Le PSG affronte ce soir un mythe du football européen comme l'a dit Laurent Blanc. Le mythe va mal mais il lui reste quelques éléments dont le PSG pourrait bien s'inspirer...
Son respect des anciens :
En 1995, quand l'Ajax soulève sa quatrième Ligue des Champions, le latéral gauche s'appelle Frank de Boer, le gardien Edwin Van der Sar, les ailiers Ronald de Boer et Marc Overmars. Près de 20 ans plus tard, ils sont tous revenus au club pour transmettre aux générations actuelles les valeurs du club. Actuellement, ils occupent des postes divers et variés dans l'organigramme (coach, directeur du marketing, directeur de l'école de foot, adjoint).
Au PSG, le coach est un type qui embrassait le blason de l'OM, l'entraîneur des gardiens fait des aller-retours entre le même OM et le PSG, l'entraîneur adjoint est marqué "Montpellier Hérault, football et poubelle" et on cherche un ancien joueur du club dans le staff professionnel. Aujourd'hui, on sort nos glorieux vieux pour faire un tour lors des titres de champion telles des Miss France à la sauce ballon rond.
Oui, la compétence doit être une priorité mais les noms d'anciens reconnus dans leur domaine ne manquent pas. Au centre de formation, les deux meilleurs éléments des dernières années sont même d'anciens joueurs : Jean-Luc Vasseur (ex-coach des U17 nationaux, aujourd'hui à Reims) et Pierre Reynaud, le meilleur recruteur (n'importe quel agent du Camp des Loges le confirmera).
Son stade :
L'ArenA d'Amsterdam a presque 20 ans désormais et n'est plus un stade jeune, sans être pour autant dépassé. Cette construction a été considérée en son temps comme un des stades précurseurs du foot business avec ses loges, ses multiples points de vente, son Wi-Fi ou encore son hôtel. Pourtant, malgré ces caractéristiques très en vogue chez les grands clubs européens et son statut de stade 5 étoiles auprès de l'UEFA, malgré des résultats européens tout à fait moyens, le stade vibre, l'ambiance est au rendez-vous et il ressort de cet endroit une vraie âme de stade de foot, comme quoi on peut être moderne, populaire et vivant.
Enfin, entre deux arrêtés préfectoraux, le PSG a annoncé une grosse nouveauté pour l'an prochain, il y aura le Wi-Fi dans le stade. Bel avantage, on pourra aller charger plus vite des vidéos Youtube de chants.
Son maillot :
C'est là le comble de cet article. L'Ajax et son fameux maillot rouge et blanc a été la base utilisée par l'ancien président Daniel Hechter pour créer la superbe tunique bleu-blanc-rouge-blanc-bleu qui a permis d'identifier le PSG pendant près de trente ans (il y a eu des infidélités, on le sait). Ce maillot aussi superbe que mythique est désormais un vieux souvenir et la dernière édition remonte à trois saisons désormais, sacrifié sur l'autel du marketing et du nombre de maillots vendus.
Aujourd'hui, de saison en saison, le PSG change d'identité visuelle au gré des besoins du marketing. Hier, dans une conférence sur ce thème donnée dans une école spécialisée, le directeur du marketing Michel Mimran a expliqué que le maillot de l'an dernier avait été sifflé mais s'était bien vendu, ce qui lui convenait. Forcément, un maillot d'une équipe qui marche va bien se vendre, peu importe la réussite visuelle. Il se passe pourtant un phénomène étrange dans les grands clubs : malgré un maillot blanc ou rouge uniforme qui ressemble énormément à celui de la saison précédente, le Real Madrid et Manchester United vendent pourtant beaucoup plus de maillots que le PSG.
Son centre de formation :
L'Ajax est considéré comme une usine à champions et ce n'est pas le dernier affrontement entre les jeunes des deux clubs qui prouvera le contraire (nos petits ont pris un 6-1). Si les Hollandais ne sont plus aussi forts pour former réellement (le Feyenoord est meilleur), ils sont devenus excellents pour récupérer des jeunes étrangers de 16 à 18 ans et les emmener jusqu'au sommet de l'équipe première avant de les vendre. Cela tombe bien, c'est précisément cette passerelle entre jeunes et pros qui est actuellement déficiente au PSG. Il n'est pas normal qu'un club aussi dominant que le PSG dans les équipes de jeunes ne parvienne pas à avoir un seul formé au club avec un statut important en équipe première.
Au passage, ce n'est pas du tout un frein pour viser haut puisque tous les clubs qui étaient en demi-finale de Ligue des Champions l'an dernier ont un voire plusieurs joueurs formés par leurs soins dans leur onze de départ. Plus fort encore, depuis 15 ans, seul l'Inter de Zanetti en 2010 et le Manchester United de Ferdinand en 2008 ont gagné la Champions League sans avoir leur capitaine formé au club.
Son identité :
Quelque part, c'est la synthèse des quatre points précédents. Le PSG est un club jeune dont l'identité a souvent changé. Fondé comme club à paillettes par le gang des chemises roses, devenu une sorte de club familial sous Borelli, il est devenu un club à stars sous Canal+, un aimant à chèvres sous Colony Capital puis un poids lourd du football européen avec l'argent qatari. Problème, chaque époque ou presque a vu son propriétaire vouloir SON club au détriment du patrimoine existant. Du blason au maillot en passant par l'appellation (Le Paris Saint-Germain devenu PSG que le Qatar tente de faire devenir Paris SG), chaque époque commence en priorité par effacer la précédente au plus vite, au cas où la gloire du succès aurait à être partagée...
Aujourd'hui, dans le 4-3-3 de Laurent Blanc, Paris va affronter avec son maillot presque entièrement bleu un club qui joue en rouge et blanc dans un 4-3-3 offensif avec un ancien aux manettes. Dans 20 ans, s'il y a peu de chances que l'Ajax ait changé, on doute que le PSG ait su faire sa mue pour devenir un « mythe », batî sur des fondations qui ne changent pas au gré des envies de ses propriétaires. Mais s'il a réussi, l'avenir s'annoncera probablement radieux.
