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Reims, Bordeaux, la rotation en vue de l'Ajax, le groupe, le mercato, la stratégie de recrutement, la conf' de Jocelyn Prêcheur avant PSG/Bordeaux

Publié le vendredi 19 janvier 2024 à 20:00 par Bruno Hermant
Le coach des féminines du PSG Jocelyn Prêcheur s'est présenté lors du traditionnel point presse avant PSG/Bordeaux (13e journée de D1 Arkéma). L'entraîneur parisien est revenu au micro de CulturePSG.com sur la rencontre face à Reims, celle à venir contre Bordeaux, les rotations à venir pour les échéances encore nombreuses et il n'a pu encore échapper à quelques questions sur le mercato. Point complet.

Pouvez-vous nous donner un petit état de votre groupe avant le match contre Bordeaux ?

« Sakina Karchaoui est revenue dans le groupe, effectivement elle a eu une montée de fièvre, donc à priori un début de grippe mercredi. Elle a été off, là elle revient aujourd'hui. En ce moment où on parle, elle doit être en check médical, on verra si on tente une reprise en séance. J'attends le retour du médical, mais déjà au moins elle est avec nous aujourd'hui au Campus. On a eu des petites alertes en fin de match contre Reims.

Jackie Groenen au niveau de son genou donc on va être très prudent aujourd'hui. On va tester un petit peu la reprise. Elisa De Almeida et également Tabitha Chawinga ont des petites alertes au genou donc on va regarder tout ça. Normalement pas grand-chose de méchant. Cela fait déjà pas mal sur l'enchaînement des 3 matchs donc on verra sur l'entraînement de cet après-midi comment ça se passe. S'il y a besoin ou non de gérer mais les signaux sont quand-même plutôt positifs et le groupe va bien pour le moment.»

Pour revenir sur le match de Reims, une première période où le PSG peut mener 4-0 assez rapidement, avec beaucoup d'occasion. Malgré tout, cela a mis un petit peu de temps à venir, puis après, en 2e mi-temps le PSG a déroulé. Est-ce que vous avez un avis complémentaire sur cette rencontre ?

« Il faut déjà saluer la stratégie de Reims, c'était très clair, on le savait, ils défendent et ils le font bien. On l'a dit, oui, on aurait pu marquer plus tôt, c'est sûr, mais ils ont aussi bien défendu. On s'est crée des occasions mais ce n'était pas la 3e meilleure défense du championnat pour rien non plus. Ils ont vraiment cette discipline et cette qualité sur le plan défensif. Donc bien sûr, on savait que ça allait être long pour créer la brèche et trouver cette première faille. Et puis j'ai vraiment demandé à la mi-temps à ce qu'on se libère un peu plus, qu'on varie vraiment notre jeu.

Parce que par rapport à certaines choses qu'on avait travaillées, on est resté vraiment sur un ou deux registres. Et on a un petit peu oublié ce qu'on avait fait. Donc il fallait qu'on revienne, qu'on varie un peu plus notre jeu, qu'on marque davantage nos changements de rythme. Et puis qu'on se lâche un peu et je pense que le deuxième but en tout début de 2e période a fait qu'il a eu double effet. Nous, ça a commencé vraiment à se lâcher. Et Reims, je pense que ça leur a mis un coup. Donc les deux combinés ont fait que la seconde mi-temps a été beaucoup plus libéréé. Il faut que nous aussi progressions sur ce domaine et qu'on apprenne peut-être à avoir un peu plus confiance encore en nos forces. A se lâcher davantage quand on sent qu'on a une domination.»

Vous disiez se lâcher, mettre les choses en place. C'est à dire ? C'est un manque de vitesse, un manque d'initiative parce qu'elles étaient un peu frustrées ? Autre chose ?

« Dans ce que j'évoque ici, j'évoque surtout des certaines joueuses en tête, notamment les plus jeunes. On a été quand-même bien meilleur dans les couloirs en seconde période comparé à la première. Et effectivement, quand vous avez un bloc bas en face, avec une densité axiale aussi forte, l'utilisation des couloirs est important. Là, quand elles se sont lâchées un peu plus, si on prend l'exemple de Tara Elimbi-Gilbert sur ce match, ses deux périodes n'ont rien à voir.

Donc effectivement, dès que vous commencez à être efficace dans les couloirs, vous mettez le doute à l'adversaire, vous pouvez continuer à combiner dans l'axe. Et puis nos attaquantes sont aussi de temps en temps venus chercher les ballons un peu plus bas, ce qui nous a permis de combiner un peu plus dans l'axe. C'est surtout notamment les plus jeunes qui se sont davantage lâchées en 2e période. Et puis les rentrées ont été bonnes également, elles nous ont fait du bien. Donc bien sûr, ce sont des éléments qui sont déterminants dans une deuxième période.»

Arrive maintenant le match de Bordeaux, une nouvelle étape du marathon, la 4e et il en reste encore 7. Sachant qu'il y a un autre match dans quelques jours encore plus important que celui-ci (N.D.L.R.: face à l'Ajax Amsterdam), la stratégie est-elle de déjà de commencer à prévoir le match suivant ?

« C'est toujours l'équilibre à trouver, comme je l'avais expliqué. On ne peut pas les prendre un par un sans penser à la suite. Même si quelque soit l'importance des matchs, vous avez une série de 11 matchs en 35 jours à jouer, si tout se passe bien ou à défaut quand-même, ce que je dis ne change pas fondamentalement la réflexion. Vous avez quand-même cette obligation de faire tourner. Et puis c'est inédit d'avoir autant de matchs en aussi peu de temps, donc vous avez forcément, c'est dans toujours dans un coin de ma tête cette succession de match, vous avez toujours un équilibre à trouver entre garder les joueuses dans un état optimal, en terme de rythme, de condition physique, de repères et de performance.

Mais tout le temps en gérant aussi malgré tout les temps de jeu et ne pas accumuler trop tôt des temps de jeu trop importants. Parce qu'on sait à un moment donné, les organismes vont répondre. Ils vont envoyer des signaux où il faut ralentir. Et peut-être à des moments où on ne le veut pas. C'est pour cela que j'évoquais tout à l'heure des joueuses qui ont reçu des signaux qu'on a eu sur le match de Reims... En temps normal, peut-être qu'on y attacherait un petit peu moins d'importance parce qu'on sait qu'il a une semaine de récupération avant le prochain match.

Mais là, vous êtes obligés d'être attentif à tout et de prendre tout en considération. Parce que si vous avez des signaux après le 3e match en une semaine, on peut imaginer comment cela va se dérouler au 7e, 8e, 9e et à fortiori au 10e ou 11e... Donc c'est toujours cet équilibre à trouver. On a d'énormes réflexions entre les préparateurs athlétiques, le pôle performance et la technique. Ce sont des échanges en permanence pour trouver l'équilibre que je viens d'évoquer entre performance et prévention des blessures.»

Devez vous, dans cette gestion-là, des fois prendre des risques avec les joueuses titulaires ? De prendre des décisions notamment sur les gros matchs ces dernières semaines en se disant qu'il fallait prendre des risques avec des joueuses titulaires, au risque d'une blessure importante ? 

«  Je l'ai plus eu dans l'autre sens. C'est-à-dire : on sait qu'on va mettre une équipe un peu moins compétitive, beaucoup plus jeune ou moins compétitive. On va dire avec moins d'expérience, avec des qualités peut-être intrinsèques légèrement inférieures aux cadres. C'est plutôt dans le sens-là que j'ai pris des risques. Il faut les prendre quand on a mon approche dans la manière dont je manage ce groupe. J'ai dit dès ma prise de fonctions que je ne raisonnerai pas uniquement avec 12, 13 14 joueuses titulaires et des doublures. J'ai dit qu'on essaie de construire vraiment un groupe, parce que je sais que d'expérience, quand vous jouez trois compétitions, ce noyau de joueuses même si vous avez 12, 13 ou 14 très bonnes joueuses, cela ne suffit pas. Lyon l'a bien compris, c'est la raison de leurs effectifs pléthoriques chaque année. Les grosses écuries aussi.

Nous, je reviens pas dessus, mais on a un effectif qui est complété par de de très bons jeunes potentiels donc ça veut dire qu'à un moment donné, il faut être cohérent à sa stratégie. Je mise sur le groupe donc, à un moment donné, certains pourraient le voir comme un prise de risque, moi je préfère le présenter comme un témoignage de confiance que je donne à ces jeunes sur certains matchs. L'exemple qui me vient en tête par exemple c'était face au PFC. Vous jouez un match déterminant avec une défense composée avec Tara Elimbi-Gilbert, Jade Le Guilly et Thiniba Samoura. Les trois joueuses ont 20 ans ou moins. Quand je dis qu'à un moment donné, il faut être cohérent avec ses propos. Quand je dis que je mise sur le groupe, je le fais, donc à un moment donné, on a cette rotation-là. Elle est importante et et chacune des joueuses aura son rôle à jouer, comme elles l'ont déjà eu déjà par le passé.»

Bordeaux est la dernière équipe au classement, il s'agit d'une équipe très jeune qui semble en difficulté dans plusieurs compartiments du jeu. Doit-on s'attendre forcément à une rotation un peu plus importante, dans les eaux de celle qu'on a vu contre Rennes ou seriez vous obligé de remettre des joueuses qui ont un plus gros temps de jeu sur le terrain ?

« Non il y aura certainement une gestion des temps de jeu mais il faut quand-même garder ce rythme. Il y a aussi une volonté des joueuses de jouer. On aura une gestion des temps de jeu. Et puis on joue Bordeaux, mais Bordeaux c'est aussi quand-même Patrick Lair ! On sait qu'il va forcément venir avec un plan, avec une stratégie... J'ai beaucoup de respect pour lui, c'est quand-même quelqu'un d'important dans le foot féminin français. Et on sait qu'il va venir jouer une carte ou deux donc on prépare ce match quand-même très sérieusement. On n'a pas le droit de perdre de points, je parlais d'équilibre, demain ça va être un équilibre différent que celui Bréquigny par exemple.»

Encore un dernier point, sur le mercato, nous sommes obligés de vous embêter avec ça pendant tout le mois de janvier... Des nouvelles concernant les prolongations de contrat ? Sur le recrutement d'une défenseure ? La jeune américaine Gaetino va-elle revenir ?

«  Depuis le match de Reims, aucune évolution depuis avant-hier. Ca continue de discuter, je sais que c'est actif bien entendu. Vous savez très bien que la direction sportive est sans cesse en contact. C'est énormément de discussions, c'est la période qui veut ça. Et j'espère que les décisions vont arriver, en tout cas dans un sens ou dans l'autre. Mais qu'on aura des avis tranchés rapidement. Parce que c'est vrai qu'on a envie de savoir où on en est,. Et puis si on veut avoir des renforts, ce serait bien de les avoir pendant la période où on a beaucoup de match, c'est mieux ! (rires)

Je sais qu'ils sont très très actifs et que ça n'arrête jamais. Aujourd'hui on vit la période de la manière ironique mais bien sûr le club aussi a envie de clôturer ses dossiers dans un sens ou dans l'autre, le plus rapidement possible. Après, c'est un milieu que je maîtrise moins mais vous savez aussi qu'il y a des agents qui vont essayer de faire monter jusqu'au dernier jour, jusqu'à 23h30... C'est très loin de mon domaine, ce n'est plus mon domaine de compétence. Mais évidemment, c'est aussi une volonté du club comme de la mienne de clôturer les prolongations et d'avoir une vue complète de l'effectif le plus rapidement possible.»

Vous expliquiez avoir des joueuses pour le poste d'arrière droite mais ce ne sont pas des profils très expérimentés. Pour vous, serait-ce plus simple d'avoir une joueuse supplémentaire qui est qui est capable de jouer en défense centrale et à droite ou d'avoir deux spécialistes, une en défense centrale pure et une latérale capable de jouer aussi piston ou peut-être un peu plus haut ?

(Interrogatif) « C'est une vraie question ! Moi je sais qu'il y a deux écoles entre les joueuses plutôt polyvalentes et les spécialistes à leur poste. Moi souvent, je préconise la deuxième solution. Parce qu'il est vrai que aujourd'hui, le foot féminin, notamment le très au niveau requiert une exigence extrême sur le plan athlétique, technique, tactique. Et justement, quand vous avez des profils en post-formation comme les joueuses que qui ont été mentionné, c'est justement le moment où on doit en faire des spécialistes à leur poste. Donc bien sûr qu'on peut de temps en temps changer de position, il y a des postes qui sont proches. Par exemple, pour moi, il est plus facile de naviguer de défense centrale à milieu défensive centrale que de défense centrale à latérale, parce que ce sont des exigences de poste qui sont pour moi aujourd'hui complètement différentes.

Aujourd'hui, une latérale dans le football moderne, elle est presque 50% attaquante, donc c'est presque plus facile d'être vraiment une joueuse de couloir, et de changer un peu sa hauteur sur le terrain. Ca veut dire qu'elle peut être latérale, elle peut être un peu plus haute sur un 3-5-2, voire peut-être carrément attaquante. Et là des exemples, on en a plein, vous voyez Sakina Karchaoui si vous la mettez un peu plus haute ou Bacha,, voire Sandy Baltimore avant... Cela ne pose aucun problème, elles peuvent jouer partout. Par contre, c'est vraiment un profil différent, on ne voit pas ces profils-là en défense centrale, à quelques rares exceptions. C'est pour ça que j'ai du mal avec ces profils. Cela peut marcher mais à un certain niveau, ça ne fonctionnera plus, et c'est pour ça que j'ai des solutions avec les jeunes.

Mais elles sont aussi à un âge, elles sont en post-formation, on doit finir cette post-formation. Et justement, plutôt que de les changer de postes, c'est le moment où on doit les spécialiser à un endroit bien précis. Même si elles peuvent dépanner, mais c'est justement le 1 mot, dépanner ! Et moi, forcément quand je raisonne en terme d'effectif, j'ai toujours cette vision en tête : "Contre les gros". Mon référentiel, ce sont les coupes d'Europe, ce sont les meilleures équipes du championnat de France et la refléxion est de se demander :"tiens est-ce que cette joueuse-là peut jouer contre Lyon, Chelsea, Barcelone, PFC, Arsenal, Wolfsbourg, et cetera..." C'est la réflexion que vous devez avoir. Et en fonction d'une réponse positive, il faut déterminer sous quelle échéance. Est-ce que c'est maintenant ? Est-ce que c'est dans 6 mois ? 1 an ? Il faut trouver un équilibre pour celles qui sont prêtes maintenant, et celles qu'on doit accompagner en post-formation pour qu'elles atteignent ce niveau-là le plus rapidement possible.»

Si vous aviez le choix imposé d'une seule joueuse à recruter, opteriez-vous pour une défenseure centrale ou une latérale ?

« Les deux ! (rires) Je pense qu'aujourd'hui, il nous faut un renfort sur les deux postes. Je sais qu'en défense centrale, c'est bien engagé, il y a des sujets qui avancent bien. Et pour l'autre poste, à défaut même une jeune. Mais en tout cas, une joueuse qui a la volonté de se spécialiser dans le couloir droit. On verra.»


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