Recrue la moins connue de l'été, le milieu italien Cher Ndour (19 ans) n'a pratiquement pas joué depuis son arrivée au PSG en provenance du Benfica. Ce mardi, il a joué tout le match avec l'Italie Espoirs contre la Norvège. Un match que nous avons pu nous procurer puis longuement analyser et qui en dit long sur le joueur, tant au niveau de ses qualités que des défauts. Radiographie d'un joueur à part.
Cher Ndour et le PSG, c'est pour l'instant un contrat de cinq ans après une arrivée libre suite à des négociations n'ayant pas abouti avec le Benfica et 5 minutes de jeu à peine à la fin d'OL/PSG (1-4) en septembre dernier. A l'exception du troisième gardien Arnau Tenas, personne n'est aussi inconnu que lui au sein de l'effectif parisien. Le CV du milieu italien a toutefois du cachet : les réputées écoles de foot de Brescia et l'Atalanta étant jeune puis trois ans au Benfica pour finir sa formation, une Youth League de gagnée en 2022 et l'Euro U19 l'été dernier, à chaque fois en titulaire indiscutable.
C'est probablement ce statut de grand talent qui offre à Cher Ndour une place de titulaire dans l'équipe d'Italie Espoirs, un statut encore confirmé cet octobre à l'occasion de la réception de la Norvège. Dans le 4-3-1-2 transalpin, il est le relayeur gauche du milieu et a joué tout le match joué ce mardi au Stadio Druso de Bolzano. Peu utilisé par Luis Enrique, trop vieux pour jouer en U19, Ndour jouait donc à cette occasion son premier match depuis un mois et la précédente rencontre des Azzurino.
Un premier quart d'heure qui fait peur puis du mieux
Autant le dire franchement, son premier quart d'heure de cet Italie/Norvège Espoirs a été tout bonnement catastrophique, montrant un joueur dépassé sur tous les plans : absent défensivement et offensivement, perdu sur le terrain, techniquement imprécis, l'impression dégagée est alors effroyable. L'Italie domine pourtant vaguement le match mais Ndour n'y est pas du tout. Peu à peu, il se met en route malgré un déchet technique important : une passe en profondeur bien trop longue sur un contre et, surtout, une énorme occasion loupée. Servi dans la surface, il se retrouve face au but, tergiverse puis tente un extérieur du pied droit complètement loupé qui finit à côté de la cage.
L'occasion ratée de Cher Ndour (à partir de 0'43) :
La seconde période jouée à de nombreux moments sur un faux rythme montre un joueur un plus à son aise. Rarement dépassé défensivement et auteur de plusieurs interventions bien senties malgré un avertissement pour un coup de coude, il a aussi su un peu peser au sein de son équipe. Le jeu collectif italien est toutefois assez pauvre et il ne brille pas spécialement, mais les qualités du joueur apparaissent finalement de façon assez claire de même que ses défauts.
Un mix physique et technique pour le moins rare
Du côté des qualités, l'une crève les yeux : Cher Ndour est un colosse, ni plus ni moins. Le milieu italien est grand, large et il prend de la place sur le terrain. Lorsqu'il arrive face à un joueur pour défendre, il est même franchement impressionnant et semble disproportionné face à pratiquement tous ses adversaires. Mais ce gabarit pour le moins imposant s'accompagne d'une finesse technique assez folle et particulièrement rare pour un joueur doté de tels attributs physiques.
Ndour de dos, un milieu bien rempli
Au cours de la rencontre, Cher Ndour aura tout de même réalisé quelques prouesses techniques inattendues pour un joueur qui doit attendre facilement le 1,90m et les 90 kilos. Contrôle aérien en pleine course, louche bien sentie, enchaînement roulette pied droit et passe pied gauche sous pression dans ses 30m, second enchaînement alternant les deux pieds proche de la surface adverse plus quelques autres prises de balle où sa qualité principale apparaît de façon évidente : une technique fine pour un joueur avec un physique qui le place théoriquement en position de force à chaque duel.
Un milieu lent et qui doit apprendre à défendre
Mais ce combo gabarit/puissance a un coût très élevé et le joueur de 19 ans va devoir apprendre à vivre avec. Cher Ndour est un milieu lent et qui semble avoir toutes les peines du monde à accélérer. L'Italien joue sur un rythme unique et il est vite dépassé dès lors que le tempo s'accélère. Les autres courent plus vite que lui et, plus gênant pour la suite, il baisse en précision assez rapidement quand il faut jouer vite. Des passes largement dans ses cordes se perdent, sa vision du jeu s'altère grandement et il ressemble alors fortement à un U19 qui découvre le monde professionnel. Ce qu'il est au final, même si son physique le fait oublier.
A titre de comparaison, Ethan Mbappé (16 ans), Cher Ndour (19 ans) et Bradley Barcola (21 ans) côte à côte après PSG/Nice.
Autre défaut très visible, Ndour ne sait pas vraiment défendre, ou n'a pas ancrée en lui cette volonté de reprendre le ballon en lui. Durant la première mi-temps, il est ainsi apparu totalement spectateur sur certaines offensives adverses. Il s'impose par exemple à peine pour défendre un ballon dans sa surface ou est en retard au départ des actions et ne parvient pas à compenser ce temps de latence. Défendre n'est pas quelque chose de naturel pour lui et cela se ressent de façon bien trop récurrente.
Visiblement recadré à la pause, le milieu a pourtant livré un début de seconde période prometteur à ce niveau-là. Impliqué, il impose alors son gabarit monstrueux et devient alors un joueur qui éteint son adversaire. Mais Ndour ne sait pas encore vraiment utiliser ses formidables atouts naturels. Alors qu'il coupe parfaitement un contre en se mettant dans la course de son adversaire, il envoie son coude en plein visage et est logiquement averti. Un carton jaune qui se transforme en peur du rouge et le voit alors arrêter de défendre pendant 20 bonnes minutes. Il se reprend ensuite et finit bien mais montre encore une fois tout le travail à effectuer.
La question du poste, et de la suite
Dernier point qui laisse perplexe : Cher Ndour est-il un relayeur ? Droitier certes plutôt agile du pied gauche, il n'a pas vraiment montré des aptitudes particulières pour ce poste exigeant d'être un joueur complet. Son endurance n'est pas remise en cause mais son volume de jeu reste faible dans l'ensemble. Il n'apparaît jamais totalement impliqué dans son équipe, tant offensivement pour construire le jeu que défensivement pour tenter de récupérer le ballon, et les équipes nationales avec peu de repères ne sont pas vraiment le meilleur cadre en ce sens.
Ndour sur le banc, une image habituelle au PSG
Après l'avoir observé de près durant un match complet, on comprend parfaitement bien pourquoi Cher Ndour est au PSG et pourquoi il joue aussi peu. Ses qualités naturelles, cette technique alliée à ce physique très dominant, en font un prospect qui peut devenir un joueur tout à fait hors normes pour peu qu'il parvienne à se développer sur quelques points clés : le volume de jeu en général, sa technique défensive, sa capacité à peser plus dans le jeu, etc. Certains points faibles ne changeront pas, comme sa vitesse de déplacement, mais le joueur en souffrira moins quand il se sera adapté à la vitesse du haut niveau.
Reste que ses défauts sont aujourd'hui bien trop rédhibitoires pour lui donner un vrai rôle au sein d'une équipe qui a les ambitions du PSG. Son incapacité à s'adapter à un rythme élevé ainsi que ses insuffisances défensives en font un joueur sur lequel il est aujourd'hui impossible de compter. Sur trop de points, il ressemble à un U19 qui n'a pas encore achevé sa transition vers le football professionnel. Un prêt lors du mercato hivernal pourrait ressembler à la bonne solution mais quel club va utiliser un joueur avec autant de carences à l'instant T ? Un projet sur 18 mois, à l'image de qu'Ayman Kari est parti chercher à Lorient, semble bien plus adapté à sa situation actuelle.
