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Unai Emery, son interview complète dans Marca

Publié le jeudi 8 février 2018 à 12:41 par Matthieu Martinelli
A moins d'une semaine de Real Madrid/PSG, l'entraîneur parisien Unai Emery s'est confié au quotidien sportif madrilène MARCA. Il évoque forcément le match, mais aussi Neymar, Mbappé ou encore la gestion des stars au quotidien. Voici son entretien en intégralité, traduits par nos soins.

Vous êtes d’accord avec ce qu’a dit Mbappé en une de Marca en janvier : « Nous allons à Madrid pour envoyer un message au monde du football » ?

«Oui, nous allons être le centre du monde ce jour-là. Ce match pourrait très bien être une finale. Le message, c’est que nous croyons en nous, que sommes prêts pour jouer un choc comme celui-ci. Je ressens beaucoup d’enthousiasme avant d’affronter le vainqueur de 3 des 4 dernières Ligues des Champions. Que le PSG se montre au niveau est un grand défi, et je l’affronte avec normalité. 

Ce sera une éliminatoire pleine de cracks, mais qui se décidera également au milieu. Verratti par exemple, vous avez réussi à faire de lui le « Xavi moderne », comme vous l’aviez dit une fois ?

Marco a sa personnalité et nous voulons encore qu’il s’améliore, mais on ne doit pas aller contre sa nature. Ce ne sera jamais un joueur qui arrive dans la surface pour marquer de nombreux buts, mais plutôt un joueur vertical avec cette capacité pour donner la dernière ou l’avant-dernière passe et trouver les décalages dans les espaces réduits. Et après, c’est un garçon avec beaucoup de cœur. Il doit continuer à gagner en maturité au niveau mental pour pouvoir progresser dans la verticalité de son jeu. Il se rapproche de la surface, mais ce ne sera jamais un milieu qui marque beaucoup de buts.

Comment vous vous arrangerez face au Real avec un trident offensif indiscutable et au milieu, des joueurs très offensifs comme Draxler ou Di Maria ?

Après le départ d’Ibra, l’équipe a essayé d’évoluer. J’ai toujours entendu le président Florentino Pérez répéter cette fameuse phrase, que pour être la meilleure équipe au monde il fallait signer le meilleur joueur au monde. C’est un bon exemple pour les équipes qui ont cette capacité économique. Et le Real l’a fait, par exemple avec Figo. Quand j’ai lu dans Marca que le Real avait payé la clause de Figo, j’arrivais à peine à y croire. C’était quelque chose d’incroyable. En Espagne, j’ai toujours vu le Real faire ça : le transfert de Zidane, de Cristiano, de James… Toute cette capacité économique, nous la voyons désormais en France également. Et je crois que c’est positif pour le pays, qui doit être reconnaissant avec le Qatar pour lui permettre de voir les meilleurs joueurs ici. Et le dernier pas réalisé par le président Al-Khelaïfi a été de faire venir l’un des trois meilleurs joueurs au monde, Neymar. Cette équipe a progressé dans le domaine offensif avec ces arrivées. Et après, pour répondre à la question, c’est à moi d’ordonner tout ce talent et de trouver un équilibre. C’est un beau défi.

Comment allez-vous jouer ? Parmi les entraîneurs espagnols qui réussissent à l’étranger, vous êtes l’un de ceux qu’on n’identifie pas au tiki-taka.

Le tiki-taka est un concept journalistique. Notre PSG est une des équipes qui réussissent le plus de passes par match en Europe. Nous sommes entre 700 et 800 passes réussies par match. Il y a peu d’équipes qui jouent comme cela. Je ne cherche pas à me donner des étiquettes, et je ne lis pas non plus celles qu’on m’attribue. En analysant les matchs nous voyons que nous sommes de ceux qui, à partir de combinaisons, arrivons le plus et le mieux en situation offensive.

Comment avez-vous géré la crise du pénalty ?

Avec normalité, comme je l’avais fait à Lorca. A l’époque, j’étais coéquipier de Aitor Huegún, un joueur qui avait un passé important en Segunda et Segunda B. Nous étions coéquipiers avant que je devienne son entraîneur. C’était le tireur attitré de l’équipe, mais son efficacité ne justifiait pas qu’il le reste. C’était mon ami, mais j’ai pris la décision qu’il ne les tirerait plus. Et il en a pris ombrage. Depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui, ce que je regarde, c’est le pourcentage de réussite dans l’exercice. Et au PSG, ils sont nombreux à bien les tirer, parce qu’ils sont très bons. Mais le préposé était Cavani, puis est arrivé Neymar, un 2ème spécialiste de l’exercice. A partir de là, nous avons parlé avec les deux joueurs pour qu’ils se les répartissent, de façon tout à fait normale. Un jour, il y eut des doutes, et c’est là que je suis intervenu, et la situation est devenue comme elle l’est actuellement.

Parlez-nous de Neymar. Vous n’avez jamais entraîné Messi. Vous avez déjà vu un joueur avec une telle facilité technique ?

A Valence, j’ai entraîné Villa, Silva, Albiol, Marchena, Baraja ; à Séville, Rakitic. Et en arrivant au PSG, j’ai trouvé des joueurs de très haut niveau. Mais c’est vrai que Neymar est né pour devenir un crack. Je n’ai jamais eu de joueur comme lui et je suis très reconnaissant de pouvoir l’entraîner. Maintenant, ce que nous cherchons c’est que sa présence bénéficie au collectif. Neymar a fait un choix sportif, celui de sortir de la zone de confort dans laquelle il était au Barça, et il doit gagner le respect ici. C’est un processus en cours. Il en a envie, il a faim. Le PSG a de la chance de l’avoir, et Neymar a de la chance d’être ici, dans une équipe avec toutes les conditions pour briller individuellement et atteindre les objectifs collectifs.

Comment domestique-t-on l’esprit libre d’un joueur de 26 ans comme lui ? Cela ne doit pas être facile. 

Mais attention, il a beaucoup de cœur, et toutes les discussions que j’ai avec lui sont toujours positives. Il me dit toujours qu’il vient ici pour aider, avec humilité. Et dans le jeu, il a beaucoup de responsabilité, et parfois nous devons veiller à ce que ce ne soit pas excessif. On lui dit de rester tranquille. Quand l’équipe doit accélérer ou marquer, c’est Neymar qu’elle cherche, parce qu’il a cette capacité. Mais tout ne doit pas reposer sur lui. Je lui dis que nous sommes ici pour l’aider, pour qu’il se sente à l’aise dans le terrain et pour le mettre dans les meilleures conditions afin qu’il puisse exprimer son talent en attaque. Mon travail c’est d’équilibrer l’équipe afin que son talent soit décisif. Si tu regardes les résumés à la télé, tu verras seulement un petit pont, une bicicleta… Mais il faut analyser plus globalement, voir comment il combine avec ses partenaires, les décalages qu’il trouve dans les espaces réduits.

Cavani vient de battre le record de buts marqués dans l’histoire du club. En quoi est-il différent de ce que l’on voit de lui depuis l’extérieur, et en quoi continue-t-il à vous surprendre ?

Quand je suis arrivé ici, le club et moi étions d’accord pour donner à Cavani l’opportunité d’être l’avant-centre de l’équipe. Il l’était déjà, mais il devait désormais assumer cette responsabilité au poste qu’occupait Ibra. Au début, il y avait des doutes, mais il a fait un travail fantastique, en ajoutant à son jeu de nombreuses choses. Edi est un vainqueur, il a cette faim, cette mentalité de compétiteur, il veut toujours jouer. Mais il s’est amélioré, dès la saison dernière. Et cette saison il est dans la même lignée.

Mbappé sera un crack mondial dans le futur ?

Il a un très grand avenir. C’est impossible de savoir jusqu’où il arrivera. Mais en plus, il est de Paris. Auparavant, ces joueurs ne restaient pas en France, le PSG ne les retenait pas. Ils partaient. Aujourd’hui ils peuvent rester ici 15 ans et c’est une progression grandiose. Le Real et le Barça voulaient Kylian, mais le PSG avait la force pour le garder dans un projet français. Et je crois que le transfert de Mbappé ne s’est pas réalisé seulement pour des questions économiques, mais aussi en raison de l’attrait sportif. Et c’est quelque chose de nouveau dans ce nouvel ordre européen. Certains clubs voient leur règne être menacé, et il se passe la même chose avec City qui est aussi une équipe nouvelle, avec la capacité économique pour rivaliser. Et je crois que c’est bon pour le football qu’il y ait de nouvelles équipes. Nous devrions tous en être contents.

Mais le transfert de Mbappé coûtera à votre club près de 180 millions d’euros l’été prochain. Vous pensez raisonnable qu’il y ait un Fair-Play Financier ?

Bien sûr, il faut qu’il y ait un équilibre. Mais le fait est que le PSG respecte les obligations tracées par l’UEFA.»

NB : Propos recueillis par MARCA. Nous publions cette version intégrale de façon exceptionnelle car non-disponible en français.


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