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Verratti, son interview complète à la Gazzetta dello Sport

Publié le dimanche 27 décembre 2015 à 18:42 par Matthieu Martinelli
Marco Verratti a accordé une longue interview au quotidien sportif italien La Gazzetta dello Sport. La voici en intégralité, entièrement traduite.

C’est quelque chose que l’on a beaucoup dit après les attentats de Paris : vous sentez que quelque chose a changé dans la capitale ?

Oui. Par exemple, on va un peu moins volontiers dans les endroits avec beaucoup de monde. Je me suis rendu devant le Bataclan rendre hommage aux victimes, mais je ne sais pas si je réussirais à y aller pour voir un spectacle. Mais il faut continuer à sortir, continuer de mener la vie de tous les jours, sinon ce sont les terroristes qui gagnent, car c’est ce qu’ils cherchent. Et attention aux amalgames avec les musulmans. Au contraire, j’ai de mon côté toujours envié à la France son système d’intégration, même si les problèmes ne manquent pas. Ce 13 novembre, j’étais en vacances à Londres et je suis resté cloitré à l’hôtel pendant trois jours, mais j’avais hâte de retourner à Paris. Donc il y a un peu de peur, mais c’est un sentiment très différent de celui qui s’est installé après le tremblement de terre de 15 secondes dans les Abruzzes en 2009. Ces 15 secondes, je les ai encore en moi. J’avais seulement 16 ans, et quand je pense à mes larmes, à ces jours où l’on dormait dans la voiture, au désespoir des gens, je sais que je n’oublierai jamais. La nature est plus puissante que n’importe quel homme. Encore aujourd’hui, quand à la maison quelque chose tremble, je pense tout de suite au tremblement de terre.

« Avec Ibra, on forme un peu un « drôle de couple » mais on s’amuse beaucoup, même si on est différent. »

Aujourd’hui c’est vous qui êtes de plus en plus un tremblement de terre sur le foot français (oui, c’est formulé comme ça), vu que vous avez gagné le prix de meilleur joueur étranger de Ligue 1, succédant ainsi à Ibrahimovic.

Vous savez la première chose qu’il m’ait dite ? « Je l’ai gagné deux années de suite et je ne le savais même pas, c’est un trophée qui compte pour du beurre ». Lui rigole tout le temps, mais du fait de l’enfance difficile qu’il a eu, il est beaucoup plus sensible que ce que vous pouvez imaginer. Ensemble on forme un peu un « drôle de couple » mais on s’amuse beaucoup, même si on est différent.

Vous pensez qu’il est éclipsé par Suarez et Higuain ?

Non, il est à leur niveau. Zlatan est quelqu’un qui sait faire la différence seul.

C’est vrai qu’il a un rapport spécial avec le Milan ?

Oui, il a ce club dans son cœur, il est ému quand il en parle. S’il était revenu au Milan, il aura augmenté leur force de 40-50% et ils seraient aujourd’hui à la lutte pour le Scudetto.

A ce propos, vous ne vous êtes pas lassé des trophées français ? Vous n’avez pas le sentiment qu’il vous manque un Scudetto ?

Gagner des titres en France fait toujours plaisir parce que personne ne te les donne. Cela étant dit, j’ai toujours le regret de n’avoir jamais joué en Serie A, mais on ne sait jamais ce qui peut se passer dans le futur. Ce qui est sûr, c’est que les jeunes ne sont pas assez valorisés en Italie. Il suffit que tu rates deux matchs pour te retrouver dehors.

Si on se laissait aller au fantamercato, quelle équipe italienne serait plus adaptée à tes caractéristiques ?

La Fiorentina, pour son jeu basé sur la possession de balle. Avec le Napoli c’est l’équipe qui joue le mieux. Et la viola est l’équipe révélation.

Qui gagnera le Scudetto et qui sera capocannoniere ?

Ce sera une lutte entre la Juve et le Napoli, et le capocannoniere sera Higuain. C’est peut-être lui le joueur le plus fort du championnat.

Qui est le meilleur entraîneur ?

Pour ce qu’il a fait en 2015 je dirais Allegri.

Et le meilleur joueur étranger, hormis Higuain ?

Je vote pour Dybala, ce n’était pas facile d’être bon aussi vite dans sa nouvelle équipe.

« Rabiot me plaît beaucoup, je n’ai jamais vu un joueur né en 1995 aussi fort que lui. Le PSG le laissera difficilement partir. »

Un avis sur les jeunes joueurs qui émergent.

Dans l’absolu Rabiot me plaît beaucoup, je n’ai jamais vu un joueur né en 1995 aussi fort que lui. Le PSG le laissera difficilement partir. En Italie Romagnoli et Bernardeschi sont forts, mais je donne l’Oscar à Insigne, même s’il n’est plus tout jeune. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé avec Conte en sélection mais avec sa créativité je pense qu’il peut être la révélation italienne de l’Euro.

Parlons de l’Euro justement. On commence l’aventure avec la Belgique : résultat et buteurs.

On gagne 1-0, but de Marchisio.

Contre la Suède.

Toujours 1-0, but de Pellè.

Et pour finir, contre l’Irlande.

0-0, vu que nous serons déjà qualifiés. Et je m’arrête là par superstition.

Et qu’est-ce qui va se passer pour votre ami Ibrahimovic ?

Le jour du tirage, il m’a envoyé un SMS avec écrit : « Je te massacre ». Je lui ai dit de rester tranquille, en arrivant troisièmes du groupe ils peuvent se qualifier par les repêchages.

Qui gagnera l’Euro et qui sera meilleur joueur ?

Pour le meilleur joueur, je vois Iniesta, qui disputera peut-être le dernier Euro de sa carrière et aura à cœur de briller. Pour la victoire finale attention à la France, je les vois bien progresser. Vous savez ce qui se passera si on les joue encore en finale et si on les bat à nouveau comme en 2006…

Ce serait un demi-désastre, surtout maintenant que même l’étoile de Platini a pâli…

S’il a fauté, il doit payer. C’est dommage que le football soit mal vu par autant de monde, mais de mauvaises choses se passent dans tous les métiers.

C’est plus probable que Conte quitte la sélection après un bon ou un mauvais Euro ?

Après un bon Euro, parce que c’est un gagneur qui ne quitterait son poste que sur un bon résultat.

Qui voudrez-vous comme sélectionneur en cas de départ de Conte ?

Cela me plairait que ce soit Ancelotti. Je lui en ai parlé, mais il m’a dit que c’était encore trop tôt pour lui. Je lui ai souhaité bonne chance pour son aventure au Bayern. Pour moi, il est comme un second père. Vous savez ce qu’il m’a dit quand il m’a fait débuter avec le PSG ? Nous étions dans l’ascenseur et il me dit : « Aujourd’hui je fais la plus grande erreur de ma vie : je te fais jouer ». A l’époque je ne le connaissais pas encore et je ne savais pas comment prendre cette phrase… Mais c’est vraiment un grand. J’espère un jour rejouer pour lui.

Quel entraîneur seriez-vous curieux de découvrir ?

Guardiola. Pour moi c’est le plus fort de tous.

Que pensez-vous de Zeman ?

Il est fantastique. Je lui dois énormément. A la fin de certains entraînements j’avais envie de vomir tellement j’étais fatigué. Il m’a changé de position (de n°10 à n°6) et appris aussi à défendre. C’est triste de le voir entraîneur seulement en Suisse, mais il est resté cohérent avec lui-même.

Une parenthèse : vous dites souvent rêver de remporter la Coupe du Monde, mais que s’est-il passé en 2014 ?

C’est très simple : nous n’étions pas un grand groupe, nous n’étions pas unis. Il manquait certaines règles et cette absence de discipline, nous l’avons transposée sur le terrain, puisqu’après la victoire contre l’Angleterre nous nous voyions déjà qualifiés. Nous avons fauté et y compris moi, qui étais l’un des plus jeunes de l’équipe. Cela ne concerne pas les vétérans, au contraire, ils avaient plus faim que n’importe qui. Aujourd’hui, Conte utilise au contraire beaucoup plus le bâton, il dit ce qu’il pense. Il ne se préoccupe pas de plaire aux joueurs ou aux journalistes, il nous a redonné des règles que nous avions perdues. C’est l’entraîneur dont nous avons besoin pour nous relancer.

D’après vous Pirlo sera à l’Euro ?

J’espère que oui. Comme Baggio, Del Piero ou Totti à une époque, c’est le seul à pouvoir nous donner cette valeur ajoutée qui nous manque. Lui et moi nous pouvons jouer ensemble, même si je sais que jouer relayeur avec Conte est très différent de jouer relayeur avec Blanc, ils demandent des choses très différentes.

C’est plus facile de gagner la Champions League avec le PSG ou l’Euro avec l’Italie ?

Il faut être honnête : c’est plus facile de gagner la Champions League avec le PSG, mais nous, l’Italie, nous pouvons mettre en difficulté toutes les équipes. Pour revenir à la Champions League, je crains surtout le Barça et le Bayern.

« En 2012, le PSG pouvait miser sur les meilleurs joueurs du monde mais a choisi au contraire de miser sur moi, et ça je ne l’oublie pas. »

Vous êtes à deux doigts de prolonger votre contrat avec le PSG jusqu’à 2021, contrat qui vous placerait sur le podium des joueurs italiens les mieux payés. Ce sera difficile de vous faire quitter Paris.

On ne peut plus promettre aujourd’hui de faire toute sa carrière dans un seul club, mais moi, sur le plan footballistique, je me sens désormais plus français qu’italien. En 2012, le PSG pouvait miser sur les meilleurs joueurs du monde mais a choisi au contraire de miser sur moi, et ça je ne l’oublie pas. Et dire qu’au début je ne voulais pas y aller. Je ne voulais pas quitter l’Italie au moment où Pescara montait en Serie A, mais j’ai compris que certains trains passaient une seule fois dans la vie, et il suffit d’une blessure ou d’une mauvaise saison pour que certaines opportunités ne se représentent plus. C’est pour ça que je conseillerai à mon fils de quitter la maison pour grandir. J’ai fait beaucoup d’erreurs mais je suis devenu plus mature. 

NB : Cette interview a été traduite par nos soins et nous la proposons en intégralité uniquement parce qu'elle est introuvable en français sur le site de la Gazzetta. 


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