Article 

Comment joue le PSG de Blanc ? (Partie 2)

Publié le vendredi 22 avril 2016 à 11:55 par Rédaction
Tom Payne, un analyste tactique, a décrypté sur un site spécialisé le jeu du PSG de Laurent Blanc. Voici la 2ème partie de son analyse, traduite par nos soins.

La première partie développait la structure collective du PSG et notamment le nombre important de joueurs présents dans l'axe au milieu du terrain. Voici la suite de son analyse :

L’intégration et l’utilisation de défenseurs-relanceurs

Outre Marco Verratti et Thiago Motta, le PSG possède des défenseurs très adroits à la relance. En particulier, Thiago Silva montre une faculté impressionnante à orienter le jeu, ce qui constitue une alternative de valeur dans la construction du jeu parisien. Même lorsqu’une équipe est capable de neutraliser Verratti & co, elle rencontre de grandes difficultés à en faire de même avec les défenseurs centraux du PSG qui ont alors tout loisir d’exprimer leurs qualités de passe.

Le PSG peut ainsi impliquer ses défenseurs centraux en phase de construction en raison de leurs qualités de passe, et cela marche plutôt bien. En particulier face à un bloc défensif à un seul attaquant. Dans ce cas de figure, le PSG cherchera à libérer un défenseur central qui pourra avancer sans être pressé pour ensuite casser une ou plusieurs lignes défensives. 

David Luiz a de l’espace pour avancer avec le ballon alors que Verratti mobilise le pressing adverse 

Le PSG y arrive à travers sa circulation de balle horizontale, puisqu’ils sont capables de changer le jeu d’un halfspace à l’autre (NDLR : un halsfpace est l'espace entre le côté et l'axe, expliqué ici). Quand les parisiens ont le ballon dans le halfspace gauche, ils utilisent souvent cette situation pour attirer le pressing de l’attaquant adverse dans cette zone pour ensuite renverser le jeu côté droit, là où Silva se trouve. Cela donne au capitaine parisien du temps pour avancer avec la balle et trouver Di Maria ou Lucas entre les lignes.

Le PSG peut construire dans un halfspace puis renverser le jeu dans le halfspace opposé et ensuite exploiter l’espace libéré.

La position du halfspace est aussi bénéfique puisqu’elle donne de la variété à la construction du jeu d’une équipe. Les deux couloirs adjacents au halfspace sont l’aile et le centre, qui ont des intérêts contrastés en football. Alors que le centre du terrain est généralement le meilleur endroit où se trouver, ce n’est pas le cas de l’aile et les défenses sont entraînées pour coulisser et rester compactes. Comme ces deux endroits se trouvent de part d’autre du halfspace, les défenses ont du mal à anticiper le “coup d’après” de l’adversaire, s’il ira jouer sur l’aile ou dans l’axe.

Le halfspace est entouré du couloir axial et du couloir extérieur, l’équipe qui construit a alors plusieurs choix possibles.

L’utilisation de défenseurs centraux habiles à la relance est un outil intéressant face aux équipes préférant le marquage individuel. Beaucoup d’équipes ont choisi de se présenter face aux hommes de Laurent Blanc en cherchant à marquer individuellement Verratti. Cependant, il est beaucoup plus périlleux d’utiliser une approche similaire avec des défenseurs centraux, ces derniers peuvent alors se retrouver libres en phase de possession.

Un pressing en zone mixte

En phase de non-possession, le PSG peut compter sur une défense forte et organisée, et figure parmi les équipes ayant obtenu le plus de clean-sheets cette année en Europe. Les parisiens s’organisent autour d’une zone mixte (défense de zone mais centrée sur le joueur adverse) dont la flexibilité leur permet de presser tout en conservant un équilibre.

Les hommes de Laurent Blanc cherchent à regagner immédiatement le ballon à la perte grâce à cette défense mixte, qui crée de nombreux duels en 1 contre 1, particulièrement dans le camp adverse.

La zone mixte du PSG

Cette flexibilité est en quelque sorte le fruit de leur utilisation des distances de marquage quand il s’agit de presser l’adversaire. En utilisant l’orientation de son corps, un joueur peut presser le porteur du ballon tout en couvrant un autre. La défense de deux joueurs à la fois porte ses fruits plus haut sur le terrain puisque le PSG peut ainsi créer une supériorité numérique.

Un autre aspect important concerne la gestion intelligente de l’espace entre le joueur qui sort au pressing et son adversaire direct. Dans des endroits moins importants relativement à la position du ballon, le joueur parisien qui sort au pressing, au lieu de serrer de trop près son adversaire direct, choisira de maintenir une distance et de se positionner dans un espace libre qui lui permettra de couvrir un autre joueur. En se comportant de la sorte, il reste à distance d’intervention sur son adversaire direct, tout en aidant à maintenir la compacité de l’équipe et assure la couverture d’un autre joueur, ce qui est difficile à réussir dans un système de défense individuelle.

Dans certains matchs contre les meilleures équipes au niveau national et continental, le PSG a vu certaines des failles de son système en zone mixte être exposées.

Le 4 octobre 2015 par exemple, où les hommes de Laurent Blanc ont réussi à battre Marseille à domicile sur le score de 2-1, alors que les visiteurs s’étaient montrés dangereux en trouvant des espaces dans la défense parisienne.

Les mouvements sans ballon de l’équipe de Míchel étaient particulièrement efficaces pour déformer la structure du PSG sans ballon et ainsi affecter sa stabilité défensive. Comme vous pouvez le voir sur le schéma ci-dessous, le milieu parisien se déforme complètement au gré de ses mouvements pour presser le ballon tout en couvrant les joueurs marseillais placés plus bas sur le terrain. Cela laisse le halfspace droit complètement exposé et une passe verticale dans cette zone est rendue possible. 

Bien que l’intelligence des joueurs parisiens soit importante pour maintenir la stabilité de leur défense en zone mixte, la réactivité et les éléments caractéristiques de ce schéma peuvent aussi se montrer problématiques.

Lors de la victoire 1-0 contre le PSG, le Real Madrid fut capable de trouver des joueurs dans des espaces au coeur du bloc parisien, grâce à des mouvements sans ballon très simples : les ailiers rentraient à l’intérieur. Les latéraux parisiens, réticents à suivre leur adversaire direct, préféraient conserver leur position et ce alors que les milieux parisiens étaient déjà occupés avec Modric et Kroos, abandonnant ainsi la couverture de la zone axiale à proximité des buts parisiens. 

Imperfections

Malgré leur domination nationale, les hommes de Laurent Blanc sont loin de former une équipe parfaite et il y a quelques failles dans leur dispositif tactique. 

Bien que l’organisation générale soit bonne, avec des positionnements adéquats et de bonnes combinaisons axiales, certaines incohérences peuvent impacter négativement le jeu de position parisien. Il n’est ainsi pas rare de voir deux joueurs ou plus occuper la même zone. Cela découle visiblement de la liberté des joueurs dans le jeu de position parisien qui, par conséquent, souffre lorsque la coordination entre les joueurs n’est pas optimale.

Au-delà de cet aspect, les performances peuvent être assez irrégulières d’un match à l’autre, ce qui a été assez visible ces dernières semaines (NDLR : l'article a été publié à la mi-février, juste avant PSG/Chelsea). L’équipe est souvent fortement affectée lorsqu’un joueur clé est absent, ce qui a donné lieu à plusieurs performances assez mauvaises lors des derniers matchs en L1.

Sans Marco Verratti, l’équipe de Laurent Blanc a semblé beaucoup plus faible dans l’utilisation du ballon. Avec Stambouli, qui le remplace généralement à ce poste, les Parisiens ont souffert d’un manque d’équilibre et d’une circulation de balle de moindre qualité et moins intense, avec des difficultés pour amener le ballon dans des zones axiales.

Cela a été particulièrement visible lors des deux derniers matchs contre Lyon (3-0 en Coupe de France) et Saint-Etienne (2-0 le 31 janvier, avec l'entrée de Verratti à l'heure de jeu). Bien qu’ayant gagné les deux matches, les Parisiens étaient loin de leur niveau de performance habituel, et ont semblé particulièrement en dedans au cours de la 1ère mi-temps face à Lyon. Il fut intéressant de noter ce qui semblait être une adaptation tactique en l’absence de Verratti, le PSG utilisant davantage les côtés à la fois dans la construction et les phases offensives, deux des trois buts arrivant suite à des centres.

Enfin, le PSG a tendance à manquer d’intensité en phase de possession, la circulation du ballon de la phase initiale de construction jusqu’au dernier tiers étant souvent trop lente. Ces difficultés semblent étroitement liées à celles dévelopées plus haut, Verratti étant un élément clé dans l’orientation du jeu et l’organisation étant corrélée à la circulation du ballon.

L’organisation de l’équipe est liée à la circulation du ballon pour la bonne et simple raison que les joueurs se passent le ballon entre eux, donc le positionnement des joueurs en question a un impact important. Quand le positionnement est défaillant et que les joueurs sont soit trop proches soit trop loin les uns des autres, la circulation du ballon est rendue plus difficile, et quand les joueurs du PSG ne se placent pas dans les espaces libres au sein du bloc défensif adverse, alors il n’y a aucune chance que le ballon arrive dans ces zones.

Une image déjà utilisée plus haut - paresseux, je sais.

Prenons l’image au-dessus par exemple. Avec 5 joueurs axiaux trop proches les uns des autres et peu de connexions possibles entre eux, il est difficile pour le PSG de progresser avec le ballon. Il y a une seule possibilité réelle de passe verticale, et celle-ci n’offre qu’un intérêt offensif limité puisque le ballon sera bloqué sur le côté. Cet exemple est tiré du match contre Lyon, lors duquel le PSG a clairement eu des difficultés sans Marco Verratti.

Les autres parties

Partie 1 : La structure collective du PSG et notamment le nombre important de joueurs présents dans l'axe au milieu du terrain 

Partie 3 : Le rôlé-clé de Marco Verratti

NB : Nous ne proposons qu'une traduction de cet article de Tom Payne et initialement publié sur Spielverlagerung.com. Merci à lui de nous avoir autorisés. La traduction a été faite par Jérémy, Matthieu, Max & Olivier.


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.

News 

Aujourd'hui

dimanche 28 avril

samedi 27 avril

vendredi 26 avril

jeudi 25 avril

mercredi 24 avril

mardi 23 avril

lundi 22 avril

dimanche 21 avril

 

Soutenez CulturePSG 
Soutenez CulturePSG sur Tipeee