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La jeunesse, l'adversaire, son projet, etc, la conf' de Luis Enrique avant PSG/Gérone

Publié le mardi 17 septembre 2024 à 16:25 par Jean Chemarin
C'est un Luis Enrique un brin taquin avec certains journalistes, mais heureux de retrouver la Champions League, qui s'est présenté en conférence de presse à la veille du match PSG/Gérone. Un adversaire que Luis Enrique a apprécié la saison passée et qu'il respecte beaucoup. Voici ses propos en intégralité, traduits par nos soins.

Le PSG a la chance d’avoir un effectif très jeune. Est-ce que cela peut être un petit handicap en Champions League puisqu’on dit souvent que pour la gagner il faut beaucoup d’expérience ?

« Bonjour… De combien d’expérience nous avons besoin ? (il le demande au journaliste en espagnol, puis en français). »

Je parle des matches, de l’habitude de ces compétitions, de l’intensité physique, d'être capable de ne pas faire les erreurs dans les matches qui comptent… Un joueur expérimenté peut peut-être mieux appréhender ces situations qu’un joueur plus jeune…

« Oui, c’est vrai, je l’entends et je le comprends. Vous croyez que moi j’ai de l’expérience en Champions League ? »

Un petit peu oui quand même, vous l’avez gagnée en tant qu’entraîneur, ça compte. En tant que joueur, vous avez aussi un parcours pour transmettre peut-être ce qu’il faut faire ou ne pas faire.

« Ce n’est pas un handicap d’être une équipe jeune »

« Oui, mais justement. Tu peux la gagner et ne pas avoir beaucoup d'expérience. Je crois que c’est difficile d'argumenter sur l'expérience dont on a besoin. C’est pour ça que je vous posais la question. Il n’y a aucun doute sur le fait que nous sommes une équipe jeune, mais moi je ne me mets aucune limite et je ne mets aucune limite à mes joueurs. De quoi il s’agit, d’avoir de l’expérience ou de jouer au football ? L’expérience est importante, c’est certain, et pour tout dans la vie. Mais moi je vois de nombreux joueurs expérimentés qui commettent les mêmes erreurs et de nombreux jeunes qui font la même chose. C'est difficile de définir le pourcentage d'expérience nécessaire, c'est pour ça que je vous posais la question. Je crois que ce n’est pas un handicap pour nous d’être une équipe jeune. Je le ressens comme ça et moi j’ai de l’expérience. »

En dehors des matches, qu’aimez-vous le plus dans votre quotidien d’entraîneur ?

« Ce qui me plaît le plus ? Peut-être que le jour où je prends le plus de plaisir, c’est le jour du match. Parce que tout est déjà prêt, tout est déjà fait. J’aime la compétition, l’incertitude avant le match, le discours avant le match, le discours à la mi-temps. Pour moi, le match c'est ce qu'il y a de mieux dans mon travail. Et bien sûr, la relation avec mes joueurs est quelque chose dont je profite, du moins dont j'essaye de profiter. Peut-être que ce n'est pas le cas pour eux, mais moi j'en profite beaucoup. »

En début de saison, vous disiez que c’était bien d’avoir un attaquant qui marque 40 buts, mais que c’était bien aussi d’en avoir quatre qui en marquent 12. Barcola et Dembélé en sont déjà à 7. Est-ce qu'au moment de retrouver la Coupe d’Europe, le club et le groupe ont déjà oublié le départ de Mbappé ?

« J’ai pris une grande décision en venant dans un club comme le PSG »

« Je crois que c’est important d’apprécier le présent. Et ce présent passe par notre équipe. Une équipe à l'intérieur d'un projet très clair que nous avons défini la saison passée. Et à partir de là, je crois qu’il faut attendre plusieurs mois avant de pouvoir tirer des conclusions. Attendre même la fin de saison voire plusieurs années pour voir si cette idée et ce projet ont pu se concrétiser. Ce que je peux dire, c'est que ce que je vois jusqu'à maintenant et depuis la saison dernière me plaît. Je crois que j’ai pris une grande décision en venant dans un club comme le PSG et maintenant, il s'agit de continuer à répondre aux attentes. »

Avec votre calendrier difficile, est-ce que vous considérez que vous faites partie des grands favoris dans cette compétition dans laquelle il ne faudra pas laisser de points en route ?

« Je pourrais dire que les 10-12 équipes qui prétendent à gagner cette compétition n’ont pas du tout le même calendrier. Et nous avons hérité du plus difficile. Mais nous n’allons pas utiliser cela comme une excuse. On va se battre à chaque match, sans aucun doute, et on verra le niveau qu'on peut montrer parce que c'est une compétition très équilibrée et très difficile. »

Est-ce que l’équipe joue comme vous avez envie qu’elle joue ?

« Les entraîneurs, nous sommes un peu égoïstes par rapport à ça. Si l'équipe joue bien et gagne, c'est parce qu'elle a fait ce que nous voulions. Si elle perd et joue mal, c'est parce qu'elle s'est trompée sur des détails... C'est quelque chose d'assez normal et habituel. Je le répète, pour pouvoir évaluer une équipe, c’est mieux de commencer la saison comme nous l'avons fait, mais pour faire un bilan, il faut attendre plusieurs mois et voir comment elle évolue dans chaque compétition. »

Ce nouveau format de la Champions League passionne les spectateurs parce qu'il y a de grandes affiches, mais fait grincer des dents les joueurs et certains entraîneurs parce qu’il y a énormément de matches en plus. Est-ce qu’il n’y a pas un risque pour la santé mentale et physique des joueurs, d’autant plus que le PSG aura la Coupe du monde des clubs en fin de saison ?

« C’est sûr que le calendrier, avec ces deux voire quatre matches en plus, va être encore plus chargé qu'il ne l'était déjà. Mais je crois que pour analyser la nouvelle compétition, nous allons devoir attendre de voir les performances de chacune des équipes et voir ce qu'elles ont apporté à la compétition. Dès le début, nous allons avoir des matches de très haut niveau. Je crois que cela donne envie à tous les supporters, mais pour avoir une vision d'ensemble de ce nouveau format, il faut attendre encore un peu. »

Quel est votre regard sur cette équipe de Gérone, qui va disputer son premier match de Champions League ? Est-ce que vous auriez imaginé un jour croiser cette équipe dans cette compétition ?

« Gérone est une équipe très divertissante à voir »

« La vérité, c’est que personne ne s’attendait à ça. C’est la première fois que Gérone va jouer la Champions League, mais l’année dernière, j’ai quasiment vu tous leurs matches. C’était l’une des meilleures équipes espagnoles la saison passée et l’une des plus divertissantes à voir jouer. Ils ont un grand entraîneur, Michel, et ont joué un football formidable la saison passée. Ils ont été en tête de la Liga durant plusieurs journées. C'est une équipe très divertissante à voir. Ils jouent très bien avec le ballon, ils pressent très bien. Je suis fan de leur entraîneur Michel. Demain, il va recevoir sa récompense, qui est de jouer la Champions League, dans un stade mythique du football européen. C’est une grande récompense pour eux. J'espère qu'ils ne joueront pas aussi bien demain. Je les félicite pour leur qualification et leur saison passée et je leur souhaite le meilleur pour leur saison en cours, sauf contre nous. »

Comment prépare-t-on un match face une équipe comme Gérone que vos joueurs ne connaissent pas forcément très bien ?

« Et il faut en plus prendre en compte qu'ils ont perdu beaucoup de joueurs par rapport à l'équipe titulaire de la saison passée. Ils ont perdu 5 joueurs majeurs et ça se ressent, c'est normal. Nous, nous préparons toujours les matches en fonction de ce que nous allons faire. A partir de là, on anticipe comment l’adversaire va s’adapter défensivement à notre système. Gérone est une équipe qui va nous disputer le ballon, sans le moindre doute. C’est l’une des rares équipes à pouvoir le faire. A partir de là, on prépare le match comme n'importe quel autre match de haut niveau, en donnant aux joueurs l’information juste et que l'on considère nécessaire. »

Asensio semble avoir votre préférence au poste de numéro neuf depuis le début de saison. Comment le jugez-vous par rapport à Kolo Muani et comment faites-vous votre choix le jour du match ?

« Je pourrais utiliser chacun de mes six attaquants, sans aucun doute »

« En tant qu'entraîneur, j’aime toujours que tous mes joueurs soient motivés et aient la sensation de pouvoir débuter. Au vu de l’exercice de finition que nous avons fait aujourd’hui, je pourrais utiliser chacun de mes six attaquants, sans aucun doute. Je crois que la polyvalence est l’une des caractéristiques de notre équipe. Que ce soit Kolo Muani, Ramos quand il sera rétabli, Asensio, Lee, Doué, Barcola, Dembélé, j’ai tellement d’options… Il y a aussi Ibrahim Mbaye. J’ai tellement de joueurs qui peuvent jouer à cette position que pour moi c’est un plaisir. Maintenant, la saison va être longue et le joueur doit se mettre dans la tête que son travail est d’être prêt pour jouer quand le coach estime que c'est opportun ou quand l'équipe en a besoin. Sur ce point, je n'ai pas à me plaindre. »

Comment êtes-vous à la veille d’un match comme aujourd’hui ?

« La veille de match, je parle avec la presse et c’est toujours merveilleux (sourire). Je parle aussi avec les joueurs tous les jours, de tout. Au final, tu passes plus de temps avec l'équipe qu’avec ta propre famille. Mais au final, nous sommes aussi une famille. On se comporte de la même façon. Faire partie d’une équipe professionnelle implique d’être ensemble quand ça va bien, mais aussi quand ça ne va pas bien. Il y a beaucoup de valeurs qui sont adaptables à la vie. Le quotidien est très agréable dans une équipe professionnelle de football. Même quand les choses ne vont pas bien, c'est important d'être unis et de se soutenir. Rien de différent par rapport à la vie en général. Et je le dis souvent à mes joueurs : quelle chance d'être un professionnel du football. »

Vous avez tenté beaucoup de choses la saison passée. On a l’impression que vous êtes passé à une deuxième phase en ce début de saison. Qu’en pensez-vous ?

« Je n’ai aucune peur du changement »

« Oui c’est vrai, on a changé beaucoup de choses et on va continuer à changer avec mon staff tout ce qui nous semble nécessaire pour que l’équipe améliore ses performances. Et malgré le fait que quand tu arrives dans une équipe, l'objectif est qu'elle performe, nous n'avons pas cessé de changer des choses. En fonction de quoi ? En fonction de ce qu'on considérait le meilleur pour l'équipe. Indépendamment que cela plaise plus à un joueur, un journaliste ou un supporter, nous essayons de donner les meilleures options à nos joueurs et à l'équipe. Donc oui, nous avons changé des choses et nous continuerons de le faire. Je n’ai aucune peur du changement. Même quand les choses vont bien, si j'estime que le changement est profitable à l'équipe, alors je change. Je ne vais pas vous détailler mon plan et où l'on va, mais c'est une course avec des virages, des lignes droites, puis de nouveaux virages. Savoir gérer ça fait partie des aspects de mon travail que je préfère. »

Depuis le départ de Mbappé, on parle beaucoup plus du PSG de Luis Enrique. Avez-vous la même influence et le même poids au PSG qu’au Barça ? Qu'aimez-vous le plus au PSG et à Paris ?

« C’est un projet plus malléable ici »

« Les entraîneurs, nous avons toujours de l’influence sur les équipes que nous entraînons. En bien ou en mal, cela dépend du jugement de chacun. Mon étape au Barça a été merveilleuse en tant qu'entraîneur. Pas seulement en équipe première, mais aussi avec la réserve. Avec l'équipe première, c'est vrai qu'ils m'avaient recruté pour unir un groupe de joueurs uniques et pour avoir des résultats. C'était une équipe déjà construite, établie. C'était un projet complètement différent de celui de la saison passée au PSG, où l’objectif était de créer quelque chose à partir d'une mentalité collective, peut-être bien sûr de créer nos propres stars. Tous les projets sont intéressants car ils demandent une certaine adaptation. C’est un projet plus malléable ici. J’ai plus d’influence avec le président Nasser (Al-Khelaïfi) et Luis Campos pour construire cette structure et générer quelque chose. Je suis très motivé et ravi d'avoir eu la confiance du club et j’essaye de leur rendre cette confiance avec des résultats. »

Qu’est-ce qui vous plaît chez Michel ?

« Premièrement, je suis fan de Gérone parce que Michel a aussi connu une passe difficile là-bas. La plupart des clubs l'auraient viré, eux l'ont maintenu. Il a montré comment il pouvait faire jouer son équipe. La saison passée, j'ai pris beaucoup de plaisir à les voir jouer. J'aime beaucoup les jeunes entraîneurs, qui ont le courage d'attaquer, qui ont de l'audace, qui utilisent toujours le ballon pour créer, qui partent toujours de derrière. J'aime leur intensité sans ballon. Que vont-ils nous proposer demain ? Je ne sais pas, mais connaissant Michel, je crois qu'ils vont attaquer, se montrer courageux, comme face au Barça, même si le Barça a très bien joué. Je ne crois pas qu'ils vont changer leur modèle de jeu parce que s'ils sont en Champions League, c'est qu'ils le méritent. C'est évident qu'ils ont beaucoup d'absents par rapport à la saison passée et que leurs nouveaux joueurs ont besoin d'un temps d'adaptation, mais je me considère comme un fan du Gérone de la saison passée et de Michel et j'espère qu'ils gagneront tous leurs matches en Champions League, sauf celui contre nous. »


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