Alors qu'une réunion houleuse entre présidents de Ligue 1 datant de juillet dernier a fuité dans la presse cette semaine, John Textor a décidé de sortir la sulfateuse contre Nasser Al-Khelaïfi, le PSG sauce qatarie ainsi que ceux qu'il considère comme les laquais du président parisien, Pablo Longoria en tête.
John Textor est en mission, pour ne pas dire en croisade, contre Nasser Al-Khelaïfi, le Qatar, le PSG et tous ceux qu'il considère comme les « toutous » du président parisien, de Vincent Labrune à Olivier Létang en passant par Pablo Longoria. Traité de « cow-boy » par Nasser Al-Khelaïfi le 14 juillet dernier lors d'une visio houleuse entre présidents de Ligue 1 qui a fuité ces dernières heures dans la presse, le président américain de l'OL a décidé de s'exprimer ce vendredi dans L'Equipe et dans le quotidien espagnol AS à deux jours d'un OL/PSG qui s'annonce bouillant en tribune officielle.
« Tous les conflits d'intérêts doivent être divulgués et atténués »
Dans les colonnes de L'Equipe, John Textor a déjà répondu aux critiques formulées à son égard par Nasser Al-Khelaïfi l'été dernier sur son incompétence concernant les droits TV et veut mettre fin à ce qu'il considère comme un conflit d'intérêts, en allusion à la double casquette PSG/beIN du dirigeant qatari : « Dans mon cas, je suis le seul propriétaire dont la richesse a été construite grâce au streaming OTT (avec sa société "FuboTV", spécialisée notamment dans la diffusion d'événements sportifs) de matches de football, et je sais très bien qu'un bouquet de sports purs ne fonctionne pas, sans l'inclusion d'autres divertissements, d'informations et de contenus. Se faire réprimander par "NAK", comme n'y connaissant rien, était à la fois comique et contre-productif. La gouvernance de notre ligue doit changer, immédiatement, car chaque club de Ligue 1 devrait être représenté au conseil d'administration. Tous les conflits d'intérêts doivent être divulgués et atténués. Telles sont les règles de la meilleure ligue de football du monde, la Premier League, et il n'y a aucune honte à suivre un bon exemple », a-t-il lâché.
Le président de l'OL, au-delà de la question des droits TV, dénonce aussi l'influence de Nasser Al-Khelaïfi sur d'autres présidents de Ligue 1 : « Nous avons trop de présidents et trop de dirigeants qui estiment que leur carrière serait meilleure, personnellement, s'ils collaboraient avec "NAK". Beaucoup ne sont même pas propriétaires, donc ils voient de la valeur dans les postes de direction de la Ligue et les nominations à l'ECA (l'Association européenne des clubs, présidée par Al-Khelaïfi). "NAK" est le banquier qui détient la monnaie des nominations politiques, et il sait comment la dépenser à bon escient. Je pense qu'il a plus d'influence sur certains présidents de club que leurs propriétaires absents. Leur carrière est donc plus sûre avec Nasser, tant qu'ils agissent comme il le souhaite. »
« Longoria est un porte-parole du PSG »
Dans les colonnes du quotidien AS, Textor n'a pas hésité à nommer les présidents qu'il vise : « Longoria veut aborder la question la multipropriété ? Je peux vous dire que cette déclaration est faite par un porte-parole du PSG, qui travaille en étroite collaboration avec Olivier Létang à Lille, avec Damien Comolli à Toulouse, avec Caillot au Stade Reims et, si vous regardez, ces paroles viennent de personnes qui ont obtenu un siège au conseil d'administration de l'ECA, qui ont été très bien traitées par Nasser, qui ont été placées au conseil d'administration de la Ligue...»
Et Textor d'ajouter sur le président espagnol de l'OM : « Il est clair que Pablo Longoria, en faisant ces commentaires, les a faits dans le cadre d'une stratégie de groupe. Je ne pense pas qu'il ait cherché à défendre les intérêts de son club, Marseille. Je connais très bien ses propriétaires, les propriétaires de Marseille, et je pense qu'ils gèrent bien le club. Je pense que Pablo Longoria devrait se préoccuper davantage de Marseille et moins de la politique de la Ligue. »
« Le modèle de financement du PSG est illégal »
Dans les colonnes du quotidien AS, John Textor s'en est aussi pris au modèle de financement du PSG, comme Jean-Michel Aulas en son temps : « La DNCG est consciente qu'il y a une violation du droit européen en permettant à un État étranger de subventionner une entreprise, ce qui constitue une distorsion de la concurrence. Et année après année, ils ont permis au PSG de violer le droit européen, en construisant leur club déficitaire de 70 millions et plus de 800 millions de revenus grâce à des subventions étrangères illégales. Ils ne se soucient pas de savoir d'où vient l'argent, car la DNCG leur permet d'enregistrer des pertes de 70 millions chaque année. Ce qui est incroyable, c'est que les sources de revenus de Lyon sont remises en question parce qu'elles proviennent du Brésil ou des États-Unis. Le modèle de financement du PSG est illégal, notre modèle est parfaitement légal et nous sommes le modèle sanctionné. On leur permet de continuer à violer le droit européen. »
Textor prêt à saisir la Commission européenne ?
Dans cet entretien, John Textor a également annoncé qu'il était prêt à dénoncer le PSG devant la Commission européenne : « Je confirme que nous allons demander à la Ligue que le PSG se conforme à la loi de la Commission européenne et nous demanderons à la commission juridique de la LFP d'analyser cette question, comme l'ont fait les autres clubs avec nous et Thiago Almada, et, si nous n'obtenons pas de réponse satisfaisante, nous porterons l'affaire devant la Commission européenne. »
« Je n'ai aucun problème avec le Qatar, j'ai un problème avec la distorsion de la concurrence »
Mais l'Américain a assuré qu'il n'avait rien contre le Qatar en soi : « Nous ne sommes qu'un petit club face à un pays très grand et très puissant. Je tiens à être clair : je n'ai aucun problème avec le Qatar. Je l'aime bien. J'apprécie les États du Golfe. Je pense que les Émirats et les pays du Moyen-Orient, y compris l'Arabie saoudite, apportent une grande contribution aux pays du monde entier. Je n'ai donc aucun problème avec cela. Ce qui me pose problème, c'est la distorsion de la concurrence, qui détruit nos possibilités de revenus, nos possibilités de télévision, nos possibilités de concurrence. Et cela nuit à toutes les communautés en France qui rêvent et espèrent que leur équipe puisse un jour gagner un championnat, parce que cela n'arrivera jamais tant que nous ne changerons pas ces règles. »
