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PSG/OL (0-1), retour sur une déroute

Publié le mardi 15 décembre 2020 à 9:20 par Thibaut B. / ParisStatsGermain.fr
On pourrait bien sûr trouver 1 000 raisons à la défaite parisienne de dimanche soir face à Lyon (0-1), tant la copie rendue par les hommes de Tuchel fut indigente. A l’aide des statistiques de la rencontre, nous en avons retenu trois qui nous semblent prépondérantes pour expliquer la déroute.

Les Lyonnais n’ont pas disputé une partie exceptionnelle au Parc des Princes mais ils ont eu le mérite de profiter d’une erreur adverse pour inscrire le seul but d’une rencontre très pauvre en occasions (1.14 expected goals en cumulé pour les deux équipes). Ils ont surtout parfaitement su appuyer là où ça fait mal côté parisien, et à l’inverse, parfaitement résister aux points forts parisiens.

En d’autres termes, ils ont :

  • mis la pression sur les sorties de balle de la défense parisienne, avec un pressing efficace de leurs joueurs offensifs
  • perforé le milieu de terrain avec une facilité déconcertante, à l’aide de leurs propres milieux habiles techniquement
  • ont su contenir les maigres attaques parisiennes en annihilant les initiatives individuelles et en remportant les duels dans leur propre surface

Trois phénomènes qu'il est facile à mettre en évidence avec les données issues des sites whoscored et fbref.

Les dribbles lyonnais ont perforé le milieu parisien

En moyenne, depuis le début de saison, les adversaires du PSG en Ligue 1 réussissent 10 dribbles par rencontre. Les Gones dimanche soir en ont réussi le double (20). Et avec un excellent taux de réussite (80 %).

Les milieux de terrain, Aouar et Paqueta en tête (8 dribbles réussis sur 10 à eux deux), sont les auteurs de près de la moitié des dribbles lyonnais.

Ce n’est pas à proprement parler une surprise puisque Lyon est l’équipe de Ligue 1 qui réussit et tente le plus de dribbles. Mais Garcia avait probablement ciblé cette arme puisque ses joueurs ont utilisé le dribble dans des proportions encore plus importantes que d’habitude.

Ce qui est plus surprenant sachant cette propension adverse à privilégier l’option individuelle, c’est le profil des milieux parisiens retenus par Tuchel pour contrer les « artistes lyonnais ». Le milieu Verratti-Paredes-Di Maria, surtout les deux derniers nommés, ne paraît pas, a priori, le plus adapté, pour contrer les arabesques d’Aouar et Paqueta. 

Et ce qui devait arriver arriva : le milieu parisien a été régulièrement transpercé par son homologue lyonnais.   

Sur les 20 dribbles réussis par les Lyonnais, 12 l’ont été face à des milieux de terrain, dont 11 face au trio aligné au coup d’envoi.

Ce trio, titularisé pour la première fois, est séduisant sur le papier, et sûrement pertinent face à des équipes moins habiles balle au pied. Mais face à des manieurs de ballon de la trempe des Lyonnais et avec un Di Maria qui n’a plus joué en relayeur depuis plusieurs années (hormis les 45 minutes de promenade face au Basaksehir Istanbul mercredi), il est trop friable défensivement. A eux trois, ils ont réussi 3 tacles sur 14 ! L’Argentin n’a, en outre, récupéré aucun ballon lors des 65 minutes passées sur le pré.

La performance d’Aouar a bien sûr marqué les esprits : outre ses 5 dribbles réussis, il a gagné 7 des 10 duels disputés, et gagné 198 mètres balle au pied (plus haut total des Lyonnais).

Les défenseurs parisiens n’ont pas su s’extraire du pressing adverse

Outre, cette domination technique au milieu de terrain, les Lyonnais ont su contrecarrer les plans parisiens en imposant un pressing efficace sur les premiers relanceurs, à savoir les défenseurs. Malgré la défense à trois (Diallo-Danilo-Kimpembe) mise en place par Tuchel, les Parisiens furent incapables de déjouer ce pressing et donnèrent longtemps l’impression de chercher des circuits de relance. Faute de solution simple, la relation avec Verratti et Paredes étant souvent coupés par les milieux, les défenseurs centraux ont passé une grande partie de leur temps à se faire des passes entre eux ou à donner en retrait à leur gardien.

Les deux joueurs avec le plus de passes sont ainsi logiquement Kimpembe avec 96, devant Danilo avec 83. Verratti est troisième avec 53 mais si on additionne les passes de Diallo et Kehrer (qui l’a remplacé à la 29ème), on obtient un total supérieur à celui de l’Italien (67). L’écart entre les défenseurs centraux et leurs coéquipiers est même très impressionnant.

Et, sans surprise, le principal destinataire des passes de Kimpembe est Danilo (23 fois) et vice-versa (24 fois).

Il faut dire que les défenseurs parisiens ont dû faire face à un pressing pour le moins agressif des attaquants et milieux lyonnais. A eux cinq, Depay, Kadewere, Ekambi, Aouar et Paqueta ont déclenché les deux tiers des actions de pressing des Lyonnais (104 sur 156). Si le succès ne fut pas souvent au rendez-vous (seulement 22 % de réussite), il a suffi d’une fois pour provoquer la perte de balle entre Kimpembe et Paredes pour l’unique but du match.

Paqueta, à lui seul, est l’auteur de 36 actions de pressing. A titre de comparaison, c’est autant que Mbappé en cumulé depuis le début de saison en Ligue 1 (soit 606 minutes avant le match de dimanche).

Pour contrer ce pressing, les défenseurs centraux parisiens auraient pu, auraient dû, s’appuyer sur leurs joueurs de côté pour trouver des zones où la densité adverse était plus faible ou carrément sauter le milieu de terrain pour rechercher leurs attaquants. Au lieu de ça, ils ont soit redoublé de passes entre eux, soit recherché systématiquement Verratti ou Paredes, soit porté le ballon. Les deux dernières options auraient pu s’avérer rentables mais le duo italo-argentin était dans un jour sans et les conduites de balle de Danilo n’ont guère porté leurs fruits.

Quant au jeu long, il fut, comme souvent, pour le moins ignoré. Les hommes de Tuchel ont tenté 31 passes longues dimanche soir. Cela représente 5 % des passes totales. Le jeu long lyonnais représente de son côté 18 % des passes tentées (58 sur 331).

Face à Lyon, les quatre défenseurs centraux n’ont réussi que 5 passes longues sur 12 tentées (dont 3 sur 8 pour le seul Danilo), alors que cette arme, avec plus de volume et plus de précision semblait la plus pertinente pour déjouer le pressing adverse. 

L’absence de Marquinhos, en plus de la sortie prématurée de Diallo, fut certes très préjudiciable. Le Brésilien est en effet, avec Verratti, le joueur parisien qui réussit le plus de passes longues par rencontre (3.7), devant Diallo (2.9).

Mais, globalement, le jeu long est absent de l’arsenal parisien, et ce depuis plusieurs saisons. Cette année, le PSG partage même avec Nantes le bonnet d’âne de la Ligue 1 en termes de passes longues réussies.

Ne pas s’appuyer sur les changements d’aile ne porte pas à conséquence lors de la plupart des rencontres disputées par le PSG en championnat. Mais quand le niveau adverse s’élève, cette arme est indispensable pour casser le pressing et toucher plus rapidement les attaquants ou les joueurs de couloir. Faute d’avoir des habitudes de jeu rodées, cette option n’est pas utilisée, ou inefficacement, quand le besoin se fait sentir…

Des leaders offensifs pour une fois inoffensifs

Malgré un milieu défaillant pour contrer les assauts adverses et une défense centrale peu habile pour relancer correctement, le PSG aurait malgré tout pu s’en sortir face à Lyon si l’attaque avait répondu présente. En effet, après tout, les Gones ne se sont quasiment pas créés d’occasions et, comme souvent, le talent offensif parisien aurait pu permettre à l’équipe de la capitale de se sortir de ce mauvais pas.

Pour une fois, il n’en fut rien. Les statistiques des quatre « offensifs » parisiens en disent long sur l’impuissance du PSG.

On constatera tout d’abord que les deux attaquants du soir dans le 3-5-2 de Thomas Tuchel, c’est-à-dire Neymar et Kean, n’ont pas frappé une seule fois au but ! Pour le Brésilien, qui tournait jusque-là à 5 tirs par match, les matches sans frappe au but en Ligue 1 se comptent sur les doigts de la main depuis son arrivée à Paris : une première fois quelques semaines après son arrivée face à St Etienne (victoire 3-0 en août 2017), à deux reprises lors de la saison 2018-2019 (face à Monaco et à Montpellier pour sa reprise en fin de saison après sa blessure), et face à Lille la saison passée (novembre 2019) également pour un match de reprise post-blessure.

Au total, le PSG n’a délivré que sept tirs, son plus faible total de la saison. Il faut remonter au 1er septembre 2018 et une victoire à Nîmes pour trouver trace d’une telle contre-performance. Sauf que ce jour-là, les 7 tirs générèrent 4 buts ! Dimanche, les Parisiens n’ont cadré au contraire qu’une seule frappe (par Florenzi). C’est déjà la deuxième fois cette saison, après la bouillie proposée en tout début d’exercice à Lens (1 tir cadré sur 8 tentatives). D’ailleurs les expected goals face à Lyon (0.31) sont très proches de ceux, déjà pathétiquement historiques, de Bollaert (0.34).  

En moyenne en 2020-21, le PSG tourne pourtant à 6.2 tirs cadrés par rencontre et aucune équipe ne fait mieux.

Neymar n’est pas le seul responsable du fiasco offensif. Di Maria, repositionné en relayeur, a éprouvé toutes les peines du monde à créer le danger dans le camp adverse. Ce match face à Lyon marque surtout la fin d’une incroyable série pour El Fideo : après 25 matches consécutifs de championnat avec au moins une passe clé (c’est-à-dire une passe débouchant sur un tir d’un partenaire), l’Argentin n’en a réussi aucune face aux Lyonnais. Il faut en effet remonter à l’automne 2019 pour trouver trace d’un match de Ligue 1 sans key pass pour Di Maria. Pas sûr qu’on le revoit jouer relayeur du coup…

L’ancien Madrilène aura au moins eu le mérite de tirer une fois au but, ce qui n’est pas le cas de Moise Kean. L’Italien, en 72 minutes, n’aura touché que 14 ballons, dont 2 dans la surface adverse. C’est dire les difficultés des coéquipiers de Verratti à amener le ballon dans les zones dangereuses.

Enfin, Mbappé, entré en jeu pour la dernière demi-heure, se sera surtout fait remarquer par ses tentatives de dribble avortées : 1 seul réussi sur 6 , alors qu’il tourne, en Ligue à 3.3 dribbles réussis par match (sur 5.8 tentés).

Cette pauvreté des stats offensives parisiennes est également à mettre au crédit des défenseurs lyonnais, en particulier de sa charnière centrale, particulièrement efficace dimanche soir. On ne citera pas tous les indicateurs permettant de mettre en évidence leur performance mais un chiffre la résume à lui seul : 100 %. Denayer et Marcelo ont en effet remporté les 7 duels qu’ils ont eus à disputer. Cornet de son côté en a gagné 7 sur 10 et Dubois 3 sur 5. On ne l’aurait pas cru avant le match, mais les défenseurs lyonnais ont littéralement mangé les attaquants parisiens !

Une déroute à tous les niveaux

Un milieu régulièrement transpercé par les techniciens adverses, une défense incapable de trouver des circuits de relance fiables face au pressing adverse et une attaque qui, pour une fois, ne trouve pas la solution individuelle : aucun secteur de jeu n’a su se mettre au niveau de l’enjeu. Bien sûr, les absences des uns (Marquinhos derrière) et des autres (Mbappé devant) expliquent en partie les défaillances constatées. Mais les choix faits au milieu de terrain (le manque criant de répondant défensif et de complémentarité du milieu Paredes-Verratti-Di Maria) et l’absence de réaction (pas ou peu de changement tactique) interrogent aussi sur les options retenues par Thomas Tuchel.


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