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Al-Khelaïfi sauve Aulas à la LFP

Publié le vendredi 14 octobre 2016 à 16:44 par Rédaction
Clé de voûte de la guerre entre Première Ligue et l'UCPF pour la gouvernance de la Ligue de Football Professionnel, Nasser Al-Khelaïfi a finalement choisi de rester auprès du syndicat dirigé par Bernard Caïazzo par souci d'image. Et indirectement, il sauve donc Jean-Michel Aulas, le président de l'OL dans le viseur du syndicat concurrent.

Depuis deux semaines, une lutte fait rage pour prendre la tête de la Ligue de Football Professionnel. D'un côté, le syndicat Première Ligue, dirigé par Bernard Caïazzo et qui rassemble le PSG, Monaco, Lyon, l'ASSE, Bordeaux, Angers, Lille, Nantes, Nice, Toulouse et Marseille. Ce groupe a fait sécession avec l'Union des Clubs Professionnels de Football (UCPF), syndicat qui réunissait la totalité des clubs professionnels français. De l'autre côté, un groupe de frondeurs s'est formé, mené par le président de Guingamp, Bertrand Desplat et qui rassemble Bastia, Caen, Dijon, Guingamp, Lorient, Metz, Montpellier, Nancy ainsi que la totalité des clubs de L2 à deux exceptions près (Reims et le Gazélec).

Le syndicat Première Ligue a proposé une liste de 8 dirigeants pour la LFP : Jean Michel Aulas (Lyon), Nasser Al-Khelaïfi (Paris), Vadim Vasyliev (Monaco), Said Chabane (Angers), Jean Pierre Rivère (Nice), Jérôme Seydoux (Lille), Jean-Louis Triaud (Bordeaux), Olivier Sadran (Toulouse) ainsi que Bernard Caïazzo (ASSE) qui a sa place de fait grâce à son statut de président du syndicat en question.

Quant à l'UCPF, ils ont proposé une liste contenant 3 gros clubs, 3 clubs de L1 implantés depuis longtemps en première division et 3 clubs luttant pour le maintien : Nasser Al-Khelaïfi, Vadim Vasyliev, Loïc Féry (Lorient), René Ruello (Rennes), Laurent Nicollin (Montpellier), Bertrand Desplat (Guingamp), Olivier Delcourt (Dijon) et Jean François Fortin (Caen) ainsi que Bernard Caïazzo évidemment. D'aucuns interprètent que cette liste a pour but d'évincer Jean-Michel Aulas, jugé trop interventionniste et se servant de sa place à la LFP pour avantager son club.

Or, ce matin, dans l'Equipe, on apprend que si la liste de l'UCPF réussissait à se faire élire, Nasser Al-Khelaïfi et Vadim Vasyliev refuseraient de siéger au conseil d'administration, ce qui renforce la position de Première Ligue. Le quotidien sportif argue que le président parisien refuse par peur d'«apparaître comme un manœuvrier». On peut aussi penser que le dirigeant qatari craint que les "petits clubs" prennent le pouvoir et imposent une répartition plus égalitaire des droits télévisuels (actuellement, le rapport est de 1 à 3.5 mais différentes sources indiquent que l'UCPF souhaite un rapport de 1 à 2.5). Pourtant, Bertrand Desplat (pro-UCPF) affirme que les présidents parisiens et monégasques «avaient donné un certain nombre d'assurance pour en faire partie mais ils ont finalement cédé à la pression qui s'est abattue sur eux de la part de ceux qui allaient être écartés.»

Rappelons que le conseil d'administration de la ligue contient 25 sièges :

  • 8 présidents de L1
  • 2 de L2
  • Les présidents des deux syndicats (UCPF dirigé par Guy Cotret et Première Ligue dirigé par Bernard Caiazzo)
  • 7 pour les "familles du football" (joueurs, entraîneurs, arbitres)
  • 1 pour la FFF (représentée par Michel Denisot)
  • 5 pour des membres indépendants : le président de la LFP (Jean-Pierre Denis par intérim), la directrice de la fondation du football (Nathalie Boy de la Tour) ainsi que Vincent Labrune, Alain Guerrini et un ancien avocat du PSG époque Colony Capital : Guillaume Kuperfils.

A titre indicatif, voici une frise chronologique de ce conflit :

Août 2015 : avant cette date, l'intégralité des clubs professionnels de L1 et de L2 étaient réunis dans un même syndicat : l'Union des Clubs Professionnels de Football. Mais en août 2015, 19 clubs de L1 font sécession et créent "Première Ligue", un syndicat, dirigé par Bernard Caïazzo, dans le but d'obtenir une répartition du montant des droits télévisuels plus avantageuses pour les clubs de L1. Seul l'En Avant Guingamp, dirigé par Bertrand Desplat (gendre de Noël Le Graet) refuse de se joindre à ce syndicat. Celui-ci décide de rester à l'UCPF, désormais dirigé par Guy Cotret, président de l'AJ Auxerre.

Avril 2016 : Un accord est trouvé entre Première Ligue et l'UCPF qui reconnait "la prédominance des clubs de Ligue 1 sur la gouvernance de la LFP où ils disposeront notamment d’une majorité de sièges au sein d’un Bureau de la LFP qui sera, par délégation des pouvoirs du Conseil d’administration de la LFP, l’organe opérationnel du football professionnel" en contrepartie de quoi "les clubs de Ligue 1 garantissent pendant 10 ans la pérennisation de la solidarité financière entre la Ligue 1 et la Ligue 2".

5 octobre 2016 : Sûrs d'eux, les membres du syndicat Première Ligue présente une liste de clubs qui représentent 80% du chiffre d'affaire des clubs professionnels : Jean Michel Aulas (Lyon), Nasser Al-Khelaïfi (Paris), Vadim Vasyliev (Monaco), Said Chabane (Angers), Jean Pierre Rivère (Nice), Jérôme Seydoux (Lille), Jean-Louis Triaud (Bordeaux), Olivier Sadran (Toulouse) ainsi que Bernard Caïazzo (ASSE) qui a sa place de fait grâce à son statut de président du syndicat Première Ligue.

Mais coup de théâtre, Première Ligue découvre d'une part que l'UCPF n'a pas l'intention de respecter les accords d'avril 2016. De plus, 8 clubs les ont trahis (Rennes, Bastia, Caen, Dijon, Lorient, Metz, Montpellier, Nancy) sous l'influence de Bertrand Desplat. Ceux-ci présentent une autre liste en compagnie de l'UCPF : Nasser Al-Khelaïfi, Vadim Vasyliev, Loïc Féry (Lorient), René Ruello (Rennes), Laurent Nicollin (Montpellier), Bertrand Desplat (Guingamp), Olivier Delcourt (Dijon) et Jean François Fortin (Caen) ainsi que Bernard Caïazzo évidemment. 3 gros clubs (PSG, Monaco, ASSE), 3 clubs implantés durablement en L1 (Rennes, Lorient, Montpellier) et 3 clubs récemment promus (Guingamp, Caen, Dijon).

Même si les clubs de L1 bénéficient de plus de voix dans une élection à la Ligue, le syndicat Première Ligue se retrouvait en minorité avec 11 clubs professionnels sur 40. Ils tentent de faire annuler l'élection et y parviennent : ils refusent de participer aux votes tout comme l'UNFP (syndicat des joueurs), l'UNECATEF (syndicat des entraîneurs), le SAFE (syndicat des arbitres), Reims et le Gazélec Ajaccio. L'abstention est donc de 42,75%. Or, pour que l'élection ait lieu, il faut une abstention inférieure à 42,29%. Autrement dit, il aurait suffi qu'un seul des représentants des organisations citées participe au vote pour que la liste de l'UCPF soit élue, laissant des pontes historiques de la LFP comme Jean Michel Aulas ou Jérome Seydoux sur la touche. 

14 octobre 2016 : On apprend donc ce matin dans l'Equipe que si cela n'a pas eu lieu, c'est car Nasser Al-Khelaïfi n'a pas souhaité "apparaître comme un manœuvrier".

10 novembre 2016 : L'élection aura lieu cette fois, qu'importe le nombre de votants. L'UCPF a donc un mois pour convaincre Vadim Vasyliev et Nasser Al-Khelaïfi de siéger avec eux (ou les remplacer) alors que Première Ligue oeuvrera pour rallier ses anciens partenaires et retrouver sa majorité. A moins qu'un accord soit trouvé entre les deux syndicats.


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