C'est un Luis Enrique forcément radieux et prêt à fêter son anniversaire qui s'est présenté en conférence de presse après PSG/Arsenal (2-1). L'entraîneur parisien n'a pourtant pas caché qu'il avait beaucoup souffert pendant le match mais il a mis en avant ses joueurs, notamment l'épatant Ruiz et le parcours effectué. Voici ses propos complets, traduits par nos soins.
Joyeux anniversaire en ce 8 mai. Qu'est-ce qui a fait la différence ce soir selon vous ?
« Merci pour vos vœux.
Je pense qu'en termes de passion et d'intensité, le match n'a pas déçu. En aucun cas. Arsenal est clairement venu ici pour gagner le match. En première mi-temps, ils nous ont entraînés sur un terrain où ils sont très forts et nous avons dû jouer le type de match que nous ne voulions pas jouer. Mais c'est le football, il faut s'adapter et je crois que nous l’avons bien fait. Nous avons bien joué, nous avons souffert et, je le répète, joué une première mi-temps que nous ne voulions pas jouer. Mais avec un adversaire de ce niveau, un adversaire comme Arsenal qui joue très bien avec et sans le ballon, cela complique les choses. Mais nous avons été bons dans les transitions, nous avons marqué un but, nous avons touché un poteau en première mi-temps et le (premier) but nous a apporté un peu de sérénité. La seconde mi-temps a été davantage disputée. »
Au début de la campagne de Ligue des Champions, il y a eu pas mal de critiques. Vous nous avez souvent répété ici que vous aviez confiance en votre équipe. Qu'est-ce qui vous a prouvé au quotidien que cette équipe était capable de se hisser jusqu'en finale de Ligue des Champions ?
« Le fait d'avoir un groupe aussi fort et compliqué a également aidé, selon moi, l'équipe à grandir et à s'améliorer »
« Je pense que pendant la compétition, et je l'ai soutenu à maintes reprises ici, c’est évidemment le résultat qui compte. Nous en sommes conscients mais ici en phase de groupe, enfin de mini-championnat, nous aurions mérité neuf points de plus, cela ne fait aucun doute, ce qui aurait donné un tout autre classement et une suite complètement différente. Mais le fait d'avoir un groupe aussi fort et compliqué a également aidé, selon moi, l'équipe à grandir et à s'améliorer. Nous avons passé de nombreuses journées hors de la liste des qualifiés, des 24 premiers, ce qui était un peu injuste. Mais dans ces moments-là, les chiffres ont montré, à l’exception de l'efficacité, de très bonnes statistiques, celles d'une des meilleures équipes d'Europe : Expected goals offensifs, occasions, Expected goals subis… Dans ce contexte, je pense qu’à part l’efficacité, nos statistiques sont celles d’une des meilleures équipes d'Europe. Lorsque l'efficacité est revenue - et dans une compétition courte, son retour peut coûter cher en route - mais lorsqu'elle est revenue, je crois que nous avons montré que nous méritions d'être en finale. »
Qu'est-ce que représente de décrocher cette finale à Paris pour vous spécifiquement ? Est-ce que vous êtes surpris que ça arrive si vite finalement où est-ce que comme vous l'avez dit juste avant, ça procède d’une certaine logique ?
« Il n'y a aucune logique en football. Je crois que dès le premier jour où je me suis assis devant vous, j'ai dit que l'objectif était d’entrer dans l’histoire et que nous avions l'intention de tout faire pour y arriver. Et c’est l’objectif que nous avons : être les premiers à remporter ce trophée tant convoité. C'est un projet qui a changé depuis l'année dernière je crois, dans lequel je me sens très à l'aise, dans lequel je me sens épanoui en tant qu'entraîneur parce que j'ai la capacité, avec Luis Campos et le Président, de déterminer tout ce que nous recherchons et de l’adapter au mercato pour tenter de construire une équipe que nos supporters aiment un peu plus tous les jours. C'est donc un très bon moment pour remercier nos supporters, en particulier pour le soutien qu'ils nous ont apporté chaque jour, quels que soient les résultats que nous avons obtenus. C'est ce qu'il y a de plus beau quand on est joueur et entraîneur : le fait de pouvoir rendre heureux beaucoup de gens qui aiment le Paris Saint-Germain. »
La saison dernière vous nous disiez quand vous avez signé que ce n'était pas pour gagner la Ligue des Champions. Est-ce que c’était un petit mensonge aussi ou est-ce que vous avez pris de l'avance finalement ? Est-ce que c'est arrivé plus vite que prévu ?
« Notre objectif était d'entrer dans l'histoire et il reste encore une étape à franchir »
« Non, non, ce n'était pas un mensonge. C'est simplement que tout le monde veut gagner la Ligue des champions. Les 36 équipes qui participent à la Ligue des champions veulent toutes la gagner. Et elle est toujours remportée par un nombre plus ou moins restreint d'équipes. Notre objectif était d'entrer dans l'histoire et il reste encore une étape à franchir. Il nous reste encore deux finales à disputer [avec la Coupe de France] et nous voulons être en mesure de les remporter. C'est un club qui le mérite pour tous les efforts qu'il a fournis et je pense que les supporters aussi le méritent depuis très longtemps. Et si nous le pouvons, nous tenterons de le refaire chaque année. C'est notre objectif. »
Félicitations et joyeux anniversaire : deux bonnes raisons de faire la fête ! Mikel Arteta a dit quand il était assis à votre place plus tôt, qu'Arsenal était la meilleure équipe sur les deux matchs et que votre banc était d'accord avec lui parce qu'il le lui avait dit. Est-ce vrai ?
« C’est le match où nous avons le plus souffert »
« Je ne suis pas du tout d'accord. Mikel Arteta est un grand ami, mais je ne suis pas du tout d'accord avec ça. Je pense qu'ils ont joué de manière intelligente aujourd'hui. Ils ont pris le match du bon bout parce qu'ils ont joué comme ils le souhaitaient et comme ils aiment jouer. Mais je pense que sur les deux matches, nous avons marqué plus de buts qu'eux et qu’en football, c'est le plus important. Mais je dois dire qu'Arsenal s'est très bien débrouillé. Ils ont joué un grand match et nous avons beaucoup souffert. Je pense même que c’est le match où nous avons le plus souffert. Je pense que nous méritons d’aller en finale. C'est aussi une grande équipe mais je répète que nous avons marqué plus de buts et que nous avons très bien joué à l'aller. Au match retour, en seconde mi-temps, la physionomie du match était différente et nous aurions même pu marquer davantage de buts. »
Est-ce que vous pouvez nous redonner un petit peu des éléments sur la gestion d’Ousmane Dembélé, sur ce qu'il s'est passé entre les deux matchs ? Comment avez-vous pris la décision peut-être de ne pas le faire débuter cette rencontre ?
« Dembélé a fait de gros efforts pour pouvoir participer au match, et il a réussi, il a pu jouer une demi-heure au rythme imposé de cette demi-finale. Cela a coûté de gros efforts. Je n'aime évidemment prendre aucun risque avec les joueurs et encore moins avec des joueurs aussi déstabilisants, des joueurs qui sont physiquement très rapides et qui ont besoin de leur vitesse pour jouer au football. En ce sens, je crois donc que nous avons tous géré cela intelligemment pour lui permettre de prendre part à ce match mais dans la dernière partie, qui est une partie clé. Nous n'avons pas pris de risque avec Ousmane qui a fait de gros efforts pour pouvoir jouer cette dernière demi-heure. Nous pouvons désormais nous préparer pour une finale et nous espérons que tous les joueurs seront disponibles. »
Un mot aussi sur votre futur adversaire, l'Inter Milan ? Qu’avez-vous pensé de la double confrontation contre le Barça et plus globalement de leur saison et leurs armes qui peuvent être déterminantes en finale ?
« Je connais très bien l'Inter parce qu'il ne faut pas oublier que c'est leur deuxième finale en trois ans. Cela signifie qu'il s'agit d'une équipe rodée, qui a connu très peu de changements par rapport à la finale précédente, trois ou quatre joueurs, qui a le même entraîneur, la même mentalité. Une équipe italienne qui joue très bien, avec et sans le ballon, qui domine physiquement les coups de pied arrêtés, une équipe très forte que nous devrons analyser en profondeur.
« Peu importe l’équipe qui passait en face, elle était de toute façon plus expérimentée que la nôtre »
Hier, nous avons assisté à un match retour de très haut niveau en demi-finale [Victoire de l’Inter 4-3 après un 3-3 à l’aller], au cours duquel les Italiens avaient pris l'avantage, mais se sont fait remonter. Je pense que ce fut une demi-finale surprenante et étonnante, mais il est évident qu'ils ont plus d'expérience, non seulement en raison de l'âge de leurs joueurs, mais aussi en raison de l'historique de leurs clubs. L'Inter a remporté trois Ligues des champions, le Barça cinq, donc peu importe l’équipe qui passait en face, elle était de toute façon plus expérimentée que la nôtre. Mais je le répète : il nous reste deux finales, ce dont nous rêvons depuis le premier jour où nous sommes arrivés ici : avoir l'occasion de jouer des finales et de gagner des trophées. Et maintenant, nous allons les aborder avec la même mentalité que d'habitude. »
Excusez-moi, mais je dois vous poser une question sur une individualité, sur Fabian Ruiz, qui est probablement l'un des joueurs que vous connaissez le mieux. Comment a-t-il évolué ces dernières années, comment est-il devenu ce joueur si grand et qui se déplace autant sur le terrain ? C'est impressionnant parce qu'il n'est pas normal de voir un joueur aussi grand faire autant d'efforts.
« Fabián trompe beaucoup de monde »
« Eh bien, c'est l'une des caractéristiques de Fabian. Nous sommes une équipe qui a normalement davantage le ballon que nos adversaires et aspire à le garder. C'est l'un de nos objectifs principaux. Pour cela, il faut des joueurs intelligents au milieu de terrain, capables de beaucoup se déplacer et de jouer en profondeur. Fabián trompe beaucoup de monde. En apparence, il ne semble pas très rapide, mais il a une très longue foulée et se déplace au bon moment. Aujourd'hui, il a été en mesure d’aider l'équipe en marquant un but impressionnant qui nous a apporté beaucoup de sérénité.
Depuis la saison dernière, je pense qu'il est à un très haut niveau. Il est évident que lorsque tu rencontres des problèmes, tu dois montrer ton meilleur visage. Fabi est ici depuis des années et peut-être que lorsque nous sommes arrivés, il pensait qu'il ne serait pas très important. En fait, je l'ai un peu taquiné la première semaine. Mais c'est un joueur impressionnant, qui nous apporte beaucoup, et qui, je le répète, a été le meilleur milieu de terrain de l’Euro remporté par l'Espagne. C'est un joueur qui apporte beaucoup, avec et sans le ballon, il est très intelligent. Je suis très heureux que certains joueurs aient retourné leur situation, car nous avons besoin de tous et Fabián a été formidable aujourd'hui. »
