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Seul devant, à deux, ailier, dans quelle position Mbappé marque le plus

Publié le lundi 25 janvier 2021 à 18:08 par Thibaut B. / ParisStatsGermain.fr
« J’aime beaucoup cette position de deuxième attaquant. J’ai commencé dans un 4-4-2 à Monaco avec Falcao mais aussi au PSG sous Tuchel. Je me mets où le coach décide et je donne le maximum pour aider l’équipe, mais c’est vrai que je me sens bien dans cette position ». On a voulu vérifier les dires de Kylian Mbappé, auteur d’un doublé et d’un excellent match vendredi soir face à Montpellier. Spoiler : le génie français a évidemment raison.

Même si la conclusion est énoncée d’emblée, nous allons bien sûr l’étayer, chiffres à l’appui (source : Whoscored.com), en revenant sur les quatre saisons de Kylian Mbappé dans la capitale (matches de Ligue 1 et Ligue des champions uniquement).

Nous nous sommes tout d’abord interrogés sur l’utilisation qu’en ont fait les trois coaches qu’il a eus au PSG. Le bilan est plutôt équilibré.

Presque autant de matches joués comme ailier que comme avant-centre

Mbappé a en effet joué 55 % de ses matches en tant qu’avant-centre et 45 % en tant qu’ailier (25 % à droite, 20 % à gauche). Il s’agit bien sûr d’un positionnement assez théorique puisque d’une part son poste peut évoluer au cours d’un match, et d’autre part, on connaît son penchant à prendre le côté gauche même quand il joue avant-centre.

Il avait commencé sa carrière parisienne en 2017-18 sous Emery en jouant beaucoup à droite (72 % des matches) d’une attaque à trois (avec Neymar à gauche et Cavani d’axe). Avec Tuchel, à partir de la saison 2018-19 donc, il a joué 70 % du temps dans l’axe (59 matches sur 85). Alors qu’il l’avait plutôt positionné côté gauche jusque-là, Pochettino l’a mis d’entrée dans l’axe pour la première fois ce vendredi face à Montpellier (après un premier repositionnement en cours de match à Angers).

Sur les 68 matches disputés comme avant-centre, 51 l’ont été avec un binôme dans l’axe (soit 75 % du temps). Il n’a joué que 17 parties sur les 124 recensées ici en tant qu’avant-centre seul (dont 14 lors de ses deux premières saisons).

Pour résumer : quasi parité entre les matches joués comme avant-centre et comme ailier ; et quand il est positionné dans l’axe, il est majoritairement accompagné d’un autre attaquant.

On remarquera au passage qu’en quatre saisons au PSG, il a été associé à huit joueurs différents à la pointe de l’attaque parisienne. Pas simple dans ces conditions de nouer une vraie complicité. Cavani est son partenaire privilégié de l’attaque (17 associations) devant Icardi (12) et Di Maria (8). Le duo avec Neymar, souvent vu ces derniers temps, n’a été aligné qu’à 5 reprises.

46 buts en 51 matches en tant qu’avant-centre dans une attaque à deux

Passons maintenant à l’efficacité offensive selon le poste. Au cours des 124 matches joués en Ligue 1 et Champions League, il a inscrit 93 buts et distribué 42 passes décisives.

57 de ces buts et 24 de ces assists l’ont été lors des matches où il était avant-centre, soit respectivement 61 % et 57 % des totaux. Des ratios légèrement plus forts que la proportion de matches joués (55 %).

On voit sur le graphique ci-dessus qu’il surperforme quand il joue en duo d’attaque (49 % de ses buts et 45 % de ses passes décisives pour 41 % des matches). Au contraire, il est moins efficace seul devant (12 % de ses buts pour 14 % de ses matches) et quand il joue à gauche (15 % de ses buts pour 20 % de ses rencontres). Le bilan à droite est intermédiaire (29 % des passes décisives et 24 % des buts pour 25 % des matches)

En rapportant ses stats au nombre de minutes jouées par poste, on a évidemment la confirmation de ces constats :

Alors que sa moyenne tous postes confondus, est de 70 minutes, il est décisif (but ou assist) toutes les 59 minutes quand il joue à deux en attaque et toutes les 69 quand il joue sur le côté droit. Ses stats à la minute seul en pointe et à gauche sont bien moins bonnes (moins d’une action décisive par match).

En chiffres bruts cela donne 46 buts et 19 passes décisives en 51 matches comme avant-centre avec un partenaire en attaque et 22-12 en 31 matches à droite.

Son ratio de but/match est le plus haut quand il joue à deux devant (0.9) et le plus bas quand il joue à gauche (0.6)

En résumé : il est bien plus décisif dans l’axe avec un autre avant-centre (qui fixe les défenseurs) que seul en pointe et surtout à gauche. Ses stats à droite, qui remontent principalement à ses deux premières saisons, sont également excellentes.

Le modèle des expected goals va légèrement modifier cette affirmation. En effet, son nombre d’xG par match (c’est-à-dire le nombre de buts qu’il « aurait dû » marquer compte tenu des positions de tir qu’il a eues) est identique qu’il joue seul ou à deux en pointe. Comme on a vu qu’il marquait beaucoup plus à deux attaquants, cela signifie qu’il est beaucoup plus précis (moins fatigué ?) à deux avant-centres.

C’est dans ce rôle de deuxième attaquant qu’il produit le plus de passes décisives potentielles : 0.27 par match contre 0.2 environ pour les trois autres positions.

Le modèle des expected goals nous montre aussi qu’il crée beaucoup plus de danger à gauche qu’à droite : 0.65 xG contre 0.38. En revanche, son taux de conversion de ses occasions est très bas à gauche et très haut à droite. On comprend mieux les stats vues précédemment où il se montrait très souvent décisif en jouant à droite. Cela vient principalement de sa capacité à transformer quasiment la moindre occasion en but.

Le nombre de matches n’est pas forcément suffisant pour en tirer des généralités mais on comprend mieux certaines stats. Et son efficacité en duo d’attaque est en tous les cas encore confortée par le modèle des expected goals.

Des frappes plus précises quand il joue à deux devant

Intéressons-nous maintenant aux autres stats. Concernant les frappes au but, si le nombre de tirs à la minute est proche quelle que soit la position (1 tentative toutes les 20 minutes environ), son taux de frappes cadrées diffère :

C’est avec un partenaire aux avant-postes qu’il est le plus précis devant le but (56 %). A l’inverse, en partant d’une position d’ailier gauche, il trouve moins souvent le cadre (47 %).

En termes de participation au jeu, c’est logiquement en étant seul en pointe qu’il touche le moins souvent le ballon (1 ballon toutes les 2.1 minutes).

C’est également lorsqu'il occupe le front de l'attaque avec une autre pointe que le génie français distille le plus de passes-clés à l'intention de ses coéquipiers, une toutes les 41 minutes pour être précis. Un signe de son appétence pour les combinaisons à deux ?

Seul indicateur où Mbappé est plus efficace sur un côté que dans l’axe : les dribbles. Il présente, assez logiquement là aussi compte tenu de la densité de défenseurs à éliminer, des taux de réussite bien supérieurs à droite (60 %) et à gauche (58 %) que dans l’axe (51 %).

Il provoque aussi plus de fautes quand il est sur le côté.

Le PSG gagne plus souvent quand il joue à deux attaquants

Pour terminer, penchons-nous sur les résultats du PSG selon la position du « génie français ». Alors même que c’est dans cette position avec deux attaquants qu’il a disputés le plus de matches, c’est aussi celle où le PSG a enregistré le moins de défaites (quand Mbappé était présent) : 3 seulement, contre 6 en 17 matches quand il joue seul en pointe (deux fois contre MU, Dortmund…).  

80 % des matches disputés à deux attaquants avec Mbappé se concluent par une victoire. Il s’agit du meilleur ratio de victoires de l’étude. La moyenne de points (courbe jaune ci-dessus) est naturellement la plus haute également : 2.5 contre seulement 1.7 quand il joue seule en pointe !

Une solution viable au plus haut niveau ?

Le débat ne manquera bien sûr pas d’être relancé à la prochaine série de matches où il ne marquera pas en étant positionné dans l’axe, mais les stats de ses quatre saisons à Paris indiquent clairement que Kylian Mbappé est plus efficace quand il est associé à un autre avant-centre. C’était déjà le cas avec Cavani les deux premières saisons et c’est confirmé avec Icardi depuis un an et demi. Les défenses adverses ne peuvent se démultiplier et ne doivent négliger aucun de ces deux dangers publics dans la surface.

L’Argentin, notamment, est capable de fixer des défenseurs et de remiser pour Mbappé. Et même dans une position axiale, le Français peut faire parler sa vitesse et sa capacité d’accélération sur quelques mètres, pour se démarquer et bénéficier des caviars venus de Neymar, Paredes ou Verratti (liste non exhaustive).

Dans l’axe, il est en outre à la fois proche de son partenaire privilégié Neymar avec qui l’entente technique semble naturelle, mais aussi de Di Maria qui n’a pas son pareil pour le trouver dans la surface (cf. le Bruges-PSG d’octobre 2019 ou la passe décisive de vendredi soir face à Montpellier). Sur le côté, il a certes plus d’espace, mais ses appels et ses dribbles semblent plus stéréotypés. Il peut moins combiner avec ses partenaires, notamment dans le PSG de Tuchel où les latéraux côté gauche étaient peu utilisés offensivement.    

Le bémol d’un tel dispositif à deux attaquants réside bien évidemment dans le repli défensif, ou au moins dans le contre-pressing, exercice où ni Icardi ni Mbappé n’ont fait preuve de régularité. Et aucune équipe de haut niveau ne peut prétendre au succès avec deux joueurs ne participant pas à l’effort défensif. C’est peut-être là le deal que Pochettino veut passer avec son attaquant français : obtenir le meilleur de Mbappé en le mettant dans les meilleures dispositions offensivement mais en lui demandant plus de courses défensives.


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