OM/PSG a eu lieu le week-end dernier et était interdit aux supporters parisiens. Quelques uns ont malgré tout fait le déplacement et l'un d'entre eux nous raconte son récit à Marseille.
Avec mon plus fidèle compagnon de périples (et plus généralement pour du groundhopping depuis maintenant 6 ans), nous voilà à Marseille pour ce Classico. Nous voulions le faire depuis quelques temps déjà, cette fois aura été la bonne. Après avoir demandé autour de nous pour d'autres potentiels intéressés, nous finissons à 2 ! Rien de grave, le mode incognito n'en sera que plus simple !
Parti de Lyon pour ma part, je suis rejoint vers midi par mon pote qui est descendu de Paris en train. Premier constat fait de son côté par message, le train est relativement infesté de marseillais, ça commence mal pour lui avec des chants pro-olympiens tout au long du trajet. J'aurai au moins échappé à ça de bon matin. Ayant tout l’après-midi devant nous, nous décidons d'aller nous balader autour (départ des calanques) puis dans la ville (vieux port...) non pas pour visiter mais plutôt pour trouver des lieux où sticker.
Après avoir repeint de Bleu-Blanc-Rouge-Blanc-Bleu les chiottes d'un PMU dégueulasse du centre-ville, nous nous décidons à mettre les voiles direction le stade. Nous nous garons pas trop loin et, là, les moments difficiles commencent. De l'accent à gerber, des joggings bleu ciel immondes, des sudistes toutes plus moches les unes que les autres avec leur maillot, tout y passe...Nous marchons et voyons un attroupement de quelques dizaines de gars le long de la route bordant le stade. Ça attend le bus des joueurs? On patiente quelques minutes mais rien ne se passe, on aura écho plus tard que les instants plus chauds auront eu lieu avant que nous arrivions. Pas plus mal d'un côté, ça nous aurait un peu embêté de voir tous ces rigolos faire les fous...
Beaucoup de monde qui attend avant de rentrer sur le parvis, ça sent la sardine qui bouche le vieux port, on rentre vite après une fouille inexistante. Apres un petit passage devant le local du CU84 avec pas mal de fresques aux murs (dont une de Lucho mal détourée, ou mal faite, c'est au choix) qui nous fait mal au cœur, nous entrons en tribune Ganay, une des deux tribunes latérales du Vélodrome. Forcément, on avait pris les places dans ce secteur, le plus en hauteur possible afin d'être tranquilles. 55€ la place quand même, assez cher mais c'est pas un déplacement que nous ferons tous les ans...
Effectivement, nous nous apercevons vite qu'il n'y aura personne derrière nous, personne à notre gauche, et 2 jeunettes avec leur père à notre droite. Ça me rassure un peu car j'ai un peu « peur » de ma réaction en cas de but de notre côté. Même si la passion n’est clairement plus la même depuis 2010, ça reste un match contre Marseille donc les réactions sont imprévisibles. On soupçonne en revanche la présence de 2/3 parisiens devant, accompagné de leur pote marseillais, les mélanges…
On est encore 1h avant le match. Alors que mon pote est allé rejoindre un ex-ultras du Virage Auteuil exilé sur la côte et qui a aussi fait le déplacement, j'observe un peu leur stade et "prends la température". Pas mal de bruits sur quelques chants en avant match, mais surtout pour les insultes en fait. Remarque importante car on les aura pas entendus pendant la rencontre, même après l'égalisation. Ambiance vraiment triste mais rien de surprenant pour ce public surestimé depuis un bout de temps.
Entrée des joueurs, "Tifo de merde, Classico de merde" côté Yankees et, effectivement, le tifo est inexistant du côté du virage Sud. "Pas de jeu, pas de tifo" pour les MTP (au passage leur bâche tout en haut du virage est affreuse).
Un peu diffèrent, animation sympathique côté Fanatics avec pas mal de drapeaux,2 mâts... Nous ne savons pas si les deux virages s'étaient passés le mot mais c'est tout aussi moche côté CU et surtout en haut avec les SW qui nous pondent un tifo au rendu catastrophique...Volontaire ? Petit point sympa, les 2 banderoles sorties chez le CU, "Les ultras sont la vrai richesse d'un club, les vôtres sont dehors. Vous resterez pauvres de passion" et une autre qui clashe Martel et Caiazzo sur la gestion de leurs fans.
Le match débute, j'ai à peine le temps de dire à mon pote à quel point j'espère qu'on va les démolir qu'on ouvre le score. Je ne sais pas trop comment mais j'arrive à rester calme, en serrant de manière forte l'épaule de mon acolyte pour évacuer ma joie! Quel kiff, plus un bruit dans le stade, les gens autour de nous dégoûtés, ça commence à insulter Ibra, etc... L'ambiance forcément s'en ressent et on a droit, je le répète, à une première mi-temps horrible à ce niveau-là, quelle que soit la tribune...
Sur le terrain c'est un peu la même, match chiant, aucune envie et implication de notre côté, aucun impact physique (Rabiot et Lucas nous ont fait vriller). C'est tellement triste de voir ça, surtout quand on se souvient des matchs il y a une dizaine d'années....Autre époque également sur le terrain. Boli disait qu’il espérait une grande intensité pour ce genre de match mais c’est devenu une blague, même si c’est moins le cas côté marseillais, si on veut comparer. Marseille égalise sur une action qui regroupe un peu tous les éléments dans le paragraphe précédent. Forcément ce moment est délicat, en voyant tous ces gens heureux autour de nous. De notre côté on a la rage...Je ne pensais pas qu'on se prendrait un but et ne m'étais donc pas forcément préparé à cette joie immonde... Mon pote est plus calme donc il arrive à prendre ça avec plus de recul.
Heureusement la mi-temps arrive vite et calme un peu tout ce petit monde. Je m'en vais tenter d'aller aux chiottes sans choper une maladie et y dépose un petit stick qui passe bien. On mange un bout et le match reprend. Seconde période aussi chiante que la première, à tous les niveaux. Dans les tribunes, ça ne pousse pas alors que leurs joueurs, avec leurs armes, ne font pas un si mauvais match de notre point de vue. Coté Paris, ce n’est pas la folie, beaucoup d'erreurs de notre côté (Motta, Di Maria et encore et toujours Lucas) avec heureusement le but de l'Argentin sur un gros travail d'Ibra. Gros match de sa part d'ailleurs, comme Silva. Malgré leur statut, ils se bougent, ça fait plaisir à voir. Je me permets un assez bruyant "Ooouuiii!!" sur ce second but accompagné d’un point rageur en me levant à moitié. Malgré quelques regards en ma direction, ça passe sans aucun problème. J'aurais pu faire la même sur le premier...
Les 20 dernières minutes passent rapidement, dans un quasi silence. On est entouré de haine, de ploucs, et forcément au coup de sifflet final, on kiffe ! Ma plus grande crainte (même si j'étais plutôt optimiste comme dit plus haut) était vraiment qu'on se fasse baiser par cette équipe de chèvres...Heureusement il n’en fût rien. Avant de sortir et d'apprécier le regard dégoûtés des gens, on se fait un petit délire en utilisant des masques donnés par le club avec les têtes de Mandanda et Batshuayi. Masques customisés à notre sauce pour un petit selfie et conclure notre soirée. Je vais quand même envoyer la photo pour le concours organisé avec Intersport, sait-on jamais.
Sortie du stade en passant devant le virage sud sans aucun souci puis, après avoir galéré pour repartir et sortir de Marseille, nous repartons tranquillement sur Lyon où la journée se finit vers 3h30. On est cuits, on doit se lever chacun à 7h mais le plaisir est présent. Malgré les retours que j’avais eu avant le déplacement (notamment l'« expérience traumatisante » dont on m'avait parlé qui m’avait un peu fait peur), on a apprécié cette expérience. Je pense que c’était à faire, un petit match comme ça à Marseille, post 2010. C’est forcément très différent d'un match au vélodrome il y a 10 ans... Expérience que nous ne referons pas, faut pas déconner non plus.
Paris Paris Paris SG !
J.
