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Jeu long et difficultés à s'approcher, des manques du PSG en 2020/2021

Publié le dimanche 18 juillet 2021 à 18:07 par Thibaut B. / ParisStatsGermain.fr
Dans ce troisième volet de notre série d’articles sur l’analyse du jeu du PSG de 2020/2021 par les stats, nous allons nous pencher sur deux carences du jeu des Parisiens : le manque de jeu long et la difficulté, certes relative, à pénétrer la surface de réparation adverse.

Rappel des deux précédents bilans de ParisStatsGermain.fr :

Avant de se focaliser sur le jeu long, soulignons tout d’abord que le nombre de passes effectuées cette saison (646) est très proche de celui des années antérieures. Il s’agit du 3e plus important d’Europe derrière Barcelone (712) et City (675).

Le taux de précision dans les passes reste extrêmement élevé également (89.5 %) : 2e d’Europe derrière Barcelone (89.7 %).

Le PSG est dernier de Ligue 1 en nombre de passes longues réussies

On constate en outre peu de différences sur la saison entre Tuchel et Pochettino, même si ce dernier a quand même légèrement enrayé la sempiternelle baisse du nombre de passes longues. Le total (36/match) et le pourcentage (5.6 %) de passes longues restent faméliques :

Le graphique ci-dessus met en évidence une baisse quasi-continue du nombre et du taux de passes longues au fil des saisons. Le PSG est ainsi passé de 55/match et 9 % des passes en 2013-2014 (1ère saison de Blanc) à 36 et 5.6 % cette saison.

Le vice-champion de France est même l’équipe de Ligue 1 qui réussit le moins de passes longues (21.6/match) alors qu’elle a le plus fort taux de possession (60.1 %), qu’elle tente le plus de passes tous types confondus (646/match), et qu’elle a le plus fort taux de réussite aux passes longues (60 %).

L’équipe de la capitale se distingue nettement des autres équipes d’un championnat dont la moyenne est de 28.3 passes longues réussies et de 12 % de passes longues.

La comparaison avec les autres championnats n’arrange pas non plus la situation du PSG. Au contraire : sur les 98 équipes des cinq principaux championnats européens, Paris est 96e ! Cela signifie qu’il n’y a que deux équipes qui ont réussi cette saison moins de passes longues par match : Crystal Palace (20.7) et Southampton (19.6), respectivement 14e et 15e de Premier League. Le constat est le même en Ligue des Champions où le PSG est 31e sur 32 aux passes longues réussies/match.    

Un « sommet » a été atteint en la matière à deux reprises cette saison avec seulement 16 passes longues tentées (pour 2 victoires 4-0) : pour la dernière de Tuchel face à Strasbourg et lors de la 37e journée face à Reims (dont 7 par le seul Di Maria). Un record, au moins sur les cinq dernières saisons en Ligue 1.

Même si l’on restreint l’analyse aux meilleures équipes européennes, les données du PSG continuent de se démarquer :

Les moyennes des deux meilleures équipes des cinq principaux championnats sont de 56 passes longues et 8.8 %. C’est bien au-dessus des données parisiennes (36 et 5.6 %). Il y a donc bien un particularisme parisien concernant le jeu long.

Comment expliquer cette absence de jeu long ?

Comment expliquer cette atypie qui dure depuis plusieurs saisons, quel que soit le coach aux commandes ? Il y a probablement une volonté des différents staffs de réduire les risques et de privilégier les passes « faciles ». La prise de risque de certains joueurs (Neymar notamment) étant déjà importante via les dribbles, les coaches ont peut-être tendance à vouloir compenser ces nombreuses pertes de balle potentielles issues des dribbles par une prudence excessive dans les passes. Une passe longue a évidemment une chance de succès moindre qu’une passe courte (60 % versus 91 % pour le PSG cette saison). La priorité donnée à la conservation du ballon implique de privilégier les passes courtes.

Les caractéristiques individuelles des joueurs de l’effectif peuvent constituer une seconde explication.

Paredes est le Parisien qui en réussit le plus (ramené à 90 minutes), et ce pour la 3e saison consécutive. Mais mis à part l’Argentin, et à un degré moindre Marquinhos, l’utilisation du jeu long chez les autres joueurs reste exceptionnelle.

Parmi les défenseurs centraux, Kimpembe notamment présente des stats très basses (1.8 passe longue réussie, même pas 4 % de passes longues tentées). Même constat au milieu de terrain où mis à part Paredes et Verratti, aucun joueur ne réussit plus de 3 passes longues par 90 minutes.

Les 5.4 passes longues réussies toutes les 90 minutes par Paredes ne sont pas ridicules par rapport aux précédents leaders parisiens sur une saison de cet indicateur (cf. tableau ci-dessous). Mais si l’on additionne les passes longues réussies des trois meilleurs parisiens dans cet exercice, on plafonne à 13 contre une moyenne à 17 depuis 2011.

La crainte chez l’adversaire d’un éventuel renversement de jeu parisien se limite donc à deux ou trois joueurs.

Marco Verratti peut faire figure de symbole de cette évolution du jeu parisien et du quasi-abandon avec le temps du jeu long :

Il était le Parisien qui en réussissait le plus chaque saison entre 2013 et 2016 avec une pointe à 8.3/90 minutes en 2013-2014 mais il n’a cessé de décroître depuis. Si l’on découpe sa carrière parisienne en trois périodes de trois saisons, sa moyenne passe de 9.2 par match à 7.2 puis 5.1.

Alors qu’elles représentaient plus de 10 % des passes qu’il tentait lors de ses premières années dans la capitale, son taux de passes longues n’a presque fait que diminuer avec les années pour arriver aux 5 % de ces trois dernières saisons. Alors que son nombre de passes totales tentées est globalement stable, légèrement au-dessus des 100, son nombre de passes longues lui baisse sensiblement.

L’absence de jeu long facilite le travail défensif des adversaires

Plus globalement, cette absence de jeu long est pénalisante car elle permet aux équipes adverses de concentrer leur attention et leur volume de joueurs côté ballon. En effet, sachant que le PSG va rarement renverser le jeu, il est moins dangereux pour les défenses adverses de densifier leurs forces défensives du côté où le ballon se trouve.

C’est d’autant plus vrai que le PSG a une répartition de ses attaques très déséquilibrée : 41 % de ses attaques se situent à gauche, 29 % au centre et seulement 30 % à droite. Le plan défensif des équipes affrontant le PSG est relativement intuitif : elles se focalisent sur le côté gauche parisien et l’axe tout en délaissant le côté droit. Elles savent que pour passer d’un côté à l’autre le PSG va utiliser trois ou quatre passes, leur donnant largement le temps de faire coulisser leur bloc.

Cette répartition des attaques parisiennes est d’ailleurs complètement atypique en Ligue 1, d’une part par son taux d’offensives par la gauche (seul Reims est au-dessus avec 42 %), d’autre part par le poids des offensives axiales (29 %, plus haut ratio de Ligue 1).

L’évolution « historique » de la répartition des attaques du PSG révèle que ce déséquilibre a quasiment toujours existé depuis 2011 mais qu’il ne cesse de se croître et qu’il a connu son paroxysme la saison écoulée, en particulier sous le magistère de Pochettino (42 % des attaques à gauche). Les présences conjuguées de Neymar et Mbappé côté gauche expliquant naturellement ce phénomène.

Des difficultés pour entrer dans la surface adverse, que ce soit par la passe ou en portant le ballon

L’autre difficulté dans le jeu parisien cette saison mise en évidence par les stats concerne son manque d’impact dans la surface adverse.

Les datas indiquent certes que Paris sait atteindre aisément le dernier tiers du terrain. C’est même la première équipe de Ligue 1 et la 4e équipe d’Europe aux passes réussies vers le dernier tiers, avec 46.1/match. Paris est seulement devancé par Barcelone (50.1), City (48.3) et le Bayern (47.1).

Le 1er Parisien est Paredes avec 11.2 par 90 minutes, devant Verratti (10.2) et Gueye (9.6). Les trois Parisiens figurent même dans le Top 10 des joueurs des cinq principaux championnats européens (ayant joué au moins 10 matches).

En revanche Paris n’est « que » 8e en termes de passes réussies entrant dans la surface adverse.  On peut donc en déduire que Paris si ne rencontre aucune difficulté pour atteindre le dernier tiers du terrain, la finalisation de ses offensives dans la surface adverse apparaît donc plus complexe.

Paredes illustre bien ce paradoxe : avec 11.2 passes/90 minutes, il est le Parisien qui réussit le plus de passes entrant dans le dernier tiers adverse. Il est même seulement devancé par Kroos parmi les cinq principaux championnats européens. Mais il ne réussit que 0.8 passe entrant dans la surface adverse.

Le graphique ci-dessus montre bien cet écart, également valable pour Gueye, de Parisiens parmi les meilleurs européens pour amener le ballon dans le dernier tiers mais plus difficilement dans la surface.  

Les stats de Mbappé ces deux dernières saisons sont également très parlantes : alors que son nombre de ballons touchés dans le dernier du terrain est identique (39), il a en revanche touché deux ballons de moins par match dans la surface adverse en 2020-2021 par rapport à 2019-2020 (12.4 contre 10.5).

Le même constat est fait pour la progression du ballon via les conduites de balle : Paris est certes la 3e équipe d’Europe pour les conduites de balle arrivant dans le dernier tiers, mais « seulement » 12e pour celles entrant dans la surface adverse. En Ligue 1, Paris écrase la concurrence en matière de balles portées jusqu’au dernier tiers adverse (près de 7 passes d’écart avec le second), mais est talonné par Lyon pour celles entrant dans la surface adverse (11.8 contre 11.1).

Les classements individuels de ces catégories statistiques sont également révélateurs : alors que l’on trouve 5 parisiens aux 10 premières places pour les conduites vers le dernier tiers (Neymar est 1er de Ligue 1), ils ne sont que 2 pour celles entrant dans la surface adverse (Mbappé 1er de Ligue 1).

Là encore, les stats de Mbappé viennent parfaitement illustrer ces tendances. Que ce soit par la passe ou la conduite, Mbappé a augmenté ses actions vers le dernier tiers mais pas celles vers la surface adverse :

Le plus faible nombre de ballons touchés dans la surface de ces dernières saisons

Enfin, un dernier indicateur illustre bien cette difficulté parisienne à porter le danger jusqu’au but adverse : le nombre de ballons joués dans la surface.

La diminution par rapport aux saisons antérieures (les données ne sont pas disponibles sur fbref.com avant 2017), est nette avec 31.2 en 2020-2021 contre une moyenne à 34.1 les 3 exercices précédents.

Le changement de coach a pour partie dégradé cette moyenne puisque le niveau sous Tuchel (32.4) est supérieur à celle sous Pochettino (30.2).

Alors que le PSG archi-domine depuis 2017 cette catégorie statistique en Ligue 1 (un écart moyen de 7 par rapport au second de Ligue 1 ces trois dernières saisons), il est pour la première fois devancé par Lyon cette saison (31.4 contre 31.2).

La comparaison ci-dessus avec l’OL est d’ailleurs intéressante : Paris devance largement l’équipe de Garcia en termes de ballons joués dans le dernier tiers (222 à 186) et au milieu de terrain (425 à 345) mais les deux formations font jeu égal pour ceux joués dans la surface adverse.

L’écart de ballons joués dans la surface adverse avec les meilleures équipes européennes est en outre assez important :

Paris est ainsi la 2e équipe d’Europe au nombre de ballons joués au milieu de terrain (derrière City), 6e pour ceux joués dans le tiers offensif et donc 9e pour ceux touchés dans la surface adverse. Ces classements confirment les difficultés parisiennes à s’approcher totalement du but adverse alors que l'équpe a globalement le monopole du ballon dans les autres zones.

Le détail par match de Ligue 1 ci-dessous témoigne d’ailleurs du manque de régularité du PSG dans sa capacité à porter le danger jusqu’au but adverse.

Le graphique ci-dessus montre :

  • Un seul match à plus de 50 ballons joués dans la surface adverse (face à des Rémois démobilisés et à 10 à la 37e journée) contre 4 lors de chacune des 3 dernières saisons
  • Des victoires (en bleu) parfois obtenues avec une présence dans la surface adverse infime : 7 contre Rennes, 16 face à Nîmes, 18 face à Lens
  • Un écart néanmoins significatif dans le nombre de ballons touchés dans les 18 mètres adverses entre les victoires en bleu (32) et les défaites en rouge (26)
  • 8 matches de suite en début de saison et trois autres à la fin avec au moins 30 touches, mais entre les deux une irrégularité coupable

Ces difficultés (relatives) à amener le ballon dans la surface se traduisent logiquement par un nombre de tirs en baisse (15 contre 16.6 la saison précédente) et également par des positions de tirs moins profitable (xG/tir de 14.7 contre 15.6 en 2019-2020), comme vu dans l’article sur les attaques parisiennes.

Bien sûr, il ne s’agit pas de résumer le jeu parisien en 2020-2021 aux carences mises en avant dans cet article. Les stats parisiennes restent évidemment celles d’une des meilleures équipes du vieux continent. Néanmoins, les deux thématiques illustrées dans cet article, le manque de jeu long et les problèmes rencontrés pour entrer dans la surface adverse, constituent des axes de progression assez nets pour la prochaine saison.

Cet article a été écrit par le blog ParisStatsGermain.fr /  @ParisStats


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