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Le déchet technique, premier écueil à corriger pour le PSG ?

Publié le mercredi 3 février 2021 à 12:38 par Thibaut B. / ParisStatsGermain.fr
Plutôt que de chercher des excuses en égrenant la liste des joueurs absents, nous nous sommes intéressés aux statistiques de la rencontre perdue par le PSG dimanche à Lorient. Et nous avons trouvé une explication assez simple : un déchet technique inhabituellement haut semble la cause la plus objective des difficultés dans le jeu parisien. Explications.

La facilité pour expliquer la défaite à Lorient consiste à dire que le PSG a dû se passer de sa « colonne vertébrale » Navas-Marquinhos-Verratti.  C’est vrai qu’au niveau individuel, leurs remplaçants du jour, Rico-Kimpembe (ou Kehrer)-Danilo n’ont pas livré la prestation de l’année. Mais plutôt que de pointer du doigt les erreurs de Rico ou l’incroyable boulette entraînant le dernier but, nous nous sommes plongés dans les statistiques de la rencontre. Et elles mettent notamment en évidence un déchet technique assez inhabituel dans les rangs parisiens. Attention évidemment, on parle de déchet technique important par rapport à des standards très élevés auxquels nous avaient habitués les joueurs parisiens.

Pour évaluer ces imprécisions techniques, nous allons mobiliser plusieurs indicateurs que nous comparerons aux moyennes habituelles du PSG. Et tous confirment que les joueurs de Pochettino n’étaient pas dans leur assiette dimanche après-midi, ou que les Lorientais ont su leur faire commettre des erreurs dont ils sont peu coutumiers.

Seulement 3 tirs cadrés, dont les 2 pénaltys

Premier indicateur que l’on peut mettre en avant, le taux de tirs cadrés.

 

Au Moustoir, les hommes de Pochettino n’ont cadré que 3 des 14 frappes tentées. Et encore, deux de ces trois tirs sont les pénaltys de Neymar. Le troisième étant la tête à bout portant d’Icardi bien repoussée par Dreyer. Les onze autres tentatives ont été hors cadre (8) ou contrées (3). Danilo en a 2 à son actif, de même que Mbappé et Neymar 3.  Ce taux de 21 % de tirs cadrés est le plus faible de l’ère Pochettino et l’un des cinq plus faibles de la saison. Le « record » étant de 13 % (1/8) à Lille et à Lens, deux matches sans but inscrit.

Il n’y a pas que dans leurs tentatives face aux buts que les attaquants ont manqué de précision. Le taux de passes réussies, global de l’équipe, et des joueurs offensifs en particulier, est inférieur aux moyennes habituelles du PSG. Les Parisiens ont réussi 86 % de leurs passes face aux hommes de Pelissier. N’importe quel autre entraîneur que Pochettino se satisferait largement de ce taux (le PSG est la seule équipe de Ligue 1 au-dessus des 86 % en moyenne).

Mais quand on tourne généralement à plus de 89 %, cet écart de 3 % se ressent dans la fluidité du jeu parisien. Cela signifie 75 passes ratées lors de cette rencontre, et autant d’occasions de rendre la balle à l’adversaire et de ne pas pouvoir enchaîner un mouvement offensif pour contourner le bloc lorientais.

 

Le quatuor offensif a en particulier connu un déchet important : 15 passes ratées par Neymar, 11 pour Di Maria, 10 pour Mbappé, 5 pour Icardi. Aucun des 4 n’a un taux supérieur à 80 %.

Cela peut paraître exagéré de stigmatiser un taux de passes réussies aussi haut, surtout par rapport à la moyenne des équipes de Ligue 1 (Lorient finit le match à 79 % par exemple). Cependant, ce taux est le deuxième plus faible de la saison pour le PSG en championnat après le 84.8 % face à Rennes.

Beaucoup de ratés dans les centres et le jeu long

Parmi les passes ratées, deux types ont particulièrement retenu notre attention : les centres et les passes longues.

Concernant les centres tout d’abord, compte tenu de la concentration de joueurs lorientais dans l’axe du terrain, il n’était pas illogique d’utiliser cette arme. Le PSG a tenté 20 centres, son 2e plus haut total sous Pochettino après les 22 de son baptême du feu à Geoffroy Guichard. Cependant, seulement 3 de ses 20 centres ont trouvé preneur et cette option s’est révélée inefficace.

 

On signalera au passage que le jeu du PSG a penché plus que jamais à gauche puisque le site whoscored.com considère que 52 % des offensives parisiennes ont été déclenchées à gauche (record de la saison), contre 20 % à droite et 28 % dans l’axe.

Les joueurs parisiens n’ont guère connu plus de réussite dans le jeu long. Ce qui choque en la matière c’est à la fois le taux de réussite très bas (37 %) mais aussi le ridicule nombre de transversales réalisées (seulement 27). Le PSG est plus que jamais l’équipe de Ligue 1 qui tente et réussit le moins de passes longues alors même qu’il est, et de loin, l’équipe qui effectue le plus de passes.

Pour en revenir au match de dimanche, le PSG a souffert des absences conjuguées de Marquinhos, Verratti et Diallo, les principaux pourvoyeurs de jeu long cette saison. Face à Lorient, seul Paredes a tiré son épingle du jeu (3/4) alors que les défenseurs centraux ont été timides (2/4 à eux deux) et que Danilo n’a pas su se mettre dans le costume de Verratti (1/2), faute de gabarit adéquat. Quant à Florenzi, il avait laissé sa précision au vestiaire (1/6).

 

Contre Lorient, les Parisiens ont donc négligé cette arme du jeu long. Certes, face à un bloc bas, la recherche de la profondeur n’est pas aisée, mais ce n’était pas forcément plus le cas lors des rencontres précédentes et le PSG avait l’habitude d’être un peu plus adepte de cette arme, cf. graphique ci-dessus). Ne serait-ce que pour renverser le jeu et essayer de déstabiliser le bloc adverse, cela aurait sûrement eu le mérite d’être davantage essayé. 

20 % de mètres gagnés en moins par la passe

Toujours au rayon des passes, deux autres « stats avancées » illustrent bien les difficultés parisiennes avec le ballon dimanche. Le site fbref.com ne comptabilise que 36 passes réussies vers le dernier tiers du terrain. C’est 20 de moins que la moyenne des quatre premiers matches de Pochettino en Ligue 1. Et en outre c’est Neymar qui est le principal fournisseur de ce type de passes (10) alors que ce sont habituellement les milieux défensifs ou les défenseurs centraux que l’on retrouve dans ce rôle (21 pour Verratti face à Montpellier, 10 pour Herrera contre Brest…).

Autres datas avancées : la distance des passes et les mètres gagnés. Les passes parisiennes n’ont parcouru que 8 454 mètres dimanche, soit le second plus faible total de la saison après le match face à Rennes ; et ces passes n’ont fait progresser le ballon que de 2 680 mètres. L’écart par rapport aux premiers matches de Pochettino est là encore impressionnant : 3 309 mètres, soit une baisse de près de 20 %. Forcément, qui dit moins de passes réussies dit moins de mètres gagnés. Comme quoi les 3 % d’écart sur le taux de passes réussies vus en début d’article ont bien une incidence concrète en termes de progression du ballon et donc de moindre danger dans la surface adverse.

19 % de ballons perdus, record de la saison

Enfin, nous allons finir cet article comme nous l’avions commencé, c’est-à-dire avec les stats des attaquants, mais avec un autre indicateur traduisant bien les difficultés techniques rencontrées par les joueurs parisiens en Bretagne : les ballons perdus. Il s’agit, on le sait, du péché mignon des virtuoses parisiens, Neymar en tête. Mais ce déchet est souvent compensé par des exploits répétés générant du danger chez l’adversaire et parfois par des efforts dans le contre-pressing pour récupérer les ballons égarés.

Dimanche, les Parisiens dans leur globalité ont perdu 19 % des ballons qu’ils ont joué. C’est beaucoup ? Oui. C’est même le plus haut ratio de la saison.

 

Lors des quatre premiers matches du coach argentin, les Parisiens étaient restés dans leurs standards du début de saison avec environ 14 % de ballons perdus. Ils avaient atteint 17 % à trois reprises : face à Marseille, Bordeaux et Monaco, trois matches sans victoire. Il serait d’ailleurs intéressant de vérifier sur une plus longue période cette corrélation entre le taux de ballons perdus et le résultat de l’équipe.

 

Les quatre joueurs offensifs présentent des taux de ballons perdus assez « indécents » : de 24 % pour Icardi à 44 % pour Di Maria. Neymar a perdu pas moins de 35 ballons (soit 30 % des ballons qu’il a joués). Ils sont tous au-dessus de leur moyenne de la saison en Ligue 1 jusque-là (Di Maria Mbappé et Neymar sont tous les trois à 29 %, Icardi à 20 %).

Cela ne fait que confirmer une impression visuelle faite de passes ratées, de dribbles inutiles et donc de cartouches rendues à l’adversaire pour contrer (cf. le dernier but encaissé…). Et ce sentiment que moins le score est favorable à l’équipe, plus les joueurs offensifs tendent à vouloir la jouer en solo pour faire la différence par leur talent seul. Parfois ça passe (le plus souvent), mais parfois cela donne la bouillie de football de dimanche à Lorient.

Le nombre de dribbles réussis (9/23) au Moustoir ne fait que confirmer ce phénomène qui veut que le PSG cherche encore par la solution individuelle à résoudre les problèmes que lui posent les blocs adverses. Et ce d’autant plus que le score ne lui est pas favorable.

Comment expliquer ce déchet technique ?

Malheureusement, quand, parfois, la technique ne suit pas, que ce soit les passes, les dribbles ou les tirs, le PSG ne dispose pas encore d’un jeu collectif suffisamment rodé sur lequel s’appuyer qui lui permettrait d’être à l’abri de ce type d’accidents.

Au final, comment expliquer cet important déchet technique des Parisiens, notamment des joueurs offensifs, face à Lorient ? Faut-il privilégier la piste du mauvais jour, de l’accident, comme l’a fait Pochettino en conférence de presse ou faut-il y voir le signe d’un malaise plus profond ? Sûrement un peu des deux : les Parisiens n’étaient peut-être pas dans un grand jour mais, face à la difficulté et ce premier but encaissé, ils ont un peu perdu leurs moyens. Ce n’est pas la première fois que l’on constate que quand les événements sont contraires, le mental ne suit pas toujours et que le niveau de jeu, individuel et collectif, s’affaiblit encore davantage. Surtout quand les leaders techniques et vocaux ne sont pas là : on en reviendrait alors aux absences de Verratti, Marquinhos & co ?

En tous les cas, puisque les absents face à Nîmes seront globalement les mêmes qu’à Lorient, espérons que les Parisiens, faute de jeu collectif parfaitement léché, pourront au moins s’appuyer sur une technique retrouvée pour passer l’obstacle gardois et ne pas laisser Lyon et Lille s’envoler au classement.


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