C'est un Luis Enrique détendu sur le sujet des blessés, mais pas vraiment disposé à répondre aux récentes critiques, qui s'est exprimé ce jeudi en conférence de presse à la veille de PSG/Rennes. L'entraîneur espagnol a aussi été interrogé sur plusieurs phrases issues de son documentaire ainsi que sur le calendrier surchargé et le Mondial des clubs. Voici ses propos en intégralité, traduits par nos soins.
Comment expliquez-vous que le PSG soit un peu moins flamboyant depuis deux matches ?
« Un peu plus flamboyant ou moins flamboyant ? Ah, moins flamboyant (rires). Je me disais aussi, autant de positivisme si tôt dans la journée... (il se frotte les mains). J’étais un peu surpris (sourire). C’est la vie, c’est la vie mon amour (en français). C’est le football. »
Trouvez-vous que vos joueurs ont un coup de moins bien physiquement depuis le retour de la trêve internationale ?
« Je sens les choses de manière totalement différente. Au cours d’une saison, il y a une évolution. Il y a des moments meilleurs et des moments moins bons. Cela fait partie du processus logique de croissance d’une équipe. Je ressens tout le contraire. Mon équipe résout de façon positive les situations négatives que nous posent les adversaires. Tous les joueurs ont l’envie très forte de s’améliorer. J’ai une sensation totalement différente de la vôtre. »
En quoi le match contre Arsenal va dicter vos choix face à Rennes avec une infirmerie assez garnie ?
« A aucun moment, en débutant le match contre Rennes, je ne vais penser à celui d’Arsenal. Il faut gagner le match contre Rennes, ça c’est le match important. Le futur proche ne m’intéresse aucunement. »
João Neves a joué un petit peu moins de 400 minutes depuis le début de saison. Quel bilan faites-vous de son acclimation au PSG et pouvez-vous nous dire précisément ce que vous attendez de plus de lui sur le terrain ?
« João Neves est un joueur parfaitement adapté à mon idée de jeu »
« Ce que j’attends de lui, c’est un peu ce que j’attends de tous mes joueurs du milieu de terrain. C’est un joueur parfaitement adapté à mon idée de jeu, avec des caractéristiques vitales pour nous, à savoir ne pas perdre le ballon sous pression. Peu de joueurs ont cette caractéristique. Il a aussi cette vision de jeu, cette puissance physique, cette intelligence, cette relation avec les autres. Je crois qu’il s’adapte rapidement même s’il est encore au début de cette adaptation. Cela vaut pour lui comme pour les autres recrues Safonov, Doué et Pacho. Il y a une bonne harmonie avec le reste de l’équipe et je suis très content de leur apport. »
Vous allez jouer trois matches en neuf jours avant la nouvelle trêve internationale. Il y a beaucoup de blessés. Comment abordez-vous cette période ?
« Ce sont des périodes habituelles pour une équipe de haut niveau et nous sommes ravis de pouvoir jouer tous ces matches. C’est vrai que cette période arrive au moment où nous avons plusieurs petits pépins, mais il n’y a aucune blessure grave en dehors des trois que nous connaissons déjà depuis un moment. Ce sont des petits problèmes qui arrivent toujours au fil d’une saison et que nous savons résoudre en tant qu’équipe. »
Dans votre série-documentaire à venir sur Movistar, vous dîtes que vous n’auriez pas entraîné le PSG avec Messi, Neymar et Mbappé. Pourquoi ?
« Je ne souviens déjà plus de rien. (puis en français) Je ne me rappelle de rien. Je vais utiliser cette conférence de presse pour vous dire que je ne commenterai aucune phrase du documentaire sortie de son contexte. Je ne regrette rien de ce que j’ai dit, mais je ne commenterai pas parce que ce sont des choses dites à chaud. Ce que j’ai dit, je le pense, c’est mon opinion. »
Vous dites aussi dans ce documentaire que vous seriez prêts à baisser votre salaire pour moins parler aux journalistes. Pouvez-vous juste nous expliquer ce rapport que vous avez avec nous et ce qui vous embête dans l’exercice médiatique ?
« Moi en réalité, je passe un bon moment avec vous, avec la presse. Mais si vous me laissez le choix, moi je n’aurais aucun problème à ne pas parler à la presse. Je n’ai pourtant jamais écourté une conférence de presse. J’aime parler. Mais c’était une réflexion spontanée et c’est vrai que si aujourd’hui tu me fais signer un papier où il est écrit que je ne parle plus à la presse et qu’en contrepartie, on me réduit mon salaire de 25% ou même de 50%, je le signe tout de suite. Mais je pense que c’est impossible parce que dans les contrats qu’on signe avec les clubs, il y a l’obligation de parler. Moi je passe un bon moment avec vous, mais si je pouvais l’éviter, je l’éviterais. Surtout après les matches, parce que je n’ai plus l’énergie à ce moment-là. Mais je le répète, je passe un bon moment avec vous et je vous vois rire aussi, donc je pense que ce n’est pas si horrible pour vous non plus. »
Vous avez beaucoup de joueurs blessés et une nouvelle trêve internationale arrive bientôt. Comment anticipez-vous cela ? Avez-vous des contacts directs avec les autres sélectionneurs ? Des demandes précises ?
« Nous avons un effectif suffisamment large et de bon niveau pour trouver des solutions »
« Non. En réalité, je ne dépense pas d’énergie pour ça. J’ai été un sélectionneur atypique, qui offrait du repos à mes joueurs qui jouaient beaucoup en club. Ici, je donne souvent du repos à mes joueurs quand je vois qu’il y a une charge de travail excessive. C’est ma manière de penser en tant qu'entraîneur. Je pense beaucoup à la charge de travail, aux voyages, à l’âge, au profil du joueur. C’est ma manière de comprendre ce sport. Aujourd’hui, nous avons des petites choses avec certains joueurs, mais c’est notre travail de gérer ça. Nous avons un effectif suffisamment large et de bon niveau pour trouver des solutions. »
Je vais vous poser un petit challenge : pouvez-vous me répondre tactique en parlant français ?
« Non (sourire). Pour ça, j’ai Pedro Piqueras et Alberto Piernas qui sont parfaitement bilingues et parlent parfaitement français. Quand je parle tactique avec mes joueurs, je parle en espagnol et eux ils traduisent en français. Mon objectif est de le faire en français, je suis sûr que je vais y arriver, mais pour parler avec vous en français, je le ferai quand j’aurai vraiment de la marge pour ne pas me tromper. »
Vous occupez un poste à très forte pression. Comment la gérez-vous et quelle est la pression la plus difficile à gérer : celle du club, des supporters ou la pression médiatique ?
« Je me sens privilégié de subir cette pression »
« La pression… Si j’ai de la pression, c’est une bonne chose. Cela veut dire que j’occupe un poste important, que je suis dans un club important, que j’ai des joueurs de haut niveau. Moi j’en veux de cette pression. Ensuite, je ne suis pas idiot. Cela fait des années que je vis avec la pression. Si les résultats sont bons, on nous aime, s’ils ne sont pas bons, quelqu’un d’autre viendra à ma place et essayera de faire mieux que moi. J’assume tous les défis de ce sport. Je me sens privilégié de subir cette pression. »
Vous avez été contraint à affronter un bloc bas contre Reims. Que manque-t-il techniquement et tactiquement à votre équipe pour qu'elle soit la plus efficace possible contre des blocs bas cette saison ?
« Les blocs bas, ce sont toujours la théorie de la relativité. Ce que je veux dire, c’est que les équipes essayent toujours de faire des choses différentes. On a pu le voir en Champions League avec un match de très haut niveau. C’est toujours difficile d'affronter 10 joueurs qui jouent derrière le ballon. Mais c’est aussi un problème s’ils pressent haut. Nous les entraîneurs, on se prépare toujours à anticiper les problèmes qui vont se poser à nous. Par exemple Rennes, lors de ses matches précédents, a pressé très haut. Vont-ils également presser haut contre nous ? Je pense que parfois oui, mais parfois non. Je ne pense pas qu’ils le feront de manière systématique parce qu’ils vont s’adapter à leur adversaire. Nous, nous sommes une équipe dominante, qui a plus de possession que l’adversaire, donc l’adversaire s’adapte et va forcément faire des choses auxquelles tu ne t’attends pas. Mon travail, avec mon staff, est de faire face aux possibilités et aux problèmes potentiels et de trouver des solutions. Mais historiquement, c’est très difficile de jouer contre un bloc bas. »
Je reviens sur cette pression de devoir toujours gagner. C’est votre deuxième saison au PSG, sentez-vous qu’il y a un peu moins de pression ?
« Sincèrement, non. Il y a en plus une pression interne, celle du staff, de vouloir toujours s’améliorer. Je connais les standards du club, ses objectifs, et notre objectif est de marquer l’histoire. Pour cela, il faut tout gagner et remporter la compétition la plus importante. C’est mon objectif, je ne suis pas là pour autre chose. »
Cette équipe de Rennes réalise un début de saison plutôt mitigé. Qu’attendez-vous de vos joueurs face à cette équipe ?
« Rennes a le même entraîneur que la saison passée. Il y a eu quelques changements dans leur effectif, mais c’est quand même une équipe qui joue le haut du tableau. Elle nous a déjà posé pas mal de problèmes la saison passée. On sait qu’ils vont varier leur jeu au cours du match, en alternant peut-être entre pressing haut, pressing médian, pressing bas. On s’attend à ça et ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas de matches faciles. Il y aura des difficultés, mais je suis toujours quelqu’un d’optimiste. On sait qu’en général, on va avoir plus le ballon que notre adversaire. On va aussi jouer au Parc des Princes, ce qui est une grosse source de motivation et nous voulons continuer à pratiquer un beau football et prendre des points. »
Vous avez titularisé 21 joueurs depuis le début de saison. Êtes-vous satisfait de l’apport de chacun pour bousculer la hiérarchie ?
« Je crois que cette stratégie a différents objectifs. Le premier est de donner des opportunités à tout le monde pour qu’ils sentent qu’ils peuvent jouer dans ce club. La deuxième chose, c’est d’être préparé à toutes les situations : blessures, baisse physique. Et enfin, je crois aussi que c’est plus beau d’affronter une saison aussi longue que celle-là d’un point de vue global, pas seulement avec 11, 12 ou 13 titulaires. Je pense que cette stratégie a plus d’avantages que de désavantages. C’est sûr qu’avec 11 joueurs, vous pouvez avoir des objectifs plus clairs, une idée de jeu plus claire, mais moi ce qui m’intéresse, c’est le contexte plus global et vous ne pouvez pas faire ça avec 11 ou 15 joueurs. Vous avez besoin de 20 ou 23 joueurs qui peuvent aider l’équipe et qui chaque jour à l’entraînement vous démontrent qu’ils peuvent jouer. C’est comme ça que je pense qu’une équipe a le plus de chances de grandir. »
Guardiola et Rodri se sont exprimés récemment sur les cadences infernales en disant que c’était aux acteurs de prendre le leadership là-dessus et de faire grève. Est-ce que vous pensez que ce sont aux acteurs d’agir pour faire plier ceux qui décident de surcharger le calendrier ?
« La Coupe du monde des clubs est une compétition très attractive »
« Sans aucun doute. Ce sont aux acteurs de parler. Je suis d’accord sur le fait que le calendrier est surchargé, mais en particulier le leur. Le nôtre est un peu moins chargé parce que nous avons deux équipes en moins en Ligue 1, donc quatre matches en moins. Nous avons aussi une compétition de moins à jouer que les Anglais. Je suis d'accord pour dire qu'un calendrier moins chargé favorise tout le monde. Mais nous, on est dans une meilleure situation. La Coupe du monde des clubs ? Ce n’est qu’une fois tous les quatre ans… Je crois que c’est une compétition très attractive, tout le monde veut la jouer, même les joueurs. C'est quelque chose qui ne s'est jamais fait. Mais encore une fois je suis d’accord, le calendrier pourrait être réduit, et cela permettrait de mieux prendre soin des joueurs. Mais notre panorama est différent du football anglais ou espagnol. Je partage leur avis, mais dans ma situation, je n’ai pas le droit de me plaindre. »