Le Conseil de Paris a voté jeudi en faveur d'une saisine de la justice administrative pour faire annuler l'amendement de la région Île-de-France réservant 50 hectares au PSG pour son projet de futur stade. Mais les débats ont été houleux lors du Conseil de Paris.
La mairie de Paris ne voit pas d'un bon oeil le départ du Parc des Princes du PSG et son projet de nouveau stade et a décidé d'attaquer en justice la région Île-de-France, qui a voté en septembre dernier un amendement visant à réserver 50 hectares au PSG pour son projet de futur stade.
La mairie de Paris va pouvoir attaquer la région en justice
Jeudi, le Conseil de Paris, qui est composé de 163 élus de différents bords politiques et est présidé par la maire de Paris Anne Hidalgo (PS), était invité à voter un vœu proposé par la majorité pour autoriser la mairie de Paris à attaquer en justice la région afin de faire annuler cette réservation d'un terrain en faveur du PSG. Ce vœu a obtenu 92 voix favorables, pour 33 contres et 25 abstentions.
Mais malgré cette petite "victoire" de la majorité municipale, qui ne présage en rien de l'issue d'une éventuel procès contre la région, les débats ont été houleux lors du Conseil de Paris. Patronne du groupe MoDem et Indépendants au Conseil de Paris, Maud Gatel a ainsi parlé d'un « vœu très contestable. On appelle à la rescousse notre assemblée uniquement lorsque la situation est bloquée », a-t-elle confié, dans des propos rapportés par Le Parisien.
« La seule méthode qui compte, c’est le dialogue »
« La seule méthode qui compte, c’est le dialogue », a lui insisté le conseiller Pierre-Yves Bournazel (Horizons), estimant que « saisir la justice est une erreur car cela va durcir la position des uns et des autres ». Les discussions entre la mairie de Paris et le PSG sont en effet au point mort depuis plusieurs mois maintenant, la mairie refusant de vendre le Parc des Princes au PSG, qui ne veut lui plus se contenter d'en être locataire et envisage donc de construire un nouveau stade ailleurs, plus grand, plus moderne.
« Il semblerait que vous ne compreniez rien au foot »
Coprésident du groupe Changer Paris, David Alphand s'est lui montré beaucoup plus virulent jeudi envers Anne Hidalgo : « Vous vous enlisez dans ce dossier (...) Vous avez décidé de torpiller tout ce qui tourne autour du PSG en lui faisait des procès en justice. Ce n'est pas notre conception des choses. Vous qui avez déjà tellement gaspillé d'argent, vous allez encore dépenser l'argent des Parisiens à engager des procès à la région Île-de-France ? Mais vous n'avez pas mieux à faire, madame la maire ? (...) Il semblerait que vous ne compreniez rien au foot, ni aux négociations. Vous désespérez les supporters du PSG et les amoureux du football à Paris. »
« La mairie de Paris ne saisit pas la justice contre le PSG, mais contre la région »
De son côté, Anne Hidalgo a répété sa position : « C’est un enjeu crucial. Le PSG, c’est Paris et Paris, c’est le Parc des Princes. Nous avons tenté à plusieurs reprises de renouer la discussion avec le club pour trouver une solution, sans pour autant aller sur la vente du Parc, avec le souci de ne pas spolier les Parisiens de leur propriété. ». Et concernant une future saisine de la justice, elle assure que la mairie de Paris « ne saisit pas la justice contre le PSG, mais bien contre la région. »
« 50 hectares, c’est l’équivalent de trois fois le Stade de France »
Adjoint à la maire de Paris, David Belliard s'est lui félicité sur X de la décision du Conseil de Paris : « Excellente nouvelle ! Sans ambiguïté, le Conseil de Paris vote son soutien au maintien du PSG au Parc des Princes, la réouverture des discussions avec le club pour un bail emphytéotique, l'opposition (en justice !) au projet absurde de Valérie Pécresse d'artificialiser 50 hectares de terres agricoles pour un complexe sportivo-commercial ».
Lui aussi adjoint à la mairie de Paris, en charge du sport, Pierre Rabadan s'est ému de la surface réservée par la région au PSG : « Cinquante hectares, c’est l’équivalent de trois fois le Stade de France, cela nous interroge… » Mardi, la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, estimait elle qu' « au lieu d’essayer de couper les ailes du PSG par une procédure judiciaire qui n'a aucune chance d’aboutir, la mairie de Paris ferait mieux de reprendre le dialogue avec notre club si elle veut le garder au Parc des Princes ! »
De son côté, le PSG s'est offusqué mardi de la volonté de la mairie de Paris d'engager une bataille judiciaire contre la région, estimant que ce nouvel épisode « révélait l'hypocrisie flagrante dont la Mairie fait preuve depuis le début des négociations », tout en « confirmant le sérieux du projet » de nouveau stade du club. Dans un entretien accordé cette semaine au Parisien, le nouveau directeur général du PSG, Victoriano Melero, confirmait lui que les discussions étaient au point mort avec la mairie de Paris et que le club voulait être propriétaire de son futur stade.
« On prospecte toujours, plusieurs projets sont sur la table pour accueillir un stade de 60 000 places. C’est compliqué, on ne va pas le cacher. Il faut une superficie suffisante, il y a des contraintes législatives, environnementales… Il n’y a pas des dizaines de lieux, mais il y en a », ajoutait-il, avant d'estimer qu'il faudrait au moins huit ans pour construire un nouveau stade. D'ici-là, l'échiquier politique de la ville de Paris et la région aura peut-être évolué. Les élections municipales sont prévues en 2026, deux ans avant les élections régionales.