relation entre tous les grands joueurs. C’est bien, c’est la meilleure façon de gagner. »
« Pour gagner de grandes choses, il faut que la paix règne (sourire), parce que vos ennemis sont à l’extérieur du groupe et non en son sein »
Avec l’instauration d’une défense à quatre, une nouvelle concurrence se met en place en défense centrale. Comment le vivez-vous et cela peut-il jouer sur la négociation d’une potentielle prolongation de votre contrat à Paris ?
« Jouer avec une défense à trois ou à quatre, ça ne dépend pas de nous, mais du coach. C'est lui qui analyse les adversaires et choisit quel est le meilleur système à utiliser. J’ai joué pendant de nombreuses années avec une ligne défensive à quatre, mais je crois que les grandes équipes ont cette flexibilité de pouvoir s’adapter. Ça améliore l’équipe. À titre personnel, je préfère jouer à quatre derrière. Vous avez un peu plus d'équilibre, notamment au milieu. Il faut peut-être que vous ayez un peu plus de possession, mais il y a des avantages et des défauts dans les deux cas. Avec une défense à trois, vous pouvez être à cinq avec les deux latéraux, donc il y a plus de sécurité par exemple. Mais c’est le choix de l’entraîneur en fonction de l’adversaire qui nous fait face. Nous sommes à sa disposition.
Concernant ma prolongation de contrat, je pense seulement à jouer et à être à mon meilleur niveau. On verra ce qu’il se passe à la fin de la saison. Je suis très heureux que le PSG ait fait un effort pour me signer il y a plus d’un an. J’espère pouvoir rendre la pareille avec de bonnes prestations dans la durée et des titres pour nos fans. »
Vous avez déjà plus joué cette saison que l’an passé et seulement manqué deux matches à cause de suspensions. Vous sentez-vous rassuré à présent ? Comment avez-vous également vécu cette période difficile, avez-vous douté ou changé des choses ?
« La saison passée a été difficile à vivre parce que j’ai subi des blessures et j’ai dû m’adapter à un nouveau club après avoir passé presque toute ma carrière au Real Madrid. Ce sont des étapes qu’il faut surpasser. J’ai été très peu blessé durant ma carrière et beaucoup la saison passée, c’est comme ça (sourire). J’y ai fait face et j’espère ne plus avoir à le faire. Ce sont des choses qui touchent votre vie aussi bien professionnelle que personnelle. L’effort, l’exigence, le professionnalisme et la persévérance ont été des clés pour surmonter ces épreuves. Je suis arrivé ici en pensant que j’allais jouer à mon meilleur niveau, et je pense l’être à présent. C’est totalement oublié. Il y a eu beaucoup de changements : l’entraîneur, la direction sportive, certains joueurs. Je peux dire que je suis heureux à Paris (sourire). Je suis bien installé et je suis affamé de gagner de nouveaux trophées en jouant à mon meilleur niveau, comme je l’ai fait tout au long de ma carrière.
Un jour, si je sens que j’en ai terminé, je resterais à la maison avec mes enfants, mais ce n’est pas encore le cas. Je pense qu’il me reste quelques années au plus haut niveau dans le football, parce que je vis par le biais de ce sport et que je l’aime énormément. Quand tu donnes autant pour le football dans ta vie, tu reçois énormément en retour. Actuellement, je me sens bien, heureux. À propos des cartons rouges, il n'y a pas de problème. Tout au contraire. Ça fait aussi partie du jeu. Ça me permet d’apprendre les petits détails du foot en France. On apprend, on fait des erreurs. »
Vous parliez de votre relation avec Messi un peu plus tôt. Qu’est-ce que ça représente de jouer avec lui ? Est-il uniquement focalisé sur le fait de briller afin de gagner la Coupe du monde ?
« C’est toujours mieux d’avoir Messi avec soi que dans le camp d’en face. Il est toujours au top niveau. Il continue d’être un des joueurs les plus décisifs du monde. C’est très facile de répondre à cette question. C'est un privilège de l'avoir dans notre équipe, surtout après l’avoir affronté et d’avoir souffert face à lui pendant tant d’années. Pour le Mondial, je ne sais pas, honnêtement. Je le vois très concentré, comme l'an dernier. Peut-être qu'il a la Coupe du monde dans un coin de sa tête, mais il est avant tout concentré à être bon sur le terrain. Je ne pense pas qu’il cherche à se protéger pour arriver en bonne forme ou autre. Il se passera ce qu’il doit se passer. Il donne son meilleur niveau à chaque match en tout cas. Après, pour savoir exactement ce qu’il en pense, il faudrait lui demander directement. De mon point de vue, j’aime m’entraîner comme je joue. Je n’aime pas prendre à la légère ce qui entoure ou précède une compétition. On ne sait jamais ce qu’il peut se passer dans la vie. »
« C'est un privilège d’avoir Lionel Messi dans notre équipe, surtout après l’avoir affronté et d’avoir souffert face à lui pendant tant d’années »
Quelle est votre relation avec votre capitaine, Marquinhos ? Qu’est-ce que ça fait d’être le porte-bonheur du PSG ? Quand vous êtes aligné, Paris ne perd jamais.
« (Le journaliste lui demande s’il veut tenter de répondre en Français) Non, la saison prochaine (rire). Ma relation avec Marquinhos est très bonne. Depuis que je suis arrivé au PSG, la relation avec tous mes coéquipiers est merveilleuse. Marquinhos est un champion. Il est un joueur clé, aussi bien en sélection qu’en club. Quand il y a des moments difficiles, nous essayons de gérer les problèmes dans le vestiaire. Je l’ai toujours fait et je fais ça de façon naturelle, ce n'est pas calculé. Tout le monde respecte le capitaine et je suis heureux d'aider Marquinhos et les autres membres du vestiaire. Je crois qu’il est très important d’avoir des joueurs mâtures, avec de l’expérience, quand vous visez le succès. Ils peuvent trouver des solutions à des petits problèmes et éviter qu’ils sortent du vestiaire. »
La dernière fois que vous aviez joué la Juventus, vous l’aviez emporté 3-0 avec le Real Madrid. Quelle équipe attendez-vous face à vous demain soir ?
« Pour livrer une analyse pointue de la Juve, je devrais avoir vu pas mal de leurs matches et ce n’est pas le cas concernant leur championnat. En Ligue des Champions, nous les avons suivi en revanche. Quand nous les avions joué avec Madrid, il y avait une équipe qui n’est plus en place aujourd’hui. Je pense que les comparaisons ne sont jamais appropriées. En tant que joueur, je vois la Juve comme une équipe très compétitive, aussi bien à domicile qu’à l’extérieur. Son histoire parle d’elle même. Dans le foot, vous ne pouvez pas vivre du passé et vous devez au contraire prouvez d’une année à l’autre. C’est de plus en plus dur au niveau physique selon moi. La Juve reste une équipe très compétitive malgré ses mauvais résultats récents, notamment dûs aux nombreuses absences. Après demain, je leur souhaite le meilleur, mais nous venons ici pour tenter de gagner
Avec votre expérience et le recul dont vous bénéficiez désormais, la Ligue des Champions a-t-elle gagné ou perdu en niveau ces dernières années ?
« La Champions League se joue sur des petits détails. Presque chaque année, une autre équipe l’emporte. Il existe des moments clés qui peuvent faire basculer une équipe proche de gagner vers le succès. Le facteur chance ou encore l’histoire peuvent entrer en compte. C’est une somme de plusieurs éléments. La Juventus est toujours une équipe qui compte en Ligue des champions. Mais le football est très compliqué (sourire). Si ce n’était qu’une histoire de chiffres, tout le monde aurait une Ligue des champions chez soi. »
