Désireux de racheter le Parc des Princes à la mairie de Paris ou de construire un nouveau stade ailleurs, le PSG étudie une piste à Montigny-le-Bretonneux, une commune située dans l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines. Une agglomération où le projet du PSG n'est pas vu d'un bon oeil par tout le monde...
Moderniser et agrandir le Parc des Princes pour développer ses revenus et améliorer l'expérience des supporters du PSG, telle est l'ambition de Nasser Al-Khelaïfi et des dirigeants parisiens. Mais les discussions avec la mairie de Paris pour le rachat du stade sont au point mort depuis des mois et le président parisien commence à se lasser sérieusement. Le 10 janvier dernier, Nasser Al-Khelaïfi a fait la tournée des médias français. L'occasion pour lui de faire le point sur le dossier Kylian Mbappé, mais surtout d'évoquer le dossier du stade, avec un message clair à destination de la mairie de Paris.
L'ultimatum de Nasser Al-Khelaïfi à la mairie de Paris
« Nous ne voulons pas que dans cinq ans, nous fassions semblant que tout aille bien. Et je ne veux pas arriver dans une situation où l'on ne peut plus rivaliser avec les autres. Et c'est ce qui arrivera si nous ne bougeons pas, c'est certain. On doit être fixés dans les trois mois, sinon on bouge. Nous sommes très en retard si l'on se compare avec les autres. On a des plans mais c'est confidentiel. On en a trois, déjà planifiés, déjà prêts. Je vous le dis, on le fera », a juré le président parisien.
La piste Montigny-le-Bretonneux
Parmi les options étudiées par le PSG en cas de départ du Parc des Princes, celle révélée par L'Equipe de construire un stade à Montigny-le-Bretonneux, dans les Yvelines, juste à côté de la base de loisirs et du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, où se situe déjà le centre d’entraînement de l’équipe de France de cyclisme et le siège de la fédération française. Un terrain sur lequel le PSG avait envisagé d'y constuire son nouveau centre d'entraînement avant d'opter finalement pour Poissy.
Le 11 janvier dernier, le maire de Montigny-le-Bretonneux Lorrain Merckaert (DVD) avait été interrogé par Le Parisien sur la possible arrivée du PSG et semblait ouvert à cette idée : « Je ne suis pas du tout étonné que cette option soit sur la table, confiait-il. Dans le cas du PSG, on parle d’un flux de personnes qui se déplaceraient en fin de journée pour voir des matchs. Pour moi, c’est une option assez réaliste après, il faut prendre tout ça avec beaucoup de prudence. »
Le 25 janvier dernier, le président de l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, Jean-Michel Fourgous, se disait lui clairement emballé par la perspective de voir naître le projet de nouveau stade du PSG sur son territoire : « Si ce projet aboutissait, mais les étapes sont encore nombreuses (…), cela serait un catalyseur économique et médiatique incroyable pour notre territoire ! Cela offrirait une visibilité planétaire à Saint-Quentin-en-Yvelines. Nous rêvons en grand et le dossier avance bien grâce à notre ambition commune », confiait-il dans des propos rapportés par 78actu.fr.
L'inquiétude de quatre maires de Saint-Quentin-en-Yvelines
Mais comme toujours dans ce genre de projet, il y a aussi des gens contre. Quatre maires de l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines ont ainsi signé ce 30 janvier une tribune commune pour faire part de leurs craintes concernant ce projet de stade du PSG à Montigny-le-Bretonneux. Des craintes économiques et écologiques. « S’il venait à se concrétiser, ce projet porterait une atteinte considérable aux équilibres écologiques et économiques fragiles de notre territoire. Ce serait ainsi pas moins de 50 hectares de terres naturelles, espaces aujourd’hui utilisés pour l’agriculture locale (…), tout près d’une zone classée Natura 2000 abritant de nombreuses espèces protégées qui seraient sacrifiées au béton et au bitume », ont ainsi écrit les maires de Coignières (Didier Ficher, SE), Guyancourt (François Morton, DVG), Magny-les-Hameaux (Bertrand Houillon, DVG) et Trappes (Ali Rabeh, Génération.s) dans des propos rapportés par 78actu.fr.
Les quatre maires s'inquiètent aussi des conséquences de l’affluence de « 60 000 spectateurs, pour l’essentiel véhiculés » les jours de match et s'offusquent également de voire leur agglomération « instrumentalisée dans le bras de fer qui oppose les propriétaires qataris du PSG et la ville de Paris ». Les quatre élus semblent aussi avoir un problème avec le Qatar, « un pays dont la stratégie de puissance et la proximité avec les pires groupes terroristes devraient appeler à tout le moins à la plus grande vigilance. »
« Je ne travaille pas avec une structure qui est aux mains du Qatar »
Cette défiance envers le Qatar a aussi été exprimée par Patrick Karam (LR), vice-président de la Région Île-de-France, à qui appartient la base de loisirs où se situe le terrain visé par le PSG : « Je ne suis pas au courant du projet du PSG sur l’Île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines, mais je ne travaille pas avec une structure qui est aux mains du Qatar. Je suis un militant, un défenseur des chrétiens d’Orient et je ne vais pas renier mes convictions. Je n’ai rien contre le PSG, il pratique un beau football, mais je ne travaille pas avec le Qatar », a-t-il lâché, là aussi dans des propos rapportés par 78actu.fr.
Dans un article consacré aux pistes du PSG pour son nouveau stade, RMC Sport relaye également le scepticisme de connaisseurs de la région Ile-de-France, qui mettent en avant les problèmes d’accès à la gare de Montigny-le-Bretonneux et s’interrogent eux aussi sur la protection environnementale autour du lieu visé par le PSG. Un lieu qui est au coeur d'un énorme imbroglio juridique depuis décembre 2023 selon 78actu.fr, ce qui ne devrait pas faciliter le projet du PSG. Pour résumer, la piste Montigny semble donc très complexe et pourrait bien, si elle était définitivement choisie par le PSG, se confronter à une vraie opposition et des recours administratifs à répétition.
