C'est un Luis Enrique excité et très motivé qui s'est présenté en conférence de presse à la veille du 8e de finale aller de Champions League entre son PSG et Liverpool, qu'il considère comme une machine quasiment parfaite, sans faire pour autant de complexe d'infériorité. Voici ses propos en intégralité et très intéressants, traduits par nos soins.
Cela fait 4 mois que le PSG est invaincu. Vous allez aborder le match de Liverpool dans les meilleures dispositions. Est-ce que vous vous attendiez à ce que l'équipe atteigne ce niveau-là collectivement et est-ce qu’elle peut encore aller au-delà ?
« Bonjour à tous (en français). Au final, peu importe ce que je pense. Ce qui compte, c’est ce que l’équipe a fait jusqu’à aujourd’hui et je suis convaincu que nous pouvons nous améliorer. C’est ma façon de voir les choses. »
Quelles sont les raisons qui vous font penser que le PSG peut réussir à battre cette équipe de Liverpool demain ?
« Il faut répéter le même comportement, les mêmes schémas que nous répétons depuis le premier jour de la saison »
« Je crois que les raisons sont très claires. Il faut répéter le même comportement, les mêmes schémas que nous répétons depuis le premier jour de la saison. Je ne change en rien ma planification du match. La première chose, c’est essayer d’être supérieur à l’adversaire, essayer d’avoir plus le ballon qu’eux, essayer de générer plus d’occasions de but, essayer de défendre de manière efficace. C’est la même chose à chaque match, en prenant en compte qu’en face il y a un adversaire qui est sans aucun doute l’équipe la plus régulière depuis le début de saison et avec les meilleurs résultats en Europe. Mais notre approche du match ne change en rien. »
Liverpool, comme le PSG, a une identité de jeu claire, avec des principes de jeu clairs. Qu’est-ce qui vous impressionne le plus dans le travail d’Arne Slot à la tête de cette équipe ?
« Arne Slot a fait de Liverpool une machine quasiment parfaite »
« Je crois que Liverpool est l’une des meilleures équipes ces dernières années. Ils ont gagné la Ligue des champions il y a trois ans je crois (2019, ndlr). Le temps passe très vite, peut-être que je me trompe. Après ce qu’avait fait Klopp et qui semblait être difficilement améliorable, je crois qu’Arne Slot a fait de Liverpool, en moins d’une saison, une machine quasiment parfaite pour jouer au football, défendre, qui est agréable à voir jouer, qui presse sans aucun problème, qui peut attaquer de manière tranquille avec le ballon ou de manière rapide en attaquant les espaces. Ils ont beaucoup d’options. Ils ont aussi un joueur déterminant comme Salah. C’est leur joueur le plus déséquilibrant, avec des statistiques exceptionnelles depuis plusieurs saisons. Mais il n’y a pas que Salah, ils ont beaucoup d’autres joueurs de haut niveau et c’est une équipe très complète. C'est à la fois une évidence et une grande motivation pour nous. Nous prenons ce match ou cette double-confrontation comme une opportunité de montrer que nous avons aussi le niveau. Et nous, en tant que staff, nous aimons toujours regarder les statistiques, non pas comme référence, mais les statistiques montrent un peu ce qu'est chaque équipe et, en ce sens, je pense que les statistiques du PSG sont comparables à celles de n'importe quelle équipe en Europe. »
Ce match va être suivi par tout le monde en Europe. Est-ce une excitation particulière, une motivation supplémentaire ? Est-ce que ça peut aussi être un tournant dans la façon dont on voit votre travail ?
« Deux idées un peu différentes, mais deux idées dominantes »
« Oui, cela peut être une motivation. Si on associe le PSG et sa façon de jouer à quelque chose de positif, qui rend fier ses supporters et intéresse le monde du football, c’est toujours bien. Je crois que c’est difficile de voir sur le papier un meilleur match que celui-là parce que nous sommes deux équipes dominantes par rapport à ce que nous avons vu jusqu’à maintenant. Demain, il est question d’opposer deux idées un peu différentes, mais deux idées dominantes. Il y a donc beaucoup d'incertitudes ou d'inconnues à résoudre, mais toutes sont très attrayantes. »
Vous avez souvent répété que Liverpool était peut-être la meilleure équipe d'Europe. Est-ce qu'il y a quand même des domaines sur lesquels vous trouvez votre équipe du PSG supérieure à Liverpool dans le jeu ?
« Oui. Oui bien sûr qu’il y a des domaines (dans lesquels le PSG est supérieur). Lesquels ? Vous devez obtenir votre diplôme d’entraîneur. C’est facile, ça dure seulement trois ans. Et ensuite vous les analyserez. Je peux me tromper, mais c'est mon opinion. Et je la transmets à mes joueurs. Uniquement à mes joueurs. »
Le PSG a l’équipe la plus jeune de la Champions League en ce moment. On dit beaucoup qu’une équipe jeune ne peut pas avoir d’expérience. Quel est l’avantage d’avoir l’équipe la plus jeune de la compétition ?
« Je ne vois pas du tout la jeunesse de notre équipe comme un handicap »
« Je pense que c'est un trait qui marque la culture du club. Ce que nous voulons au club, c'est la recherche de jeunes joueurs talentueux qui peuvent devenir des joueurs de très haut niveau, comme je pense que c'est le cas en ce moment. Et oui, nous avons une équipe très jeune, mais l'année dernière, nous avons atteint les demi-finales de la Ligue des champions. Nous avons déjà acquis de l'expérience. Nous avons également recruté de jeunes joueurs cet été. Mais je ne pense pas que nous considérions cela comme un problème. Nous voyons cela comme une grande opportunité de continuer à nous améliorer et à grandir. Je pense que c'est une motivation pour tout le monde. Je ne vois pas du tout cela comme un handicap. Dans ces grands matches, il s'agit plus de calmer les émotions que de trop encourager. On le voit à l'entraînement. Tous les joueurs sont prêts. Personne n’a de douleurs. Personne n'est gêné par quoi que ce soit. Il est évident que tout le monde veut participer à un grand match comme celui contre Liverpool. Nous allons essayer de l'aborder avec le même naturel et le même calme que ce que nous avons fait jusqu'à présent. »
Vous avez parlé de deux façons de jouer offensives mais différentes, est-ce que vous pouvez nous décrire un peu la physionomie du match que vous imaginez, à quel match vous vous attendez demain ?
« Nous avons besoin à tout prix du ballon pour imposer notre jeu »
« Je pense que ça va être un match disputé et compliqué. Je parle de différences parce que c’est évident qu’il y en a, malgré le fait que nous soyons deux équipes qui attaquent très bien. Nous avons besoin à tout prix du ballon pour imposer notre jeu. Liverpool, même sans ballon, peut te faire mal. Ils n’ont pas autant besoin du ballon que nous. Nous pour gagner le match, on doit le faire à travers le ballon, à travers la possession, en dominant cette phase du jeu. Et à partir de là, il y a des nuances. Il y a des nuances dont chaque entraîneur essayera de tirer profit. Mais je pense que Liverpool, depuis le début de la saison, a fait preuve d'une régularité et d'une constance que nous avons tous saluées. »
Le match aller demain au Parc des Princes aura lieu six jours seulement avant le retour à Anfield. Quel est le scénario idéal selon vous pour espérer chercher cette qualification ?
« Je signerais pour perdre à domicile et gagner à Anfield si on se qualifie »
« Je ne sais pas. Je signerais aujourd’hui pour perdre à domicile et gagner à Anfield si on se qualifie. On ne sait jamais en football et encore moins dans cette double-confrontation. Ce qui est sûr, c’est que je ne pense pas que le premier match sera définitif, mais je suis certain que le Parc des Princes sera vital pour nous. C'est difficile pour l’adversaire de jouer au Parc des Princes. Je peux le dire catégoriquement parce que je l'ai vécu. C'est très difficile pour l’adversaire de jouer avec la pression que nous avons au stade. Et si l'équipe suit, comme c'est le cas en ce moment, c'est très compliqué. L'ambiance européenne au Parc des Princes est extraordinaire. Et demain, j'espère que nous pourrons en profiter. »
Au moment du tirage, vous n’étiez pas forcément favoris, mais aujourd’hui, les gens se disent que le PSG est peut-être favori. Est-ce votre sentiment également ?
« Eh bien, c'est une belle opinion ! Nous aimons voir des gens qui ont la foi et la confiance. Il y a quelques mois encore, tout n'était que négativité. Aujourd'hui, il y a beaucoup plus de gens qui croient en nous. Je pense que nos supporters ont toujours cru en nous. Et c'est ce que nous avons ressenti dans le stade. Tout ce qui est positif, nous l'acceptons volontiers. »
Est-ce que vous vous attendez demain à une rencontre très physique ? Peut-être que Liverpool là-dessus est très fort, est-ce que vous comptez sur la technique très forte de vos joueurs pour éviter cette dimension physique ?
« Je pense que c'est l'un des meilleurs matches que l'on puisse voir en Europe en ce moment »
« Je pense que nous sommes très semblables en termes de rythme de jeu, d'intensité défensive. Nous sommes également physiques. Peut-être pas très forts physiquement, mais nous avons un rythme de compétition très élevé. Très élevé, au niveau des meilleurs. Et avec le ballon, nous sommes l'une des meilleures équipes d'Europe. C'est donc là que se jouera le match, la difficulté, l'intensité du match. Je pense qu'il y a deux équipes avec beaucoup de points forts qui vont jouer l'une contre l'autre. Je pense que c'est l'un des meilleurs matches, sur le papier, que l'on puisse voir en Europe en ce moment. »
Tous vos joueurs sont en forme, vous l'avez dit, est-ce que c'est un casse-tête de composer le onze pour demain ?
« Certains qui méritent de jouer ne joueront pas demain »
« C'est compliqué pour les joueurs. Certains qui méritent de jouer ne joueront pas demain. Mais nous agissons depuis longtemps comme une équipe. Et souvent les joueurs qui rentrent en deuxième mi-temps sont plus importants que ceux qui commencent le match. Et dans cette idée collective et commune que nous avons, demain je pourrais faire trois, quatre, cinq changements par rapport au dernier match et ça ne se verrait pas du tout. C'est mon idée, c'est ma conviction. Je pense que cela nous rend plus forts, plus imprévisibles. Et le match durera 180 minutes. Demain, nous jouerons les 90 premières minutes. Et tous les joueurs seront importants, même ceux qui ne joueront pas une minute. »
On l'a dit, vous avez une équipe avec un style très défini. Si demain on vous proposait de gagner et de passer au tour suivant, mais en reniant vos principes de jeu, est-ce que vous signez tout de suite ou est-ce que vos principes de jeu sont plus importants sur le long terme qu'un résultat à court terme ?
« Clairement, je signe pour mal jouer et gagner »
« Sors le contrat. Bien sûr que je signe, nous sommes des compétiteurs. C'est une chose d'avoir une philosophie de jeu et d'aimer jouer d'une manière qui plaît aux supporters et à l'équipe, mais c'est la compétition ultime. Le fait est que nous avons normalement besoin du ballon pour pouvoir imposer notre supériorité à l'adversaire. Pour avoir le ballon, il faut être capable de le garder et de bien le gérer. Cela signifie qu'il faut bien jouer au football. Nous sommes convaincus que nous avons plus de chances de gagner si nous jouons bien. Mais clairement, je signe pour mal jouer et gagner. Nous sommes avant tout des compétiteurs. »
Les victoires se jouent sur des détails. La saison passée, lors d’une causerie, vous aviez ciblé un joueur de Barcelone qui était Ronald Araujo. Là demain, vous allez affronter Liverpool qui a plusieurs joueurs sous le coup d’une suspension en cas de jaune (Konaté, Robertson, Mac Allister et Elliott). Est-ce que vous allez accentuer votre discours auprès de vos joueurs sur ces détails ?
« Non, je ne perds pas d’énergie sur le fait qu’ils aient des cartons jaunes, verts ou bleus. Les cartons des adversaires ne m'intéressent pas. Ce n'est pas un sujet. Ce qui m'importe, c'est essayer d'aider mon équipe. Je parle à la première personne. Derrière moi, il y a un staff très puissant avec beaucoup de professionnels. Je suis soucieux de transmettre à mes joueurs la confiance et les points sur lesquels je pense que nous pouvons faire mal à Liverpool. Mais sans penser aux cartons jaunes, à ceux qui pourraient manquer le retour. Je ne perds jamais mon énergie avec ça. Je ne sais même pas qui va arbitrer. Cela ne m'intéresse pas. Ce qui m'intéresse, c'est de donner à mon équipe le plus de confiance possible pour affronter et essayer de trouver les points faibles de l'adversaire. Et, en l'occurrence, il y en a très peu. »
Liverpool est capable de vous laisser le ballon pour exploiter les transitions avec des joueurs rapides. Est-ce que pour vous, c’est un défi de gérer ces phases de jeu demain ?
« Le problème des transitions, c'est qu’ils ont trois avions en attaque et que les avions volent »
« Etant donné qu'il s'agit de l'une des meilleures équipes d'Europe en contre-attaque, il est évident que la possession du ballon est notre première condition et c'est ce que nous chercherons à avoir. Mais il est évident qu'il faut être bien protégé pour ne pas trop souffrir des transitions de l'adversaire. Le problème des transitions, c'est qu’ils ont trois avions en attaque et que les avions volent. Il n'est donc pas facile d'arrêter les avions. Mais je pense que nous nous caractérisons, au moment d’attaquer, par une structure de jeu et un positionnement qui, si nous les utilisons rigoureusement, nous permettent d'être une équipe qui ne souffre pas trop des transitions. C'est l'objectif du match : être meilleurs que nos adversaires et essayer de ne pas souffrir dans ces transitions. Je pense que nous pouvons y arriver. Il faudra que nous soyons à un niveau très élevé, mais c'est la motivation de ce match, c'est l'objectif. »
Quelle est l'émotion qui doit animer votre équipe avant de rentrer sur le terrain face à Liverpool demain ? Est-ce que c'est la sérénité, de la rage ou un mélange des deux ?
« Je suis motivé par ce qui me motive toujours, avant chaque match. Et plus l'adversaire est bon, plus la motivation est grande. Demain est une soirée spéciale. Je pense que nous avons gagné le droit d'être dans cette phase. En théorie, nous jouons contre l'équipe qui a fait le meilleur tour de qualification. Mais c'est un stimulant, une motivation. Et à partir de là, c'est le football qui me motive. Voir notre niveau avec le ballon, voir notre niveau d'intensité sans le ballon. Et de le comparer avec la meilleure équipe jusqu'à présent dans cette compétition. Je le répète, c'est excitant et motivant. »
Je voulais vous demander comment vous viviez la veille d'un grand match qui pourrait marquer le cours de cette saison. Je ne sais pas si vous êtes de ceux qui se déconnectent en regardant un film, si vous allez regarder Real Madrid-Atlético ou si vous pensez à Liverpool jusqu'à la dernière minute.
« C'est très simple. Je vais regarder les matchs de la Ligue des champions aujourd'hui. Je suis un passionné de football. Je regarderai Real Madrid-Atlético Madrid. J’espère profiter d’une très belle soirée de football. Et le jour du match est pour moi le meilleur jour. Parce que d'abord je ne viens pas au Campus, je suis tranquille dans ma petite maison. Je prépare les derniers détails du match et j'essaye de m'abstraire du match. La fête commence à 21 heures, j'ai donc le temps de m'habiller jusqu'à 21 heures. »
Kvara a joué à plusieurs postes lors de ses dix premiers matches au PSG. Est-ce que ces matches vous ont aidé à trouver son meilleur poste ou est-ce que vous le cherchez encore ?
« Le dénominateur commun de nos attaquants, c'est qu'ils peuvent jouer n'importe où »
« C'est très clair. Avec Kvara, c'est la même chose qu'avec les autres attaquants. Tous les attaquants que j'ai peuvent jouer aux trois postes de l'attaque. Même certains de ces attaquants peuvent jouer au milieu. Kvara peut jouer sur l'aile gauche, ce qui est à mon avis son meilleur poste. Il peut jouer en tant que numéro 9. C'est un numéro 9 différent, plus associatif. Il est plus individualiste dans le sens où il peut surmonter le 1 contre 1. Mais il peut aussi jouer sur l'aile droite. Parce que le dénominateur commun de nos attaquants, c'est qu'ils sont si bons qu'ils peuvent jouer n'importe où. Les bons joueurs jouent partout. »