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4-4-2, gauchers, adaptations, match référence, etc, retour à froid sur Real Sociedad/PSG (1-2)

Publié le mercredi 6 mars 2024 à 18:59 par Philippe Goguet
Le PSG est allé s'imposer 2-1 sur la pelouse de la Real Sociedad en huitième de finale retour de la Champions League ce mardi. Un match important dans la saison des Parisiens et de la jeune équipe de Luis Enrique. Retour à froid sur la partie, via quelques points tactiques, managériaux et historiques.

Un 4-4-2 inattendu et très novateur

S'il n'hésite jamais à changer ses plans au niveau tactique, Luis Enrique n'avait pas montré jusque-là une appétence particulière pour les coups tactiques d'un soir. En abandonnant le 4-3-3 qu'il utilise depuis plusieurs mois au profit d'un 4-4-2 en losange avec Dembélé positionné en numéro 10 et deux attaquants très au large, l'entraîneur espagnol a surpris tout le monde et notamment son homologue Imanol Alguacil sur le banc de touche adverse comme ce dernier l'a reconnu.

Cette composition marque une vraie rupture dans ses choix de par le positionnement de Dembélé. Si l'entraîneur parisien n'avait pas hésité à dire que le joueur était en mesure de jouer dans un rôle de numéro 10 axial il y a plusieurs mois, il avait alors assuré que ce poste n'existait pas dans  son système de jeu. Une vérité qui n'est désormais plus d'actualité.

Autre constatation, le PSG a évolué pour la première fois de la saison sans réel avant-centre. Asensio avait déjà été une pointe plutôt fuyante en début de saison mais jamais Luis Enrique n'était allé aussi loin dans le dépeuplement de l'axe de l'attaque. En un match, il a d'ailleurs totalement changé la face de son trio offensif, tout en utilisant les mêmes joueurs. Mbappe est passé de l'axe au côté gauche, Dembélé de la droite au milieu et Barcela de la gauche à la droite. Le changement a donc été au niveau tactique mais pas vraiment au niveau des joueurs. Ou comment jouer très différemment avec les mêmes.

Luis Enrique a mis tous ses gauchers

C'est l'autre grande nouveauté du onze de départ choisi par l'entraîneur parisien : il n'a pas hésité à aligner une défense centrale avec deux gauchers, en plus de Nuno Mendes qui faisait son retour à son poste naturel d'arrière gauche. Jusque-là l'entraîneur avait surtout composé des défenses avec deux droitiers, ce qui est assez courant vu le pourcentage de droitiers par rapport aux gauchers, ou des défenses avec chaque joueur sur son pied fort. 

Mais la défense centrale composée de Beraldo dans l'axe gauche et surtout Lucas Hernandez dans l'axe droit est véritablement sortie de nulle part. Autant le gaucher brésilien avait déjà joué à ce poste au Brésil en U20, autant le Français n'avait probablement jamais évolué dans cette position au cours de sa carrière. Signe que tout a probablement été décidé au dernier moment en fonction des sensations négatives de Danilo et Marquinhos, Beraldo était même encore placé dans l'axe droit lors de l'échauffement du match ce mardi à Anoeta comme nous avons pu le constater !

Toujours concernant les gauchers, le premier quart d'heure de la seconde mi-temps a vu la moitié des joueurs de champ parisien être de ce pied fort. Outre les trois défenseurs déjà cités, on retrouvait également Ruiz au milieu et Lee en attaque, avec donc des joueurs en pied fort en défense et au milieu, mais le contraire en attaque. Il y a bien évidemment beaucoup de choix circonstanciels mais c'est une rareté qui est à souligner.

Un PSG tout en adaptations

Des quatre mi-temps de cette double confrontation, la Real Sociedad n'en a finalement dominé qu'une seule, la toute première. C'est à partir de celle-ci, et car l'adversaire est très lisible dans ce qu'il propose, que Luis Enrique a bâti toute sa réponse tactique. Le premier élément de réponse était arrivé dès la mi-temps du premier match avec l'inversion de Ruiz et Vitinha, le Portugais se positionnant alors en sentinelle pour apporter sa qualité technique face à la pression des Basques. Cette adaptation réussie a bien évidemment été reconduite, alors ce n'est pas forcément le cas en championnat.

L'autre adaptation est évidemment l'utilisation de Dembélé dans ce rôle au cœur du jeu. Puisque Paris avait eu du mal à dominer le 3 contre 3 proposé dans l'entrejeu à l'aller, Luis Enrique a modifié l'équilibre en plaçant quatre joueurs parisiens contre trois milieux basques, ce qui a eu deux grandes conséquences. La première est la victoire parisienne au milieu du terrain, claire et sans bavure. Paris a dicté le tempo et a eu la maîtrise du match en très large partie parce qu'il a gagné la bataille de l'entrejeu, de façon bien plus visible qu'au match aller, même en seconde période.

Mais ce choix de renforcer l'axe est aussi une conséquence de la façon dont les Basques avaient remarquablement su défendre les côtés au match aller. Barcola avait été isolé et n'avait su s'en sortir que sur un exploit individuel tandis que la paire Hakimi-Dembélé avait été plutôt bien gérée dans l'ensemble et avait eu bien du mal à créer du danger. M'entraîneur parisien n'a même pas voulu retenter l'expérience d'une équipe qui ne tente d'attaquer que par les côtés et il a donc choisi d'utiliser l'axe. Avec un peu plus d'application de Dembélé, cela aurait pu faire encore plus mal, signe de la marge des Parisiens ce mardi.

Un vrai match référence pour le PSG 

Le PSG est allé gagner une rencontre éliminatoire de Ligue des Champions à l'extérieur pour la première fois depuis avril 2021 à Munich (3-2) mais, plus que le score, c'est l'impression de maîtrise dégagée par les Parisiens qui a marqué supporters et observateurs. Au cours des dernières années, Paris était bien allé gagner à Bruges ou à Haïfa mais avait rarement donné l'impression de dominer autant son sujet. Le déplacement en Israël il y a 18 mois (3-1) avait au contraire montré toutes les faiblesses structurelles de l'équipe parisienne, même contre un adversaire de moindre calibre.

Ce mardi, le patron de la rencontre a été le PSG dès les premières minutes et il l'a été pendant l'immense majorité du match, ne se relâchant que sur la toute fin de rencontre lorsque l'éliminatoire était jouée et que des joueurs de moindre qualité ont fait leur apparition sur le terrain. 

Balayé à Newcastle (1-4), compétitif pendant une mi-temps seulement à Milan (1-2), bousculé mais pas si loin de l'emporter à Dortmund (1-1), le PSG a donc signé sa première victoire de la saison à l'extérieur en Champions League et il ne s'agit que de la suite logique. A chaque partie loin du Parc des Princes, les Parisiens ont su montrer une maîtrise supérieure à la rencontre précédente et cette courbe de progression est probablement la plus prometteuse qui soit tant elle démontre la solidité réelle d'une équipe. Le problème n'a jamais été au Parc, souvent loin de Paris.

Un petit parfum de Valence/PSG et de nouvelle ère

A une minute près, le PSG aurait pu gagner sa première double confrontation éliminatoire sans prendre de but depuis le huitième de finale d'Europa League contre Braga en 2009 (0-0, 0-1, but de Hoarau). Mais ce Real Sociedad/PSG a plus ressemblé à un des matchs marquants du début de l'ère QSI, le 8e de finale aller qui s'était joué en Espagne face au Valence CF d'Ernesto Valverde en mars 2013 (2-1).

La jeune équipe parisienne de l'époque, qui se cherchait encore un peu comme celle-ci, avait alors complètement dominé un club valencien inférieur en termes de talent individuel mais probablement plus mûr collectivement. Là encore, c'est dans les dernières secondes du match, et après un coup de pied arrêté mal géré, que les Espagnols avaient réduit le score de façon inutile vu que le match avait été plié avant. 

Cette campagne 2012/2013 ressemble d'ailleurs sur certains points à l'actuelle avec une équipe nouvelle à la recherche de références match après match. Celle de Carlo Ancelotti était repartie de Valence pleine de confiance, celle de Luis Enrique a possiblement vécu son même acte fondateur ce mardi à Saint-Sébastien.


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