Après la qualification de son équipe pour les 8e de finale de la Champions League grâce à son carton contre Brest (7-0), Luis Enrique s'est très longuement exprimé en conférence de presse, revenant sur le match évidemment mais aussi le parcours par lequel est passé son équipe pour en arriver jusque-là. Il a également évoqué quelques cas individuels, comme Kvara, Mayulu ou Ramos, et se projette déjà sur la suite. Voici ses propos complets, traduits par nos soins.
Bonsoir Luis Enrique. Êtes-vous fier du visage affiché par votre équipe, qui a poussé jusqu’au bout contre Brest (7-0), ce mercredi soir, malgré un score très nettement à votre avantage ?
« Nous ne sommes pas tombés dans une forme de relâchement »
« En premier lieu, j’aimerais mettre l’accent sur cette équipe de Brest. C’est toujours difficile de jouer contre eux et ça l’a encore été. Ils ont fait une grande compétition. Je crois que c’est l’une des meilleures équipes de France, en tout cas au moins depuis que je suis à Paris. Nous avons très bien joué dès le début. Pourtant, ce type de match avec un tel avantage peut être piégeux. Mais nous ne sommes pas tombés dans une forme de relâchement. Notre premier but a un peu éteint les espoirs de Brest et nous a donné plus d’options offensives. En tout cas, nous avons joué de bout en bout en respectant à tout moment l’une des meilleures équipes de France. C’est l’une des formations qui a le plus marqué contre nous. Félicitations à Brest et son entraîneur, Eric Roy. »
Préfèreriez-vous affronter Liverpool ou le FC Barcelone en 8es de finale ?
« Oui, j’ai une préférence entre Liverpool ou Barcelone. Les deux me plaisent tout autant. (Il ajoute en français) C’est facile, hein ?(sourire). »
Vous évoquez souvent l’importance de nombreux buteurs différents : ça a été le cas ce soir, avec sept buteurs différents dans un match important de Ligue des champions. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
« Vous savez, c'est une chose que nous avons relevé à la fin du match. Gagner 7-0 avec sept buteurs, je crois que ce n’est jamais arrivé en Ligue des champions. J’en doute en tout cas. Cela représente la mentalité de nos joueurs, qui ont presque tous marqué. Cela est arrivé, car une fois dans les derniers mètres, ils ont toujours donné le ballon à un coéquipier mieux placé qu’eux. Si ils s’étaient montrés plus égoïstes, nous aurions marqué moins que sept buts. J’adore ça et ça me parait être la meilleure manière de se présenter dans un tel match. Je félicite tous les joueurs qui ont joué ce soir pour leur mentalité. »
Avez-vous noté des progrès sensibles chez Kvitcha Kvaratskhelia, buteur, plus en jambes et semble-t-il mieux connecté à ses coéquipiers ce soir ?
« Kvara a très envie de démontrer son niveau et il veut aider l’équipe »
« C’est un joueur top, de très haut niveau. Je n’ai aucun doute là-dessus. J’ai répété d’une fenêtre de transferts à une autre que c’est toujours difficile de trouver des joueurs améliorant votre niveau très fortement. Il a encore besoin d’un temps d’adaptation pour bien connaître ses coéquipiers et que nous sachions ce que nous pourrons ou voulons faire avec lui. Mais il a très envie de démontrer son niveau et il veut aider l’équipe. Et quand vous voyez un joueur faire un gros effort défensif comme il l’a fait à la 89e minute, à 7-0 en votre faveur, afin d’aider l’équipe à défendre : ça, c’est ce que nous voulons voir de nos joueurs. »
Êtes-vous fier que vos joueurs n’aient pas relâché leurs efforts jusqu’à la toute fin de match, ce qui a abouti à un score cumulé de 10-0 en votre faveur ?
« Quand vous avez derrière vous des supporters comme les nôtres, qui sont là à domicile et à l’extérieur, remplissent toujours le stade et vous soutiennent du début à la fin quel que soit le résultat du match, le respect est d’être pro du début à la fin, je crois que la meilleure manière de leur montrer du respect, ainsi qu’à notre adversaire, est de jouer le plus professionnellement et sérieusement possible, jusqu’au bout. Le résultat est dur, excessif ce soir. Brest est une équipe de haut niveau, mais nous avons continué à jouer de la même manière, indépendamment du résultat. C’est la meilleure manière de montrer que connaissons la difficulté que c’est de jouer contre eux à chaque fois. »
Vous avez toujours misé sur le contrôle du ballon, que ce soit au Barça, avec l’Espagne et maintenant Paris. Comment travaillez-vous avec vos joueurs pour les aider à prendre la meilleure décision, surtout dans les gros matches ?
« C’est toujours plus difficile de faire arriver des joueurs qui améliorent cette équipe, car le niveau est très élevé »
« Je ne prête pas réellement une attention particulière à cet élément. Aussi bien la direction sportive que le staff, nous recherchons surtout des joueurs qui ont un profil avec des qualités naturelles précises que nous recherchons. Par exemple un milieu de terrain qui ne perd pas le ballon et réussit à trouver ses coéquipiers sous pression. C’était déjà le cas à mon arrivée à Paris, avec déjà beaucoup de joueurs de très haut niveau. Mais nous avons amélioré le profil des joueurs dont j’ai besoin et que nous souhaitons développer ici au fil des deux ans qui se sont écoulés depuis mon arrivée. C’est toujours plus difficile de faire arriver des joueurs qui améliorent cette équipe, car le niveau est très élevé. »
Senny Matulu a marqué son premier but en Ligue des champions après son entrée en jeu. Dans quel domaine peut-il encore progresser pour passer un cap ?
« Il est au tout début de sa carrière. Il est dans un club unique pour lui, son club. Il a aussi la chance d’avoir un staff qui n’a aucun problème à mettre des jeunes sur le terrain. C’est évidemment un joueur d’avenir mais aussi déjà du présent. J’aime sa mentalité, ses qualités. Il a marqué ce soir, comme presque tout le monde. Je veux aussi souligner le fait que (Gonçalo) Ramos, sera toujours à fond, qu’il joue 1, 5 ou 10 minutes. Il a marqué et délivré une passe décisive. Il aurait dû être élu homme du match selon moi, ou alors ça aurait pu être Kvara (Kvaratskhelia). Ça a finalement été Viti (Vitinha). Ce qui devient habituel et va le devenir encore plus au fil des années. J’aime l’état d’esprit de mes joueurs. Ils veulent tous se révéler et sont toujours prêts à tout donner pour l’équipe. Ils sont toujours prêts. »
Tous les joueurs de votre effectif ou presque ont eu du temps de jeu dans ce match presque parfait. On vous a tout de même vu vous beaucoup vous énerver et rectifier pas mal de choses, notamment avec Bradley Barcola, dans les 10 ou 15 premières minutes de jeu. Sont-ce ces petits détails qui font qu’on obtient une telle seconde période en termes de technique ?
« Je ne sais pas. Je me fâche en fonction de ce que je vois. Brest aurait pu mener 1-0 au bout de 15 minutes de jeu. Marquinhos a suppléé Gigio (Donnarumma) et sauvé un but. À 0-1, on aurait parlé d’un tout autre match. C’est évident que c’est difficile de jouer un tel match. Ça peut paraître facile, mais tout peut se compliquer très vite. Du haut de mes 30 ans d’expérience dans le football, je sais qu’on peut se compliquer la vie tout seul dans ce type de match. Il faut tout donner, être à 100% et féliciter son adversaire s’il a été meilleur que toi. J’ai vu certaines choses qui ne m’ont pas plu durant les 10-15 premières minutes et je l’ai dit à mes joueurs. Notre premier but a libéré les joueurs, tué les espoirs de Brest et changé le match. Je veux que les joueurs soient toujours prêts, ce n’est jamais facile de jouer au PSG. Je le répète. »
Sur quels aspects votre équipe a-t-elle progressé depuis le match face au Bayern Munich (0-1), le 26 novembre, et à quel point sentez-vous votre équipe prête à défier tout le monde en Europe ?
« Nous sommes passés par le chemin tortueux, difficile, mais ce n’est pas grave. Ça nous a rendus meilleurs, plus forts »
« Je pense qu’il serait préférable que vous demandiez ce qu’ils pensent du PSG aux entraîneurs qui ont joué contre nous et nous ont analysés. À partir de là, nous pourrions commencer à en parler. Nous sommes sortis vivants d’une qualification totalement injuste envers nous au fil des huit matches. Nous aurions dû avoir cinq points de plus et être classés plus hauts que ça. Nous sommes passés par le chemin tortueux, difficile, mais ce n’est pas grave. Ça nous a rendus meilleurs, plus forts. Ça nous a préparé pour la suite, avec ces matches éliminatoires. Il n’y a pas plus difficile qu’Arsenal, le Bayern, l’Atlético de Madrid, Manchester City, et nos autres adversaires. Je ne crois pas. Nous sommes prêts. »
Fabian Ruiz a été titularisé alors qu’il était sous la menace d’une suspension pour les 8es de finale en cas de nouvel avertissement. Êtes-ce quelque chose qui était dans votre tête au coup d’envoi ?
« Clairement. Fabian est dans une très bonne période. Il a manqué d’un peu de foi devant le but ce soir, mais il a été impliqué sur un but. C’est un joueur très nécessaire pour nous. Nous savions que s’il recevait un carton jaune, il allait rater le match suivant. Nous avons donc décidé de sortir Fabian, car Warren (Zaïre-Emery) n’est pas encore totalement revenu en forme. Comme tous ses coéquipiers, Fabian avait très envie d’apporter, d’aider l’équipe et il nous apporte beaucoup au quotidien. »
Depuis votre arrivée au PSG, l’équipe semble avoir passé plusieurs étapes : d’abord défendre et attaquer ensemble, puis maitriser le pressing et le contre-pressing… Quelles sont les prochaines pistes d’amélioration ?
« Nous ne serons jamais éliminés par peur »
« Tout peut s’améliorer. Je n’ai rien commencé à travailler de manière différente. Dès le début nous voulions avoir le ballon plus que l’adversaire, même face à un rival qui a l’habitude d’avoir la possession. Nous voulions aussi attaquer et défendre avec une intensité maximale, prendre des risques, utiliser des profil de jeunes joueurs qui ont faim de victoires et veulent prouver à chaque match, quel que soit leur âge. Nous ne serons jamais éliminés par peur. Je vous le garantis. C’est déjà ce qu’il s’est passé l’an dernier en Ligue des champions. Nous ne voulons pas nous rater par peur.
Nous voulons jouer de manière attractive et gagner des titres pour que nos supporters prennent plaisir au stade. Ce sont nos principes de base et ils n’ont pas changé. Si les choses évoluent, s’améliorent, c’est simplement dû à la qualité de nos joueurs. Nous avons la volonté de continuer à lutter pour remporter tous les titres de la saison. Nous avons failli atteindre et remporter la finale dans toutes les compétitions l’an dernier. Nous sommes encore loin cette année, mais nous voulons aller le plus loin et gagner tous les trophées possibles. Encore une fois. »