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Rafinha, son profil vu par les stats

Publié le lundi 12 octobre 2020 à 12:34 par Thibaut B. / ParisStatsGermain.fr
Quel genre de joueur est Rafael Alcantara do Nascimento, plus connu sous le nom de Rafinha ? A l’aide des statistiques, nous avons cherché à en savoir plus sur le profil de la recrue arrivée en provenance du FC Barcelone dans les toutes dernières heures du mercato. Analyse en chiffres et en graphiques de celui qui pourrait bien constituer le chaînon manquant du jeu parisien.

Comme pour l’analyse de Danilo Pereira, autre recrue du mercato du PSG, nous décrirons tout d’abord ce qu’il peut apporter à l’effectif parisien, puis les limites que les données statistiques font apparaître dans son jeu. Les données sont issues des sites Whoscored.com, Understat.com, Transfertmarkt.com et Fbref.com.

Une vraie polyvalence

A quel poste joue réellement Rafinha ? Une partie des supporters parisiens s'est forcément posée cette question lundi 5 octobre au soir au moment, où le mercato fermait ses portes et où Leonardo faisait venir de Catalogne le jeune frère (27 ans) de Thiago Alcantara. A l’aide du site Transfertmakt.fr, nous avons cherché à répondre à cette interrogation en reprenant les schémas tactiques des équipes où a évolué le néo-Parisien. Le tableau ci-dessous décrit, pour les 103 matches débutés par Rafinha en championnat depuis ses premiers pas en première division (c’est-à-dire en 2013), les schémas tactiques et le positionnement du Brésilien.

Alors que peut-on conclure de ce tableau ?

Tout d’abord que son poste de prédilection semble être la position de numéro 10 : il l’a occupée à 38 reprises depuis ses débuts en Europe : 8 fois la saison passée avec Vigo, 12 à l’Inter en 2017-2018 derrière Icardi et 18 lors de son premier passage à Vigo en 2013-2014. Plutôt de l’histoire ancienne donc.

Car le poste qu’il a le plus occupé la saison écoulée est celui de milieu relayeur droit d’un 4-3-3 : 11 fois lors de ses 25 titularisations avec Oscar Garcia comme coach à Vigo. Il avait aussi beaucoup occupé ce poste (21 fois) entre 2014 et 2017 avec Barcelone (sous Luis Enrique), bien entouré qu’il était au milieu de Busquets, Iniesta, Xavi, Rakitic et autres Mascherano.

Dans ce système en 4-3-3 qui est le schéma qu’il a le plus pratiqué (48 matches), il peut aussi jouer un cran plus haut : il a évolué à 14 reprises ces dernières saisons comme ailier (le plus souvent à droite), que ce soit lors de ses débuts avec Vigo ou avec Barcelone. C’est là que Valverde l’utilisait avant qu’il ne se reblesse fin 2018 ou avant de partir en prêt au Celta la saison dernière.

Il n’a en revanche pratiqué qu’à sept reprises (dont six fois l’an passé) en 103 matches le 4-4-2 « fétiche » de Tuchel, le plus souvent comme milieu droit.

Alors, quelle place va-t-il trouver dans les compositions d’équipe du coach allemand au PSG ? Le staff n’aura en tous les cas que l’embarras du choix car, à la manière d’un Draxler, voire d’un Sarabia, il semble pouvoir jouer dans plusieurs rôles très différents, aussi bien ailier d’un 4-3-3 que « numéro 6 » d’un double pivot.

Du liant entre le milieu et l’attaque

Le coach allemand semble donc disposer là d’un couteau suisse capable de s’adapter à différents systèmes et de jouer dans différents rôles, plus ou moins offensifs.

Dans le 4-4-2 actuel du PSG, il pourrait constituer une doublure « de luxe » pour Neymar et Di Maria ou, dans une version plus offensive, le complément d’un joueur au profil plus défensif (comme Danilo ou Gueye) pour composer le double pivot.

Dans le 4-3-3, certainement plus adapté aux gros matches, il semble taillé pour le costume de relayeur droit, avec Danilo en sentinelle et Verratti en relayeur gauche par exemple. L’entente technique avec Di Maria est très prometteuse et ils offriraient alors un circuit sur le côté droit pour les sorties de balle qui se déroulent quasi exclusivement à gauche aujourd’hui. Ce flanc droit constituerait ainsi enfin un réel danger (surtout avec les débuts prometteurs de Florenzi sur le plan offensif) et permettrait d’équilibrer l’attaque parisienne et de la rendre encore plus imprévisible. En revanche, ce schéma en 4-3-3 nécessite de sacrifier Icardi, la recrue la plus coûteuse du mercato estival.

Un indicateur, fourni par le site fbref.com, vient confirmer qu’il peut être le chaînon manquant du jeu parisien par le liant qu’il peut créer entre le milieu et l’attaque (autre que l’axe Verratti-Neymar) : 30 % des ballons qu’il touche le sont dans le dernier tiers du terrain. Seul Draxler, avec qui la comparaison est un peu faussée puisque l’Allemand a joué une partie de ses minutes en position d’attaquant, fait mieux parmi les milieux de la saison passée du PSG :

Ce taux de 30 % correspond à sa saison 2019-2020 en Galice. A l’Inter en 2017-2018, où il jouait numéro 10 dans le 4-2-3-1 de Spalletti, ce taux monte logiquement à 39 %.

Sa finesse technique et sa capacité d’élimination

Quelques minutes de visionnage de vidéos Youtube suffisent à comprendre que le ballon est son ami. Et tout particulièrement l’ami de son pied gauche. Quelques stats viennent sans mal confirmer cette impression visuelle : son taux de réussite aux passes n’est jamais descendu en carrière sous les 83 % en championnat et il tournait l’an passé à 87.1 % avec Vigo.

Ces taux de passes sont bien sûr inférieurs à ceux des milieux parisiens qui tournent autour de 93 %, mais restent au-dessus des attaquants comme Neymar (81 %) ou Di Maria (79 %). Pas de souci à se faire sur l’adaptation technique, on sait déjà dans quel groupe il figurera pour les fameux « toros » des entraînements.

S’il joue relayeur et conserve sa spontanéité, il va aussi apporter une prise de risques qui fait parfois défaut aujourd’hui alors que le milieu de terrain sert principalement à transmettre le ballon aux joueurs offensifs.

Son nombre de dribbles (3.6/90 minutes) traduit bien sa capacité à créer le danger et constituera une vraie différence par rapport aux milieux actuels, même Draxler :

Il n’a certes pas la moyenne de dribbles de Neymar ou même Di Maria, mais paraît constituer un bon compromis entre le jeu ultra prudent des milieux actuels et la prise de risque parfois maximale des attaquants. Son taux de réussite dans l’exercice est en outre très bon (70 %).

Positionné en meneur de jeu à l’Inter il dribblait même encore davantage (4.6/90 minutes), sans perdre en efficacité (76 %). Sa capacité d’élimination et à créer le danger se voient également dans son nombre de fautes subies : 4.2 par 90 minutes l’an passé, soit la même moyenne que Neymar himself !

L’écart avec les milieux actuels du PSG est très important et confirme qu’il n’est pas un joueur neutre et cherche à faire progresser le ballon.

Bref, on l’aura compris, c’est un joueur qui aime provoquer et qui sait déstabiliser l’adversaire balle au pied. L’adaptation au jeu parisien, qui fait de la conservation du ballon une priorité, sera intéressante et certainement un challenge pour lui. Sa formation à la Masia devrait néanmoins être un atout sur ce point.

Son abattage défensif

Le plus surprenant c’est que ce style fougueux et offensif ne se fait pas au détriment de son volume défensif. Au contraire même. En effet, ses stats défensives n’ont rien à envier aux milieux de terrain présents au PSG aujourd’hui.

Avec le graphique ci-dessus, on perçoit que les données défensives du fils de Mazinho (champion du monde avec Leonardo en 1994) et de Valeria Alcantara (ancienne volleyeuse internationale) le rapprochent plutôt des joueurs au profil de Verratti, voire Gueye, et pas du tout de Neymar ou Di Maria, beaucoup plus avares en efforts défensifs. L’apport défensif par rapport à Draxler, avec qui il partage pourtant la capacité de jouer à plusieurs postes, paraît également considérable.

Il était même l’an passé le joueur de Vigo avec la plus haute moyenne de tacles tentés par 90 minutes ! Cette moyenne est d’ailleurs quasiment équivalente à celle de Gueye (4.8 contre 4.9) et il intercepte et dégage plus de ballons que Verratti !

La stat du nombre de ballons récupérés (source : fbref.com) vient confirmer qu’il n’est pas avare d’efforts à la récupération. Avec cet indicateur, à remettre en perspective par le fait que l’équipe de Vigo avait moins souvent le ballon que le PSG (et donc plus de ballons à récupérer), il devance même l’ensemble des milieux parisiens :

Pour relativiser un peu la portée des données défensives, on signalera que la saison 2019-2020 est celle où il a le plus produit en termes de stats défensives. Son nombre de tacles était plutôt compris entre 2.3 et 3.7 les années précédentes et sa moyenne de ballons récupérés avec l’Inter était de 8.4. La difficile saison de Vigo n’est certainement pas étrangère au fait qu’il a dû multiplier les replis défensifs. La bonne nouvelle, c’est qu’il est capable de le faire.

Après avoir vu tout ce que le champion olympique 2016 (avec Neymar) pouvait apporter au jeu du PSG, penchons-nous maintenant sur ses limites.

Plusieurs graves blessures à son actif

En seulement sept saisons au plus haut niveau, son historique de blessures sur Transfertmarkt.fr s’étale sur deux pages… C’est dire.

Le site recense la bagatelle de 13 blessures, lui ayant fait manquer 138 matches. Les trois plus marquantes sont les deux ruptures des ligaments croisés (en septembre 2015 et novembre 2018) et une grave blessure au ménisque en avril 2017.

C’est donc, après Danilo Pereira, un autre joueur fragile, que le PSG récupère. L’année dernière encore, il a connu trois petits pépins physiques qui l’ont tenu éloigné des terrains, en cumulé, près d’un mois et demi.

Les deux années où il se blesse aux ligaments croisés, il n’a logiquement disputé que peu de matches (15 en cumulé) :

C’est lors de ses deux saisons à Vigo (en prêt), qu’il a joué le plus de rencontres : 32 à chaque fois. Il a semble-t-il été un peu préservé par le staff de Vigo qui ne le faisait pas systématiquement terminer les matches. Sur les 27 qu’il a débutés, il n’en a joué que 13 en intégralité en 2019-2020.

Comme Danilo, il connaît la Champions League puisqu’il a disputé 18 matches mais seulement cinq fois dans la peau d’un titulaire, dont deux quand il était encore tout jeune pour des parties sans enjeu avec les Blaugranas (dont sa première à 18 ans en décembre 2011 contre Bate Borisov avec son frère Thiago). Il était en revanche sur le pré le 8 mars 2017 face au PSG. C’est même le seul match de Champions League qu’il a débuté cette saison-là.

Pas un joueur ultra décisif

Quelle que soit la position où il a évolué, en meneur de jeu, ailier ou relayeur, il n’a jamais réellement « staté », c’est-à-dire inscrit un nombre important de buts ou réalisé des tonnes de passes décisives.

Curieusement, sa meilleure saison est sa première : en 2013-2014, avec le Celta Vigo, il délivre 5 assists et score 4 fois. Il ne fera jamais mieux en cumulé. Sa saison 2016-2017 avec Barcelone est quasi-équivalente : 6 buts et 2 passes, en seulement 18 matches de championnat mais sa blessure au genou l’empêchera de faire mieux. Ses deux meilleures saisons offensives ont d’ailleurs été réalisées sous les ordres de Luis Enrique.

L’an passé avec le Celta, il aurait pu produire plus : 25 matches disputés comme titulaire, dont une partie en numéro 10 derrière Aspas. Il finit la saison avec seulement 4 buts (dont un doublé face à Alavès) et 1 seule passe décisive. Et Vigo a échappé de peu à la relégation (17e avec un point d’avance sur le 1er relégable Leganes).

Pour marquer plus, il faudrait évidemment qu’il tente plus sa chance. Sa moyenne de tirs, 1.4/90 minutes, est correcte mais pas très élevée. Une proportion importante de ses tirs est en outre prise de loin (53 % l’an passé), ce qui réduit logiquement ses chances de marquer.

De sa position de milieu de terrain, c’est surtout son unique assist de l’an passé qui choque un peu. Et pas possible d’accuser ses coéquipiers de maladresse puisqu’il est crédité d’1.76 expected assist. Les données de passes clés tendent d’ailleurs à confirmer qu’il a eu du mal à mettre ses coéquipiers en position de tir : 0.9 passe clé toutes les 90 minutes, cela ne le classe qu’au 7e rang de l’effectif galicien. Et la comparaison avec les milieux et joueurs offensifs du PSG l’an passé ne lui est pas du tout favorable :

Au sein des milieux et « ailiers » parisiens de la saison passée, Rafinha ne devance que Paredes en termes de passes clés/90 minutes. Même Gueye, pourtant pas le milieu le plus créatif du PSG, fait mieux que lui.

Sa moyenne en carrière est cependant supérieure (1.5) et il en a notamment fait beaucoup plus lors de sa saison italienne (2.5) avec Icardi comme partenaire. Deux de ses trois assists de 2017-2018 ont d’ailleurs été à destination de l’Argentin.

Même si les statistiques purement offensives viennent un peu ternir le tableau, le PSG semble avoir recruté là un joueur parfaitement complémentaire à l’effectif actuel (qui compte ce qu’il faut de talents offensifs). Le cousin de l’international espagnol Rodrigo présente en effet un profil qui faisait défaut dans l’escouade parisienne : un vrai relayeur, capable de jouer devant le ballon et de faire des différences balle au pied au milieu de terrain.

Les statistiques présentées dans cet article sont évidemment à remettre dans le contexte de Vigo qui luttait pour le maintien en Liga la saison dernière. Avec Paris, il devrait logiquement produire moins de stats défensives, mais, a contrario, plus de stats offensives.

Mais si son physique suit, Rafinha a tout de la bonne pioche pour le PSG 2020-2021.

Lors du dernier podcast de CulturePSG, nous avions également évoqué le profil de Rafinha, un extrait à retrouver ci-dessous :


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.

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