Ce premier tour des JO a déjà fait des victimes en renvoyant à la maison l'Argentine de Lo Celso. Mais qu'en est-il du pays organisateur, le Brésil du parisien Marquinhos ? Premier bilan.
Paroles, paroles et paroles
Très attendue, cette phase de poule des JO de Rio aura suscité à l'égard de l'équipe du Brésil plus de commentaires que d'émotions. Avant même le début des jeux, une polémique s'installe sur la présence ou non de Marquinhos entre déclarations du joueur, de son frère et de l'entraîneur, chacun tirant dans le sens de ses intérêts, avant que tout ne rentre dans l'ordre. Dans un pays qui a énormément à se faire pardonner à domicile après la déroute du dernier mondial à la maison, les supporters brésiliens sont en droit d'attendre au minimum une médaille d'or, histoire de faire illusion et de redorer le blason de la Seleção, violemment salie par le 7-1 encaissé face aux Allemands en 2014.
Seulement voilà, comme lors du mondial, cette attente se transforme en pression et semble inhiber les joueurs. Les deux premiers matchs se soldent sur deux 0-0 avec un contenu plutôt inquiétant pour les Auriverde. Ce qui provoque alors des réactions épidermiques de la part du public qui siffle ses joueurs à la fin de chaque match et des interrogations dans la presse. Le Brésil est-il au niveau ? Comment la Seleçao peut-elle rester muette face à l'Afrique du Sud et à l'Irak (0-0) ?
Ajoutons à cela certaines déclarations d'anciennes gloires brésiliennes comme Zico : «La pression pèse sur les épaules des joueurs ? Cela devrait être le contraire. Le fait de jouer à la maison devrait être un avantage. Je n’accepte pas cette excuse liée à la pression. Nous avons l’équipe pour gagner le tournoi, mais les joueurs d’aujourd’hui ont tendance à oublier d’être professionnels. » Avant d'abonder dans le sens des critiques sur Neymar concernent son état de forme actuel en déclarant que «le capitaine de notre équipe n’est pas digne de l’être. Il devrait seulement penser à jouer son football. »
Heureusement pour le Brésil, la Seleçao rectifie le tir lors du dernier match face au Danemark (4-0) et réussit à se qualifier pour les quarts de finale. Un premier tour placé sous le signe des paroles plus que celui des actes.
Sur le terrain
Tout ce battage autour des performances du Brésil n'est pas injustifié si on regarde les matchs et les performances des joueurs. La défense semble solide (certes face à l'Afrique du sud, l'Irak et le Danemark, pas vraiment ce qu'on peut appeler des foudres) avec un Marquinhos très peu sollicité mais toujours présent quand il le faut. Le milieu et l'attaque manquent cruellement de créativité et l'équipe olympique brésilienne souffre exactement du même mal que l'équipe A sur le plan offensif : une totale dépendance à Neymar et à son état de forme. Or le Catalan semble ne pas avoir totalement terminé ses vacances et est plus lourd qu'à son habitude, donc moins incisif.
Son mutisme en attaque lors des deux premiers matchs a, à raison, inquiété au pays du Joga Bonito, même s'il n'en reste finalement plus grand chose). Au dos du mur, les Auriverde se sont finalement réveillés face au Danemark et ont montré un visage bien plus séduisant, à l'image d'un Gabigol annoncé un peu partout en Europe qui claque un doublé dans ce 4-0 net et sans bavure. Neymar, certes pas buteur, s'est également montré à un bien meilleur niveau. Et si ce Brésil sur courant alternatif n'a pas toujours convaincu, il va falloir les matchs couperets pour définitivement le juger.
Cela sera le cas dès le prochain rendez-vous, dimanche à 3h du matin heure française, pour un quart de finale bouillant face à la Colombie. Quoi de mieux qu'un derby entre deux des plus gros producteurs de café au monde pour une rencontre si tardive ?
