Dans une très longue interview à l’Équipe Magazine, Laurent Blanc s’est exprimé sur son métier de coach. Voici quelques extraits.
La relation joueurs/entraîneur/président :
« J’ai connu tous les contextes, aussi bien les clubs familiaux que les géants comme Barcelone, l’Inter ou MU. Vous croyez vraiment qu’une relation directe entre certains joueurs et le président est propre à Paris ? Sincèrement ? J’ai connu ça partout. Que des très grands joueurs soient consultés sur le recrutement envisagé, je n’y vois rien d’illogique. Même à moi, ça m’est arrivé quand je jouais.
Cette saison, j’ai eu mon mot à dire sur les deux joueurs que nous avons voulu recruter. Dans les grands clubs particulièrement, l’entraîneur ne peut plus être le seul à décider. »
Les choix à faire :
« Vous avez 25 ou 26 joueurs et chacun d’eux a besoin de chaleur et d’affectif, c’est dans la nature humaine. Et sur une feuille de match, il y a onze noms à cocher. Ces choix à faire, c’est votre rôle, votre fonction. Il ne faut pas reculer.
Quand votre équipe a bien travaillé pendant la semaine et que vous devez placer deux joueurs en tribune, vous savez qu’ils vont forcément mal le vivre. Ce sont des choses qui, évidemment, posent problème. C’est la vie du groupe. »
Les entretiens avec les joueurs :
« A ceux qui souhaitent me parler, mon bureau est toujours ouvert. Ils sont plus nombreux à venir que quand j’étais à Bordeaux, par exemple. Et moi qui suis plutôt réservé, il m’arrive même d’être très bavard.
J’applique à la lettre ce conseil d’Alex Ferguson : « Laisse le joueur venir à toi. Plus il parlera, plus tu auras de la matière pour lui répondre. »
Je peux expliquer [pourquoi il ne joue pas] mais l’acceptera-t-il ? L’erreur à ne pas commettre avec un joueur c’est d’être brutal car l’entraîneur n’est rien sans ses joueurs. »
La gestion d’un groupe :
« Dans un groupe de vingt-cinq joueurs, tous veulent jouer. Une douzaine sont sûrs de jouer, de par leurs qualités et leur statut. Cinq ou six savent qu’ils doivent progresser. Restent quatre ou cinq qui ne sont pas satisfaits de leur temps de jeu. Il faut être très attentif à ceux-là, faire en sorte, à défaut d’être avec vous, ils ne soient pas contre vous. »
PSG/Chelsea :
« J’ai mal vécu cette élimination, comme tout le monde. Quand on perd, je le prends pour moi. Après une défaite, on se sent seul, mais vraiment seul. Une défaite concédée à deux minutes de la fin et on a tendance à penser qu’on a tout mal fait, absolument tout. »
Zlatan :
« Ibra n’est pas facile à gérer. Personne ne l’est. Mais ce n’est pas lui qui donnera le plus de difficulté. Il est dominant et inattaquable, il fait l’unanimité dans le vestiaire, il s’entraîne, il est exceptionnel dans le jeu et il pense aux autres, ce qui est admirablement bien dans un sport collectif. J’en connais qui n’ont pas ses qualités mais dont l’exigence est décuplée.
Je l’ai déjà sorti, pour le ménager. Personne n’est heureux d’être remplacé, surtout un type comme ça. Il est tellement compétiteur qu’il se dit : « J’avais déjà marqué trois buts, si le coach ne m’avait pas sorti, j’en aurais mis cinq. » Le match passé, vous pouvez lui expliquer, il va comprendre. »
Thiago Silva et David Luiz :
« Et Marquinhos… Je porte sur eux un regard différent. Ces défenseurs centraux me plaisent, ils sont le petit prolongement que je peux avoir sur le terrain. Ce sont des joueurs qui, comme d’autres dans cette équipe, comprennent, réalisent, concrétisent un peu plus vite. »
Debout au bord du terrain :
« Parce que les pelouses sont bombées. En conséquence, quand vous êtes assis, votre vision est minimale. L’idéal serait de prendre de la hauteur, ce qu’a très bien compris le rugby. J’aime être debout au Parc des Princes, l’espace m’y semble différent, peut-être parce qu’il m’ouvre la porte de tant de souvenirs. Et pourtant, au Stade de France, nous avons vécu de grands moments… »
NB : Propos recueillis par l'Équipe Magazine.
