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Mbappé, Cavani, leurs saisons d'avant-centre comparées (2e partie)

Publié le jeudi 1 août 2019 à 20:43 par Thibaut B. / ParisStatsGermain.fr
Nous continuons notre analyse de la saison 2018-2019 du duo d’attaquants du PSG via les stats. Après avoir mis en évidence dans une première partie les domaines (tirs et buts principalement) où Mbappé affichait des taux d’évolution incroyables par rapport aux années précédentes, nous allons voir dans ce second volet qu’il existe des secteurs où sa progression a été moins tangible.

La première partie est à lire ici.

Passes décisives, passes clés : Mbappé domine Cavani mais ne progresse pas

Alors oui, le « génie français » affiche des stats de passes clés et de passes décisives intéressantes, et supérieures à celles du Matador. Mais l’écart avec son compère de l’attaque n’est pas aussi important qu’il y paraît au premier abord, et, en outre, la progression par rapport aux saisons antérieures est limitée.  

En terme de données brutes, Mbappé distribue beaucoup plus de passes clés que Cavani, c’est indiscutable : 1.6 contre 0.6 en Ligue 1, et 2 contre 0.4 en Ligue des Champions.

Mais, l’indicateur des « expected assist/passe clé » nous permet d’apprécier la qualité des passes clés. Et avec un ratio de 0.11 contre 0.24 à Cavani (qui le situe au 2ème rang du PSG), Mbappé présente un des plus mauvais ratios de l’équipe (15ème). Cela signifie que les passes qu’il réalise et qui aboutissent à un tir d’un partenaire n’ont que peu de chances de provoquer un but. A l’inverse, quand Cavani met un coéquipier en position de tir, celui-ci a plus de chances d’inscrire un but (source : cotestats.fr). En résumé : plus de passes clés pour Mbappé, mais des passes clés de moins bonne qualité.

En outre, compte tenu du talent du garçon on est « en droit » d’attendre plus de passes clés. En effet, comparé aux autres joueurs de l’effectif parisien, et ramené à 90 minutes, il ne se situe qu’au 4ème rang, entre Alves et Draxler. Il devance à peine Diaby ou encore Dagba. Il doit pouvoir faire mieux en terme de contribution au jeu collectif et de capacité à mettre ses partenaires en position de tir, étant donné sa capacité à faire des différences balle au pied.

Il s’agit en outre de sa plus mauvaise moyenne des 3 dernières saisons, signe qu’il a bel et bien une marge de progression importante dans ce domaine.

Cavani, quant à lui, n’a réalisé que 0.6 passe clé par match (0.7 pour 90 minutes). C’est moins que sa moyenne en carrière à Paris (0.8) et moitié moins que la saison précédente (1.2). Il n’est que le 14ème joueur de l’effectif parisien dans cette catégorie statistique. On recense pas moins de 12 matches sur ses 21 de Ligue 1 sans la moindre trace de passe clé…

Cette diminution des passes clés des deux principaux attaquants de l’équipe interroge d’ailleurs sur le nombre de frappes de l’équipe (en diminution cette saison) et sur la frilosité de leurs coéquipiers à tenter leur chance.

En terme de passes décisives (source : Whoscored), les deux attaquants font jeu égal. Mbappé en a distribué deux de plus en Ligue 1 (7 à 5) mais ramené à la moyenne par match, le ratio est identique (0.2)

Là encore, on pourrait s’attendre à plus de la part du prodige de Bondy. Certes, si l’on ajoute ses 5 passes décisives de Ligue des Champions, son bilan est supérieur à celui des saisons passées, mais la progression est faible comparativement à d’autres catégories statistiques.

Neymar est le destinataire de la moitié de ses 12 assists et ils ne sont en tout que 3 joueurs à avoir reçu une offrande de Mbappé : Neymar donc (6), Cavani (3 fois) et le surprenant Bernat (3 fois dont deux en Champions League).

Autre particularité pas si anecdotique : en Ligue 1, à 5 reprises sur les 7 matches où il fait une passe décisive, il a aussi marqué. Et à chaque fois, il a d’abord marqué avant de réaliser la passe décisive plus tard dans le match… De là à imaginer qu’il ne devient altruiste une fois seulement qu’il a atteint son objectif de buteur, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas !

Cavani, de son côté, a produit des stats conformes à sa moyenne en carrière : 5 passes décisives en Ligue 1, 1 en Ligue des Champions.

Le destinataire quasi unique de ses passes décisives se nomme…Kylian Mbappé (5 sur 6), comme un symbole de l’efficacité du duo d’attaque (on y reviendra).

Ballons joués, passes : Cavani et Mbappé, les « cancres » du PSG

Le nombre de ballons joués est bien supérieur chez Mbappé (49 pour 90 minutes de jeu contre 31 pour Cavani), mais les deux attaquants du PSG font partie des trois joueurs les moins « participatifs » au jeu de l’équipe. Les écarts avec les autres joueurs (115 pour Verratti) est même saisissant et donne un bon aperçu du style de jeu du PSG qui aime prendre son temps pour construire ses attaques et ne cherche pas prioritairement ses attaquants.

Malgré un positionnement souvent plus axial, la moyenne de l’ancien Monégasque est stable par rapport à la saison précédente. Le fait de peu toucher le ballon n’altère d’ailleurs pas forcément son efficacité puisque lors du match où il a eu le moins souvent la balle (à Caen, 29 ballons joués), il a quand même marqué deux fois.

Les stats de Cavani sont encore plus basses : 31 ballons toutes les 90 minutes en moyenne, plus basse moyenne de l’équipe. Son record de la saison culmine à 39 ! On recense pas moins de 7 matches disputés en intégralité avec moins de 30 ballons joués. Mais l’ancien Napolitain est un expert pour faire beaucoup avec peu comme en témoigne son match à Monaco (en novembre 2018) où il marque 3 fois (en 3 tirs) avec seulement 23 ballons touchés !

L’indicateur du nombre de passes par match confirme celui des ballons joués : Mbappé a globalement le même volume de jeu que lors de la saison précédente et les deux attaquants affichent les stats les plus basses de l’équipe.

Mbappé affiche une réussite aux passes plus faible (79 % vs 83 %) qu’en 2017-2018, et l’une des plus basses de l’équipe mais c’est Cavani qui a le plus bas taux de passes réussies de l’équipe (76.3 %).

Le volume de passes de Cavani est quand même extrêmement faible : l’Uruguayen ne réussit en moyenne que 13 passes par match en Ligue 1 (8 en Ligue des Champions). Sa moyenne est stable par rapport à la saison précédente. Il a dépassé une seule fois dans sa carrière les 20 passes réussies en moyenne par match (en 2015-2016).

Il a fini l’année en beauté avec son record de la saison contre Reims : 24 passes réussies avec une passe décisive à la clé (pour Mbappé). C’est le seul match de l’année où il a franchi le cap des 20 passes réussies lors d’une rencontre de Ligue 1 alors que c’est arrivé 16 fois (sur 24 matches) à Mbappé.

Dribbles : Mbappé domine Cavani mais stagne

La comparaison entre les deux avants-centres du PSG est sans ambiguïté et ne surprendra personne : Mbappé est un meilleur dribbleur que Cavani. Pour autant, le jeune francilien affiche plutôt des stats en baisse dans ce domaine, et les performances de l’ancien Napolitain méritent que l’on s’y attarde un peu.

Mbappé a réussi en moyenne 2.2 dribbles par match en Ligue 1 cette saison. Il est deuxième de l’équipe dans cet exercice derrière Neymar (4.4/match). Il est néanmoins en recul par rapport à 2017-2018 où il avait réussi 2.9 dribbles par rencontre. Le graphique ci-dessous nous montre également qu’il a tenté moins de dribbles (4 contre 5.1). Sa position plus axiale, plus dense et parfois dos au but, a forcément réduit ses possibilités de dribbles.

On notera également qu’avec 55 % de réussite, il affiche un des taux les plus bas de l’effectif (Neymar est à 60 %, Choupo à 69 %). Son match référence en la matière est sa démonstration contre Dijon : 7 dribbles réussis (dont 3 dans la surface adverse) sur 9, dans un match où il joue pourtant en pointe.

Les supporters parisiens retiendront également qu’à 6 reprises en Ligue 1, et, surtout, une fois en Ligue des Champions (le match retour contre Manchester United), il n’a pas réussi un seul dribble (on aurait pourtant tant aimé qu’il le gagne ce fichu face-à-face contre le gardien mancunien à la 84ème…). Ça ne lui était jamais arrivé en 2017-2018 de finir un match sans dribble réussi (en Ligue 1).  

Cavani, a contrario, a égalé avec 0.6 dribble réussi/match sa meilleure moyenne de sa carrière parisienne. Il reste loin cependant des stats « Mbappéennes » ou même de sa meilleure saison italienne (1.1)

Le graphique ci-dessus revient sur ses stats aux dribbles en carrière. Et ce n’est donc pas complètement une légende : Cavani tente et réussit (un peu) plus de dribbles avec sa sélection uruguayenne que sous les couleurs parisiennes.

Cependant, les proportions ne sont pas extraordinaires : 0.8 dribble réussi par match avec la Celeste contre 0.5 avec le PSG. On reste marqué par sa dernière Coupe du Monde et son impeccable 7/7 aux dribbles (en 4 matches). C’est d’autant plus remarquable qu’il avait fait 4/4 (en 4 rencontres aussi) lors de la World Cup précédente. Il n’a donc pas raté un dribble (en 11 tentatives) en 2 participations et 11 matches de coupe du monde ! Mbappé est peut-être champion du monde mais ce record, il ne pourra pas lui chiper !

Il dribblait plus également en Italie qu’à Paris, mais avec pas mal de déchets (0.7/1.5, soit 46 %).

Deux fois plus d’interventions défensives pour Cavani

Tous types d’interventions confondues, Cavani réalise 2 gestes défensifs par match contre 0.7 pour Mbappé en moyenne.

C’est sur les tacles (1 vs 0.4) et surtout les dégagements (0.7 vs 0.1) que Cavani fait la différence : il faut y voir certes un plus gros investissement défensif de l’Uruguayen, plus prompt aux efforts défensifs, mais également un positionnement sur les corners défensifs qui lui permet de réaliser ces dégagements.

Ce nombre de tacles est cohérent avec ses statistiques en carrière (1.5/match, toutes compétitions confondues). A noter qu’avec un taux de réussite de 52 % dans cet exercice (11/21), il est dans les plus bas niveaux de l’équipe (seuls Neymar et Di Maria font moins bien).

Ces chiffres de tacles n’ont cependant rien d’extraordinaire, en tous les cas en Ligue 1 : on recense sur la saison 2018-2019 pas moins de 29 avants-centres réalisant au moins un tacle en moyenne par match ! C’est plutôt la discrétion de Mbappé dans ce secteur qui est atypique…

Avec 0.7 dégagements par match, Cavani égale sa plus haute moyenne parisienne (saison 2017-2018). Il a cependant produit des saisons à près de 2 à Naples.

Mbappé, quant à lui, a diminué son nombre de tacles mais avec un meilleur taux de réussite : 62 % contre 46 %. Avec 62 %, il est au même niveau qu’Alves ou Verratti (avec un volume 10 fois moindre que l’Italien cependant…)

On ne recense que 7 matches avec au moins un tacle réussi (22 sans tacle réussi). Le duel défensif, ce n’est clairement pas son truc, et il aurait beaucoup à apprendre de son compère de l’attaque dans ce domaine.

Discipline : Mbappé dans le collimateur des arbitres

Mbappé provoque et dribble plus que Cavani : il n’est donc pas illogique qu’il subisse près de deux fois plus de fautes que Cavani (1.5/match contre 0.8).

En revanche, plus surprenant, malgré une activité défensive moindre, et, pour être honnête, parfois proche du néant, l’attaquant français commet plus de fautes que le Sud-Américain (0.7 contre 0.5).

Mbappé a même réussi à commettre plus de fautes (19) qu’il n’a tenté de tacles (13) sur l’ensemble de la saison !

Cela a été un des rares points noirs de sa saison : la discipline. Il a récolté 5 cartons jaunes et 1 rouge en 29 matches de Ligue 1, générant plusieurs matches de suspension. Avec 5 cartons jaunes et 1 rouge en seulement 19 fautes commises, il affiche il est vrai un ratio de « cartonite » défiant toute concurrence. Il a d’ailleurs reçu chacun de ses cartons jaunes à l’occasion de sa seule faute du match (ou souvent pour contestation plus que pour des fautes). Il n’a jamais fait plus de 2 fautes au cours d’un même match !

Ce total de 19 fautes commises sur l’ensemble de la saison correspond à celui de ses deux saisons précédentes cumulées, signe de sa nervosité cette année et de sa nouvelle réputation auprès des arbitres.

Il est donc 4ème du PSG au nombre de cartons jaunes reçus (1er Verratti avec 7) alors qu’il n’est que 14ème au nombre de fautes commises.

Il n’a de son côté pas été plus pris pour cible par les adversaires que lors de la saison 2017-2018 puisque sa moyenne par match de fautes subies est quasi identique (1.5 contre 1.4). C’est contre Marseille que ses chevilles ont été le plus martyrisées par les défenseurs adverses (5 fautes subies).

Au final, il n’est que le 4ème joueur le plus sanctionné de l’équipe, loin derrière Neymar (3.4), mais, plus surprenant, également derrière Kimpembe (1.7) !

Cavani, lui, n’a commis que 11 fautes en 21 matches de championnat (0.5/match). C’est sa plus basse moyenne depuis son arrivée en Europe. Il a quand même pris un jaune contre Nice sur son unique faute du match.

Avec 0.8 faute subies par rencontre, il est dans sa moyenne de ses années françaises. Il provoquait un peu plus de coups de sifflets en Italie (1.2 en moyenne).

Du mieux sur les buts, de la stabilité sur le reste

Nous avons vu dans cette seconde partie que, au-delà des chiffres incroyables produits par Mbappé en termes de buts, sa saison, sur les autres indicateurs statistiques, marque plutôt une stabilité (passes décisives, volume de jeu), voire une diminution (dribbles réussis, passes clés, cartons jaunes, tacles). Avec une question en suspens : son obsession du but a-t-elle eu un impact sur les autres aspects de son jeu ?

Nous nous attarderons dans un troisième et dernier volet sur l’association Cavani-Mbappé et son impact sur les résultats de l’équipe. En attendant cette dernière partie qui sera publiée demain, voici nos autres études statistiques des derniers mois :


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